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𝟏𝟎. 𝐄𝐟𝐟𝐞𝐭 𝐛𝐨𝐮𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐧𝐞𝐢𝐠𝐞


Après quatre matchs perdus, et une victoire que nous avons réussi à décrocher, Gabriel a eu la merveilleuse idée de nous emmener dîner dans un petit fast-food qui ne paie pas de mine, mais qui est divinement bon. Du moins, dans mes souvenirs. Les burgers sont faits maisons, ainsi que les frites, qui malgré qu'elles soient grasses, fondent instantanément contre le palais au contact de la salive.

Sans vous mentir, j'appréhende un peu le moment où la nourriture rencontrera mon estomac, puisque depuis quelques semaines, je saute régulièrement des repas. Plus que d'habitude. Alors la moindre graisse dans mon assiette me donne des sueurs froides, craignant de ne pas pouvoir la supporter et d'être malade en public. Mon anxiété sociale en fait encore des siennes, me faisant imaginer divers scénarios à la fin toute tragique. Pas une seule fois mes pensées ne me laissent en paix. Il y a toujours cette petite voix au fond de moi, pour me rappeler que je ne suis pas en sécurité. Qu'un potentiel danger peut survenir d'un moment à l'autre, et gâcher ce petit moment de plaisir.

— Putain Gabriel, tu as vraiment eu une idée incroyable ! Je commençais à crever de faim ! s'exclame Brice, l'un des garçons faisant partie de notre équipe.

— Grave ! J'ai cru que j'allais rendre l'âme durant le dernier match, surenchère un autre garçon, du nom de Jason.

— Ouais, ouais ! Vous me remercierez quand vous aurez payé ! glousse Gabriel, avec fierté.

Nous nous sommes dirigés vers une assez grande table pour que l'on puisse tous s'installer ensemble au même endroit. Le seul problème, s'il n'y a que celui, c'est que je ne sais pas où me mettre. Je les observe donc prendre place les uns après les autres. Gabriel s'installe aux côtés de Connor, ou plutôt carrément sur lui, suivi de Brice qui prend place sur la chaise à côté d'eux. Même si je me suis plutôt bien entendu avec les autres garçons du groupe durant le match de basket, je n'en reste pas moins mal à l'aise de me retrouver avec des personnes que je ne connais pas spécialement.

Notamment, lors du moment où on a dû prendre notre douche après le match. Il m'a été impossible d'aller dans les mêmes douches qu'eux. Je ne voulais pas qu'ils me regardent. Je ne voulais pas que leurs regards se posent sur moi et me jugent. D'autant plus que je haïs mon corps du plus profond de mon âme. Ils n'ont pas posé de questions quand j'ai demandé à Gabriel de venir avec moi dans les douches des filles. Je tiens à préciser qu'il n'y avait que nous dans le gymnase à ce moment-là.

Mais si au fond de moi, la petite voix dans ma tête m'a convaincu d'avoir été le sujet de leur discussion pendant qu'ils se lavaient.

— Tu peux t'asseoir à côté de moi, si tu veux, me dit une voix, se trouvant derrière moi, et que je reconnais immédiatement.

Je sens sa présence à quelques centimètres de mon corps, faisant faiblement trembler le mien, pour une raison qu'il m'est impossible à déterminer.

Et pourtant, elle était si simple à comprendre.

— T'inquiète pas, je ne vais pas te manger, ajoute-t-il, suivi un petit gloussement. Viens t'asseoir là.

Il pointe du doigt les deux places de libre, sans pour autant me toucher, ni me pousser pour que j'aille m'y installer. Il y avait Peter, un autre garçon qui a fait partie de l'équipe de Connor et de Jaekyung. Il se trouve assis à la place à côté de moi, et m'adresse un doux sourire lorsque je viens prendre place, sentant une boule d'anxiété se former dans le creux de mon estomac.

Je suis coincé au milieu de la table. Et ça me stresse au plus haut point. C'est le même calvaire que dans les transports en commun. Si je n'ai pas une place proche de l'allée centrale, me retrouvant bloqué contre la vitre ou entre deux personnes, je mets systématiquement à stresser et à ne pas me sentir bien. Car dans ma tête, si l'envie me prend de vomir, ou si jamais un quelconque incident se produit, je suis définitivement coincé.

Ridicule, diriez-vous ?

Pour une raison quelconque, il le comprend immédiatement.

— On peut échanger nos places si tu veux, murmure Jaekyung, après s'être penché vers moi. Ça ne me dérange pas du tout.

— Je... je veux bien oui, si ça ne te gêne pas...

Il m'accorde un sourire, en se levant de sa chaise.

— Pas du tout, ne t'inquiète pas pour ça, ajoute-t-il, en me laissant prendre sa place, tandis qu'il s'installe à la mienne.

Je panique à l'idée que ce changement soudain n'attire l'attention des autres garçons, mais ce n'est absolument pas le cas, mis-à-part Peter, qui semble un peu confus, alors que les autres ont déjà le nez dans les cartes du menu. Il n'y a pas grand chose qui m'interpelle dans ce qui nous est proposé. Beaucoup de burgers et de frites, comme je vous l'ai dit précédemment, mais aussi quelques salades, accompagnées de garnitures, comme du poulet fris, par exemple.

— Je te vois hésiter, devine Jaekyung. Tu n'es pas obligé de tout manger, si tu n'as pas spécialement faim. Je te rassure qu'avec ces gars-là, il ne restera plus rien de ton plat à la fin.

— Eh Jeon ! T'insinue quoi en disant ça ?

— Que vous êtes des putains de poubelles de table ! Mais c'est un avantage aussi, voyez le bon côté des choses.

— Excuse-nous, monsieur qui est à la « diète », ricane Brice, qui accentue la signification du dernier mot en imitant des guillemets.

À ce détail, je détourne mon regard vers Jaekyung, d'un air intrigué.

— Tu es à la diète ? Mais tu n'as pas besoin de faire de régime... fais-je remarquer, dans un plissement des sourcils.

Jaekyung esquisse sourire.

— Je ne fais pas un régime pour perdre du poids, du moins, pas dans le même sens que les autres. On peut dire que je suis en période sèche, pour perdre du poids certes, mais également pour dessiner les muscles, me répond-il, avec une telle simplicité et logique, que je ne comprends absolument rien à ce qu'il vient de me dire.

Mais au vu de la tête que je dois faire, Jaekyung ne peut s'empêcher de rire une nouvelle fois, en glissant une main dans ses cheveux d'un noir de jais intense, qu'il bascule en arrière.

— Tu es mignon, même quand tu fais cette tête, me dit-il, l'air de rien, alors que ces mots provoquent en moi une ébullition titanesque, pouvant ressembler à un volcan prêt à entrer en éruption.

— Jeon ! Tu as fini de draguer tout ce qui bouge ? beugle Jason, ayant entendu notre conversation.

— N'importe quoi ! Je ne drague pas tout ce qui bouge, pour ta gouverne ! rétorque l'accusé sur le ton de l'amusement.

Cependant, cette situation qui vous paraît certainement anodine et enfantine, me met mal à l'aise, plus qu'autre chose.

— Mais bien sûr ! En plus, tu t'attaques à un pauvre agneau égaré. Il a l'air paniqué, tu lui fais peur ! ajoute Jason, tout en se mettant à rire un peu plus fortement, ce qui attire l'attention des autres garçons.

— Tu as fini de l'ouvrir pour dire de la merde ? gromelle Jaekyung, sur un ton un peu plus sec, mais toujours avec de l'amusement dans le fond de sa voix.

Un agneau égaré ? Alors c'est à ça que je ressemble à ça aux yeux des autres ? Un pauvre mec complètement perdu ?

Personne ne voudra de toi. Personne ne t'aimera, Joshua.

Sa voix résonne dans ma tête, accentuant ma nervosité et mon anxiété. Ayant l'habitude d'en faire, puisqu'elles dictent mon quotidien, je sens qu'une crise d'angoisse est en train de se former dans mon estomac, suivant le même processus. Mon souffle commence à se faire de plus en plus difficile, mon rythme cardiaque s'affole dans ma poitrine. Mes oreilles bourdonnent, comme si un essaim d'abeilles est en train de voler à proximité d'elles. Ma vue se brouille, se teintant d'une aura jaunâtre, aux milles étoiles scintillantes.

Je dois partir d'ici au plus vite ! Je ne me sentais pas bien, pensé-je en peinant à déglutir ma salive.

— Hé Joshua ne l'écoute...

— Désolé, je dois aller aux toilettes, parviens-je à prononcer, en coupant Jaekyung dans sa lancée.

Je me lève brusquement de ma chaise, manquant de la faire tomber en arrière, avant de me précipiter vers les toilettes, qui par chance, se trouvent juste à côté de notre table. J'y cours sans me soucier du regard des autres, pour aller m'enfermer à clé dans l'une des cabines.

Tenant à peine sur mes jambes, je m'écroule devant la cuvette, vomissant le petit encas que j'avais grignoté juste avant le premier match. Mes mains serrent fermement les bordures de la cuvette, tandis que j'inspire bruyamment une première bouffée d'air, avant de rendre une nouvelle fois ce que mon estomac possédait. Puis, après quelques minutes de somnolence, je parviens à tirer la chasse d'eau après m'être essuyé la bouche. Je me lève difficilement pour m'asseoir sur le couvercle de la cuvette et reprendre mes esprits pour empêcher cette crise d'angoisse de refaire surface.

Il est revenu dans mon esprit. Et comme s'il ne m'avait pas assez brisé par le passé, il continue de le faire en surgissant dans ma tête tel un parasite. Personne n'allait m'aimer, pas de la manière dont moi j'espère. Je ne suis vu que comme un morceau de viande et il avait raison. Je n'intéresse personne.

Personne...

Soudain, j'entends la porte des toilettes grincer, suivi de la résonance des pas dans la pièce.

— Joshua ? Tout va bien ?

Silence.

— Joshua, est-ce que tout va bien ? répète Jaekyung, d'une voix inquiète. Tu ne te sens pas bien ? Tu as besoin de quelque chose ? La pharmacie est juste en face. Je peux te prendre quelque chose.

Je suis paralysé. Pas de peur, non. De surprise. Je suis bouche-bée, étonné de voir quelqu'un d'autre que Gabriel venir s'assurer que j'aille bien.

Comme s'il s'inquiétait réellement pour moi.

— Est-ce que c'est à cause de ce qu'a dit Jason ? me demande-t-il. Si c'est le cas, alors, je suis vraiment désolé si ce qu'il a dit t'a affecté. Ce n'était pas dans l'intention de te blesser.

J'écoute silencieusement ces paroles, tout en essayant de calmer ma respiration pour apaiser mon palpitant, toujours autant saccadé contre ma cage thoracique.

— Je voulais juste m'assurer que tout va bien pour toi, Joshua. Mais vu que l'on ne se connaît pas, je peux comprendre que tu ne veuilles pas me parler, ni te confier à moi, ajoute-t-il, d'une intention un peu plus basse. Prends ton temps pour revenir, on n'a pas encore commandé.

J'entends ses chaussures couiner sur le sol mouillé, m'indiquant qu'il a pivoté sur ses talons, dans l'optique de quitter la pièce. Est-il venu me voir de lui-même ? Je n'en sais rien. Je n'arrive toujours pas à encaisser le fait qu'une autre personne puisse montrer un quelconque intérêt pour moi, d'autant plus que Jaekyung et moi, sommes de parfaits inconnus l'un pour l'autre.

Alors, pourquoi ?

— Attends... murmuré-je, lorsque la porte des toilettes s'ouvre. Je suis désolé... ajouté-je, en me redressant, pour déverrouiller la cabine dans laquelle je me suis enfermé. Je ne voulais pas m'enfuir comme ça...

Je réussi à sortir, après avoir essuyé mes larmes pour effacer les preuves de mes pleurs durant ma crise d'angoisse. De toute évidence, c'est peine perdue, étant donné que le blanc de mes yeux est devenu rouge par l'irritation.

Jaekyung s'est arrêté dans son action puis, retourné, me faisant face avec de l'inquiétude discernable sur les doux traits de son visage.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? questionne-t-il, en s'avançant de quelques pas vers moi. Pourquoi as-tu pleuré ?

Si vous saviez comment j'ai honte de m'être mis dans un pareil état. Tout ça à cause de ma putain d'anxiété sociale.

— Corrige-moi si je me trompe, mais j'ai remarqué que tu es un peu du genre à être nerveux, angoissé, souligne-t-il, en voyant mon inaptitude à répondre à ses questions. Tu n'es pas habitué à traîner avec d'autres personnes que Gabriel ? Quelqu'un t'a fait du mal ?

Je hoche la tête à ses questions, en guise de réponse.

— Je vois, dit-il, en souriant tristement. Tout ce que je peux te dire, c'est que tu n'as rien à craindre avec nous. Je sais que Brice et Jason font parfois des remarques assez lourdes, mais ils ne sont pas méchants.

C'est peut-être effectivement le cas, mais quelque chose au fond de moi m'empêche de m'en convaincre.

Mon cœur et ma tête n'étant pas en parfaite harmonie sur le sujet.

— Pourquoi ? lui demandé-je soudainement, sans pour autant le regarder dans les yeux.

— Pourquoi quoi ? répète-t-il, sur une intonation dubitative.

Ma crise d'angoisse n'a pas disparu. Elle est toujours bien présente et m'empêche de m'exprimer comme je le souhaite. Je me retrouve encore une fois dans l'incapacité de pouvoir affirmer mes sentiments, mon ressenti, de façon claire et précise.

Et pourtant, je désirais tant y arriver. Je ne voulais plus donner cette impression de faiblesse.

— Pourquoi est-ce que tu t'inquiètes pour moi ? réussis-je à lui demander, en rencontrant brièvement son regard. On ne se connaît même pas...

Un léger silence s'installe entre nous. Il n'est pas oppressant, mais suffisant pour me faire regretter quelques instants plus tard de lui avoir posé cette question.

— Mais Joshua, on n'a pas besoin de connaître une personne pour s'inquiéter pour elle, me répond-il, dans la confusion, tout en restant doux envers moi. Je veux dire, il faut sacrément être un connard fini pour ne pas voir que tu étais en détresse, il y a cinq minutes.

Je l'observe se déplacer à nouveau, réduisant le peu de distance qui nous sépare, ce qui me fait légèrement sursauter lorsque je réalise qu'il se trouve juste devant moi.

— Est-ce que ça va aller ? Ou tu veux que j'aille chercher Gabriel ?

Il est tellement gentil, tellement compréhensif, que j'en suis déstabilisé.

J'exagère peut-être dans mes mots, mais c'est clairement mon ressenti vis-à-vis de lui. Comme s'il me comprenait au fond de lui.

— Non, ça va aller, dis-je, en secouant faiblement la tête. Je vais juste me passer un coup d'eau sur le visage et je vous rejoins...

— O.K, ça marche. Prends tout le temps dont tu as besoin. On t'attendra, rétorque-t-il, en m'adressant un sourire attendrissant, avant de quitter la pièce pour me laisser seul.

Face à mon reflet devant le miroir, je me rapproche du lavabo, ouvrant le robinet pour me pencher au-dessus de ce dernier et éclabousse mon visage d'eau froide. C'est ce que je fais en cas de crise d'angoisse. L'eau froide, presque glaciale, a pour effet de faire disparaître plus rapidement mes angoisses, lorsqu'elles commencent seulement à s'installer. Mes mains viennent se cramponner sur le rebord de l'évier et fixant la pitoyable vision que j'ai de moi dans la glace.

— Tu peux le faire... Tu peux le faire.

J'inspire et expire lentement, en me répétant en boucle dans ma tête que tout allait bien se passer.

— Oui, tout va bien se passer, affirmé-je à mon attention, dans ma barbe inexistante. Tu vas y arriver...


❃ ❃ ❃ ❃


Au final, je ne me suis pas enfui, contrairement à ce que vous auriez pu penser de moi. Je suis bien là, à nouveau assis à ma place, aux côtés de Jaekyung, malgré ma boule d'anxiété dans le creux de mon estomac qui ne veut plus me quitter. Aucun des garçons du groupe ne m'a posé de questions sur la raison pour laquelle j'étais parti en courant me réfugier dans les toilettes.

Bien au contraire.

Ils m'ont tous adressé un large sourire réconfortant, me demandant simplement si je me sentais mieux, et si je désirais aller manger ailleurs, car peut-être que la nourriture du fast-food ne me plaisait pas et que je n'osais pas le leur dire. Chose que j'ai bien évidemment réfuté par la suite, en leur répondant que j'aime les burgers mais que je me suis simplement senti un peu trop anxieux sur le coup, de me retrouver avec plusieurs personnes que je ne connais pas, mis-à-part Gabriel et Connor, que je commence à mieux connaître, au fur et à mesure qu'il passe du temps avec nous.

Peter a l'air de mieux comprendre pourquoi j'avais accepté de changer de place avec Jaekyung lorsque nous nous sommes installés. Son regard a changé sur ma personne et il me semble plus enchanteur.

— Bon les gars, ce n'est pas tout, mais je commence vraiment à avoir la dalle, donc on pourrait commander, s'il vous plaît ? s'impatiente Jason.

Le pauvre, il est à deux doigts de dévorer la carte du menu.

— Parce que sinon, je vais m'attaquer à notre petit agneau, poursuit-il, en m'adressant un clin d'œil, qui me file la chair de poule.

Jaekyung m'avait prévenu. Jason est vraiment le beauf de service.

— Eh ! s'exclame subitement Gabriel, en lui balançant au visage sa serviette en papier, qu'il a transformée en une sorte de boule. N'essaie même pas de le toucher, si tu ne veux pas que je te castre sur le champ !

— Et après, tu oses dire que c'est moi qui drague tout ce qui bouge, glousse Jaekyung, en arquant un sourcil d'un air interrogateur. Fous-lui la paix, tu le rends malade.

A sa réponse, le concerné hausse les sourcils d'un air faussement étonné et blessé.

— Moi ? fait-il avec stupéfaction, surjouant son personnage. Moi, je le rends malade ? Impossible, je suis complètement irrésistible.

— Tu es pire qu'un cadeau empoisonné, répondit Brice.

— Même les parasites sont moins virulents que toi, réplique Jae-Wook, un autre garçon du groupe, pour en rajouter une couche, tout en gardant le ton de l'humour.

Tous se sont mis à le taquiner. Sauf moi, qui assiste à cette pluie de moqueries, me sentant de plus en plus mal à l'aise pour Jason. Cependant, ce dernier fait mine d'être touché par leurs fausses remarques, ce qui n'est absolument pas le cas, et cela se voit nettement sur les traits de son visage qu'il n'est pas affecté par leurs mots, sachant pertinemment que ce ne sont que des blagues.

— Hé bien, vous savez quoi ? dit-il, en pliant consciencieusement sa serviette en quatre. Allez bien tous vous faire foutre. Le seul ici qui ne m'a pas attaqué, c'est Joshua. Lui au moins est adorable. Pas comme vous tous, bande de sale traître !

— Normal, il ne te connaît pas encore assez bien, souffle Brice dans un gloussement. Le pauvre, il n'est pas au bout de ses peines avec toi.

— Il est surtout trop gentil, commente Gabriel, en me regardant dans les yeux. Jamais il ne dira de choses déplacées envers qui que ce soit, même si c'est pour rire. Il aura trop peur de blesser quelqu'un. C'est ce que j'aime aussi chez lui, ça fait partie de sa personnalité.

Je me mets à rougir inconsciemment face aux paroles de mon meilleur ami, répandant une douce chaleur dans ma poitrine.

Gabriel m'aime réellement tel que je suis. Et je ne peux le remercier plus que ça, de m'avoir accepté dans sa vie.

— Même les insultes ? s'étonne Jason, qui est vite passé à autre chose. Genre, même ta gueule, il ne peut pas le dire ? demande-t-il, en fixant Gabriel, comme s'il n'y croit pas, avant de me regarder avec de gros yeux. Dis ta gueule pour voir.

— Ta gueule, Jason, le reprend Jaekyung, sur une intonation plutôt grave, avec un léger brin d'amusement dans le fond de sa voix. Tu es chiant, laisse-le tranquille.

— Désolé, s'excuse-t-il, en ayant soudainement changé d'attitude. Je sais que je peux être un peu lourd parfois, alors excuse-moi, Joshua. Mais vraiment, hésite pas à me le dire, si tu me trouves un peu trop encombrant.

Jason est vraiment gentil. Malgré le fait qu'il porte l'étiquette du lourdingue sur son front. Mais n'a-t-il pas tort de se comporter ainsi ? Car dans la finalité, nous avons tous des blessures que nous essayons de camoufler du mieux que nous le pouvons, qu'elles soient profondes ou non. Nous sommes, ou nous avons tous déjà été, affectés par des moments difficiles dans notre vie. Faisant de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Des personnes sensibles. Des personnes plus ou moins fragiles, ou tout le contraire. Et d'autres, à la carapace impossible à franchir tant elles ont terriblement souffert.

— Non, tout va bien, réponds-je, en lui adressant un faible sourire. Tu es loin de l'être.

Contrairement à lui.

— Allez, changeons de sujet ! intervient Brice, qui récupère la carte des menus, nous montrant très nettement qu'il crève la dalle. La serveuse arrive vers nous, alors, vous avez intérêt à avoir choisi, sinon je vous démonte tous un par un !

Je réalise, à cet instant, que je n'ai pas encore pu choisir ce que je veux manger, ayant vaguement jeté un coup d'œil aux plats qui nous ont proposés. Toutefois, j'ai pu constater, en regardant les plats défiler dans les mains des serveurs, que les assiettes sont plutôt généreuses, ce qui me coupe légèrement l'appétit, car je sais pertinemment que je ne parviendrais pas à tout manger. Et faire du gaspillage n'est pas ma tasse de thé.

— On peut se prendre un plat pour nous deux, si tu veux, me suggère Jaekyung, en voyant mon hésitation. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, je suis en période sèche, donc je ne peux pas manger trop gras non plus.

— Ça ne te dérange pas ? lui demandé-je, avant de réaliser que ma question était vraiment idiote.

Jaekyung ne le fait pas remarquer, se contentant de me répondre par un large sourire, qui me laisse parfaitement entrevoir l'amusement qui se trouve dans le fond de ses pensées.

— Tu veux quel burger ? Le triple cheese ? Le végétarien ? propose-t-il, parmi la liste des burgers qui prend bien les deux pages du menu.

— Le triple cheese avec le bacon me plaît bien... Mais je ne sais pas si tu aimes le...

— C'est parfait, acquiesce-t-il dans un mouvement de tête, me coupant dans mon élan. Frites, coca ?

— Mh-mh, fredonné-je, en guise de confirmation.

La serveuse prend toutes nos commandes, récupère les cartes de menu au passage avant de retourner en cuisine. Et en attendant que nos plats soient préparés, une nouvelle discussion vient de commencer, et elle a pour thème : la soirée du mardi soir chez Lucas.

Qui est Lucas ? Pour votre gouverne, je ne sais pas de qui il s'agit exactement, mais Gabriel m'a tout l'air de le connaître, au vu de l'enthousiasme bouillonnant dans le fond de sa voix, impatient d'être à demain soir.

— Et toi, Joshua ? questionne Brice à mon intention. Est-ce que tu viens demain soir ? Ce serait vraiment cool que tu sois là pour t'amuser avec nous !

Je sens tous les regards se braquer sur moi, dans l'attente de ma réponse, notamment celui de Gabriel, qui est toujours aussi compatissant envers moi.

— Je n'aime pas vraiment la foule... avoué-je, avec toute franchise. Et encore moins quand je ne connais pas les personnes qui seront présentes à cette fête...

— Mais nous on sera là ! réplique Jason, avec un grand sourire aux lèvres. Tu ne seras pas tout seul !

— On peut y aller, Joshua, commente Gabriel à son tour, d'une voix douce. Et si vraiment tu ne te sens pas bien, je te ramène chez moi, d'accord ?

Gabriel a toujours tenu parole. À chaque fois que je ne me sentais pas bien dans un endroit, il me ramenait systématiquement chez moi ou chez lui, où je me retrouvais à y passer la nuit, avant de rentrer à la maison le lendemain matin.

Tant qu'il y a Gabriel, je n'ai rien à craindre. Tant qu'il est là, je n'ai pas de quoi m'inquiéter.

— D'accord, accepté-je, en humidifiant mes lèvres d'un geste nerveux. Je vais venir, c'est d'accord.

Puis, pourquoi est-ce que je m'inquiète, au final ?

Ils sont tous gentils avec moi.


❃ ❃ ❃ ❃


— Je suis blindé, je ne peux plus rien avaler, se plaint Brice, affalé sur sa chaise après avoir déboutonné le premier bouton de son pantalon. Je vais littéralement exploser.

— Tu as vu tout ce que tu as mangé aussi ? fait remarquer Connor, ce qui me surprend sur le coup, car on ne l'a pas entendu parler durant tout le dîner. Tu t'es enfilé trois burgers à toi tout seul !

— Il faut bien entretenir la bête que je suis ! répond-il, en tapotant fièrement sur son ventre digne d'une femme enceinte.

Je dois quand même vous avouer, que je suis moi-même étonné de voir tout ce qu'il a pu engloutir en l'espace d'une demi-heure, contrairement à ma pauvre petite personne, qui n'a même pas été capable de terminer la moitié du burger que j'ai partagé avec Jaekyung.

— Tu es un ogre, Brice!

— Et Joshua est un petit oiseau, commente le concerné en me regardant, d'un air amusé. Il n'a presque rien mangé.

Oiseau, agneau. Décidément, bientôt je vais avoir tous les noms de la basse-cour en surnom.

— C'est vrai ça... réagit Jason, en remarquant qu'il reste pas mal de frites et une bonne partie de mon burger dans mon assiette. Tu ne te sens pas bien ?

— Hein ? fais-je, en détournant mon regard vers lui. Oh, non, tout va bien... je ne suis pas un grand mangeur....

Ce qui est évidemment un mensonge.

Et ça, Gabriel le savait très bien.

Son regard ne trompe pas et me semble quelque peu attristé de me voir me priver de nourriture. Mais c'est plus fort que moi, mon anxiété omniprésente m'empêche de manger convenablement. Mais ce que j'ai encore plus de mal à avouer, c'est l'image que je porte sur ma personne.

Je me trouve immonde.

Pas assez mince, pas assez musclé. Pas assez bien pour plaire à qui que ce soit. Toutes ces convictions sur ma personne m'ont plongé dans un nouveau déni, résultat de l'un de mes multiples traumatismes, m'ayant conduit à une distorsion de l'image de soi, causant ces foutus troubles de l'alimentation. Cependant, au moment où je vous en parle, je n'ai aucunement conscience que je suis atteint de ce trouble, même si les symptômes sont facilement discernables.

À mes yeux, ils sont inexistants.

Toutefois, le subconscient lui, n'oublie pas.

Les mots blessent.

Les mots marquent.

Les mots tuent.

J'étais en train de dépérir, d'être consumé à petit feu, telle une allumette, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de moi. Jusqu'à ce que je ne devienne qu'un tas de poussière.

— Il n'a tout simplement pas très faim, intervient Jaekyung, en m'adressant un doux regard réconfortant.

— Tu ne veux pas manger un dessert ? questionne mon meilleur ami, avec un brin d'inquiétude. Ça passe toujours bien les desserts et on peut se le partager !

Comment lui dire non ? Si vous avez la solution dîtes-le moi, parce que moi, je ne l'ai pas ! Bien sûr, je sais pertinemment qu'il fait ça pour mon bien, qu'il veut m'aider à aller mieux, car il sait mieux que quiconque ce que j'ai pu traverser quand nous étions au lycée. Le harcèlement sur mon physique, de cette étiquette de bon élève que je devais porter au quotidien pour satisfaire l'égo de mes parents, et qui m'avait valu un acharnement sans nom de mes autres camarades.

Depuis, je ne supporte plus mon corps.

Cette épave.

Mon fardeau.

— On va se prendre une glace au chocolat et tu pourras venir piocher dedans, reprend Gabriel, en appelant la serveuse.

— Après ça, Brice et moi on rentrera, déclare Jason, montrant quelques signes de fatigue. Cette journée a été si épuisante !

— On aura l'occasion de se refaire des matchs de basket, ajoute Jae-wook d'un air enjôleur. C'était cool de jouer avec vous, et de rencontrer Joshua !

En entendant mon prénom sortir de sa bouche, mon regard se détourne vers sa personne d'un air étonné.

— Grave ! Même s'il a des airs de mec mystérieux, il est super cool ! surenchère Brice, en m'accordant une œillade sympathique. Vivement demain soir, qu'on se retrouve tous à la fête de Lucas, ça va être fun !

Je ne saurais vous expliquer ce que j'ai pu ressentir à ce moment-là. C'était assez étrange de recevoir autant de bonnes ondes venant de garçons qui étaient encore de parfait inconnus à mes yeux. D'autant plus que j'ai toujours pensé que j'étais inintéressant, que personne n'allait se soucier de moi.

Ça me faisait du bien au moral de me sentir apprécié des autres. Mais mon cœur, lui, ne ressentait pas le même sentiment. Il était encore dominé par le doute et l'incertitude.


❃ ❃ ❃ ❃


— C'était vraiment une bonne aprem et une très bonne soirée en votre compagnie ! Merci les gars ! s'exclame Jason, en nous saluant de sa main, tout en rejoignant Brice, son colocataire, qui l'attend près de sa voiture. À demain soir sans faute !

— Salut les mecs ! répond Gabriel avec un large sourire aux lèvres, avant de se tourner vers moi. On va y aller aussi, mon cœur. Je te ramène chez toi, me dit-il, en venant enrouler l'un de ses bras autour du mien. Tu t'es amusé ? Tu as vu, ils ne sont pas méchants ! C'est dommage qu'ils ne fassent pas partie de notre université...

Effectivement, c'est bien dommage. Ce groupe d'amis de Connor et de Jaekyung fait partie d'une autre université, beaucoup moins réputée que celle dans laquelle nous sommes, Gabriel et moi.

— Oui, c'était vraiment bien, admis-je, en esquissant un sourire sincère. J'ai bien aimé passer du temps avec eux.

Ses yeux pétillent de mille feux à ma réponse.

— Je suis fier de toi mon Jojo, vraiment ! me complimente-t-il, en déposant un doux baiser sur ma joue. Tout doucement, on va y arriver ! Tu vas y arriver !

— J'ose l'espérer... murmuré-je d'un air peu convaincant. J'ai comme le sentiment que quand je fais un pas avant, je finis par en faire deux en arrière...

— Josh... ce n'est pas du jour au lendemain que tu vas guérir tes blessures. Il te faut du temps et de la patience, dit-il, en se positionnant devant moi, me forçant à le regarder dans les yeux. Tu es incroyable, et tu ne t'en rends pas compte.

Parce que c'est faux. Du moins, c'est ce que me rabâche constamment la petite voix dans ma tête.

— Bébé, Joshua, vous êtes prêts ? nous interpelle Connor, qui discutait un peu plus loin avec son meilleur ami, à côté de sa voiture. Il commence à se faire tard.

— On arrive ! s'écrie Gabriel, avant de reporter son attention sur ma personne. Crois-moi Josh, que tous tes cauchemars ne seront plus qu'un lointain souvenir. Alors, en attendant de panser tes plaies, garde la tête hors de l'eau, parce que je te promets que je ne te laisserai jamais te noyer.

Inévitablement, mes yeux se gorgent de larmes à ses douces paroles, laissant s'échapper quelques perles d'eau le long de mes joues, qu'il vient aussitôt essuyer avec la pulpe de ses pouces.

— S'il te plaît... ne m'abandonne jamais...

— Aurais-tu déjà oublié la promesse qu'on s'est faite, mon cœur ? me demande-t-il d'une, en ajustant son bracelet à côté du mien. Josh et Gabi pour la vie. Je ne t'abandonnerai pas. Jamais.

Il me prend dans ses bras, dans une tendre mais ferme étreinte, dans laquelle je me laisse tomber.

— Tout va bien ? s'enquiert Connor, venu nous rejoindre, accompagné de Jaekyung.

— Très bien, oui. Joshua se sent juste un peu fatigué, rétorque Gabriel pour effacer toute trace d'inquiétude chez les garçons.

— Alors, mettons-nous en route. On commence tôt les cours, demain matin.

Sans plus attendre, nous nous dirigeons vers la voiture de Connor. Je marche quelque peu en retrait de leur couple, les observant se tenir la main et s'embrasser par moment, me donnant presque l'envie de croire à nouveau en l'amour.

Mais à chaque fois que je pense à ce sentiment, il refait surface dans mon esprit et...

— Joshua, je peux te demander quelque chose ?

La voix de Jaekyung surgit derrière moi, bafouant les pensées dans lesquelles j'étais sur le point de plonger. Je m'arrête pour pouvoir me tourner face à lui, le regardant avec un faible sentiment d'intimidation.

Je me demande sur le coup ce qu'il peut bien vouloir me demander, jusqu'à ce qu'une petite idée ne vient subitement traversé mon esprit.

— Oh oui, c'est vrai ! dis-je, en sortant de la poche de mon pantalon, le bandeau qu'il m'a prêté durant le match. J'avais oublié de te le rendre, désolé...

Jaekyung m'observe, quelque peu confus, avant que les traits de son visage ne se détendent, laissant place à de l'amusement et un sourire charmeur se dessiner sur le coin de ses lèvres.

— Je... ce n'était pas du tout ce que je voulais te demander, dit-il dans un faible gloussement d'amusement, me faisant rougir de honte, en réalisant mon action.

— Ah... Alors, qu'est-ce que tu veux exactement ? questionné-je, en bégayant par moment, tant je me sens ridicule.

Jaekyung s'approche un peu plus de moi, réduisant la distance qui nous sépare.

— Eh bien, je voudrais savoir, si tu veux bien me donner ton numéro de téléphone, dit-il avec un semblant d'hésitation dans le fond de sa voix.

— Tu veux mon numéro ? répété-je comme un idiot, alors que j'ai très bien entendu sa question.

Il esquisse un faible sourire, en voyant à quel point je suis déstabilisé par sa demande.

— Je sais qu'on ne se connaît pratiquement pas, poursuit-il pour captiver à nouveau mon attention. Et c'est justement pour cette raison que j'aimerais pouvoir rester en contact avec toi, pour que je puisse apprendre à te connaître. Si tu le veux bien...

Je n'arrive plus à réfléchir. Ce qui est en train de se produire sous mes yeux ne peut pas être réel. C'est impossible. Et pourtant, il est bien là devant moi, à attendre patiemment une réponse de ma part, qui met du temps à venir, car je suis comme paralysé par la peur.

Terrifié que tout ça recommence, à nouveau.

— Hé Joshua, tu n'es pas obligé d'accepter si tu ne veux pas. Tu peux très bien me dire non, je ne le prendrai pas mal, ajoute-t-il, en me laissant percevoir sa compréhension à mon égard. Je te souhaite de passer une bonne soirée, Joshua. On se voit demain soir, à la fête. Rentre bien.

Impuissant, je me contente de le regarder s'éloigner de moi, sans avoir pu répondre quoi que ce soit. Mon cœur bat rapidement contre ma poitrine, tandis que c'est l'anarchie dans mes pensées. Tout se bouscule dans mon esprit, trop de questions s'entassent les unes sur les autres, trop de doute et de méfiance, m'empêchant de réfléchir par moi-même, mettant mes sentiments en ébullition.

Tu n'es qu'un idiot.

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