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𝟓𝟎. 𝐋𝐚 𝐯𝐞𝐫𝐢𝐭𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞 𝐩𝐞𝐮, 𝐥𝐞 𝐦𝐞𝐧𝐬𝐨𝐧𝐠𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞 𝐛𝐞𝐚𝐮𝐜𝐨𝐮𝐩


Il est 19h30, quand le quatrième opus de la saga Harry Potter se lance sur l'écran télévisé. Obnubilés par les images défilant sous nos yeux, nous plongeant en une fraction de secondes dans cet univers de magie, nous entendons nullement la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer derrière elle. Un saladier est disposé entre nos deux corps, rempli de chips au goût de poulet braisé, ainsi qu'un sachet de bonbons de la marque Haribo, dont mon meilleur ami raffole.

Toujours dans l'ignorance d'une présence dans l'appartement, nous piochons à tour de rôle la nourriture, jusqu'à ce que la lumière du salon s'allume, sans que l'un d'entre nous ne vienne appuyer sur l'interrupteur.

— Aah ! hurle Gabriel, en balançant son téléphone portable dans les airs. Un fantôme !

Je manque de m'étouffer avec un bonbon à la cerise. Par chance, la friandise finit par se déloger, et je respire une grande bouffée d'oxygène, tout en lançant un regard d'effroi par-dessus le canapé. Quelle est la surprise, lorsque j'aperçois Connor nous observer avec de gros yeux étonné.

— Vous ne m'avez pas entendu rentrer ?

— Est-ce qu'on a l'air de t'avoir entendu arriver, espèce de gros con ? questionne Gabriel, en haussant les sourcils, une main posée sur sa hanche, en le dévisageant de la tête aux pieds. J'ai failli casser l'écran de mon téléphone à cause de toi !

Connor roule des yeux.

— Pauvre chaton, comment aurais-tu fait pour survivre sans pouvoir te prendre en photo ? le taquine-t-il, en s'avançant dans le salon.

— Je t'emmerde, rétorque Gabriel, en revenant s'asseoir à mes côtés, tandis que je le fixe avec un air amusé.

Cependant, mon sourire s'efface aussitôt qu'il n'est apparu.

— Pourquoi tu n'es pas avec Jaekyung ? lui demandé-je avec une expression confuse. Tu ne l'accompagnes pas à la soirée ?

Intrigué par la question, il fronce les sourcils.

— Une soirée ? Il ne m'en a pas parlé, répond-il en se penchant pour prendre une grosse poignée de chips. Il t'a dit qu'il allait à une soirée ?

À ses mots, un étrange sentiment se répand dans ma poitrine.

— Après, il n'est pas obligé de me dire où il va, ajoute-t-il, en ayant certainement vu mon visage se décomposer. Tu sais, il a des amis que je ne connais pas. Et s'il te l'a dit, c'est que c'est vrai, non ?

Je ne suis pas né de la dernière pluie. Il me suffit de l'observer dans le blanc des yeux pour comprendre que lui-même ne connait pas la véracité de ses propos. Après tout, peut-être qu'il dit vrai ? Qu'il a effectivement des amis dont Connor ne sait rien de leur existence ? Et puis, pourquoi est-ce qu'il me mentirait ?

Oui... Pourquoi me mentirait-il ?

— Hé, mon cœur, ne t'inquiète pas, chuchote Gabriel , en posant l'une de ses mains sur la mienne. Je suis certain qu'il dit vrai ! Puis, au pire, quand il te rejoindra, tu pourras toujours lui demander chez qui la fête a été organisée.

J'avoue, ils ont sans doute raison, pensé-je, en me mordillant la lèvre inférieure.

Pourtant, j'entends au loin les hurlements de mon cœur, tentant désespérément de me convaincre du contraire, tout en se battant avec acharnement contre mon esprit. Celui-ci persiste à vouloir me faire croire à cette hypothèse. J'ai — comment dirais-je ? — littéralement le cul assis entre deux chaises, sans savoir vers quelle balance me tourner. Je veux croire en Jaekyung. Je ne veux pas remettre sa parole en question. Pour la simple et bonne raison que je l'aime, et que j'ai placé une confiance aveuglante en lui.

Alors, je fini par faire abstraction de ces nombreux signaux pour apaiser mes maux.

— Oui, tu n'as pas tort... Je le ferai quand il rentrera, s'il n'est pas trop fatigué, bien entendu, commenté-je, en baissant les yeux vers mon cellulaire. Je suis juste inquiet pour lui... J'ai peur qu'il soit influencé par l'alcool qui sera présent.

Connor secoue légèrement la tête pour contester mes mots.

— Il ne boit pas quand il prend le volant, me certifie-t-il, en piquant deux bonbons des mains de son compagnon. Ou alors juste un verre, mais il fait très attention là-dessus.

C'est vrai. Il le connaît beaucoup mieux que moi. Je n'ai donc pas de soucis à me faire à ce sujet, n'est-ce pas ? Mais s'il y a bien une chose que j'ai appris bien trop tard avec le temps, c'est de toujours croire en sa première intuition. De toujours écouter ce que notre cœur a à nous murmurer. Que ce soit un bon ou mauvais pressentiment, notre instinct ne se trompe jamais.

Jamais.

— Au fait, trou du cul, j'ai proposé à Joshua de rester pour la nuit, dit Gabriel, en mâchant quelques chips, croustillant sous ses dents. Et je lui ai dit d'envoyer un message à Jaekyung pour qu'il le rejoigne ici.

Il hoche la tête.

— Pas de soucis, tête à pipe. Il est toujours le bienvenu ici, rétorque-t-il, en lui lançant un bonbon en pleine figure. Je vais aller me chercher à boire, attendez-moi avant de mettre la suite du film !

Trou du cul. Tête à pipe. Je suis abasourdi. Ils ont atteint un tel degré de je-m'en-foutisme dans leur couple, que j'ai l'impression que ma relation avec Jaekyung est aussi coincée qu'une amourette de lycée. Alors qu'en réalité, ce n'est pas du tout le cas.

C'est donc le rire de mon meilleur ami qui me sort de mes pensées.

— Tu devrais voir ta tronche, mon ange, c'est à mourir de rire.

— En même temps... vous vous appelez par des surnoms... étranges, constaté-je, en haussant un sourcil.

Toujours amusé par la situation, Gabriel répond :

— J'imagine que toi et ton chéri d'amour, vous vous appelez par des surnoms super trop mignons. Du style, mon petit sucre d'orge ? Mon ciel étoilé ?

— Non, c'est trop simplet ça, riposte Connor, en s'engageant dans la conversation. Connaissant, et vu comment il est raide dingue de lui, je suis certain qu'il doit rentrer tous les soirs avec un bouquet de fleurs dans les mains.

Dans le mille.

— Et peut-être même avec une boîte de chocolats, histoire de marquer le coup, ajoute-t-il, en ouvrant sa canette de bière.

Y a-t-il des caméras chez nous ?

— Puis, pour impressionner son dulciné, je suis quasiment sûr qu'il doit bien gonfler ses pectoraux pour sortir le grand jeu... En mode lover activé.

Il est tellement impliqué dans son jeu de rôle, qu'il mime mon amant sans aucune faute.

— Tout en lui disant : Ti amo, mi amore, termine-t-il en roulant le « R » à la perfection.

Pris d'un fou rire, Gabriel perd l'équilibre et tombe du canapé, tandis que pour ma part, je souhaite du plus profond de mon être que le canapé ne m'avale sous ses pieds pour disparaître à jamais. Toutefois, lorsqu'ils se sont mis à chanter : Ti amo, ti amo, ti amo, je ne peux m'empêcher de me joindre à ce petit karaoké improvisé, en ayant la vision de mon amant me la chanter, avec un bouquet de roses et une boîte de chocolats dans les mains.

Une pensée venue ajouter un peu de douceur à mon cœur.


❃ ❃ ❃ ❃


Un peu plus tard dans la soirée, mon compagnon m'informe dans un bref message qu'il est bien arrivé sur le lieu de la fête. Ce n'est qu'un simple SMS, mais depuis que je me suis glissé sous les draps, je ne fais que relire inlassablement ses mots, qui sont en réalité la seule discussion que nous avons eue depuis la veille. Depuis ce qu'il s'est passé à la salle de boxe.

Pour vous remettre dans le contexte, je me suis assoupi dans les bras de mon meilleur ami, et à notre réveil, le lendemain matin, Jaekyung et Connor n'étaient plus là. Seul un mot a été déposé sur la table du salon pour nous avertir qu'ils comptaient rester dehors toute la journée, dans l'optique de changer les idées de mon homme, encore bouleversé par ce qu'il s'était passé.

Je crois que le détail qui m'a le plus fait mal, ce jour-là, c'était d'apprendre par mon meilleur ami que Jaekyung a laissé Connor dormir dans la seconde chambre, et qu'il a passé la nuit sur le canapé avec un plaid en guise de couverture. Dans l'obscurité, en compagnie de la solitude, où il a certainement dû ruminer sur les précédents événements, sans trouver la possibilité de s'endormir en paix. Sans m'avoir dans ses bras pour se sentir rassuré.

— Tu me manques... murmuré-je, en lisant une nouvelle fois ses messages.

Je lutte contre moi-même pour ne pas céder à la tentation de lui envoyer un nouveau message, puisque je ne veux pas paraître comme étant le petit-ami chiant et imposant. Je veux qu'il profite pleinement de cette soirée, sans avoir à se soucier de moi. Qu'il s'amuse sans avoir à penser à moi ou à s'occuper de moi.

Pour me changer les idées et éviter de me tourmenter l'esprit avec des pensées négatives, je navigue sur Instagram avec mon compte privé, défilant mon fil d'actualité sans vraiment m'intéresser aux contenus postés par mes abonnements. Il n'y a que devant les posts de mon homme et ceux de mon meilleur ami que je souris. Notamment les selfies où il est avec Connor. En y repensant, Jaekyung et moi, on ne s'est jamais vraiment pris en photo ensemble. Bien sûr, je possède dans ma galerie quelques photos de lui, mais rares sont celles où nous sommes tous les deux dessus.

Finalement, je vais essayer de dormir un peu. Même les réseaux me bousillent le moral, pensé-je, en fermant l'application.

Il est à présent 22h30, quand je m'apprête à verrouiller mon téléphone, lorsqu'une soudaine notification retient vivement mon attention :

« BJ Golden est actuellement en live ! »

Au début, je pense que je rêve, que la fatigue me joue des tours en me faisant avoir des hallucinations, comme si je faisais un bond de six mois en arrière, lorsque j'étais seul dans ma chambre, attendant avec impatience cette notification pour mettre un terme à ma solitude. Cependant, c'est un tout autre sentiment qui prend place dans ma poitrine. Une étrange sensation de gêne. Ce n'est pas quelque chose de négatif, dans le sens où j'ai honte d'avoir été abonné à ce genre de compte. C'est plus une question de malaise vis-à-vis de mon compagnon. D'autant plus que j'étais persuadé d'avoir supprimé mon abonnement, la dernière fois que je suis allé sur le site par curiosité, après avoir fait le check-up complet de mes relevés bancaires.

— Tu es vraiment con, Joshua, me grondé-je, dans un chuchotement. Tu vas supprimer ton compte maintenant, tu n'en as plus besoin.

Pour accompagner mes mots, je clique sur le lien, me redirigeant immédiatement sur le site en question, dont la page met un certain temps à charger. Ce qui ne m'étonne pas plus que ça, au vu de la longue absence du camboy, les abonnés s'étant certainement tous jetés sur la notification. Mon cœur bat rapidement contre ma cage thoracique. Stressé, angoissé, comme si j'étais en train de faire quelque chose d'illégal. Comme si les yeux de mon amant étaient en train de me guetter dans l'obscurité.

Est-ce qu'il le prendrait mal ? Si jamais je lui avouais ce secret ? Mais avant même que je ne puisse répondre à mes questionnements, la page finit par s'actualiser, et une voix trafiquée se fait entendre à travers mon téléphone. Non. Attendez. Ce n'est pas uniquement une voix modifiée, mais aussi une sonorité fortement alcoolisée. Les commentaires défilent à toute vitesse dans le chat, ne faisant que confirmer mon intuition.

BJ Golden est ivre en plein live.

Sans en connaître la raison, je me sens attristé de le voir dans cet état. Lui, qui a toujours été si confiant et si sûr de lui lors de ses derniers shows, est en train de dévoiler à plus de cinq cent mille personnes, une autre facette de sa personnalité. Comme à son habitude, il porte son fameux masque, ainsi qu'une chemise blanche entièrement boutonnée. Il n'y a que la bouteille de Jack entre ses mains, qui s'est rajoutée au décor.

— Quoi ? Ça te dérange que je bois ? articule-t-il, en lisant un commentaire, avant de faire un doigt d'honneur à la caméra. Je t'emmerde. Casse-toi, si tu n'es pas content.

Ma mâchoire manque de se décrocher suite à ses mots.

— Vous tous, allez vous faire foutre, ajoute-t-il, en buvant plusieurs grosses gorgées de sa bouteille. Vous pensez vraiment que je ne voyais pas vos commentaires sur mes derniers posts ?

Il rit par dépit, en posant une main sur son masque. Mon cœur se serre face à la détresse de cet homme, jusqu'à m'en faire oublier mon objectif principal. C'est douloureux de voir quelqu'un aussi mal dans sa peau, se montrer ainsi devant des milliers de personnes. Devant des gens qui n'en ont strictement rien à foutre de son état psychologique :

@Lovedick69 : On s'en branle ! Ça fait longtemps qu'on attend ton retour. Fais péter la chemise.

@Asianboy : MDRR il est complètement bourré, il va peut-être faire une dinguerie ! Putain, faites des screens !

@Chocolatecock : On paye pour te voir te déshabiller et te branler ! On s'en fout de ta vie !

Ce sont les commentaires les moins pires, et j'en ai pratiquement les larmes aux yeux de voir autant de haine se déverser sur sa personne.

— Ah ? Parce que vous croyez que j'ai lancé un live pour me branler ? dit-il, avant d'éclater de rire. Non, non, on va parler. Ouais, on va parler, parce qu'il y a des choses que je dois clarifier devant vous.

Ça ne présage rien de bon. Se livrer sous l'influence de l'alcool n'est pas la meilleure des solutions. Du moins, pour lui apporter un peu de soutien à mon échelle, j'envoie un commentaire, en me laissant emporter par mes émotions :

@Jo☆Jo : Tu ferais mieux d'aller te reposer :( Je ne suis pas certain que tu aies conscience d'à quel point tu es alcoolisé... D'autant plus que tu es en live... Fais attention à toi...

Comme je m'y attendais, une pluie d'insultes à mon égard s'abat sur moi :

@Hotboy47 : Ta gueule @Jo☆Jo ! Il sait très bien ce qu'il fait ! Va pleurer ailleurs,

puceau !

@Whitechoco69 : Mais nique ta race @Jo☆Jo ! Il nous doit des explications sur son absence ! Ce n'est pas avec ses excuses à deux balles sur ses posts qu'on va lui pardonner de nous avoir fait attendre !

Auparavant, j'aurais pu être extrêmement affecté par cette déferlante d'injures. Mais aujourd'hui, c'est de la haine que je ressens pour ce type d'ordures qui ne méritent aucunement le respect, ni l'attention de ce camboy.

@Jo☆Jo : Mais allez vous faire foutre ! Il ne vous doit rien du tout ! Vous êtes juste des putains de pourritures ! Vous devriez avoir honte...

La colère parle à ma place. C'est incompréhensible pour moi que l'on puisse s'acharner délibérément sur quelqu'un qui n'a strictement rien demandé à personne. Sur un individu, lançant sans le savoir, un appel à l'aide.

— JoJo... tu es adorable, relève-t-il, en terminant d'un trait les dernières gouttes de sa bouteille. Comme toujours.

Étonné, ses derniers mots me laissent perplexe.

— Pour en revenir à ce que je disais, j'ai vu, et j'ai lu tous vos commentaires sur mes posts, déclare-t-il, en s'apprêtant à ouvrir une nouvelle bouteille de Jack. Où vous avez souhaité la mort de mon proche. Mais vous voulez savoir de qui il s'agit, exactement ?

D'une main tremblante, il amène la bouteille à ses lèvres, s'abreuvant de grosses gorgées.

— Mon mec. Ce proche n'est autre que mon petit-ami, dit-il en réprimandant un hoquet provoqué par l'alcool ingurgité. Vous savez, ce bel ange tombé du ciel dont je vous parlais ? Eh bien, c'est lui, à qui vous avez souhaité la mort. Bande d'enculés, vous méritez que je vous crache dessus !

Suite à cette annonce inattendue, de nouveaux commentaires, aussi haineux les uns que les autres, défilent sous mes yeux :

@Lovebj : PUTAIN ! Je savais qu'il était en couple ! Sale merde va ! Enculé !

@BJGolden♡Joe : Comment tu peux faire ce genre de live, alors que tu es en couple ? Il le sait au moins ?! Si j'étais à sa place, je le prendrais mal de savoir que mon mec se branle devant des milliers de personnes !

— Je m'en bats les couilles de vos avis, commente-t-il. Je n'ai pas de compte à vous rendre, rien ! Je... putain... Je déteste ma vie...

Le pauvre, il est tellement sous l'emprise de l'alcool qu'il n'arrive plus à penser correctement, me dis-je dans mon esprit, en ne sachant pas quoi faire de plus pour lui apporter mon aide.

— Enfin. Pas ma vie avec lui. Non. Tout est incroyable à ses côtés, rectifie-t-il, en se mettant à pleurer derrière son masque. C'est ma vie à moi que je déteste. C'est tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, que je hais. Ma vie n'est...

Avant même que je ne puisse réaliser ce qui vient de se produire, un écran noir apparut sous mes yeux, suivi d'une annonce :

« Le live de BJ Golden est terminé ! Merci d'avoir regardé ! »

C'est si soudain, que le retour à la réalité est assez brutal. Je me souviens même que j'ai mis quelques secondes avant de me rappeler de la raison pour laquelle je me suis rendu sur le site. Me sentant totalement ridicule, et encore bouleversé par la détresse du camboy, je me dirige vers les paramètres de mon compte, dans l'optique de le supprimer définitivement. Mais au moment où je compte appuyer sur la touche « fermer mon compte », une nouvelle notification attire mon attention :

« Vous avez reçu un message de BJ Golden »

— Hein ? expiré-je dans la confusion, en fronçant les sourcils. Un message ?

Je chuchote ces mots avant d'apercevoir un point rouge situé à côté d'une petite cloche. Curieux, mais aussi anxieux de savoir ce qu'il vient de m'envoyer, j'ouvre la messagerie avec un brin d'hésitation :

@BJGolden : Pourquoi tu as regardé le live ?

Stupéfait, j'écarquille les yeux.

Je ne me suis pas attendu à recevoir un message de sa part, et encore moins une telle question, qui semble tant accusatrice.

Légèrement troublé par ses mots, je pianote sur mon clavier pour lui répondre :

@Jo☆Jo : En toute honnêteté, je ne comptais pas le regarder... Je voulais juste supprimer mon compte, quand j'ai vu la notification apparaître. Mais après, quand j'ai vu l'état dans lequel tu étais, je me suis avisé. Je sais que c'est ridicule, mais je ne pouvais pas partir sans t'avoir remercié. Te remercier pour tes mots qui m'ont beaucoup aidé, notamment à prendre conscience de certaines choses. Je voulais te le dire plus tôt dans le chat, mais ça s'est coupé avant que je ne puisse le faire. Et je ne savais même pas qu'on pouvait envoyer des messages privés.

@Jo☆Jo : Puis, je ne comprends pas ta réaction, on ne se connait même pas... Je ne pense pas avoir été méchant avec toi, si ? En tout cas, j'espère que tu prendras soin de toi, mais aussi de ton petit-ami qui a besoin de toi, comme tu as besoin de lui.

@Jo☆Jo : Sur ce, bonne continuation.

N'attendant aucune autre réponse de sa part, je me précipite dans les paramètres pour me désabonner du prélèvement mensuel, et supprimer mon compte, tournant ainsi une nouvelle page de ma vie.

Mettant un point final, là où tout a commencé.


❃ ❃ ❃ ❃


Je me suis assoupi dans un sommeil profond. Épuisé physiquement par les douleurs musculaires présentes continuellement dans mes jambes — mais aussi frappé par la fatigue mentale suite à la première séance avec mon psychologue —, je ne suis pas parvenu à lutter plus longtemps contre l'appel des bras de Morphée. Inconsciemment, dans mon rêve, mon subconscient place quelques images marquantes de cette journée. Notamment sur l'alcool concernant aussi bien le camboy que mon homme. Je me suis mis à rêver que Jaekyung s'est saoulé à outrance — influencé par l'ambiance festive dans laquelle il se trouve — avant de prendre le volant pour me rejoindre chez son meilleur ami. La fin de cette vision s'est conclue par un accident de la route, causé par son état d'ébriété.

C'est sur l'image de son visage ensanglanté, abîmé et lacéré par les bouts de verre de son pare-brise, qui me sort de mon sommeil en un terrible sursaut, avant de me mettre à respirer bruyamment par la bouche, le cœur battant à vive allure contre ma cage thoracique.

Soudain, je sens le matelas s'affaisser derrière moi, et un bras se glisser autour de ma taille. Je m'apprête à pousser un hurlement de terreur, lorsqu'une main se pose sur mes lèvres.

— Chut, bébé, c'est moi.

Qui ça, moi ? C'est à peine si j'arrive à reconnaître le timbre de voix de mon conjoint, complètement dominé par les effluves de cette eau de vie coulant dans ses veines. Il empeste tellement l'alcool que j'ai l'impression de me siphonner une bouteille à chaque fois que je respire une bouffée d'oxygène.

— Tu as bu ! m'exclamé-je furieusement contre sa main.

— Non, nie-t-il, en faisant basculer mon corps sur le dos.

Je le sens prendre place entre mes jambes, qu'il a pris soin d'écarter pour pouvoir s'y loger, collant son corps contre le mien. Encore quelque peu assommé par la fatigue, je perçois tout de même chacun de ses mouvements sur mon épiderme.

— Ce n'était pas une question, mais une constatation, murmuré-je pour ne pas réveiller nos amis, dormant dans la chambre d'à côté. Tu as bu ! Je n'y crois pas ! Tu m'avais dit que tu ne boirais qu'un verre avant de rentrer !

Alors qu'il parsème ma nuque d'agréables baisers, la pourchassant de ses lèvres chaudes et humides, il rétorque :

— J'ai peut-être bu plus qu'un verre, effectivement. Mais je suis là, non ?

— Tu te fous de moi ? répliqué-je en bouillonnant intérieurement d'une colère monstrueuse. Tu aurais pu te tuer sur la route, Jaekyung ! Tu te rends compte à quel point c'est grave ?

En tâtonnant du bout de mes doigts la table de chevet, je finis par trouver l'interrupteur de la veilleuse, mettant fin à cette obscurité oppressante pour pouvoir apercevoir le visage de mon petit-ami. Son regard est vitreux, ses pupilles dilatées, noyées sous les effets de l'alcool.

— Elle était où, cette fête ? lui demandé-je dans la foulée. Qui l'a organisée ? Cette personne est totalement inconsciente de t'avoir laissé prendre le volant dans cet état !

D'un air agacé, il roule des yeux, en expirant un long soupir. Atterré par sa réaction, je me redresse dans le lit, en le poussant pour ne pas heurter son corps.

— Je te dérange avec mes questions ? poursuis-je en haussant un sourcil. Parce que j'ai l'impression de te faire chier, alors que je suis juste super inquiet, en plus d'être frustré. Tu m'as menti ! Tu m'as menti, Jaekyung !

— Oui, c'est bon, ça va, riposte-t-il, en claquant sa langue contre son palais. J'avais besoin de m'amuser un peu, d'accord ? Je me suis laissé porter par l'ambiance et je n'ai pas fait attention aux nombres de verres que je me suis enfilé. Je suis désolé, bébé.

C'est là, une facette que je ne connaissais pas de mon compagnon. Un état d'ivresse que j'aurais préféré ne jamais voir, car mon cœur se contracte douloureusement dans ma poitrine à chacune de ses réponses, aussi sèches et sans filtre à mon égard.

— Je n'aime pas la manière que tu as de me répondre, lui fais-je remarquer, en secouant la tête. On... on ne s'est pas vraiment parlé depuis hier soir, on ne s'est pas vus ce matin au réveil, et là... Je te retrouve complètement bourré. Je...

— Je t'ai dit que j'étais désolé, reprend-il, en posant son front contre le mien. La prochaine fois, je dormirai sur place, si je suis trop ivre.

C'est à mon tour de soupirer d'agacement.

— Ce n'est pas ça, le problème, souligné-je, tandis qu'il effleure mes lèvres avec les siennes. Je veux savoir qui a organisé cette fête.

— Pour quoi faire ?

Exacerbé par son attitude, je m'éloigne de lui, en me recouchant sur le lit.

— Réfléchis un peu, s'il te plaît. Tu ne réagirais pas de la même façon si c'était moi ?

— Non, vu que ça ne risque pas d'arriver, me lance-t-il en pleine figure, avant de réaliser ce qu'il vient de dire.

Ma mâchoire s'est ouverte de stupéfaction. Ses mots me percutent de plein fouet, et mon cœur cesse de battre le temps d'une demi-seconde.

— Oh... bébé, non, ce n'est pas... je...

Ce sont mes sanglots qui le stoppent dans sa lancée, car après tout, où est-ce qu'il a tort dans ses propos ? Est-ce qu'il ment ? Non. C'est la vérité. Cette situation ne m'arrivera jamais.

— Mon ange, pardon, pardon, pardon, s'excuse-t-il à plusieurs reprises, en se penchant au-dessus de moi pour embrasser mes larmes. Je suis désolé, c'est de ma faute. S'il te plaît, ne pleure pas. S'il te plaît...

— Je me suis inquiété toute la journée, bafouillé-je. On ne s'est pas croisés une seule fois, on ne s'est pas embrassés depuis hier soir, et tu as même dormi tout seul sur le canapé...

Il me caresse les cheveux, tout en essayant de me réconforter.

— Bébé...

— Puis, quand tu m'as dit que tu allais à une soirée, je n'y ai pas plus prêté attention, parce que je voulais que tu t'amuses, que tu décompresses avec tes amis, argumenté-je, en ayant par moment quelques hoquets, dû à mes sanglots. Mais quand j'ai vu Connor rentrer, je n'ai pas compris...

Son regard s'est adouci. Pourtant, il y a cette étrange lueur que je n'arrive pas à déchiffrer dans les profondeurs de ses prunelles crépusculaires.

— J'aurais dû te dire qu'il ne m'accompagnait pas à cette soirée, rumine-t-il. Je suis désolé, mon ange, sincèrement désolé...

— C'est surtout que je ne savais pas où tu étais, commenté-je, en reprenant peu à peu le contrôle sur mes sanglots. Imagine qu'il te serait arrivé quelque chose ? Comment on aurait fait pour le savoir, si on ne savait pas où tu étais, dès le début ?

Il hoche la tête, en prenant conscience de la situation.

— Tu as raison. Tu as raison sur tout, mon amour, et je m'excuse de... de t'avoir mal parlé. Je suis juste... fatigué et bourré...

C'est effectivement le cas. Je sais pertinemment que l'alcool n'excuse pas tout, mais je veux croire en la sincérité de mon homme. Je persiste à vouloir croire en son honnêteté.

— Alors, tu peux me dire où est-ce que tu étais ? Car si jamais je tombe sur cette personne, je lui ferai comprendre que c'est grave de laisser des gens partir avec autant de grammes dans le sang.

Il semble hésiter un instant.

— J'étais chez Hye-jin. Elle a organisé une petite fête chez elle. C'était une crémaillère.

Je le fixe dans le blanc des yeux, en attendant plus d'informations sur cette dite personne.

— Bébé, Hye-jin est la meilleure amie de Jessica, finit-il par ajouter. Crois-moi, s'il te plaît...

L'inquiétude, mais surtout la panique, sont discernables dans son regard. Pourquoi est-il autant nerveux ? Pourquoi est-ce que j'ai de plus en plus l'impression qu'il me cache quelque chose ? Seulement, je suis moi aussi fatigué, et le sommeil recommence à me caresser les paupières. Ce n'est pas l'heure, ni le moment d'essayer de lui tirer les vers du nez. Tout ce que je désire à cet instant, c'est qu'il me prenne simplement dans ses bras, et qu'on se laisse tous les deux tomber dans les bras de Morphée.

— D'accord, soupiré-je en battant lourdement des cils. De toute façon, on en reparlera plus tard. En attendant, embrasse-moi... Embrasse-moi, s'il te plait.

Je n'ai pas besoin de lui demander une troisième fois pour qu'il fonde sur mes lèvres, goûtant à cette chaleur humide et à cet arrière-goût d'alcool, auquel je finis par m'y habituer, lorsqu'il enfonce sa langue entre mes lèvres pour approfondir notre baiser. Je ferme les yeux pour amplifier les sensations parcourant mon épiderme dans de douces vagues de frissons. Ses mains me caressent par-dessus le pyjama, suivi de son bassin, qu'il frotte dans de faibles frictions contre le mien.

— J'ai tellement envie de toi, murmure-t-il contre mes lèvres. Tellement envie de ne faire qu'un avec toi.

En rompant notre embrassade, mon homme descend ses baisers le long de mon cou, mordillant par moment ma peau avec le bout de ses dents, avant de la suçoter avidement entre ses lèvres. Je gémis faiblement, camouflant au maximum mes plaintes, en posant une de mes mains sur ma bouche. Il relâche le bout de peau qu'il a pris en otage, avant d'écraser tendrement sa langue sur la marque qu'il vient de créer.

— Jaekyung... chuchoté-je, en basculant ma tête en arrière quand son bassin appuya plus fortement contre mon aine. S'il te plaît... je...

— Shhh, ne t'inquiète pas. Je sais, bébé, me rassure-t-il, en venant mordiller mon lobe. Je ne disais pas ça pour te faire céder. Je... Il y a juste certaines choses que j'aimerai pouvoir faire avec toi, sans forcément passer par la pénétration.

Intrigué, je cherche son regard.

— Quel... Quels genres de choses ? demandé-je avec un brin de timidité.

Un sourire suffisant prend place sur ses lèvres.

— Du style, te sucer uniquement les tétons jusqu'à te faire jouir. Mais aussi te faire découvrir les plaisirs d'un anulingus, me dit-il contre mon oreille, d'une voix aussi basse qu'un murmure. Puis...

Il niche sa tête dans le creux de mon cou, expirant une douce respiration contre mon épiderme.

— Puis... je... je...

— Jaekyung ? l'appelé-je, inquiet, en glissant une main dans sa longue chevelure.

N'obtenant aucune réponse de sa part, je réitère ma question, avant d'entendre un lourd ronflement résonner dans le creux de mon oreille. Quelques secondes de silence, avant qu'un nouveau ronflement ne se fasse entendre.

Je me sens con, les jambes écartées, les joues empourprées, à moitié chauffé par les mots de mon conjoint, venant de s'endormir paisiblement dans mes bras. À quoi est-ce que je m'attendais ? Il est aussi ivre que des pirates en quête de rhum sur leur navire. Alors, à défaut d'être déçu que rien ne se passe cette nuit, je tire la couverture sur nos corps pour nous envelopper dans un doux cocon réconfortant. Je ferme également les yeux, me laissant bercer par le rythme de son cœur, s'harmonisant avec le mien, et la douce mélodie de sa respiration chantant contre mon visage. Je suis heureux de l'avoir à nouveau dans mes bras. Heureux de sentir la chaleur de son corps se diffuser contre le mien.

Je t'aime tellement, mon amour, pensé-je, en esquissant un petit sourire ensommeillé.

Cependant, malgré cet amour indétrônable, je suis loin de me douter qu'une terrible tempête va bientôt s'abattre sur notre couple.

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