𝟒𝟏. 𝐋𝐚 𝐜𝐡𝐮𝐭𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐠𝐮𝐞𝐫𝐢𝐬𝐨𝐧
Vendredi 10 janvier, Séoul, Corée du Sud,
Une semaine et demie se sont écoulées depuis le réveillon du nouvel An. Un réveillon que j'ai passé seul dans notre appartement, car j'ai insisté — ou plutôt ; m'étais-je mis en colère — pour que mon homme aille s'amuser et décompresser à la soirée qu'avait organisée Lucas chez lui. Je n'avais pas envie d'y aller pour plusieurs raisons évidentes, mais aussi pour le fait que je ne voulais pas qu'on me voie en fauteuil roulant. Je ne voulais pas attirer l'attention de cette foule, et encore moins redevenir la bête de foire que j'avais été, lorsque j'avais vomi mes tripes dans son salon à cause de tout l'alcool que je m'étais enfilé pendant que mes amis s'amusaient.
Depuis notre discussion, et depuis qu'il a remarqué que j'ai commencé à me renfermer sur moi-même, ayant diminué drastiquement les quantités de nourriture dans mon assiette, Jaekyung ne veut plus que je sois seul la journée quand il doit partir durant un laps de temps. En temps normal, il arrivait qu'il s'absente pour quelques heures. Pour ses séances de boxe, par exemple. Ou pour faire les courses pour renflouer notre frigo et nos placards, aller faire du shopping — dont il revenait souvent avec plusieurs sacs et quelques cadeaux pour moi.
Quand il s'absentait, j'étais généralement seul dans notre appartement.
Mais ça, c'était avant.
— Qu'est-ce que tu as envie de faire ? On regarde un film ou on lance une partie d'Elden Ring ? me questionne mon meilleur ami, en déposant sur la table basse de son salon deux bols de biscuits apéritifs et une grande bouteille de coca. C'est toi qui choisis !
— Je ne sais pas trop... murmuré-je d'une petite voix, en regardant fixement les biscuits apéritifs, qui ne me donnent aucunement cette sensation de faim.
Je n'ai d'ailleurs plus faim depuis quelques jours. Depuis que j'ai pris conscience que j'ai été violé et abusé psychologiquement pendant plus d'un an, par un homme qui a réussi à me faire croire que son comportement et ses mots étaient normaux.
Je ne souris presque plus. Je ne ris presque plus. Plus rien ne me donne envie. Je suis redevenu cette coquille vide que je redoutais tant.
Pardonne-moi maman. Je ne suis pas aussi fort que je ne le pensais...
C'est comme si j'avais fait un bond de vingt pas en arrière, balayant tous les efforts que j'ai réussi à mettre en place — grâce au soutien de Jaekyung et de mes amis — pour revenir à la case départ. Pour revenir à l'état pathétique dans lequel j'étais lorsque je fus libéré de l'emprise de Ha-joon.
— D'accord, alors je vais choisir pour nous, répond Gabriel, en se saisissant de la télécommande pour naviguer sur le catalogue Netflix à la recherche d'un film intéressant.
Il ne m'a posé aucune question quand Jaekyung m'a déposé pour la première fois chez lui, comme un enfant que l'on amène chez la nounou quand les parents doivent partir travailler.
C'est humiliant. Humiliant et dégradant pour moi, même si d'un autre côté, je sais pourquoi il ne veut pas me laisser seul. Pourquoi il craint de s'absenter. Mais c'est aussi de ma faute si on en est arrivés là, à cette décision plus que contraignante pour moi, comme pour lui.
J'ai tout simplement honte d'être en mobilité réduite. Honte d'être en fauteuil roulant. Honte qu'on me voie ainsi, mais surtout, j'ai peur qu'on ait pitié de moi, et plus particulièrement de Jaekyung. Pitié de lui de devoir s'occuper de moi, de devoir être présent pour m'aider encore dans certaines tâches quotidiennes et de le priver d'une certaine forme de liberté.
— Si je mets le premier Very Bad Trip, ça te va, mon chat ? questionne-t-il, en s'arrêtant sur l'affiche du film pour me regarder avec un sourire sur le coin de ses lèvres, illuminant ses traits angéliques. Ça peut être amusant, non ?
— Si tu veux, lui réponds-je dans un faible haussement d'épaules désintéressé, le regard vide, lui faisant perdre ce merveilleux sourire.
Mon meilleur ami dépose la télécommande sur le rebord de la table basse, avant de se tourner complètement vers moi, en posant l'une de ses mains sur ma cuisse pour attirer pleinement mon attention sur lui.
— Écoute... je n'ai pas voulu te bassiner de questions la première fois qu'il t'a amené chez moi, pour ne pas que tu sois seul quand il n'est pas là. Mais ça va bientôt faire deux semaines que c'est comme ça, et ni lui, ni toi, n'avez encore voulu aborder le sujet pour qu'on puisse comprendre ce qui se passe, me dit-il d'une douce voix, avec un brin d'inquiétude. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose entre vous ? Vous vous êtes disputés ?
— Non ! m'exclamé-je soudainement, en écarquillant les yeux. Non, il ne s'est rien passé... Enfin, oui et non. Et on ne s'est pas disputés... ou du moins, pas vraiment.
Gabriel plisse légèrement ses sourcils d'un air interloqué.
— Est-ce que tu veux m'en parler ? élucide-t-il presque dans un murmure, tout en caressant lentement le long de ma cuisse du bout des doigts. Tu sais que tu peux tout me dire, mon cœur.
— Je sais, oui, soupiré-je dans ma barbe inexistante, en humidifiant mes lèvres sèches d'un petit coup de langue furtif. Mais je ne veux pas gâcher notre après-midi avec mes histoires insignifiantes...
— Alors là, je ne suis pas d'accord, réplique-t-il sur un ton un peu plus marqué. Tes histoires ne sont pas insignifiantes. Et encore moins quand elles viennent te voler les étincelles de joie qu'il y avait dans tes yeux lorsqu'on a passé Noël ensemble. Alors, je t'interdis de dire que ça n'a pas d'importance.
Je souris brièvement, en détournant le regard vers mes mains. Je me rends compte que je joue nerveusement avec la pulpe de mes doigts, grattant et m'arrachant les cuticules mortes autour de mes ongles. C'est après avoir expiré un long soupir d'exaspération envers moi, que je prononce ces quelques mots :
— J'ai juste l'impression de régresser énormément depuis ma sortie de l'hôpital, admis-je d'une voix fébrile, en sentant mon cœur s'accélérer progressivement dans ma poitrine. Dans ma tête, tout semble facile. Mais, lorsque je dois mettre à exécution les décisions, c'est comme si je me trouvais face à un mur lisse, impossible à escalader...
— Joshua, tu as le...
— Mais il n'y a pas que ça, le coupé-je — comme à ma fâcheuse habitude — en levant les yeux vers lui, avant de les rabaisser vers mes mains, rongées et bouffées par le stress. Je n'arrive pas à savoir ce que pense réellement Jaekyung...
Les sourcils de Gabriel se froncent tellement qu'ils lui forment des rides sur son front.
— Comment ça ? Dans quel contexte ? veut-il savoir, tout en continuant de caresser ma cuisse, qui a pour objectif d'apaiser mon anxiété.
— Dans tout, je dirais, dis-je, incertain. Il est incroyable, je ne peux pas dire le contraire. Il est même irréel à mes yeux, tellement il a toujours les bons mots pour effacer mes doutes et mes craintes, et me réconforter quand il me prend dans ses bras. Il a l'air toujours optimiste, contrairement à moi, qui suis beaucoup plus pessimiste. Et je me demande si ses mots reflètent réellement sa façon de penser...
— Tu te demandes s'il te dit la vérité ? répète Gabriel dans une question, en essayant de savoir où je veux en venir.
— Est-ce qu'il me dit tout ça parce qu'il le pense vraiment ? Ou il me dit simplement ce que je veux entendre pour me faire plaisir ?
Ses traits se déforment un peu plus, à mesure qu'il tente de comprendre mes questionnements.
— Écoute, mon chat, je ne suis pas le gars le plus intelligent pour tenter de déchiffrer ou de décoder un code secret. Alors, si tu pouvais aller droit au but, et me donner un contexte particulier, ça m'éviterait d'avoir le peu de neurones que j'ai en ébullition.
Je prends une grande inspiration, avant d'expirer tout l'air de mes poumons.
— On a essayé de coucher ensemble à deux reprises et j'ai fait une crise d'angoisse et de tétanie sur ces deux essais, révélé-je, en débitant à une telle rapidité, que la confusion est discernable sur le visage de mon meilleur ami. Tu es content ?
— Vous...
— Oui.
— Deux fois ?
— Oui.
Gabriel hoche la tête, en se levant du canapé, sous mon regard interrogateur.
— Où est-ce que tu vas ?
— Si on doit parler de cul, mon ange, j'ai besoin d'un verre de vin.
— Ramènes-moi en un, s'il te plaît, lui demandé-je, en me disant que ça ne me ferait pas de mal de me laisser tenter par un peu d'alcool, surtout que je ne suis pas seul dans cette distraction.
— Un seul, alors.
Il s'éclipse rapidement dans la cuisine, et revient avec deux verres à pied et une bouteille de vin blanc de Bourgogne, dont il remplit qu'à moitié mon verre, contrairement au sien qui déborde presque de cet alcool doré.
— Du coup, vous avez essayé et ça n'a pas marché ?
— C'est ce que j'ai dit, oui... marmonné-je entre mes lèvres.
Je me saisis de mon verre pour en boire quelques gorgées, avant de grimacer par la suite à la sensation de l'effluve sèche dans ma gorge, tant je ne suis pas habitué à boire de l'alcool.
— Je suis désolé pour la question que je vais te poser, mais il y a une raison qui a fait que ça n'ait pas marché ?
Cette fois-ci, c'est à mon tour de hocher la tête d'un signe approbateur à son questionnement.
— La raison, c'est moi, réponds-je, en tapotant nerveusement mes doigts sur le verre. Tout se passait bien au début, jusqu'à ce que...
Gabriel ne sait rien de comment Ha-joon se comportait avec moi quand nous couchions ensemble. Ou plutôt, quand il utilisait mon corps pour se vider les couilles. Il sait juste la manière dont il avait d'être avec moi, à me rabaisser constamment, à rejeter la faute sur ma personne quand l'un de ses amis s'intéressait à moi, ou qui riait à mes vannes.
— Jusqu'à ce que ?
— Que je sois complètement terrifié par la pénétration, ajouté-je avec hésitation, en ramenant mon verre à mes lèvres pour me délecter de ce vin, auquel je commence peu à peu à m'habituer. Dès que je commence à penser à la pénétration, je me fige et je commence à trembler de peur, à l'idée de la douleur et d'être déchiré de l'intérieur...
Même si je connais mon meilleur ami depuis des années, je sais pertinemment qu'il ne me jugera jamais sur quoi que ce soit. Malgré tout, je ressens quand même cette étrange et désagréable sensation, au fond de moi. Cette petite voix enfouie au plus profond de votre être, et qui vous répète sans arrêt que vous n'êtes que de la merde aux yeux des autres.
Que tout est faux et que les personnes qui vous entourent ne sont qu'illusions.
— Mais Joshua, tu sais que c'est normal d'avoir peur du sexe, déclare-t-il, en se rapprochant de moi sur le canapé, après avoir déposé son verre à moitié vide sur le rebord de la table basse. Tu as le droit d'avoir peur du sexe, parce que oui, ça fait peur quand on n'y connait rien aux sensations.
Je ne sais effectivement rien des sensations qu'un sexe consenti peut nous faire ressentir. Je crois même que le pire dans tout ça, c'est que j'en sais plus que trop bien des sensations que l'on peut sentir nous envahir pendant un acte non-consenti. Que j'en sais plus que n'importe qui sur la douleur insupportable, et du déchirement indescriptible que l'on ressent à l'intérieur de nous, quand un corps étranger prend possession de nous avec force et puissance.
Quand quelqu'un est en train de nous violer.
— Tu n'as pas à avoir honte d'en être terrifié, commente-t-il avec douceur et compréhension.
Il glisse sa main dans mes cheveux pour caresser mon cuir chevelu, à l'aide de ses ongles fraîchement manucurés.
— Le plus important avant un acte sexuel, c'est de parler avec son partenaire. C'est important, la communication, et surtout la compréhension, avant un rapport sexuel. Et même pendant, d'ailleurs ! souligne-t-il, en levant son index en l'air, le sourire aux lèvres. Puis, après, c'est la confiance envers son partenaire qui fait aussi toute la différence.
J'écoute ses mots avec attention, à défaut d'avoir le crâne en compote, tambourinant dans ma tête comme les basses dans une boîte de nuit, avec seulement quelques gorgées de vin blanc, me faisant comprendre que l'alcool et moi nous ne serons jamais les meilleurs amis du monde. Je suis entre deux mondes. D'un côté, j'ai l'impression d'être sur un nuage et de flotter dans les airs. Et d'un autre, un sentiment d'angoisse beaucoup trop familier, à mon goût.
— Jaekyung l'a été avec toi ? me demande-t-il.
— De ? dis-je, en étant totalement absorbé par les effets de l'alcool.
Gabriel glousse faiblement, en prenant conscience que je suis quelque peu à l'ouest, m'enfonçant un peu plus dans le canapé, à mesure qu'il continue de me caresser le cuir chevelu.
— Je t'ai demandé si Jaekyung avait opté pour la communication avant et pendant vos essais. Mais aussi après, lorsque tu étais angoissé.
— Il l'a fait, oui. Il me demandait à chaque fois mon approbation pour faire quelque chose. Et quand j'étais complètement tétanisé, il prenait le temps de me réconforter et il attendait que ce soit moi qui parle, pour m'apaiser et me rassurer, révélé-je, en me rappelant notre dernier essai, qui a été une véritable catastrophe.
— Excuse-moi pour mon incompréhension, mais je ne comprends pas pourquoi tu te demandes s'il te dit la vérité ou non, m'avoue-t-il avec une parfaite confusion dessinée sur ses traits, résonnant aussi dans le timbre de sa voix.
Je ne peux pas lui en vouloir de ne pas réussir à me comprendre. Peut-être parce qu'il n'a jamais vécu ce que j'ai subi, ce qui fait que sa vision des choses, de la vie et des événements est différente des miennes.
— Parce que Ha-joon ne m'a jamais dit tout ce que Jaekyung me dit depuis qu'on est ensemble, réponds-je, en sentant mes yeux me piquer. Parce que j'ai tellement été habitué à me faire rabaisser, humilier, traiter comme une merde par l'homme dont je pensais avoir aimé, que les mots de mon petit-ami et sa façon de penser me semblent totalement irréels. Comme s'il n'était pas réel...
Je perçois parfaitement la tristesse se mélanger à la haine sur son visage. Il déteste Ha-joon, et il n'a pas besoin de me le dire à nouveau, car c'est littéralement inscrit dans ses pupilles, dilatées de rage.
— Je suis tellement désolé, me murmure-t-il, en venant me prendre dans ses bras, me laissant totalement aller dans cette étreinte chaleureuse, que j'apprécie tant. Ton ex n'était qu'un putain de salopard de merde. Une sale vermine pourrie à l'intérieur comme à l'extérieur, qui mériterait simplement qu'on lui marche dessus pour le faire disparaître à tout jamais. Que je ne le croise jamais, sinon je peux te garantir qu'il va bouffer le sol et il sera nourri à la sonde pour le restant de sa vie.
— Je ne sais même pas s'il vit toujours à Séoul, rétorqué-je dans un murmure, en me blottissant un peu plus dans ses bras.
— J'espère pour lui qu'il a quitté le continent. Voir même la Terre, réplique-t-il sans une once d'humour dans ses paroles. Et j'espère qu'il ne t'a rien fait d'autre ? J'espère que ce n'est pas à cause de lui que tu as peur du sexe ? D'ailleurs, vous l'avez fait ? Ou... ?
Quand Gabriel se met à boire de l'alcool, il ne possède plus aucun filtre, disant à voix haute tout ce qu'il lui passe par la tête, sans s'en rendre compte sur le moment. Les mots sortent de sa bouche avant même qu'il n'ait pu réaliser que c'est déjà trop tard. Une fois l'alcool dans son sang, c'est fini. Je ne peux pas lui faire de reproches, car de toute évidence, un jour ou l'autre, je vais devoir lui dire que j'ai été violé.
— On l'a fait, oui, lui dis-je d'une voix étouffée par un sanglot. Et... il me faisait mal à chaque fois qu'on le faisait. Depuis je n'arrive plus à bander. Je suis impuissant et j'ai une peur terrifiante du sexe... Le comble, hein ?
— Putain, je vais le tuer ce fils de pute, s'écrie-t-il, en resserrant son emprise autour de mon corps. Ne me dis pas, qu'il te frappait aussi ?
C'était la question de trop, qui me fait craquer dans ses bras, sous l'influence du degré du vin blanc s'écoulant dans mes veines. Moi qui pensais qu'il était enfin temps de me confesser, je ne suis finalement pas prêt à remettre mon passé sur le tapis. Ça avait été une véritable torture, lorsque j'ai dû le faire, pour expliquer à Jaekyung le pourquoi du comment j'appréhende autant le sexe, au point d'en faire des crises de tétanie.
Je ne suis pas prêt à replonger dans les abysses de mes pensées.
Je ne suis pas prêt à revoir tout ce qu'il m'a infligé.
— Je ne peux pas... murmuré-je difficilement, en tentant de maîtriser mes sanglots, tout en secouant la tête. Ne m'en veux pas, s'il te plaît, mais je ne veux pas en parler à nouveau. Je ne suis pas encore assez prêt pour en parler encore et encore, comme si ça ne me crevait pas le cœur de le faire. Je suis désolé, Gabriel, mais je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas...
Je ne peux pas terminer ma phrase, mes sanglots ayant pris le dessus sur mon élocution et mes pensées. Je sens simplement les bras de mon meilleur ami me serrer dans notre étreinte aussi fort qu'il peut le faire, pour me faire comprendre que je ne suis pas seul et que je peux me reposer sur ses épaules, me laisser aller et évacuer les tourments de mon cœur.
— Ce n'est pas grave, mon cœur, chuchote-t-il dans le creux de mon oreille. Le plus important dans tout ça, c'est que tu as eu le courage et la force d'en parler avec Jaekyung. Et ça, Joshua, tu ne te rends pas compte de la force qu'il faut pour réussir à le faire.
— Je ne suis pas fort...
— Si tu l'es, me contredit-il fermement, en me berçant délicatement dans ses bras. Tu es la personne la plus forte que je n'aie jamais connue. Et je comprends maintenant mieux ce que tu as voulu dire en ce qui concerne Jaekyung. Mais...
— Il n'est pas comme lui, je sais, l'interromps-je, en relevant mon visage baignant dans mes larmes, vers le sien. Je sais qu'il n'est pas comme lui. Qu'il ne me fera jamais de mal, qu'il est tellement compréhensible, doux, attentionné, délicat. Il est tout ce dont j'ai toujours rêvé et il est entré dans ma vie... Je n'aurais pas pu rêver mieux, et je ne veux pas quelqu'un d'autre que lui à mes côtés.
Je renifle, avant de passer ma main sous mon nez, pour essuyer la morve qui commence à couler.
— Je me sens parfois honteux de douter de ses mots, de ses actes, alors qu'il fait tout pour me rendre heureux...
Gabriel secoue la tête.
— Tu n'as pas à te sentir honteux de quoique ce soit ! C'est même normal d'avoir du mal à faire totalement confiance à quelqu'un après ce que tu as vécu, commente-t-il, en venant retirer, à l'aide de ses doigts, les perles d'eau salées continuant de débouler le long de mon visage. Chaque chose en son temps, mon cœur. Et je suis certain que Jaekyung le comprend très bien.
— Je suis fatigué, Gabi, sangloté-je, en passant mes mains sur mon visage. Je suis épuisé mentalement, car dès que quelque chose va mieux dans ma vie, une autre arrive pour tout détruire sur son passage, et je suis obligé de tout recommencer, encore et encore... Ça n'en finira jamais. J'ai l'impression que je n'y arriverai jamais, et pourtant, je veux vraiment m'en sortir, je te le jure... Je veux me battre.
— Je te crois, mon cœur, je te crois, dit-il d'une voix attristée, avant de venir parsemer mon visage de doux baisers. Je ne sais pas comment faire, ni quoi dire exactement pour t'aider à aller mieux, car les mots sont plus faciles à trouver qu'à réaliser. Mais... peut-être que tu devrais aller voir un psychologue ? Ça te ferait du bien, non ?
Il a raison. Parfois, quand une personne est triste, ou qu'elle passe un mauvais moment dans sa vie, on lui répond très souvent que ça va aller, que demain sera un autre jour, et qu'il faut rester positif. Cependant, ce qu'il faut retenir, c'est que ce n'est en aucun cas de la mauvaise volonté, ni de la mauvaise foi, venant de la personne qui tente de nous réconforter. Car, comme il le dit si bien ; les mots sont souvent plus faciles à exprimer qu'à réaliser dans nos actes.
Parler et faire sont deux choses totalement différentes. Et peut-être que consulter un psychologue m'aiderait à atteindre mon objectif.
Peut-être...
— Par contre, je ne te laisserai pas te renfermer sur toi-même. Tout comme Jaekyung t'empêche de le faire, ajoute-t-il, en se saisissant de mon visage entre ses mains pour m'obliger à le regarder dans les yeux. Tu as peut-être l'impression d'être un enfant que l'on trimballe d'un endroit à l'autre pour ne pas qu'on le laisse seul, mais c'est pour ton bien qu'il le fait. Tu sais, il n'y a pas de mal à être casanier, et à aimer sa propre compagnie, c'est même très important d'aimer être avec soi-même.
— Alors, pourquoi vous me forcez depuis plus d'une semaine à être toujours en compagnie de quelqu'un ? Si être seul n'est pas un problème ? lui demandé-je inconsciemment, alors que je connais parfaitement la réponse.
Mais j'ai besoin de l'entendre de vive voix. J'ai besoin qu'on me le dise sincèrement dans les yeux.
— Parce que tu ne t'aimes pas, Joshua.
Je me déteste, oui.
— Tu n'as jamais aimé ta propre compagnie. Tu n'as jamais aimé la personne que tu es, et tu hais ton corps comme si c'était ton pire ennemi, élucide-t-il sans bégayer une seule fois, et en prononçant ces mots avec une telle assurance et confiance, que je sens mon cœur s'effondrer dans ma poitrine.
Parce que c'est vrai.
— Alors, comment veux-tu qu'on te laisse seul, si tu te hais au point de vouloir te faire du mal ?
— Je ne me fais pas de mal ! réponds-je subitement d'un air particulièrement offensé.
— Si, Joshua... Tu te fais du mal sans que tu ne t'en rendes compte, démentit-il d'un air chagriné. Tu le fais déjà en te sous-alimentant, en te rabaissant certainement quand tu te regardes dans un miroir. Tu le fais quotidiennement, au point que Jaekyung ne puisse rien faire et penser à rien d'autre qu'à toi, et...
Il s'arrête brusquement de parler, en prenant conscience de ce qu'il vient de me balancer en pleine figure. C'est violent. Ses mots me percutent de plein fouet, comme une putain de gifle qui s'abat violemment sur ma joue. Comme un puissant coup de poing m'assène dans le ventre, me tordant les tripes d'une douleur à me couper le souffle.
Nous nous regardons dans les yeux un long moment, et je peux lentement apercevoir toutes les phases de la frayeur, du regret et de la culpabilité prendre place dans les profondeurs de ses pupilles. Son regard s'agrandit d'effroi, ses yeux brillent d'une montée de larmes, en cherchant désespérément mon toucher. Mais je me suis éloigné de lui, encore sous le choc de ses mots.
— Je suis désolé, mon cœur, je suis désolé, ce n'est pas ce que je voulais dire ! Ce n'est pas...
— Si. C'est ce que tu pensais, et tu l'as dit, le coupé-je froidement, en détournant le regard vers la télévision, qui s'est mise en veille, croisant mon reflet sur l'écran.
Gabriel pleure. Il pleure car il disait sûrement la vérité en voulant me faire comprendre que ce n'est pas de cette manière qu'il voulait me dire les choses. Mais dans tous les cas, qu'il en vienne à me caresser dans le sens du poil ou non, pour ne pas me blesser, le problème aurait été le même. Jaekyung est littéralement coincé à mon chevet. Il dû mettre une croix sur une bonne partie de ses loisirs, de son quotidien, de ses projets, pour s'occuper de moi, pour s'assurer que j'aille bien, que je ne manque de rien, que je me sente bien.
Il n'est plus que l'ombre de lui-même. Et je suis fautif dans son malheur.
— Je te promets, Joshua, que ce n'était pas ce que je voulais dire, répète Gabriel entre deux sanglots, tout en hésitant à se rapprocher de moi. S'il te plaît, écoute-moi, mon cœur, s'il te plaît...
— J'en avais déjà conscience quand j'étais à l'hôpital, reprends-je, en baissant la tête vers le sol. Jaekyung ne vit même plus pour lui, il vit pour moi, et moi je ne fais rien pour le soulager de toute la pression qui repose sur ses épaules. Enfin si, j'essaie. Mais à chaque fois j'ai ce putain de mur en face de moi qui m'empêche d'avancer !
— Joshua...
— Je ne fais que me lamenter sur mon propre sort, encore et encore, à pourrir la vie de l'homme que j'aime et de mes amis, parce que ma vie c'est littéralement de la merde ! Depuis la mort de ma mère, je me suis promis de tout faire pour ne pas baisser les bras, mais rien y fait...
— Arrête, s'il te plaît, murmure mon meilleur ami, en posant une main sur sa poitrine, au niveau de son cœur. Tu ne pourris rien du tout, mon ange, crois-moi. Tu ne fais rien qui nous fait mal, je te le jure. On fait tout ça parce qu'on t'aime, Joshua ! Et parce qu'on veut te voir heureux !
— Mais quand est-ce que vous allez arrêter de me mentir ? m'écrié-je furieusement, en le dévisageant de mon regard assombri. C'est peine perdue. Vous savez aussi bien que moi qu'on est bloqués dans une putain d'impasse, et que je ne m'en sortirai jamais !
Je suis en colère contre moi-même, contre cette stupide voix dans ma tête qui me contredit à chaque fois que j'ai le malheur d'avoir une pensée positive. Je suis en colère contre mon for intérieur, et contre celui que j'ai enfoui au plus profond de mon être, ces démons qui profitent de mes moments de faiblesse pour me rappeler à quel point je ne suis qu'une sombre merde, et que je ne mérite pas le bonheur.
À quel point les mots de Ha-joon ont finalement raison à mon sujet.
— Je ne suis pas quelqu'un de bien, ajouté-je, en me mettant à rire, tout en pleurant en même temps. Je ne suis même pas capable de rendre heureux l'homme que j'aime ! Je vais juste le détruire, le consumer à petit feu et faire disparaître la merveilleuse personne qu'il est, parce que je ne suis qu'un poison à moi tout seul ! Ca commençait à aller mieux, et là, depuis qu'on a essayé de le refaire une deuxième fois, tout s'effondre autour de moi. Mais quand est-ce que ça va s'arrêter ?
— C'est faux ! crie Gabriel à son tour, en se levant du sofa pour me surplomber de sa taille, son regard se noyant dans un nombre incalculable de larmes. Tu dis tout ça, parce que tu n'es pas bien psychologiquement, mais je t'assure que tout ce que tu dis est faux, Joshua ! Se battre, ça fait partie de la guérison ! Tomber, ça fait partie de la guérison ! Et se relever, ça en fait aussi partie !
— Pourtant, ce n'est pas ce que tu as voulu dire ! le prends-je de cours, en me levant à mon tour sur mes jambes, menaçant de défaillir d'un moment à l'autre. Tu as clairement dit que Jaekyung ne pouvait plus rien faire, ni penser, sans que ça ne tourne autour de moi ! Je lui gâche complètement la vie !
Gabriel secoue la tête d'un air désapprobateur.
— Dans ma tête, ça ne sonnait pas de façon péjorative, finit-il par dire, en tentant de canaliser ses sanglots, tout en venant glisser ses bras autour de ma taille pour me maintenir en équilibre. Jaekyung t'aime, Joshua . Et il fait tout ça par amour pour toi, parce qu'il t'aime plus que tout. Il s'est promis de ne plus jamais t'abandonner, de ne plus faire les mêmes erreurs. Il s'est promis d'être toujours là pour toi, à tes côtés, dans les bons comme dans les mauvais moments.
— Ce n'est pas ça l'amour, Gabriel... L'amour, ce n'est pas censé être ça...
— Et pourtant, ça l'est ! réplique-t-il d'une voix plus douce, en posant son front contre le mien. L'amour, ce n'est pas toujours beau, l'amour c'est parfois douloureux. Jaekyung essaie du mieux qu'il peut de te protéger de tes propres démons, de t'empêcher de te faire du mal, parce qu'il t'aime. S'il n'en avait rien à faire de toi, il ne ferait pas tout ça, et il te laisserait galérer tout seul dans ta propre merde.
C'est horrible de se sentir complètement impuissant et démuni de tout sens moral. C'est horrible de tout remettre en question, et ce, constamment dans mon esprit, pour me convaincre que j'ai raison, et non que j'ai tort. C'est horrible d'être aussi fragile psychologiquement et de tout prendre au pied de la lettre, au point de voir l'effroi dans le regard de mon meilleur ami, ne pouvant s'exprimer sans avoir peur que je ne me sente offensé, ou blessé. Et je ne peux pas le blâmer pour ça. Il fait tant d'efforts pour essayer de me comprendre. Il fait tant d'efforts pour essayer de ne pas me blesser avec un mot de travers, mais parfois, l'inévitable se produit, comme ce qui vient tout juste de se passer.
— Mon ange, je suis désolé si j'ai pu te faire du mal avec mes mots. Je suis désolé, chuchote-t-il contre mon oreille, en caressant de haut en bas la ligne de ma colonne vertébrale. Tout comme Jaekyung, je veux que tu sois heureux.
— Je n'y arriverai jamais, jamais... Tout comme faire l'amour avec lui. Je n'y arriverai jamais. Je ne pourrai jamais lui rendre à égalité tout ce qu'il me donne en amour...
— Ça, c'est parce que dans ta tête, tu as fini par y croire, me dit-il, en venant tapoter le bout de son doigt sur le milieu de mon front. Là, dans ton crâne, il n'y a que des pensées négatives, c'est pour ça que tu n'arrives pas à voir le bon côté des choses. Le positif ne peut pas prendre l'avantage, si le négatif est omniprésent dans tes pensées. Il faut t'en libérer, pour te soulager.
À ses mots, je sens une douloureuse pression thoracique me couper le souffle.
— Mais ce n'est pas de ta faute si tu penses ainsi, ajoute-t-il, en me faisant m'asseoir sur le rebord du canapé, par peur que je ne finisse par m'effondrer d'épuisement. On t'a harcelé dès ton entrée au lycée, on t'a agressé et forcé à te déshabiller dans les toilettes du gymnase. Ha-joon t'a dit et t'a fait des atrocités pendant plus d'un an. Il t'a maltraité et...
Il se ravise à prononcer ces mots. Il avale avec difficulté sa salive, avant de reprendre.
— Et ton père n'a jamais cessé de te rabaisser et de t'humilier du matin au soir. Comment veux-tu penser positivement, après tout ça ? déclare-t-il en me souriant. C'est mon rôle de meilleur ami de t'aider à te relever. À te donner des coups de pied dans le cul pour te faire avancer. Alors, à partir d'aujourd'hui, on va faire un marché. Évidemment, je ne te forcerais à rien faire si tu ne le veux pas.
— Comment...
— Qu'est-ce qu'il y a, Joshua ?
— On... on vient de se disputer et maintenant tu agis comme si rien ne s'était passé...
Gabriel vient s'accroupir devant moi, en posant ses mains sur mes cuisses pour se maintenir en équilibre.
— On s'est disputés par ma faute. Et ce n'était pas une grosse dispute, non plus. Alors, pourquoi en faire tout un drame ? émet-il, en arquant ses sourcils, malgré les quelques larmes qui continuent de couler le long de ses joues. Et puis, les disputes, ça arrive à tout le monde. Par exemple, moi et Connor, on se dispute par moment, et ce n'est pas pour autant qu'on se déteste.
— Je ne te déteste pas, tu sais...
— Moi non plus, je ne te déteste pas, mon cœur.
Je pose mes mains sur les siennes, les serrant aussi fort que je le peux, comme si j'avais peur que mon meilleur ami disparaisse soudainement sous mes yeux.
— Je t'aime, Gabi. Je t'aime tellement, et je suis tellement désolé de t'avoir crié dessus. Je ne voulais pas, je ne voulais...
— Chut, me souffle-t-il gentiment, en posant son doigt sur mes lèvres pour me faire taire. Je t'aime aussi, mon cœur, et je vais te dire la première étape du marché, si tu l'acceptes ; d'arrêter de t'excuser pour tout et n'importe quoi.
— Mais...
— Deuxième étape du marché ; apprendre à t'aimer toi-même. Que ce soit sur le plan psychologique et physique. Parce que tant que tu n'arriveras pas à faire les deux, tu n'arriveras pas à aimer et avoir confiance aux autres, comme tu aimerais pouvoir le faire.
Apprendre à m'aimer... Ça a l'air tellement facile à faire, dit comme ça, mais tout bonnement irréalisable sur le plan pratique. Comment pourrais-je aimer un corps qui a été humilié et rabaissé tout au long de sa vie ? Comment pourrais-je aimer une conscience qui a été détruite par les actes d'un homme que je pensais avoir aimé ? Comment pourrais-je réaliser l'impensable ?
— Gabriel...
Il faut que je lui dise.
— Oui, qu'est-ce qu'il y a, mon cœur ?
Il faut que je me libère de cette parole, que je me suis trop longtemps interdit de prononcer.
— Je dois te dire quelque chose avant...
Soudain, des bruits de pas et une porte qui claque attirent mon attention, jusqu'à ce que deux voix familières se fassent entendre :
— On vient de rentrer de la boxe ! s'écrie Connor dans le hall d'entrée.
— On a aussi pris des pizzas sur le chemin, ajoute Jaekyung à son tour.
— C'est parfait ! On est dans le salon ! répond Gabriel sur la même intonation de voix, avant de détourner son attention sur moi, le sourire aux lèvres. Qu'est-ce que tu voulais me dire, Joshua ?
J'essuie mes dernières larmes d'un rapide coup de main pour ne pas éveiller les soupçons de Connor et de mon amant, avant de rendre le sourire à mon meilleur ami.
— Je voulais te dire que tu allais devoir t'accrocher avec moi, vu que j'accepte le marché.
Son regard s'illumine.
— C'est vrai ? s'exclame-t-il de joie, avant de se jeter dans mes bras d'un air euphorique. On commencera alors dès demain, par une session shopping et relooking ! Parce qu'être bien avec son corps et son image, c'est important pour le reste !
— De quoi est-ce que vous parliez ? demande Connor avec un brin de curiosité, après nous avoir rejoint dans le salon aux côtés de Jaekyung.
— D'un plan top secret, dit Gabriel en se redressant, tout en posant ses mains sur ses hanches pour le dévisager de haut en bas. Et vous n'êtes pas concernés, alors du balai.
Connor sourit en posant les pizzas sur la table basse.
— Ce n'est pas sympa, ça, rétorque-t-il en s'approchant de Gabriel pour lui voler un doux baiser, tandis que Jaekyung est venu me rejoindre sur le canapé pour s'y allonger et poser sa tête sur mes cuisses.
— Tu vas bien, mon cœur ? Tu as l'air un peu fatigué.
Je hoche simplement la tête en guise de réponse. Puis, par réflexe, je glisse ma main dans ses cheveux pour les caresser dans toute leur longueur, avant que mes doigts ne viennent se coincer dans un petit nœud le faisant grimacer.
— Putain, il faudra vraiment que je me coupe les cheveux. Ce n'est plus possible, en plus, ils me gênent pour les séances. J'ai beau les attacher, il y a toujours des mèches qui me tombent sur le visage, grommelle-t-il dans sa barbe inexistante, avant de fermer les yeux et d'apprécier les caresses que j'exerce sur son cuir chevelu.
— Elle s'est bien passée, ta séance ? le questionné-je, en me penchant au-dessus de lui pour lui embrasser le front.
Un sourire se dessine sur ses lèvres.
— Ouais, nickel. À part un nouveau qui nous casse les couilles, mais sinon, c'était bien, dit-il en ouvrant un œil pour me regarder. Tu devrais m'accompagner, la prochaine fois. Ça me ferait plaisir que tu viennes me voir m'entraîner.
— Vraiment ?
— Bien sûr, bébé, réplique-t-il, en se redressant sur ses coudes pour approcher son visage du mien. Tu sais, tu pourrais même reprendre les séances avec moi. Je ne voulais pas t'embêter avec ça, parce que tu n'étais pas trop dans ton assiette, ces derniers jours, mais peut-être que ça te ferait du bien de te défouler un peu ?
Il est vrai que lorsque je me suis mis à faire ce sport de combat, j'ai pu constater, à mesure des entraînements, que les séances de boxe ont eu un véritable point positif sur mon assurance et ma confiance.
Cependant, je n'étais pas en fauteuil roulant à ce moment-là.
— Bébé, regarde-moi, murmure-t-il, en cherchant mon attention. Je peux te garantir que personne ne te jugera. Et si quelqu'un ose le faire, je lui ferai bouffer les roues de ta Ferrari.
Je me mets soudainement à rire de sa comparaison sur mon fauteuil roulant à une voiture de luxe. Un rire, qui même s'il est léger et camouflé par les précédents sanglots, fait sourire d'attendrissement mon amant et mes amis.
— D'accord, accepté-je, en hochant finement la tête, avant de venir sceller mes lèvres aux siennes. Je veux bien essayer à nouveau.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro