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𝟒𝟑. 𝐍𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐭𝐞𝐭𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐯𝐢𝐞


— Attention, Gabi ! m'exclamé-je entre deux gloussements.

Gabriel essaie tant bien que mal d'esquiver les passants pour ne pas les heurter, en poussant mon fauteuil roulant.

— Comme si c'était facile ! se plaint-il avec un brin d'amusement dans le fond de sa voix. Jaekyung a plus l'habitude que moi. Je ne pensais pas que c'était aussi difficile à pousser. En tout cas, j'espère que tu as bien pu te reposer, ces deux derniers jours !

Je fredonne en guise de réponse, tout en hochant faiblement la tête pour accompagner mes mots silencieux.

— Je sais qu'on devait aller chez le coiffeur le lendemain de notre discussion... Je suis...

Gabriel m'interrompt en se raclant fermement la gorge.

— Joshua, qu'est-ce qu'on a dit ? me demande-t-il en penchant sa tête au-dessus de la mienne pour rencontrer mon regard. Le marché ?

Il m'est difficile de ne pas m'empêcher de sourire, en détournant les yeux vers le salon de coiffure — ce fameux lieu qu'il a l'habitude de fréquenter — devant lequel on vient de s'arrêter.

— Que je dois cesser de m'excuser pour tout et rien.

— C'est exact, souligne-t-il avec bienveillance, en esquissant un large sourire. Tu étais fatigué, tu avais besoin de te reposer, alors tu n'as pas à t'excuser pour ça, d'accord ?

— Oui, je vais tâcher de ne pas l'oublier... Et toi ? le questionné-je par la suite pour changer de sujet. Qu'est-ce que tu as fait, du coup, ces derniers jours ?

Il glousse à mes questions.

— Trop de choses pour te raconter ça dehors. On va en parler quand on se fera coiffer ! ajoute-t-il, en se dirigeant vers la porte de l'enseigne, s'ouvrant au même moment devant nous, accueillis par une jeune femme au sourire radieux.

— Bonjour, Gabriel ! Quel plaisir de te revoir ! s'exclame-t-elle avec un brin d'euphorie. Tu avais pris rendez-vous pour ton ami et toi, c'est bien ça ?

— Tout à fait ! Il va y avoir du changement aujourd'hui ! réplique-t-il sur la même intonation.

Du changement ? Je suis interloqué par cette précision, pour la simple et bonne raison que je ne suis pas encore préparé à changer de tête ou de couleur de cheveux. Je pense même que ma réaction est tellement expressive lorsque que je regarde mon meilleur ami, qu'il a doit intervenir pour me rassurer.

— Je parle pour moi, mon chat ! dit-il près de mon oreille. Je vais changer de couleur de cheveux, toi tu fais ce que tu veux. Tu coupes si tu as envie de couper, tu changes de couleur si tu as envie de changer. Et même si tu veux juste un shampooing et coiffage, c'est moi qui paye. C'est l'un de tes cadeaux d'anniversaire !

— Mais...

— Pas de mais ! me coupe-t-il en poussant le fauteuil roulant pour nous faire entrer dans le salon de coiffure. C'est ta journée détente, alors profites-en au maximum !

Avec Gabriel, c'est peine perdue de tenter de prendre le dessus sur la conversation et de le convaincre de me laisser payer ma part, si jamais je venais à faire quelque chose dans mes cheveux. D'ailleurs, c'est l'un de mes questionnements, lorsque je vois les clients — hommes, comme femmes — se faire chouchouter par les coiffeuses et être heureux de leurs nouvelles coupes.

On dit souvent qu'aller chez le coiffeur, ça remonte le moral. Enfin, si on ne nous rate pas la couleur et la coupe, évidemment...

— Je devrais peut-être me mettre assis sur un fauteuil, non ? fais-je remarquer. Je risque de gêner avec mon fauteuil roulant...

— Pas du tout, vous ne gênez personne, rétorque l'une des coiffeuses, en nous indiquant de la suivre jusqu'au coin technique pour tout ce qui est coloration, mèche, ombré, etc... Vous n'êtes pas le premier client en fauteuil roulant qu'on reçoit. Et puis, c'est aussi notre métier de nous adapter à tout le monde.

Un large sourire lumineux s'étire sur le coin de ses lèvres.

— Tu vois, tu ne gênes personne, commente Gabriel en poussant le fauteuil jusqu'à une place libre pour que je puisse m'y installer devant un grand miroir.

Un miroir qui me donne l'impression de voir tous mes défauts. On voit parfaitement bien le fait que je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit avec ces magnifiques cernes trônant fièrement sous mes paupières inférieures. Si on m'avait dit plus tôt que les miroirs et les lumières chez les coiffeurs peuvent nous achever à ce point, je ne serais jamais venu.

— Alors, Gabriel, qu'est-ce que tu souhaiterais faire ? demande la coiffeuse, après lui avoir pris nos vestes pour qu'il puisse s'installer à côté de moi. J'imagine que tu veux décolorer ta racine, si tu veux rester dans tes teintes claires comme le blond platine ?

— Du coup, j'aimerai me faire les cheveux roses, révèle-t-il avec une note d'excitation dans sa voix, en attirant soudainement mon attention vers lui.

— Tu veux faire du rose ? lui demandé-je bêtement, comme si je n'avais pas compris ce qu'il avait dit.

Gabriel détourne son attention en m'adressant un doux sourire.

— C'est bien ce que j'ai dit, oui, affirme-t-il dans un faible gloussement. Tu voudrais que je fasse une autre couleur ?

— Oh non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! m'exclamé-je subitement pour ma défense. Et puis, de toute façon, tout te va, et je suis sûr que le rose t'ira très bien aussi !

La coiffeuse fredonne en hochant la tête.

— Ton ami a raison, le rose t'ira à merveille !

— Alors, c'est parti pour le rose ! Connor n'est même pas au courant, j'ai hâte de voir sa réaction, ce soir ! jubile-t-il avec impatience de se voir avec sa nouvelle couleur de cheveux.

La coiffeuse part préparer les produits dont elle a besoin pour lui décolorer sa racine, lorsqu'au même moment, une autre coiffeuse s'approche de nous pour s'occuper de moi.

— Bonjour, jeune homme, qu'est-ce que vous souhaitez faire ? dit-elle, en se positionnant près de moi.

À cette question, c'est le vide total dans mon esprit. Je n'ai aucune idée de ce que j'aimerai faire, du résultat que j'aimerai avoir. Mais surtout, je n'ai aucune idée de ce qui m'irait vraiment au visage, et de ce qui me mettrait en valeur.

En valeur... Alors que je me trouve aussi sexy qu'un sac poubelle.

— Euh... eh bien, je ne sais pas ce que je veux vraiment..., lui réponds-je, un peu gêné. Dé...

Je n'ai pas besoin de terminer mon mot, pour sentir le regard persistant de Gabriel sur ma personne. Et avant qu'il ne se décide de me trucider sur place — ce qui serait totalement un euphémisme — je ravale mon mot, en esquissant un faible sourire à la coiffeuse, qui ne semble pas déranger par mon hésitation. Mais de vous à moi, mes cheveux mériteraient grandement une bonne coupe de printemps, puisque je n'ai rien fait dedans depuis mon réveil du coma.

— Il n'y a pas de mal, m'assure la jeune femme avec bienveillance, avant de prendre un tabouret sur lequel elle s'assoit pour se positionner à côté de moi. Il y a une couleur qui vous a toujours plu et que vous voulez tenter ? Une coupe que vous avez vu et que vous aimeriez avoir ?

Une couleur ? Une coupe ? En toute honnêteté, je n'y ai jamais pensé. Pas même une seule seconde.

— En... en vérité, je ne m'aime pas, parviens-je à articuler, sans m'en rendre compte, pour la simple et bonne raison que c'est mon cœur qui parle à ma place. Alors, je ne sais pas ce qui m'irait. Je ne sais pas du tout ce qui serait joli sur moi, parce que je ne m'aime pas...

Ravale tes larmes, ravale tes larmes, ravale tes larmes, me répété-je intérieurement, en sentant ma gorge se nouer d'anxiété, de peur d'être jugé.

— Mais, reprends-je après avoir pris une grande inspiration. Je veux vraiment faire quelque chose avec mes cheveux, parce qu'ils en ont besoin. Et peut-être que ça m'aidera à m'aimer un peu plus, à me trouver beau, pour une fois... On dit souvent qu'aller chez le coiffeur, c'est comme une thérapie...

Gabriel ne peut pas bouger, au vu du fait que sa coiffeuse est en train de lui appliquer la décoloration. Cependant, je sens sa main se poser sur mon avant-bras pour le caresser et apaiser cette dérangeante anxiété m'empêchant d'avaler correctement ma salive.

— Et c'est totalement vrai ! Prendre soin de soi, c'est très libérateur, confirme-t-elle en me souriant. Du coup, on va prendre le temps de regarder ce qui est réalisable avec la texture de vos cheveux.

Elle se lève du tabouret pour se positionner derrière moi.

— Vous savez, beaucoup de gens pensent qu'une coupe de cheveux ou qu'une couleur ne changera rien à leur perception de leur visage. Mais une fois qu'ils sautent le pas, ils se rendent compte que ça joue énormément sur le moral et sur l'image qu'ils renvoient d'eux-mêmes dans le miroir.

— Vraiment ? lui demandé-je curieusement, en la regardant dans le reflet de la glace.

Elle hoche la tête en gardant ce sourire radieux collé à ses lèvres.

— Certains nous le disent des fois que le coiffeur, pour eux, c'est un peu comme aller chez le psy. Un besoin pour eux de se sentir mieux dans leur peau, dit-elle en mettant ses mains à proximité de mes cheveux. Est-ce que je peux ? Vous toucher les cheveux ?

D'un mouvement de tête, je lui donne l'autorisation de le faire, et immédiatement je sens ses douces mains se faufiler dans ma chevelure pour déterminer sa texture et les possibilités envisageables pour les rendre plus beaux.

— Beaucoup ignorent aussi que nos cheveux reflètent notre état mental. Si on est trop fatigué, ils vont être indisciplinés et cassants, et vont manquer de vitalité. Si on est malade, ils auront tendance à être ternes et gras. Mais aussi, quand on a une mauvaise image de soi, nos cheveux sont tout ça à la fois, argumente la coiffeuse en glissant ses mains près de mon front pour soulever mes cheveux et les plaquer en arrière, me mettant complètement à nu face au reflet de mon visage dans le miroir.

C'est la première fois que je me vois ainsi, le visage à découvert de tout cheveux, me permettant de me cacher derrière eux. Étrangement, plus je me fixe longuement et sérieusement dans la glace, plus je commence à apprécier quelques petites choses chez moi. Comme mes sourcils, par exemple. C'est peut-être ridicule pour vous, mais ils sont tellement tout le temps cachés derrière ma tignasse, que je ne leur ai jamais prêté d'attention particulière.

— En toute honnêteté, vous avez une base qui est parfaite, dit-elle en mettant en place mes cheveux de façon à imaginer une coupe un peu plus courte, qui irait parfaitement avec les traits de mon visage. Ce qui laisse place à énormément de possibilités. D'autant plus que vous avez un magnifique visage qu'on pourrait mettre en valeur avec ce style de coupe.

Je l'observe tester différentes façons de mettre mes cheveux pour imaginer la coupe. Elle est douce. Tellement douce. Pas seulement au niveau de sa gestuelle, mais aussi au timbre de sa voix. Mon anxiété diminue peu à peu par les caresses de Gabriel, mais aussi par la douceur émanant de cette jeune coiffeuse. Et à mesure que je décortique mon visage dans le miroir, je fini par trouver beau et joli, beaucoup de choses que j'ignorais posséder.

— Je vous fais confiance, réponds-je subitement, en croisant son regard interloqué. Je veux dire, je ne sais pas du tout ce que je veux faire, mais je sais aussi que je veux changer. Alors, je vous donne carte blanche, faites ce que vous pensez être le mieux pour moi. Je veux aller de l'avant, et dire au revoir à mon moi du passé.

— Tu es sûr de toi, mon chat ? me demande Gabriel, par peur que je regrette cette décision, tout en resserrant faiblement son emprise autour de mon avant-bras.

Franchement ? Je ne sais pas du tout si c'était la bonne décision à prendre ou pas. Mais mon cœur essaie de me faire comprendre que c'est certainement la meilleure chose à faire pour commencer à aimer ce que j'ai toujours détesté chez moi, à voir tout ceci d'un œil différent.

— Si je ne le fais pas, Gabriel, je ne le ferai jamais, lui dis-je, en tournant ma tête vers lui pour le regarder dans les yeux. Et puis, honnêtement, mes cheveux en ont besoin, tu ne penses pas ?

Ils sont longs, bouclés, ternes et tout le temps attachés en chignon avec des nœuds à foison, tant ils sont secs et abîmés. J'ai beau les démêler, ils finissent toujours par revenir en nombre multiples.

Une vraie catastrophe capillaire qui ferait crier n'importe quel coiffeur et coiffeuse.

— Non, tu as raison, ça va leur faire du bien, et te faire du bien à toi aussi, admet-il, en esquissant un large sourire, montrant à quel point il est fier que j'aie pris cette décision.

— Vous me donnez donc carte blanche ? veut s'assurer la coiffeuse.

— Oui, lui confirmé-je, en la regardant dans le miroir. C'est parti pour tourner une nouvelle page.

Je suis à la fois excité et impatient de voir le résultat final. Tout comme je suis terrifié à l'idée que ça ne me plaise pas, et que je me déteste encore plus que je ne le fais déjà. Mais les dés sont déjà lancés, et au fond de moi, je ne veux pas arrêter la partie.


❃ ❃ ❃ ❃


C'est froid et ça empeste l'ammoniaque à m'en faire éternuer à plusieurs reprises, sous les rires incessants de mon meilleur ami, se moquant délibérément de moi.

— Il n'a pas l'habitude de faire des couleurs, explique-t-il à la coiffeuse qui s'occupe de moi, amusée par la situation. D'ailleurs, c'est quoi comme couleur que vous lui faites ?

— J'ai simplement fait un ton-sur-ton, répond-elle, en appliquant soigneusement le produit sur ma tête. Ça va permettre de sublimer sa couleur naturelle et d'y apporter plus de brillance.

— Oh, souffle mon meilleur ami, en tapotant mon épaule. Tu vas briller comme une boule de disco.

Je souris en levant les yeux au ciel.

— N'importe quoi...

Une fois que le produit est terminé d'être appliqué, la coiffeuse pose le pinceau dans le bol vide, avant de venir malaxer la couleur sur mon cuir chevelu pour bien imprégner le produit sur mes racines et les longueurs.

— Voilà, maintenant on va laisser poser vingt minutes. Vous voulez boire quelque chose pour patienter ? Un thé, un café ?

— Oh, je veux un bien un thé, s'il vous plaît ! s'exclame Gabriel avec enthousiasme.

— Un thé pour moi aussi, si ça ne vous dérange pas, répliqué-je à mon tour d'une petite voix.

— Pas du tout, je vous apporte ça tout de suite, nous dit-elle, en finissant par partir avec le chariot pour les couleurs.

En reportant mon attention sur le miroir, je peux voir la couleur en train de s'oxyder, changeant de teinte pour devenir un peu plus foncée, proche du noir.

— Tu crois que c'est normal ? questionné-je à Gabriel, en me penchant pour mieux voir la couleur dans le reflet.

— Oui, ne t'inquiètes pas, rit-il face à mon insouciance pour les produits de coloration. Eh, ne touche pas ! Tu vas te tâcher les doigts !

Il me réprimande gentiment en attrapant ma main, que j'avais levée pour toucher la couleur, intrigué par la texture et l'odeur du produit.

— Ne jamais toucher une...

Gabriel se tait subitement, en fixant ma main avec insistance. Ses traits se décomposent, pour laisser place à une expression choquée.

— Oh my god !

— Quoi ? dis-je d'un air légèrement paniqué. Je me suis mis de la couleur sur les mains ?

— Putain, mais...

— Gabriel ! m'impatienté-je, en récupérant ma main pour l'examiner sous tous les angles. Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Je ne vois rien, pas une trace de couleur. Tu me fais flipper là !

Mon meilleur ami semble encore choqué par ce qu'il vient de voir, avant qu'il ne finisse par reprendre ses esprits, en secouant faiblement la tête.

— Pourquoi je ne l'ai pas remarquée avant ? se demande-t-il, en agrippant ma main pour faire glisser son pouce sur la bague ornant fièrement mon annulaire. Il t'a demandé en mariage ? Il l'a fait ? Quand ?

En mariage ? Confus par ses propos, mon cerveau finit par faire le rapprochement au bout de quelques secondes, avec la bague que Jaekyung m'a offerte, ce matin.

— Non ! réfuté-je immédiatement, en sentant mes joues devenir aussi rouges que les tomates. Il ne m'a pas demandé en mariage !

— Il t'a demandé ta main, réitère-t-il, chamboulé par ses émotions.

— Mais je viens de te dire que non ! le contredis-je pour lui faire comprendre que ce n'était aucunement une demande en mariage. C'est une bague de promesse !

— De fiançailles.

— Non !

A mon troisième non, il croise ses bras contre son torse, en haussant les sourcils pour me dévisager de la tête aux pieds avec son air taquin.

— Alors, c'est quoi, si ce n'est pas une bague de fiançailles ?

— Tu fais semblant de m'écouter ? le questionné-je en imitant son action. Je viens de te dire que c'est une bague de promesse. De promesse, Gabriel. P.R.O.M.E.S.S.E, articulé-je les mots avec exagération, le faisant rire, au point de manquer de tomber de sa chaise, en se rattrapant sur l'accoudoir de mon fauteuil roulant.

— D'accord, d'accord.

Il capitule en se redressant correctement pour reprendre son sérieux — chose qui n'est pas évidente pour lui.

— Et quand est-ce qu'il t'a mis la bague au doigt ? questionne-t-il, en faisant une petite allusion au mariage à son questionnement.

Je ne rétorque rien à son sous-entendu, même si un petit sourire amusé se dessine sur le coin de mes lèvres. Toutefois, au moment où je compte répondre, la coiffeuse qui s'occupe de moi pour la couleur, revient vers nous avec deux tasses d'eau chaude sur un chariot et une boîte à thé avec différentes saveurs. Elle pose les tasses devant nous, ainsi que la boîte à thé pour qu'on choisisse les parfums. Nous la remercions, et je viens piocher un sachet d'infusion à la camomille, que j'ouvre pour laisser la dosette s'infuser progressivement dans l'eau chaude.

— Du coup ? reprend Gabriel d'un air interrogateur, sa curiosité à son paroxysme.

— Du coup, Jaekyung m'a offert cette bague de promesse cette nuit, ou ce matin, enfin il était trois heures du matin, commenté-je, en fixant le bijou pendant mon explication.

Interloqué, Gabriel hausse ses sourcils.

— Trois heures du matin ? Vous avez fait la fête ou quoi ? dit-il sur le ton de l'humour.

— J'aurais préféré que ce soit ça... murmuré-je, en me mordillant légèrement la lèvre inférieure. J'ai refait le même cauchemar que je faisais avant de le rencontrer.

Son sourire s'effondre en une fraction de secondes, pour laisser une expression d'inquiétude prendre le dessus sur ses traits angéliques.

— Je suis désolé, mon chat... Je ne savais pas que tu avais recommencé à en faire, me dit-il d'un air peiné, en rapprochant son siège de mon fauteuil pour venir déposer un doux baiser contre ma joue, tout en faisant bien attention à ne pas mettre de décoloration sur mes cheveux.

— Ce n'est rien, prononcé-je d'une petite voix, en lui adressant un sourire réconfortant. Il s'est réveillé en sursaut, après m'avoir entendu crier, mais il m'a très vite rassuré. Je ne vais pas raconter tout ce qu'il s'est passé, mais il m'a beaucoup aidé à prendre conscience de certaines choses, et après, il m'a offert cette bague pour mon cadeau d'anniversaire. Je pense que c'était une façon pour lui de me changer les idées, avant qu'on ne retourne se coucher...

Je contemple le bijou, en faisant bouger mon doigt pour admirer les diamants briller sous les spots lumineux.

— Il en a une, lui aussi, à son doigt.

— C'est mignon, ajoute-t-il avec adoration, en se concentrant pleinement sur la bague avec un air faiblement envieux dans le fond de ses yeux. J'aimerai bien que Connor me fasse sa demande, lui aussi... J'attends que ça, pouvoir l'épouser !

— Ce n'est pas une demande ! rétorqué-je une nouvelle fois, en lui pinçant le bras dans un gloussement.

Je me ressaisis quand je prends conscience qu'il parle sérieusement, en ce qui concerne le mariage.

— Tu aimerais te marier avec lui ?

À ma question, son regard pétille d'euphorie, en s'imaginant certainement le jour où son petit-ami lui fera sa demande.

— Et comment... Je sais que ça fait un peu, voire très hétéronormé le mariage, mais je veux vraiment me marier à l'homme que j'aime, me confie-t-il avec de l'amour débordant littéralement de ses yeux. En tout cas, au pieu, je peux t'assurer que ce n'est pas très hétéro ce qui se passe.

Il prononce ces derniers mots avec brin d'amusement, en les accompagnant d'un clin d'œil. Il finit par éclater de rire en voyant mon expression ahurie, parfaitement lisible sur mon visage.

— Gabriel ! m'exclamé-je en ayant le feu aux joues. On est chez le coiffeur !

— Si tu savais tout ce qu'il se passe chez le coiffeur, mon cœur, tu n'en reviendrais pas ! me dit-il, en cachant sa bouche avec l'aide de sa main pour tenter de canaliser son rire, en vain. Mais tu es vraiment trop mignon quand tu rougis comme ça...

— Arrête de dire des conneries ! marmonné-je, en détournant le regard vers le miroir pour y croiser mon reflet.

Je fais face à la personne que je suis, à regarder mes sourcils bien fournis que j'ai longtemps cachés par honte. A cacher mes yeux que je ne trouve pas attirants... Mais surtout, à me cacher, moi, pour que les gens ne me remarquent pas et que je sois l'homme « fantôme » qu'on ne connaît pas. Et alors que je suis plongé dans mes pensées, j'entends mon portable m'avertir de nouvelles notifications.

Je me saisis de ce dernier pour pouvoir voir de qui il s'agit.

Mon lapin : J'espère que tout se passe bien avec Gabriel, mon ange ? Je ne sais pas ce qu'il a organisé pour toi aujourd'hui, mais j'ai déjà hâte de te retrouver ce soir, tu me manques beaucoup trop.

Mon lapin : Et aussi, avec Connor, on va aller à la salle de muscu faire quelques exos, vous pensez que vous serez rentrés pour quelle heure ?

Mon lapin : Réponds-moi quand tu peux, mon ange. Profite bien de ta journée. Je t'aime.

Je souris bêtement en lisant ses messages. Je crois même que c'est beaucoup trop flagrant sur mon visage pour que mon meilleur ami ne le remarque pas.

— C'est ton fiancé pour que tu souris comme ça ?

— Ce n'est pas mon fiancé ! rouspété-je farouchement, en sentant à nouveau cette montée de flamme en moi.

— Oui, oui, à d'autres, me taquine-t-il, en roulant des yeux. Qu'est-ce qu'il veut, monsieur muscles ?

— Rien, chuchoté-je avec un petit sourire espiègle sur le coin de mes lèvres. Il veut juste savoir vers quelle heure on va rentrer et qu'il va à la muscu avec ton homme.

— Il ne peut pas te laisser respirer cinq minutes ? Dis lui simplement que c'est ta journée et que tu rentreras quand je l'aurais décidé, dit-il, en se limant les ongles.

Ce n'est en aucun cas un cas de figure. C'est exactement ce qu'il est en train de faire. Puis, c'est à mon tour de rouler des yeux en souriant d'amusement, avant de tapoter sur mon clavier pour lui répondre.

Joshua : Tout se passe très bien, mon cœur. Je ne peux pas te dire où je suis actuellement, vu que c'est une surprise pour toi aussi, mais j'ai hâte de te revoir ce soir et que tu me prennes dans tes bras. Tu me manques..

Joshua : On ne sait pas vraiment vers quelle heure on va rentrer, je t'enverrai un message pour te dire quand on sera sur le chemin du retour.

Joshua : Je t'aime, plus que trois fois mille ‹3

Une fois envoyés, les minuteurs pour nos techniques se mettent à sonner, me faisant comprendre que le passage de la coupe de cheveux ne va plus tarder à arriver.

Suis-je prêt à me voir avec un nouveau visage ?


❃ ❃ ❃ ❃


Je ferme les yeux tout le long de la coupe. J'entends uniquement les ciseaux couper mèche par mèche mes cheveux, les sentant tomber les uns après les autres dans mes mains, posées sur mes cuisses. Je n'ose pas les ouvrir, mais c'est désormais trop tard pour faire machine arrière, puisque l'on se rapproche du dénouement final. De la vérité. Je sais cependant que Gabriel a bientôt fini, lui aussi. Sa couleur n'a posé qu'une vingtaine de minutes, contrairement à la décoloration, et qu'il est en train de se faire coiffer également, à côté de moi.

— Je vais maintenant te sécher les cheveux et je reprends la coupe à sec, me dit-elle, avant de sentir de l'air chaud me balayer les cheveux dans tous les sens, réalisant qu'ils ne sont plus aussi longs qu'avant.

Mon cœur bat rapidement contre ma poitrine, à l'idée de rencontrer le nouveau moi, celui que j'ai longtemps caché derrière ma tignasse. Est-ce que je vais aimer ? Est-ce que je vais me trouver beau ? Est-ce que je vais regretter d'avoir coupé mes cheveux ? Tant de questions se bousculent dans mon esprit, et trop peu de réponses pour m'aider à canaliser mon angoisse, ne faisant que prendre du terrain à l'intérieur de moi.

— Wow... expire Gabriel à mon intention d'une expression ébahie. Ça te va tellement bien, tu es magnifique.

— Vraiment ? lui demandé-je avec incertitude, en sentant toujours la main de la coiffeuse se faufiler dans mes cheveux pour les sécher.

— Tu devrais ouvrir les yeux. Tu es à tomber, ajoute mon meilleur ami avec sincérité.

De toute évidence, je n'ai pas d'autre choix que de les ouvrir. Alors, que je le fasse à la fin ou maintenant, ça ne va rien changer au fait que la majorité de mes cheveux sont à présent par terre, et non sur ma tête. Je prends une grande inspiration, que je maintiens quelques secondes dans mes poumons, avant d'ouvrir mes paupières progressivement, rencontrant une nouvelle fois mon reflet dans le miroir... d'un œil différent.

La couleur est beaucoup plus brillante et soyeuse qu'avant. Un ton légèrement plus foncé, sans trop avoir de contraste avec ma couleur naturelle. Ce qui change, en l'occurrence, c'est ma longueur de cheveux, effectivement plus courte, sans trop l'être non plus. La coiffeuse a relevé les mèches de devant vers l'arrière. Je n'ai plus les longueurs qui pendent au-dessus de mes oreilles, puisqu'un léger tour y est tracé, sans trop être marqué, laissant quelques petites mèches retomber sur le haut de mes oreilles. Les pattes sont dessinées en pointe et la nuque n'est pas trop dégagée, ce que je trouve particulièrement beau.

C'est surprenant, oui, mais je me trouve étrangement beau avec cette nouvelle coiffure, ayant l'impression d'avoir un inconnu assis en face de moi.

— Ça te plaît ? me demande-t-elle, après avoir arrêté le sèche-cheveux pour reprendre ses ciseaux et finaliser la coupe.

— Eh bien... ça change beaucoup, mais... c'est joli, réponds-je, en ne réalisant toujours pas que c'est bien moi dans le reflet. Même la couleur est belle.

— Ce n'est pas juste joli, me rectifie Gabriel. C'est juste magnifique, tu es encore plus incroyable avec cette coiffure. Même si les cheveux longs te vont également bien.

Je souris aux compliments de mon meilleur ami, ne pouvant pas m'empêcher de vouloir toucher mes cheveux, riant faiblement de nervosité en prenant encore plus conscience qu'ils sont plus courts qu'avant, et que je ne pourrais plus me cacher derrière eux pour ne pas affronter le regard des autres. Je sais aussi que le lendemain matin, ce serait une toute autre histoire, lorsque je me verrais au réveil avec cette nouvelle coiffure. Il me faudra du temps pour m'y habituer, même si je suis surpris de constater que j'aime bien les cheveux plus courts sur ma personne, notamment avoir le front dégagé de cette manière.

Néanmoins, un sentiment de satisfaction se répand dans ma poitrine, d'avoir réussi ce challenge sans me défouler une seule fois. Affronter son reflet, est bien plus dur que vous ne le pensez, surtout lorsqu'on déteste son apparence.

C'est un pas de plus, vers le chemin de la guérison.

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