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𝟓𝟏. 𝐐𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐜𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐧𝐨𝐮𝐬 ?


Mardi 21 janvier, Séoul, Corée du Sud,

Une semaine s'est écoulée depuis la nuit où Jaekyung est rentré bourré de sa soirée. Sept jours, durant lesquels mon cœur n'a cessé de me hurler dessus pour me faire réagir, tandis que mon cerveau, lui, lutte pour me garder loin de la vérité. Pour me protéger d'une potentielle chute douloureuse. Néanmoins, au fil des jours, j'ai pris conscience de l'ampleur de sa souffrance, perdant peu à peu le sourire qui illumine son visage.

Même nos discussions sont réduites à de simples banalités quotidiennes, malgré le fait que je tente à chaque fois de lancer une conversation pour le distraire. Pourtant, j'essaie sans relâche de comprendre ce que j'ai pu faire de mal. Je remonte désespérément dans les souvenirs de ces dernières semaines pour tenter de comprendre si je n'ai pas fait, ou dit quelque chose qui aurait pu le blesser. D'ailleurs, je me souviens que je l'ai trouvé particulièrement étrange — le lendemain après que nous ayons fait l'amour pour la première fois —, lorsque j'ai mis sur le tapis le fait que je ne connaissais toujours rien de lui, et qu'il s'est soudainement braqué.

Une réaction qui m'a blessé, intérieurement. Ne rien connaître de son partenaire, mis-à-part les seules choses qu'il veut bien nous montrer, comme si nous ne sommes que de simples connaissances, de simples amis, est douloureux.

Amis... Suis-je assez pour lui ? Je me pose de plus en plus cette question, notamment sur ces derniers jours, depuis qu'il a commencé à sortir régulièrement, le soir. Chose qu'il n'a encore jamais faite depuis que l'on s'est rencontrés. Bien que je n'arrête pas de lui faire la remarque, en espérant qu'il prenne enfin conscience de son comportement dangereux vis-à-vis de l'alcool, il continue, malgré tout, de sortir toute la nuit, en revenant parfois — tout le temps — ivre de ses expéditions nocturnes dans les bars animés du quartier.

Souvent, il essaie d'être discret, en se glissant sous nos draps, avant de venir se blottir dans mes bras. Parfois, je lui réponds quand il me parle — ou tente de formuler une phrase, en oubliant le verbe et le sujet —, parce qu'il m'est impossible de m'endormir sereinement, en le sachant dehors, sous le contrôle de ses émotions.

Mais la plupart du temps, je ne réponds rien. Je fais semblant de dormir, alors que je souffre intérieurement de voir mon petit-ami dépérir sous mes yeux. Il se laisse progressivement engloutir sous l'addiction de l'alcool pour tenter de noyer quelque chose qui le ronge au plus profond de son être. Je suis dépassé par les évènements. Je ne sais plus quoi faire, ni quoi dire pour aider l'homme que j'aime de tout mon cœur. Malgré mes efforts, malgré nos disputes qui éclatent avant qu'il ne parte à ses soirées, il ne fait que rejeter les discussions que je lui propose.

Jusqu'à ce soir-là... Où une fine brèche s'était formée autour de son secret. Avant que la réalité ne nous rattrape.

C'est devenu une routine. Assis sur le canapé à me masser les jambes à l'aide d'une crème, mise au préalable dans le réfrigérateur pour qu'elle agisse comme un anesthésiant sur mes douleurs musculaires, je regarde la série « You » pour occuper ce début de soirée, me rendant déjà anxieux à l'idée de la passer seul. Puisque Jaekyung n'est pas encore à la maison. Il est sorti vers la fin d'après-midi à la salle de sport, à défaut de ne pas pouvoir retourner à la boxe pour le moment, encore suspendu pendant plusieurs jours après son altercation avec Seo-jun.

Je me demande s'il compte rentrer ou s'il va partir directement en soirée après sa séance. Cela fait déjà plusieurs jours qu'il se met à boire régulièrement, même quelques bières plus ou moins fortes durant la journée. Mais encore plus depuis qu'il a reçu dans notre boîte aux lettres, une convocation au commissariat de police. Seo-jun a porté plainte contre lui. Cependant, ce n'est pas la seule chose qui piétine son moral. L'avocat de mon ancien harceleur, lui réclame des dommages et intérêts pour coups et blessures sur son client.

Il a frappé en premier. Il doit payer pour m'avoir protégé. Je me sens tellement fautif dans cette histoire, dans tout ce qui est en train de lui arriver. En y réfléchissant bien, je me souviens avoir dit à mon meilleur ami, que je n'apporterais rien de bon à Jaekyung, que je vais finir par détruire sa vie à petit feu. Après tout, c'est sans nul doute à cause de moi s'il s'est mis à boire... C'est peut-être sa façon d'évacuer tout le stress que je lui procure.

Oui, tout est de ma faute, pensé-je en étalant la crème sur ma jambe, écoutant à moitié la série.

Soudain, le claquement assourdissant de la porte d'entrée me sort de mes diverses pensées.

— Je suis rentré, bébé, s'exclame-t-il, en jetant sans ménagement son sac de sport dans le hall d'entrée. Qu'est-ce que tu fais ?

Il me rejoint dans le salon.

— Hey mon amour, tu rentres tôt, aujourd'hui ? dis-je avec étonnement, en cessant mon activité.

Il hoche la tête, en contournant le canapé pour prendre à mes côtés, après avoir soulevé et posé délicatement mes jambes sur le haut de ses cuisses.

— Ouais... je suis éclaté, je n'ai même pas pu faire complètement ma séance de sport, me répond-il avec une légère frustration dans le fond de sa voix. Tu as mal ?

De l'inquiétude est perceptible dans sa voix, tandis qu'il se met à masser soigneusement mes articulations, ainsi que mes muscles. À cette action, je soupire de contentement, en mouvant faiblement la tête.

— La rééducation aujourd'hui a été douloureuse, murmuré-je, après avoir fermé les yeux pour apprécier le massage. J'ai l'impression qu'on m'écrase les jambes, ou qu'on me tord les muscles dans tous les sens... c'est épuisant... Peut-être parce que je n'en fais pas souvent ces derniers temps...

— Ça te le fait tout le temps ? demande-t-il sur une intonation encore plus inquiète que la précédente. D'ailleurs, c'est quand ton prochain rendez-vous avec le spécialiste ?

— Non ! Heureusement, rétorqué-je, en m'allongeant complètement sur le canapé pour étendre mes jambes au maximum. Ça dépend des exercices que je fais, mais...

Je me tais subitement pour ne pas terminer ma phrase et risquer de blesser mon petit-ami. Cependant, face à mon étrange silence, il se met progressivement à arrêter ses mouvements.

— Bébé ? Quelque chose ne va pas ?

Pour accompagner sa question, je sens sa main se poser avec prudence sur le bas de mon ventre, ainsi que son corps se rapprocher lentement du mien.

— Hé, mon ange ? Dis-moi ce qui ne va pas, s'il te plaît, réitère-t-il, en venant déposer de doux baisers sur mon front, tout en ayant glissé une main dans mes cheveux pour les caresser.

J'ai peur. Je crains de déclencher une énième dispute si je lui dis réellement ce qui ne va pas. Seulement, je n'arrive plus à cacher mon inquiétude pour mon amant. Je n'arrive plus à supporter son absence la nuit, tout en sachant pertinemment qu'il ne va pas résister à l'appel de l'alcool. Mais je crois que le pire dans toute cette histoire, c'est de savoir qu'il prend le volant dans cet état d'ébriété alarmant pour me rejoindre.

Je suis perdu. Je ne sais plus quoi faire, ni quoi dire pour l'empêcher de sortir et de se faire du mal. Pour l'empêcher de probablement se tuer sur la route. J'ai la sensation d'être un petit-ami inutile, incapable d'apporter l'aide nécessaire à son compagnon en détresse.

— Regarde-moi, Joshua, me chuchote-t-il. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je secoue la tête en avalant difficilement ma salive.

— Tu... j'ai l'impression que tu ne réalises pas la situation, commenté-je dans un murmure, en rouvrant les paupières. C'est comme si tu avais oublié notre dispute d'hier, celle d'avant-hier, et celle encore avant...

Il fronce les sourcils, en illustrant une expression dubitative.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu penses que nos disputes n'ont pas d'importance pour moi ?

Je hausse les épaules, en esquissant un faible rictus.

— Tu m'en donnes l'impression, oui, parviens-je à répondre , en sentant mon cœur battre à tout rompre contre ma poitrine. Tous les jours, on se dispute pour la même chose, et... c'est comme si ça ne servait à rien...

— Attends, bébé, c'est quoi le rapport avec tes jambes ? s'exclame-t-il, en arquant un sourcil.

À cette réponse, je le fixe silencieusement le temps de quelques secondes, avant de rétorquer :

— Le rapport ? C'est que mes douleurs aux jambes ne sont pas seulement provoquées par la rééducation, mais aussi par le stress et la fatigue, lui expliqué-je, en me redressant sur le sofa à l'aide de mes coudes. Je suis constamment stressé ces derniers temps, fatigué de penser à longueur de journée, et...

— Par rapport à quoi ? me coupe-t-il, en faisant mine de ne pas comprendre où je veux en venir.

— Tu le fais exprès ? répliqué-je, en montant un peu plus le ton. Ça fait presque une semaine que j'essaie de communiquer avec toi, que j'essaie de comprendre ce qui ne va pas, que tu me laisses seul toute la nuit pour aller te bourrer la gueule !

Je suis fatigué. Physiquement, comme mentalement, je commence à arriver au point de non-retour. Au stade où je n'en peux plus de faire semblant que tout va bien auprès de mes proches. Ce n'est pas une chose facile à gérer, lorsque vous voyez votre partenaire sombrer petit à petit dans les abysses des enfers, sans parvenir à l'en sortir. Rejetant notre aide à maintes reprises. Toutefois, son regard ne trompe pas. Il crie à l'aide. Il meurt d'envie de pouvoir parler, mais son cœur, ses mots, en décident autrement.

— Et le pire dans tout ça, c'est que tu prends le volant dans de telles circonstances ! Tu es complètement déconnecté de la réalité, Jaekyung ! prononcé-je, en sentant des picotements prendre possession de mes yeux. Je ne sais pas ce qui se passe, je ne sais pas ce qui te met dans un tel état... Si tu ne me dis rien, je ne peux pas t'aider...

— Bébé...

— Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? demandé-je, en posant mes mains sur ma poitrine, au niveau de mon cœur. Est-ce que j'ai dit, ou fait quelque chose qui t'a blessé ?

— Quoi ? émet-il avec étonnement. Mais non, bébé, non, tu n'as rien fait !

La gorge nouée, je réponds :

— Alors, pourquoi ? Pourquoi tu t'éloignes de moi ? Pourquoi tu es de plus en plus absent la journée, comme la nuit ?

J'espère. J'ose croire que cette fois-ci, il va s'ouvrir à moi. Je le vois entrouvrir les lèvres, affecté par mes émotions. Pourtant, aucun mot ne sort de sa bouche.

— Je ne sais plus quoi faire... Je ne sais plus quoi faire pour t'aider, reprend-je, en sanglotant douloureusement. Ça me fait mal, ça me fait tellement mal de te voir dépérir dans ton coin et de me sentir complètement impuissant, inutile...

— Hé, mon ange, non ! S'il te plaît, ne pleure pas, me dit-il, en me prenant dans ses bras. Il n'y a rien de tout ça, bébé ! Je ne m'éloigne pas de toi ! Je...

— Ne me mens pas..., murmuré-je contre sa peau, après avoir enfoui mon visage dans le creux de son cou. Tu trouves toujours un prétexte pour ne pas être avec moi... Tu... tu ne me touches même pas... Est-ce que... est-ce que je te dégoûte ?

Pris au dépourvu, il me saisit les épaules pour créer un vide entre nous et plonger son regard ébranlé dans le mien.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Bien sûr que non, tu ne me dégoûtes pas ! Jamais je n'éprouverais du dégoût pour toi, jamais !

— Pourtant... les seules fois où tu éprouves du désir pour moi, c'est quand tu es... ivre...

— Bébé, non ! s'emporte mon homme, en glissant ses mains sur mes joues pour m'obliger à le regarder. Je te désire toujours autant, toujours ! Il n'y a pas un jour, pas une seconde, où je ne souhaite pas te faire l'amour. Et que je sois ivre ou lucide, j'ai tout le temps envie de toi, mon ange !

En tentant de canaliser mes émotions, je cherche désespérément les réponses à mes questions dans les profondeurs des prunelles crépusculaires de mon petit-ami. Mais rien, rien n'est perceptible dans ses iris.

— Alors, explique-moi pourquoi ! répliqué-je, en posant mes mains sur son torse. Tu ne peux pas continuer à nier, à faire semblant, comme si de rien n'était... Je... Je t'en prie, parle-moi... On se l'est promis, non ?

Ses yeux se mettent à briller.

— On se l'est promis, Jaekyung, qu'on serait toujours là l'un pour l'autre, qu'on serait toujours là pour se soutenir et s'entraider, se protéger, et s'aimer. On se l'est promis ! De ne plus faire les mêmes erreurs !

— Mon ange...

— S'il te plaît... Je suis désolé, sincèrement désolé si je ne t'apporte pas assez, si je ne suis pas assez fort pour t'aider, me suis-je mis à parler en pleurant. Je suis tellement désolé...

Je m'effondre en sanglots dans les bras de mon compagnon. Des bras qui se sont refermés autour de moi, avant de sentir l'une de ses mains se glisser dans mes cheveux.

— Putain... si tu savais... Si tu savais qu'en réalité, tu m'apportes beaucoup plus que tu ne le penses, me contredit-il d'une voix tremblante. Tu m'as sauvé, toi aussi, sans le savoir...

Sauvé ? Je l'ai sauvé ? Mais de quoi, exactement ? Qu'est-ce qu'il peut bien me cacher ?

— Tu n'es pas rien. Tu n'es pas impuissant, tu n'es pas inutile, ajoute-t-il, en me caressant les cheveux. C'est moi qui dois m'excuser. C'est moi qui dois te demander pardon pour ce que je suis en train de te faire subir...

Après ces mots, c'est soudainement silencieux, jusqu'à ce que je n'entende ses déchirants sanglots résonner dans le creux de mon oreille.

— Je suis perdu... Je me suis perdu dans mes propres décisions et je ne sais plus comment, ni quoi faire pour m'en sortir, murmure mon amant, en resserrant plus fortement son emprise autour de mon corps. J'ai tellement peur... tellement peur...

— Mais... peur de quoi, mon amour ? le questionné-je, en frottant mon front contre la ligne de sa mâchoire. De quoi as-tu si peur pour ne pas m'en parler ?

Un nouveau silence prend place entre nous. Je sens le souffle tremblant de sa respiration s'écraser sur le haut de mon crâne, ainsi que son étreinte, se faisant plus ferme et puissante autour de ma taille.

C'est comme si...

— J'ai peur de te perdre, finit-il par articuler d'une voix brisée. Je suis terrifié à l'idée de te perdre, si tu apprends la vérité...

Me perdre ?

— Mon amour, chuchoté-je contre sa joue, avant d'y déposer un baiser, mélangé à mes larmes. Rien ne pourra nous séparer, rien ! Qu'importe ce que tu portes comme secret dans ton cœur, je ne te quitterai jamais ! Jamais !

Il secoue la tête.

— J'ai fait des choses, bébé... J'ai fait des choses que je ne souhaite à personne, et dont je ne suis absolument pas fier. Des putains de choses que je regrette amèrement, parce que... parce que... Merde ! J'ai peur que tout ça foute en l'air notre relation...

Il pose son front contre le mien.

— Je suis effrayé par l'idée que tu n'aies plus envie d'être avec moi, si tu apprends la vérité....

Ce n'est en rien rassurant. C'est même terrifiant de ne pas en savoir plus sur ce secret. De ne pas savoir ce qui torture psychologiquement mon conjoint. Cependant, je suis certain d'une chose. Ou plutôt, j'essaie de m'en convaincre.

— Tu sais... je ne compte pas me séparer de toi, même quand on sera vieux et sans dents, réponds-je, en venant poser mes mains sur ses joues abîmées par la salinité de ses larmes. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on a déjà traversé des difficultés ensemble, et qu'on continuera à le faire tout au long de notre vie de couple.

— Joshua...

— Nous devons nous faire suffisamment confiance, lancé-je, en caressant délicatement ses pommettes à l'aide de mes pouces. Aies confiance en moi, mon amour. Tout comme moi, j'ai confiance en toi.

Il esquisse un faible sourire, contrastant avec ses larmes qui continuent de dévaler le long de son visage. C'est en tournant la tête vers l'une de mes mains, qu'il vient l'embrasser en y déposant de doux baisers.

— Je ne me sens pas encore prêt de t'en parler maintenant... Je... je suis désolé, murmure-t-il contre la paume de ma main. Laisse-moi juste... encore un peu de temps... juste un peu...

— Je comprends que tu aies besoin de temps. Tu m'en as laissé pour m'ouvrir à toi... Mais, ne pars pas ce soir... reste avec moi, s'il te plaît, réponds-je, en me mordillant par la suite la lèvre inférieure. Reste avec moi... j'ai besoin de toi, j'ai besoin de mon homme, tout comme tu as besoin de moi.

Sans attendre une réponse de sa part, je me penche vers son visage, guidant le sien à l'aide de ma main pour venir sceller mes lèvres aux siennes dans un petit baiser qui se veut aussi léger et délicat que le toucher d'une plume. À présent, nos lèvres ne font que s'effleurer, malgré mon désir irrépressible de fondre passionnément sur ces dernières, à m'en étouffer. De laisser mon corps s'exprimer à ma place. Je veux qu'il comprenne, à travers cet échange, à quel point j'étais — je suis — fou amoureux de lui.

— S'il te plaît... chéri... reste avec moi, répété-je, en faisant glisser ma main de libre le long de ses pectoraux. Reste au chaud à mes côtés... On pourra même se commander à manger, se glisser sous les draps en regardant un film, et on pourra même se câliner... c'est une bonne idée, non ?

En rencontrant son regard, je vois une certaine lueur lascive traverser les tréfonds de ses yeux énigmatiques. C'est étrange. Puisqu'en réalité, je souhaite autre chose au plus profond de moi. Je désire mon homme, je le veux terriblement. Sentir son corps contre le mien, ses mains me caresser, me découvrir. Sentir ses lèvres m'embrasser, parsemer chaque parcelle de mon corps d'une marque de son passage... Et ses yeux me disent la même chose.

Est-ce une bonne ou une mauvaise idée ? À vrai dire, je n'en sais rien, de ce qui est juste ou non. Si le sexe est une bonne solution dans ce genre de situation. C'est insoutenable de se sentir aussi vide intérieurement, d'entendre son cœur hurler et d'être privé d'une partie de soi. De celle qui a fini par faire de vous ce que vous êtes aujourd'hui. Je souhaite à présent la retrouver, pour me sentir à nouveau comblé à ses côtés.

— Être dans tes bras, c'est le meilleur endroit qui puisse exister, me dit-il, sans une once de mensonge dans la lueur de ses prunelles. Mais ce soir, c'est moi qui vais prendre soin de toi.

— Non, Jaekyung, non ! réfuté-je. Ce n'est pas à toi de t'occuper de moi ! Tu en as déjà assez fait quand j'étais vraiment au plus mal, au point de complètement t'oublier, en te mettant de côté.

Une lueur de tristesse est discernable sur ses traits abattus.

— Je suis... désolé...

— Non ! Tu n'as pas compris ce que je voulais dire, répliqué-je subitement. Je... je...

Putain, Joshua, ferme ta gueule, tu es un boulet. Un boulet ! pensé-je, en voulant me faire disparaître en un claquement de doigts.

Mais le sourire de Jaekyung, déformant ses traits attristés, attire mon attention.

— Hé mon ange, ne t'inquiète pas, je comprends tout à fait ce que tu essayes de me dire, atteste-t-il, en faisant glisser ses mains jusqu'à mes hanches. Mais ce qui est fait est fait, non ?

— Mh-mh, fredonné-je, en hochant la tête. Ça ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie... À part te faire du mal... Je suis désolé...

Il se met soudainement à glousser.

— Maintenant, laisse-moi m'occuper de toi, reprend-il, en frottant la pointe de son nez contre la mienne. Je vais faire couler un bon bain chaud, allumer quelques bougies, et après on regardera ce que tu veux commander à manger. Ça te va ?

— Oui... c'est parfait, oui, réponds-je d'une petite voix, qui n'échappe pas à l'attention de mon conjoint.

Alors, en haussant un sourcil, il s'interroge :

— Tu aimerais autre chose en particulier ? Dis-moi ce que tu veux, mon ange.

— Toi.

Il plisse faiblement les paupières.

— Moi ? C'est-à-dire ?

Le cœur battant à toute allure contre ma poitrine, je déglutis difficilement ma salive, en fixant avec insistance ses douces lèvres que je désirais tant dévorer sur le champ.

— C'est toi que je veux, là, tout de suite, lui confié-je, en prenant mon courage à deux mains. Pas un bain, pas à manger, ni des câlins, mais toi tout entier.

— Bébé...

— Je sais ce que tu vas me dire, le coupé-je, en humidifiant mes lèvres d'un bref coup de langue. Que le sexe ne fait pas oublier nos douleurs, que ça fait du bien uniquement sur le moment, et qu'on revient à la réalité après... Mais c'est ce dont j'ai besoin... J'ai besoin de ce moment de plénitude à tes côtés, même si c'est juste éphémère, j'en ai besoin...

Pour accompagner mes mots et leur donner plus d'importance, j'embrasse ses lèvres à plusieurs reprises, jusqu'à sentir les siennes se mouvoir contre les miennes.

— S'il te plaît, je me sens si vide sans toi... murmuré-je désespérément entre deux baisers affamés. J'ai besoin de te retrouver, de retrouver l'homme que...

Il ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase, qu'il vient m'embrasser à pleine bouche, sa langue dansant fougueusement contre la mienne à m'en faire gémir de contentement. Un frisson de bien-être parcourt mon épine dorsale, lorsque ses mains — aussi chaudes et puissantes soient-elles — se glissent sous mon sweat à capuche pour me caresser à même la peau, en y exerçant des mouvements lents et circulaires.

— Shh, je suis là, bébé, susurre-t-il tendrement, en venant s'emparer de ma lèvre inférieure entre ses dents. Laisse-toi aller, je m'occupe de tout.

Sans que je ne puisse prévoir cette action, il me soulève sans effort dans ses bras, en même temps qu'il quitte le canapé pour rejoindre notre chambre, dans laquelle il m'allonge avec prudence sur notre lit, avant de s'emparer une nouvelle fois de mes lèvres dans une embrassade nécessiteuse. Il n'y a aucun mouvement brusque. Même si nos baisers sont fougueux et passionnés par l'effervescence qui nous anime, nos mains, nos caresses sont aussi douces et délicates que le toucher de la soie.

Si on m'avait dit dans le passé qu'un jour je me laisserai emporter par l'ivresse d'un autre homme, je n'y aurais jamais cru. Je me sens revivre sous chacun de ses baisers, sous ses lèvres, qui après en avoir eu assez de dévorer les miennes, sont parties explorer mon cou pour y laisser des marques de leur passage. Je gémis, à mesure qu'il suce ma peau, me cambrant lorsque l'extrémité de ses doigts touchent mes tétons sensibles de désir.

— Jae... Jaekyung... chuchoté-je d'une voix étranglée par une plainte de plaisir. J'ai chaud... j'ai horriblement chaud...

— Tu as chaud ? répète-t-il, en relevant la tête pour pouvoir me regarder.

Ses yeux sont voilés d'une brume illustrant parfaitement l'excitation qui le domine.

— Pour commencer, respire calmement, bébé, ajoute mon homme, en se mettant à mon niveau pour déposer un baiser sur mon front. C'est important de bien respirer. Ensuite, n'essaie pas de contrôler ce que tu ressens, détends-toi. Je ne ferai rien que tu ne veuilles pas.

En captant mon attention, il enroule ses mains autour de l'ourlet de mon sweat, avant de me demander :

— Est-ce que je peux, mon ange ? Je peux te déshabiller ?

D'un mouvement de tête, j'acquiesce à sa demande, en me redressant légèrement pour lui faciliter le retrait de ce tissu épais, avant de reprendre ma position initiale sur les draps aussi moelleux que du coton. Jaekyung esquisse un sourire de satisfaction en me dévorant du regard. Il fait parcourir l'extrémité de son index le long de mon sternum, provoquant de multiples vagues de frissons et des spasmes musculaires au niveau de mon abdomen. Comme s'il prenait le temps d'analyser chaque parcelle de mon corps, chaque cellule composant mon organisme.

— Tu es d'une telle beauté, murmure-t-il, en s'arrêtant au niveau de l'élastique de mon jogging. Est-ce que tu es réel ?

Avec étonnement, j'écarquille les yeux. Puis, un sourire s'étend sur le coin de mes lèvres, suivi d'un faible gloussement, que je camoufle avec le dos de ma main.

— Qu'est-ce que j'ai dit de drôle ? demande-t-il, en revenant prendre son assaut de baisers le long de mon cou.

— R-rien, gémissé-je, en basculant la tête en arrière. Ç-ça m'a juste fait penser à moi... Q-quand je me demandais si tu étais réel ou n-non...

Je sens mon compagnon soupirer un petit ricanement contre ma gorge.

— Adorable.

Mais alors que je commence à m'habituer à cette pluie de baisers sur mon épiderme, je ne peux réprimander un fort gémissement au moment où l'une de ses mains prend possession de mon érection dans une poignée maîtrisée.

— Est-ce que tout va bien, mon ange ?

C'est la première fois qu'on me touche à cet endroit. La première fois que je sens une main s'enrouler autour de mon pénis pour y exercer une pression sur ma veine pulsatrice. Et bordel ce que c'est divin. Je n'aurais jamais imaginé que cela puisse me rendre aussi fou, au point que mes cellules grises cessent toute activité, m'empêchant alors de répondre à la question de mon amant.

— Ça te fait du bien ? réitère-t-il, en commençant à me masturber lentement. Est-ce que c'est bon ? Tu veux que je continue ?

Je voulais lui répondre, vraiment. Mais je suis tout bonnement incapable de formuler une phrase, totalement submergé par toutes ces nouvelles sensations, qui explosèrent en moi. Mes muscles se contractent à chacune de ses allées et venues sur mon érection, désormais à son paroxysme.

— Et... et... et toi ? réussis-je à prononcer entre deux gémissements.

— Moi ? dit-il d'un air intrigué. Tu aimerais pouvoir me toucher aussi ?

Je hoche vivement la tête.

— Plus tard, bébé, me répond-il, en accélérant un peu plus fermement ses mouvements de main sur mon pénis. Pour le moment, c'est moi qui m'occupe de toi. Toi, tu as juste à profiter et à me dire si ça te fait du bien, ou si je te fais mal, d'accord ?

— Je veux... je veux que tu prennes aussi du plaisir, protesté-je, en amenant une de mes mains à son visage. Je ne veux pas être le seul à en recevoir...

Attendri, il sourit, en venant embrasser la paume de ma main.

— Ne t'inquiète pas pour moi, je prends déjà du plaisir à t'en donner et te voir en prendre, mon ange, rétorque-t-il, en même temps qu'il baisse mon boxer, ainsi que mon jogging, permettant de libérer mon sexe de cette prison de tissu. En plus, tu es déjà bien trempé. Ce n'est pas le moment de m'arrêter... À moins que tu ne veuilles que je m'arrête ?

— T-tu es méchant ! me plains-je, en superposant une de mes mains sur celle qui tient mon sexe. Ne... ne t'arrête pas, s'il te plaît... J'ai besoin de toi. J'ai besoin de- aah !

Il resserre son emprise autour de mon pénis, tout en ne cessant de me masturber de plus en plus vite, jusqu'à ce que je ne finisse par atteindre mon orgasme. Un orgasme qui me frappe par inadvertance. Tous mes membres se mettent à trembler, après avoir joui. Mon cœur bat à un rythme effréné contre ma cage thoracique, ma respiration se faisant plus lourde et bruyante.

Je me sens étourdi, déconnecté partiellement de la réalité. Mais ce n'est pas encore suffisant pour moi. Je suis déçu. Déçu d'avoir été le seul à jouir. Déçu de ne pas avoir pu emmener mon amant avec moi dans cette sensation, aussi merveilleuse et terrifiante soit-elle. Puis, sans que je ne m'y attende, diverses émotions me heurtent de plein fouet.

— Comment tu te sens, mon ange ? dit-il contre mon oreille, d'une voix aussi basse qu'un murmure. Tu es venu d'un...

Alerté par mes sanglots, il se redresse d'un mouvement brusque, avant de prendre mon visage entre ses mains. L'inquiétude est discernable dans son regard. La panique à son apogée, je le vois se perdre dans cet état d'affolement.

— Bébé ? Qu'est-ce qui se passe ? Je t'ai fait mal ? J'ai fait quelque chose qui ne fallait pas ? s'alarme-t-il, en essayant de comprendre la raison de mes larmes.

En secouant la tête, je tente désespérément de contrôler mes sanglots, qui démontrent parfaitement mon instabilité émotionnelle de ces derniers jours. Un rien peut me faire pleurer. Et avoir été le seul à jouir est la raison de ces chutes du Niagara.

— N-non... non ! C'est juste que... j'ai joui et pas toi, commenté-je, en reniflant pour ne pas répandre ma morve sur mes lèvres. On n'est pas venus ensemble... alors que je voulais qu'on vienne ensemble...

Ébranlé, Jaekyung met du temps à imprimer l'information dans son esprit. Il me fixe. Je le regarde en retour à travers ce voile humide. Puis, il se met à rire, en venant bisouter mes lèvres à plusieurs reprises.

— C'est pour ça que tu pleures ? Parce que je n'ai pas joui avec toi ? conclut-il, en esquissant un plus large sourire. Je te prie de me pardonner pour cette erreur. Est-ce que je peux recommencer ?

— J'aimerai tellement qu'on puisse vraiment faire l'amour, sangloté-je, en enroulant mes bras autour de son cou. J'aimerai tellement, moi aussi, qu'on puisse ne faire qu'un...

Faire l'amour. Aboutir à cette union de deux êtres s'aimant éperdument. C'est là, pour moi, la finalité absolue d'une relation sexuelle. Et je ne suis pas certain de pouvoir y parvenir.

— Hé, bébé, tout va bien. Ne te mets pas la pression, tu es parfait, assure-t-il, en m'obligeant à garder le contact visuel avec lui. Chaque chose en son temps. Rien ne presse mon ange.

Il caresse mes joues, en essuyant par la même occasion les perles d'eau qui continuent de s'échapper du coin de mes yeux.

— P-pourtant, je sais que toi aussi, c'est ce que tu veux... Tu me l'as dit, la dernière fois...

Son sourire s'efface progressivement de son visage.

— Quand est-ce que je t'ai dit ça ?

— Le soir où tu es rentré de la crémaillère, chez Hye-jin, dis-je, en enfonçant mes dents dans ma lèvre inférieure pour retenir mes sanglots. On... on se caressait et on s'embrassait, et tu m'as murmuré que tu avais envie de moi, que tu voulais qu'on ne fasse qu'un... Alors que j'ai...

— Oh non, mon amour, je suis désolé, intervient-il d'une expression désemparée. Ce n'était absolument pas mon intention ! Je ne voulais pas te faire culpabiliser en te disant ça. Je... je n'en avais même pas conscience. Je suis désolé, sincèrement désolé...

Au vu des grammes qui ont circulé dans son sang cette nuit-là, je ne suis pas plus étonné que ça qu'il ne se souvienne pas pleinement de ce qu'il a pu faire ou dire, sous les effets de l'alcool.

— Pourquoi tu t'excuses ? souligné-je d'une mine attristée. Pourquoi tu t'excuses de vouloir quelque chose qui est totalement légitime ? C'est moi... qui suis incapable de te l'offrir... c'est moi qui suis désolé...

— Non, non et non ! s'exclame-t-il sur une intonation plus soutenue. On en a déjà discuté ! Merde, bébé, pourquoi tu continues à te faire du mal avec ça ? Jamais je ne te forcerai. Jamais je ne te ferai faire des choses que tu ne veux pas. Et ça vaut aussi pour ça. Je sais que toi aussi tu en as envie, mais tu es encore...

— Traumatisé ?

Il expire un souffle silencieux.

— Ouais, traumatisé. Ce bâtard t'a fait du mal, et il te faut du temps pour t'en remettre.

— Combien de temps ?

— Quoi ?

Confus, mon compagnon se redresse, en attrapant un paquet de mouchoirs pour venir retirer le sperme qui commence à sécher sur mon abdomen.

— Joshua, peu importe le temps que ça prendra, j'attendrai et je serai là, à tes côtés.

Je veux y croire. Je veux tellement croire que c'est possible.

— Mais... si... si je n'y arrive pas...

— Bébé, non...

— Si je n'y arrive pas, l'interromps-je, en attrapant ses mains dans les miennes pour les serrer le plus fort possible. Je veux que tu puisses être heureux dans ta vie, que ce soit sur le plan sexuel, celui de tes loisirs, de ta liberté...

Ces mots trottent dans ma tête depuis ces dernières semaines, ces derniers mois. Au fur et à mesure des jours, ils n'ont cessé de prendre de l'ampleur dans mon cœur. Sept mois déjà. Sept mois depuis ma première rencontre avec Jaekyung. Sept mois que cet homme si formidable et bienveillant a porté sur ses épaules le fardeau de mes tourments. Mon agression sexuelle. Ma tentative de suicide. Et maintenant, mon handicap. Ne suis-je pas l'une des raisons de sa souffrance ? Ne suis-je pas une cause supplémentaire dans sa descente aux enfers ?

— S'il te plaît, ne me dis pas ça ... S'il te plaît, me supplie-t-il. Je suis heureux avec toi, mon amour. Je suis comblé, entièrement comblé.

Ses magnifiques prunelles crépusculaires, que j'aime tant admirer, pétillent tel un ciel étoilé, suite à une subite montée de larmes qu'il est incapable de contrôler.

— Je ne peux pas... Je ne peux plus continuer à faire semblant. Je ne peux pas continuer de te retenir prisonnier de mon mal-être, si je ne parviens pas à m'en défaire.

C'est à cet instant que je réalise à quel point je suis amoureux de lui. Car l'amour ne se résume pas qu'aux sentiments. L'amour, n'étant pas synonyme de baisers et de câlins. L'amour, c'est aussi savoir rendre la liberté à la personne qu'on aime le plus au monde, quand on réalise qu'on n'arrive plus à se satisfaire, qu'on n'arrive plus à être heureux ensemble. L'amour, c'est pouvoir lui donner l'opportunité de découvrir ce qu'est le bonheur de la vie. De le voir s'épanouir et voler de ses propres ailes.

C'est ça, l'amour. Le véritable amour. Et c'est ce sentiment que j'éprouve pour lui.

— Tout à l'heure... tout à l'heure, tu m'as pourtant dit qu'on resterait ensemble, bégaie-t-il. Tu... tu... Pourquoi ?

Son regard est désorienté.

— Non... Non, non et non ! Je ne veux pas. Je ne veux pas qu'on se sépare, prononce-t-il d'une voix terriblement déchirante. Joshua, bébé, non ! Je peux encore faire des efforts, je peux devenir encore meilleur, s'il te plaît...

Ça fait mal. Ça fait terriblement mal de le voir pleurer.

— C'est ce que j'ai dit, oui, rétorqué-je, en harmonisant mes sanglots avec les siens. Parce que c'est la vie que je rêve d'avoir à tes côtés. Parce que c'est ce que je souhaite de tout mon cœur. Vieillir et t'aimer jusqu'à la mort. Ô mon amour, comme je t'aime à en crever... Mais comment est-ce qu'on peut y arriver, si on n'arrive pas à se combler pleinement ?

— Pourquoi ? Pourquoi tu me dis ça, maintenant ? Pourquoi ? me demande-t-il, en serrant fermement mes mains dans les siennes. Je sais que je ne suis pas parfait, que j'ai mes putain de défauts sur lesquels je dois travailler, mais... Bordel, je t'aime... Je t'aime, Joshua. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne avant toi !

Il me prend dans ses bras, recouvrant mon corps dénudé à l'aide de la couverture pour me protéger du froid. Il me serre aussi fort qu'il le peut, enfouissant son nez dans mon cou pour s'enivrer de mon odeur corporelle. Nous sommes complètement perdus. C'est un fait, on ne peut plus le nier.

— Je t'aime aussi... Je t'aime tellement, déclaré-je, en sentant mon cœur se briser en mille morceaux. On s'est fait une promesse, et je sais qu'on la tiendra... mais...

— Non... je t'en supplie, non, proteste-t-il, en m'empêchant de me mouvoir dans son étreinte. Tu as dit que rien ne pourrait nous séparer...

— Je ne suis pas en train de rompre avec toi, promets-je, en glissant une main dans sa dense chevelure de jais. Je... je me demande juste... si prendre du recul ne serait pas mieux pour nous... Si...

Il inspire profondément, avant de se redresser dans mes bras pour me regarder.

— Comme un break ? s'étrangle-t-il, à prononcer. Tu veux qu'on fasse une pause dans notre relation ? Je ne comprends pas. Je n'arrive pas à comprendre...

Est-ce réellement ce que je veux ?

— Je ne sais pas... avoué-je, en me mettant à trembler de tout mon être. Je ne sais même plus ce qui est bon pour nous ! Je suis complètement perdu, je ne sais plus quoi faire... Je suis fatigué... Toute cette semaine, je n'ai pas arrêté de réfléchir jour et nuit... Je n'ai pas arrêté d'y penser, pendant que tu n'étais pas là !

— Bébé...

— Depuis qu'on est ensemble... Non, depuis qu'on s'est rencontrés, on a directement été confrontés à des difficultés. On n'a encore... jamais profité de notre couple... On n'a encore... jamais été vraiment heureux...

C'est une douloureuse réalité. Depuis le moment où l'on s'est rencontrés, à aujourd'hui, lui et moi n'avons cessé d'être confrontés à des chemins remplis d'embûches et de pièges en tout genre. Il n'y a pas un seul instant où nous ne devons pas surmonter les difficultés de la vie, sans pouvoir se reposer, sans pouvoir se découvrir en toute impunité. Le seul moment de répit qui nous a été accordé, c'était pendant les fêtes de fin d'année. Et encore... À présent, nous sommes vidés, épuisés par cette bataille perpétuelle qui secoue nos cœurs et nos esprits.

— On souffre tous les deux, Jaekyung... On n'arrive même plus à s'aider mutuellement, tellement on souffre intérieurement...

— Ne fais pas ça, s'il te plaît... Je ne pourrai pas supporter d'être loin de toi, marmonne mon bien-aimé. On... notre amour, on est en train de le construire... On...

— On est en train de se perdre dans tout ça... ajouté-je, en déglutissant difficilement ma salive. Et je ne veux pas te perdre. Je ne veux pas te perdre sans avoir essayé de nous sauver...

Il me fixe sans rien me répondre en retour. De toute évidence, son regard en dit assez sur ce qui est en train de se passer dans son cœur.

— On a besoin de temps, reprend-je, en descendant l'une de mes mains au niveau de son visage. C'est... horrible de devoir l'admettre... Ça fait tellement mal au cœur...

Mes doigts caressent avec délicatesse la douceur de son épiderme, contre lesquels mon homme vient s'y blottir.

— Comment en est-on arrivés là... ? me demande-t-il, en se mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Qu'est-ce qu'on a foiré ? Qu'est-ce que les autres font de mieux que nous pour réussir ?

— On n'a rien foiré ! Rien du tout ! répliqué-je, en ayant la sensation de recevoir des coups de poignard dans la poitrine. Tu m'as sauvé ! Tu m'as montré ce qu'est le vrai amour, la douceur, le respect. Tout ce que je n'ai jamais connu, tu me l'as offert.

— Alors merde, qu'est-ce que je dois faire de plus ? me répond-il avec un sourire triste. Dis-le moi ! Dis-le moi pour que je puisse le faire !

Je secoue désespérément la tête, en suppliant intérieurement qu'on m'arrache le cœur.

— Tu ne peux rien faire de plus... Parce que tu as déjà tout fait pour moi. On a déjà tout fait l'un pour l'autre.

Il se retire progressivement de notre étreinte, créant cet espace, ce vide, que je déteste tant. Je le sens s'éloigner de moi, se détacher de mon toucher pour se lever du lit, le regard abattu.

— J'ai... j'ai besoin d'y réfléchir, finit-il par rétorquer, en se tournant vers moi. Pardonne-moi. Je ne peux pas. Pas maintenant.

— Jaekyung ?

Il se contente de me regarder, avant de m'adresser un doux sourire, cachant en réalité son profond désarroi.

— Peut-être que tu as raison. Que c'est ce qu'il nous faut, du temps. Du temps pour nous retrouver.

— Ne pars pas, s'il te plaît... reste avec moi...

— Je ne pars pas, bébé. Je vais juste te faire couler un bain, dit-il, en venant sceller avec prudence ses lèvres aux miennes. Et je vais te ramener ton fauteuil. Je reviens, ne t'inquiète pas...

Durant le bain, il a pris soin de me laver les cheveux, de me masser les jambes une nouvelle fois pour soulager mes muscles de toute cette tension musculaire provoquée par la fatigue et le stress. Malgré toute cette douceur, tout cet amour qu'il transmet dans ses gestuelles, il y a ce fossé qui est en train de se créer entre nous. La naissance de cette fissure, causée par nos craintes et nos doutes. Puis, est venu le moment de nous coucher. De nous enlacer l'un contre l'autre à même la peau. De sentir la chaleur corporelle de nos corps entrer en symbiose dans une parfaite harmonie. Nos respirations se complètent, nos rythmes cardiaques sont devenus un seul et même organe.

Nous ne faisons qu'un, à cet instant. Jusqu'à ce que la froideur des draps ne me sorte de mon sommeil, me faisant réaliser que je suis seul dans le lit.

Jaekyung est parti.

Il a attendu que je m'endorme dans ses bras pour s'en aller. 

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