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𝟑𝟏. 𝐏𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐣𝐚𝐦𝐛𝐞𝐬, 𝐩𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐜𝐨𝐥𝐚𝐭


Jeudi 21 novembre, Séoul, Corée du Sud,

Une journée de plus que je passe dans cette chambre d'hôpital. Une journée de plus à devoir subir des examens médicaux, notamment sur la sollicitation sensorielle, qui se résume à vous piquer les extrémités des doigts, à caresser la voûte plantaire pour voir si vous réagissiez bien aux différentes stimulations.

Je n'ai pas encore retrouvé la totalité de ma motricité. J'ai encore besoin qu'on m'aide à me lever pour aller aux toilettes, qu'on m'aide à me laver, à marcher, qu'on m'aide à manger, car je suis incapable de réaliser toutes ces choses par moi-même. C'est assez déroutant d'être dépendant de quelqu'un en permanence, mais je suis heureux que ce soit Gabriel, mon meilleur ami, qui m'accompagne dans cette épreuve, difficile à accepter.

Jaekyung vient régulièrement me voir, comme il l'a fait durant mon coma. Il arrive généralement avec un bouquet de fleurs à la main et quelques cochonneries à grignoter dans le dos des infirmières, car il sait à quel point je ne supporte plus cette nourriture qu'on m'apporte lors des repas. Je sais que je ne devrais pas à me plaindre, mais sans vous mentir, je rêve sans cesse d'un bon fast-food bien gras, histoire de m'exploser la panse.

Aujourd'hui encore, il est venu me voir, comme à son habitude.

— Bonjour, Joshua, dit-il d'une petite voix. Comment vas-tu, ce matin ?

C'est une question assez délicate. Mon moral n'est pas à son apogée, j'ai l'impression de ne plus progresser dans mes efforts, stagnant dans ma rééducation, mes souvenirs refaisant surface, revoyant ma mère se faire battre sous mes yeux.

Ma mère.

J'ai appris son décès quelques jours après mon réveil. C'est Jaekyung qui me l'a appris, lorsque j'ai demandé des nouvelles vis-à-vis d'elle. Elle est décédée quelques minutes après son transfert au bloc opératoire, des suites d'une importante hémorragie interne et d'un traumatisme crânien ayant endommagé son cerveau. En d'autres termes, elle était déjà morte en arrivant à l'hôpital.

A-t-il bien fait de me l'annoncer aussi prématurément ? Qu'est-ce que ça aurait changé de toute évidence ? Me le dire plus tard ne l'aurait pas ramené à la vie.

Mon père.

Jaekyung m'a annoncé qu'il a été incarcéré pour homicides volontaires et actes de barbarie. Il est en attente de son jugement.

Moi.

Je suis un survivant.

— Je ne sais pas trop, lui répond-je honnêtement, en détournant mon regard vers lui.

Je remarque par la suite ce bouquet de roses qu'il a dans l'une de ses mains, et un sachet de l'enseigne Koriko Café dans l'autre.

Je peine à sourire.

— Je n'ai pas trop le moral...

— Qu'est-ce qui ne va pas ? s'enquiert-il, en déposant le bouquet de fleurs et les sucreries sur le rebord de la table. Dis-moi ce qui ne va pas. Tu as mal quelque part ? Tu as besoin de quelque chose en particulier ? Dis-moi ce dont tu as besoin, Jaekyung...

— Elle me manque, avoué-je d'une voix éraillée. Je n'ai pas pu lui dire que je l'aimais. Je ne lui ai jamais dit que je l'aimais... C'est ridicule, n'est-ce pas ? Je lui ai tant reproché mes malheurs, et maintenant, son absence me pèse sur le cœur.

Jaekyung m'accorde un regard compatissant.

— Je comprends, oui. C'est normal d'éprouver toutes ces choses, après ce que tu as vécu, rétorque-t-il. Mais je suis sûr qu'elle le sait, de là où elle est, que tu l'aimes et que tu penses à elle, tous les jours.

— Mon frère est venu me voir hier, dis-je, rêveur. Il a pleuré dans mes bras. Il culpabilise d'être parti sans m'avoir pris sous son aile. Il s'en veut, de n'avoir rien fait pour me protéger. Il s'en veut de n'avoir rien fait pour la sauver. J'ai l'impression, qu'on passe notre temps à culpabiliser...

Mes yeux se baissent sur mes mains, empoignant fermement les draps blancs.

— Joshua...

— Toi aussi, n'est-ce pas ? murmuré-je sans pour autant le regarder. Toi aussi, tu as culpabilisé de ne pas avoir pu me sauver ?

Jaekyung reste silencieux. Tellement silencieux que l'on peut entendre une mouche voler dans cette chambre que je ne peux plus voir en peinture. Ses murs blancs, dépourvus de couleurs, me rendent malade.

Je deviens fou.

— Si tu ressens le besoin de l'entendre, alors oui, finit-il par prononcer, en s'asseyant sur le rebord du lit. Oui, je me suis détesté de n'avoir rien pu faire pour te sauver. J'ai culpabilisé, de ne pas t'avoir emmené de force avec moi, pour te libérer de cet enfer. Je m'en suis voulu, durant ces trois mois et demi, de ne pas avoir agi, pour te protéger.

Je relève la tête à son encontre. Ses yeux brillent. Il sourit.

— Mais je ne peux pas remonter le temps. Je ne peux pas revenir en arrière pour modifier les évènements, même si j'aimerai tant pouvoir le faire. Alors, je me suis promis à moi-même de ne plus jamais avoir peur. Je me suis promis de tout faire, pour rendre ta vie meilleure, à mes côtés. La vie...

Il marque une pause, en venant prendre l'une de mes mains dans la sienne.

— La vie nous donne une chance de tout recommencer à zéro. C'est à nous à présent, d'écrire notre avenir, ton avenir. Ne regarde plus en arrière, et si tu as trop peur d'avancer vers l'inconnu, prends ma main et regarde moi, je serais là pour te guider, pour te soutenir. Je ferais tout ce qui est en pouvoir, pour que tu puisses croire en toi, Joshua.

— Tu le penses vraiment ? Tu penses vraiment que ce rêve est réalisable ?

En lui posant cette question, je cherche inévitablement une réelle réponse dans son regard. Un regard doux et à la fois peiné de me voir persister dans le doute.

— Je le pense sincèrement, répond-t-il, confiant. Ce serait te mentir dans les yeux si je te disais que ça serait facile. Je sais pertinemment que tu vas traverser des moments difficiles, des moments de doutes et de peurs. Que la rééducation va t'épuiser, que tu vas sûrement vouloir tout abandonner, mais je serais là pour t'épauler, Joshua. Nous serons là pour t'épauler.

Il dépose ses lèvres sur le dos de ma main, tandis que ses mots chamboulent mon cœur. Je le sens battre ardemment contre ma poitrine. Suis-je en train de rêver ? Suis-je encore bloqué dans le coma, et que tout ceci n'est que le fruit de mon imagination ? Comment peut-il être aussi parfait ? Comment peut-il être autant optimiste ? Mes yeux sont attirés par le bouquet de fleurs posé sur les draps. Des roses, plus précisément, de couleurs blanches et roses. Le blanc domine, symbole de la pureté, de l'innocance et de l'amour pur. Le rose lui, représente la tendresse et la douceur, associé à la joie et à la fraîcheur.

Je souris.

Elles sont magnifiques, iréelles. Elles embaument la pièce par la délicatesse de leur parfum, à l'instar de Jaekyung. Il est un bouquet à lui seul, sublimé par les rayons du soleil traversant la fenêtre de ma chambre d'hôpital. Un ange. Une illusion.

Une larme s'échappe du coin de mon œil.

— Joshua, regarde-moi, me demande-t-il, en ayant certainement remarqué mon changement soudain d'expression. Tu mérites cette nouvelle chance. Tu mérites notre amour et notre soutien. Tu le mérites amplement. Alors, n'en doute jamais.

— Pourtant, j'ai fait un acte odieux... Je vous ai fait souffrir. J'ai été lâche... murmuré-je d'une voix vacillante. Comment est-ce que tu peux... comment pouvez-vous me pardonner et faire comme si de rien n'était ?

— Parce qu'on n'est personne pour te juger, déclare-t-il, en se penchant légèrement vers moi.

Sa main se pose sur ma joue, effaçant les traces de mes larmes.

— On n'est personne pour remettre en cause le choix de tes actes.

— Tu m'as vu mort....

J'ai été mis au courant, quelques semaines après mon réveil, que j'ai été en arrêt cardiorespiratoire après ma tentative de suicide. Les pompiers et les secouristes se sont relayés en vain, pour me réanimer. Jaekyung, lui, à tenter de le faire dans un acte de désespoir.

Une révélation d'autant plus douloureuse à entendre.

— Je suis horrible, Jaekyung... Je suis une personne horrible ! Comment peux-tu me pardonner une telle chose ? Tu devrais me détester ! Tu devrais me haïr pour ce que j'ai fait ! Alors pourquoi ? Pourquoi tu ne me détestes pas ?

— Joshua...

— Regarde-moi et dis-le moi honnêtement ! Dis-moi pourquoi tu n'arrives pas à me détester ! le supplié-je, en retirant sa main de mon visage. J'ai abandonné ma mère, qui a tenté de me protéger. Elle est morte.

Ma lâcheté l'a tué.

— Je vous ai abandonnés vous aussi, en choisissant de sauter.

Je me répète je sais, mais c'est la vérité.

J'ai tué une partie de vous. Une partie de votre âme.

— Alors, pourquoi tu me pardonnes ? Pourquoi tu n'as pas de haine envers moi ?

Même à travers mon regard gorgé de larmes inépuisables, j'arrive à percevoir tant bien que mal ses traits se déformer, meurtris et affligés par la souffrance émanant de moi. Sa main trouve refuge sur l'une de mes joues, me forçant à maintenir notre contact visuel. Son visage s'est subitement rapproché du mien, nos lèvres n'étant plus qu'à quelques centimètres les unes des autres. Son souffle me caresse, me chatouille. Mais je garde les yeux ouverts, tandis qu'une vague de frissons remonte le long de mon échine.

Mon cœur martèle comme un fou contre ma poitrine, cette vision me tord les entrailles.

Il pleure, lui aussi.

Ses lèvres se meuvent, effleurent les miennes, avant de prononcer à haute voix, et d'une intonation soutenue :

— Parce que je suis complètement dingue de toi, Joshua.

Ses mots heurtent mon âme. Elle vibre. L'amour. Un sentiment où on pense tout savoir à son sujet, alors qu'en réalité, on ignore tout sur ce qu'il en est réellement. Qu'est-ce donc l'amour ? Comment peut-on savoir que l'on est amoureux et le crier sur tous les toits ?

Je ne connais rien du véritable amour, celui qui nous fait perdre la tête, celui qui nous fait aimer un peu plus chaque jour la personne avec laquelle on vit, avec laquelle on a cédé une partie de nous pour qu'elle puisse s'y installer. Je ne sais rien à son sujet, car j'ai fait partie de ces personnes qui pensaient être amoureuse, alors qu'en fait, je n'étais qu'un idiot parmi tant d'autres, à s'être laissée aveugler par mes phobies, par mes craintes, au point de me voiler la face et de croire que mes émotions étaient le reflet de l'amour que j'éprouvais pour Ha-joon.

L'amour est donc, à mes yeux, qu'un vaste désert sans fin.

Mon visage baigne dans mes larmes. Mon regard reste figé dans le sien, dans lequel je tente d'y déchiffrer le vrai du faux. Toutefois, les seules réponses que je trouve à mes questionnements ne sont que la vérité.

Ses yeux ne mentent pas.

Son âme est sincère.

— Non... Tu ne peux pas... murmuré-je en secouant faiblement la tête. Tu ne peux pas m'aimer...

Les bouquets de fleurs, les chocolats, les pâtisseries et viennoiseries, ses câlins, et ses baisers sur mon front, sont l'accompagnement de son parfait amour. Je le sais, mais je ne peux me résoudre à y croire.

— Et pourquoi ? me demande-t-il, en souriant tristement. J'ai essayé de t'avouer mes sentiments par des subtilités, par de simples petits signes et actions, en pensant que ce serait suffisant pour que tu le comprennes. Mais ce n'est pas suffisant. Alors, laisse-moi te le dire encore une fois...

Son pouce glisse sur mes lèvres. Elles brillent, humidifiées par mes larmes.

— Je t'aime, et ce, depuis le début, Joshua.

Je t'aime.

Qu'en est-il pour moi ? Qu'éprouve-je pour lui ? Jaekyung représente tout pour moi. Il est devenu mon refuge, avant que la vie ne vienne se décider de me jouer des tours. Il est celui qui occupe mes pensées, mes rêves les plus fous. Celui pour qui je pourrais supplier d'avoir ses lèvres sur les miennes.

Pourtant, même si mon âme n'attend que la sienne pour ne faire qu'un, je n'arrive pas à me convaincre de pouvoir accepter ses sentiments. De pouvoir accepter mes sentiments envers lui. J'ai peur. Peur de me brûler les ailes et de ne plus jamais pouvoir voler.

Si vous pensiez qu'en me réveillant du coma ça allait être différent, c'était encore pire, que ce soit sur le plan physique et psychologique.

Physiquement, je n'ai plus rien d'attirant. J'ai perdu énormément de poids et de muscles, durant mon coma, rendant mes os visibles. Lorsque je me suis vu dans le reflet du miroir, lors de ma première douche, les joues creusées, les cernes marquées, les clavicules à deux doigts de sortir de ma peau, et mes côtes, dont on pouvait les compter à l'œil nu, je me suis effondré. Mes jambes ne me supportent plus, trop faible pour que je puisse me tenir debout de moi-même.

Par chance, ou par miracle, j'ai évité la tétraplégie, mais ma moelle épinière a tout de même été fragilisée lors de ma chute, entraînant une faiblesse de mes jambes. Je suis obligé de me déplacer en fauteuil roulant, le temps de retrouver l'usage de mes jambes. Ce n'est pas pour rien que l'on nous dit de faire attention, quand on saute dans l'eau, que ce soit d'une haute ou petite distance.

Une mauvaise chute peut vous coûter la vie.

Je ne suis plus qu'une putain de loque, qu'un tas de merde à mes yeux, et je veux à tout prix éviter ce calvaire à Jaekyung. Réapprendre à marcher, réapprendre à manger et à déglutir. Réapprendre à respirer, réapprendre à vivre, sans avoir besoin d'assistance au quotidien. C'est comme si j'avais fait un bond de dix-neuf ans en arrière, me retrouvant à l'âge de nourrisson, découvrant la vie pour la toute première fois, les premières expériences, les premiers pas, et cetera...

Je ne veux pas qu'il soit amoureux d'une épave.

— S'il te plaît, arrête, murmuré-je, en m'éloignant, à contrecœur, de son toucher. Toi et moi, ce n'est plus possible, non...

J'ai mal. Mon cœur a mal, mon sang cesse de circuler dans mes veines.

J'ai froid.

— Quoi... ? Non... S'il te plaît, dis-moi pourquoi...

L'effroi se lit sur son visage. Il tente de me toucher à nouveau, comme pour se rassurer. Cependant, je me suis une seconde fois écarté de lui, retirant les draps d'un geste vif, pour tenter de me mettre debout.

— Attends, Joshua ! s'exclame-t-il en se levant à son tour. Tu vas tomber, laisse-moi...

— Justement ! le coupé-je avec fermeté. Regarde bien ce qu'est devenue la personne que tu aimes.

Je prends appui sur le matelas et soulève mon corps avec le peu de forces qu'il me reste dans les bras, tremblant comme des quilles sur le point de céder. L'inévitable se produit. Je m'écroule aussitôt que mes pieds se posent sur sol glacé, aussi fragile qu'une personne âgée.

Jaekyung, affolé, tente de me relever.

— Je t'en supplie, arrête ! Tu vas te faire mal !

Il me tient d'un geste prudent par les hanches, une action à laquelle je suis venu mettre fin en retirant ses mains, m'effondrant une nouvelle fois, sous ses yeux impuissants.

— Mais regarde-moi ! hurlé-je, en sanglotant. Comment pourrais-je accepter tes sentiments, alors que j'ai abandonné ma mère sous les pluies de coups de mon père ? Comment pourrais-je les accepter, alors que j'ai abandonné mon meilleur ami, celui qui a toujours été là pour moi ? Comment pourrais-je me sentir légitime d'être aimé par toi, que tu me combles de ton amour, alors que tu m'as vu mort ?

Jaekyung n'ose plus bouger. Il se contente de rester à genoux devant moi, me suppliant de revenir vers lui.

Me suppliant de ne pas le rejeter.

— Je ne mérite rien, Jaekyung ! reprends-je sans lui laisser la possibilité de s'exprimer. Regarde ce que je suis devenu !

Pour accompagner mes mots, j'ai défait la blouse que je porte. La fameuse blouse blanche de l'hôpital, à motifs de couleur bleu, avec laquelle vous aviez le cul à l'air. Je l'ai jetée, sous son regard effaré, me voyant nu pour la première fois.

— C'est de ça dont tu es amoureux ? Mais regarde-moi ! Je ne suis qu'un tas d'os ! Je ne tiens même plus sur mes jambes, je ne peux même plus aller aux toilettes sans devoir être accompagné, et me faire torcher le cul, parce que je suis encore trop faible pour le faire moi-même ! C'est de ça dont tu es amoureux, Jaekyung ? C'est ça que tu veux comme vie avec moi ? À jouer aux infirmières, à perdre de ton temps pour t'occuper de moi ?

Chacune de mes paroles le heurtent de plein fouet, agissant tel des coups poignard dans son cœur. Depuis mon réveil, je me pose énormément de questions sur mon avenir. Si j'allais garder des séquelles physiques et devoir marcher avec une canne, parce que je n'aurais pas retrouvé à cent pour cent mes capacités motrices. Si j'allais pouvoir reprendre des études, car il m'arrivait par moment d'avoir des pertes de mémoires passagères. Si j'allais parvenir à trouver un travail avec les conditions physiques dans lesquelles je me trouverai d'ici quelques années.

Je suis plongé dans le flou total concernant mon futur, baignant dans un tas de questions et d'incertitudes. Et même si Jaekyung se montre optimiste, en me disant que cette épreuve ne serait plus qu'un lointain souvenir, je continue de croire désespérément que ma vie est fichue.

Je t'ai suivi dans ces eaux troubles pour te retrouver, sans savoir ce qui m'attendait de l'autre côté.

— Tu ferais mieux de m'oublier ! Je ne t'apporterais rien de bon, au contraire ! Je ne ferai que t'entraîner avec moi dans mon malheur ! Je ne suis pas une bonne personne ! Tu n'aurais jamais dû me sauver ! Jamais !

Je hurle ces mots qui m'épuisent, en pompant dans le peu de ressources que mon corps possède. Mon corps tremble. J'ai froid. Terriblement froid de m'être retrouvé nu à même le sol. Mais, une douce chaleur se diffuse subitement dans tout mon être, enveloppé par deux bras puissants me blottissant contre son corps.

Il pleure. Je perçois sa cage thoracique vibrer contre mon oreille, par le rythme de ses sanglots.

— Je suis désolé, Joshua, articule-t-il tant bien que mal, en resserrant son emprise autour de mon corps. Mais je ne t'écouterais pas. Pas cette fois-ci. Ne t'attends pas à ce que je t'abandonne, parce que je ne le ferai pas. Je ne regrette pas de t'avoir sauvé et je compte bien te prouver que la vie vaut le coup d'être vécue.

— Jaekyung...

— Non, c'est à mon tour de parler, me coupe-t-il, sans méchanceté, en venant couvrir mon corps dénudé à l'aide de la couverture. Je sais que ton état actuel ne favorise en aucun cas ton optimisme sur l'avenir, que tu crois que tout est fini pour toi. Mais c'est faux. Quoi que la vie te réserve, je serai là pour te relever. Gabriel sera là pour t'épauler. Connor sera là pour te réconforter. Brice et Jason seront là pour te changer les idées. Tu n'es pas seul, Joshua, tu nous as nous, à tes côtés. Et tu m'as moi, pour partager ta vie et la mienne. Ensemble, nous bâtirons notre empire.

Sans crier gare, il passe ses mains sous mes cuisses, me soulevant sans difficulté pour me poser sur le lit, avec douceur. Je ne comprends pas. Je n'arrive pas à comprendre. Ses traits n'éprouvent aucune haine à mon égard. Mes mots, qui l'ont pourtant heurter avec brutalité, ne se ressentent pas à travers ses gestes. Au contraire. Il m'aide à m'allonger, ajustant correctement la couverture sur mon corps, avant d'embrasser mon front et de m'accorder un regard empli d'amour et de tendresse.

S'en est assez. Mon cœur s'emballe, la pression redescend et les larmes montent.

Je craque.

— Je suis désolé... chuchoté-je d'une voix rauque, abîmée par mes sanglots.

— Joshua...

— Je suis tellement désolé. Je t'ai fait du mal et je continue encore de le faire, alors que tu m'as ouvertement avoué tes sentiments, dis-je attrapant sa main dans la mienne. Normalement, j'aurai dû sauter de joie de t'entendre me dire que tu m'aimes. Mais à la place de ça, j'ai...

Son autre main se pose sur mes lèvres, en guise de signe pour me demander de me taire.

— Tes mots m'ont fait mal, oui. Tes mots m'ont vraiment blessé, si c'est ce que tu veux entendre, commente-t-il en rapprochant son visage du mien. Par contre, ce que moi je ne veux pas entendre sortir de ta bouche, c'est que tu rendes invalides tes sentiments. Même si ça a pu me blesser, tu avais besoin d'extérioriser tes craintes, tes peurs.

Je ne peux contredire ses paroles, puisque sa main m'en empêche. Alors, pour lui faire comprendre que je souhaite lui répondre, je lui mordille faiblement la paume de la main.

— Je suis en train de rêver, n'est-ce pas ? murmuré-je dans ma barbe inexistante. Tout ceci n'est pas réel.

— Pourtant, je suis bien là, devant toi, Joshua.

— Tu ne peux pas être réel... répété-je, incrédule. Les gens comme toi n'existent pas... Ils n'existent que dans les films, ou dans les livres. Mais jamais dans la vraie vie...

— Joshua, je suis bien réel, et en chair et en os à ma connaissance, me répond-il en gloussant faiblement. Tu permets ?

Je ne sais pas pour quelles raisons il me pose cette question, mais par simple mécanisme — mais aussi par curiosité —, je lui donne mon approbation d'un hochement de tête approbateur. Il vient prendre ma main avec douceur, qu'il pose sur sa poitrine, au niveau de son cœur. Il me faut quelques secondes avant de percevoir les battements de son rythme cardiaque dans le creux de ma main.

Ce pouls me prouvant son existence.

— Tu vois, tu le sens contre ta paume ? me susurre-t-il dans le creux de mon oreille. Tu sens mon cœur qui bat ?

— Oui... Il bat tellement fort... commenté-je, en sentant mes yeux me brûler. Mais, j'ai peur que ce ne soit qu'une hallucination de mon cerveau.

— Alors, admettons que ce soit le cas, déclare-t-il, en positionnant son visage face au mien, ne laissant qu'un infime espace entre nous deux. Qu'est-ce que tu aimerais pouvoir faire ou dire ?

Je louche à moitié dans ses yeux, jonglant entre ses lèvres et ses prunelles crépusculaires.

— Je...

Ma main se referme autour de sa chemise. Même si nos visages sont proches l'un de l'autre, je peux très clairement entrevoir un sourire se dessiner sur ses commissures, en même temps que son regard s'est adouci.

— Demande-moi tout ce que tu veux, Joshua.

Si ce n'est que le fruit d'une hallucination, pourquoi devrais-je me priver du contact de ses lèvres ?

— J'aimerai que tu m'embrasses, lui chuchoté-je, en sentant mes joues rougir.

Je ferme les yeux. Son souffle s'écrase contre mon épiderme. Je frissonne.

— Et si maintenant, je te disais encore une fois que tout ceci est bien réel. Que notre proximité est plus vraie que nature, que seulement quelques petits millimètres séparent nos lèvres les unes des autres ; est-ce que tu souhaiterais toujours que je t'embrasse ?

— Oui, réponds-je sans la moindre hésitation. Embrasse-moi.

Sans plus attendre, ses lèvres fondent sur les miennes, nous unissant dans un baiser suspendu dans le temps. Nos langues se caressent, timidement, puis plus langoureusement, savourant l'échange de nos fluides avec lenteur, comme si on prenait le temps de mémoriser et de graver à jamais cet instant dans nos esprits.

Pour que l'on puisse se rappeler, à chaque moment, la douceur de ce premier baiser si épuré.

Je frémis de plaisir, à chaque fois que son muscle rosé taquine ma langue, pour l'emmener danser dans un ballet amoureux, avant d'y mettre un terme au moment où mes yeux s'ouvrent, pour rencontrer son regard.

Il est bien là, devant moi. Tout ceci n'est pas un rêve, ni une putain d'hallucitation.

— Tu vois. Je suis bien...

— Encore, le coupé-je, fiévreux de ses baisers. Embrasse-moi encore une fois.

Un nouveau sourire se dessine sur son visage, mais cette fois-ci, il ne m'embrasse pas directement, s'amusant à me faire languir. Ses lèvres effleurent les miennes, tout en frottant son nez contre le mien. Désespéré de cette torture physique, de cette attente qui me semble interminable, je gémis de contrariérté, le faisant glousser de satisfaction.

— Jaekyung, s'il te plaît, le supplié-je.

— Tout ce que tu voudras, mon ange, abdique-t-il, en mettant un terme à cette attente languissante.

Il nous unie dans un nouveau baiser, se montrant plus désireux, plus passionné, accompagné de nos mains glissant le long de nos corps. Mes cellules grises cessent de fonctionner, savourant pleinement ce plaisir qui m'est accordé, me permettant d'arrêter de penser et d'oublier, le temps de quelques minutes, l'avenir incertain qui m'attend derrière les portes de cet hôpital.

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