L'avion atterrit en toute sécurité.
Sur la passerelle, Chanyeol s'empara de son bras. Pourtant il se tenait droit et aussi éloigné de lui que possible, comme si un contact rapproché lui était interdit par le protocole.

Mais cela convenait à Baekhyun, car l'étrange pouvoir qu'il exerçait sur lui le troublait plus que de raison. Il lui semblait que sa maîtrise habituelle avait disparu et que son corps comblait ce vide en désirant furieusement ce qui jusque-là n'avait présenté à ses yeux aucun intérêt.
Il préférait Chanyeol distant plutôt que pressant, comme il l'avait été chez lui.

Il se souvint de la douce brûlure ressentie lorsqu'il avait passé le doigt sur ses lèvres. À cette évocation, il frissonna et tenta de chasser l'émotion qui s'emparait de lui.

Cinq personnes attendaient au pied de l'avion, prêtent à débarquer les bagages de Son Altesse royale ainsi que sa petite valise.

Ayant prévu de rentrer quelques jours plus tard, Baekhyun n'avait emporté que peu de choses, mais le fait de voir les nombreuses malles de Chanyeol à côté de son unique bagage lui sembla révélateur du fossé qui les séparait.

.

Il le fit entrer à l'arrière d'une limousine noire. Il se laissa faire, intimidé par tout le luxe qui l'entourait.
Il était habitué à l'argent. Pendant son enfance sa famille avait eu un certain train de vie, et malgré les quelques années de pauvreté qui avaient suivi le départ de son père, il se souvenait de l'effet que cela faisait d'habiter une maison convoitée par tous. Mais tout cela ne ressemblait à rien de ce qu'il avait connu.

La limousine franchit les grilles séparant le château du reste de l'île. De massives statues d'hommes en armes montaient la garde près des grilles comme pour souligner encore l'importance du lieu.

- Pas de douves ? demanda-t-il.

- Non, les crocodiles ne feraient pas la différence entre résidents et intrus. Nous avons une alarme, comme tout le monde.

Devant cette tentative d'humour inattendu, un petit rire échappa à Baekhyun.

- Donc pas d'huile brûlante non plus ?

- Juste dans la cuisine, dit Chanyeol avec un sourire en coin.

Baekhyun remarqua alors une fossette sur sa joue. Pourquoi donc ne pouvait-il pas rester austère et distant ?
C'était plus facile de le considérer comme un ennemi quand il se comportait en souverain que lorsqu'il se montrait aimable.

Ils s'arrêtèrent devant de lourdes portes en bois massif. À son grand amusement, de grades en uniforme très semblables aux statues me trouvaient l'entrée.

Chanyeol se tourna vers lui.

- Quand le docteur aura fini le test, nous dînerons avec mes parents pour que je vous présente à eux.

- Pourquoi avez-vous besoin de me présenter ?

- Mais à part le fait que vous êtes un invité, vous êtes là mère de mon enfant et de leur futur petit enfant.

Des grands-parents ! Chanyeol pouvait même offrir à leur fils ou fille des grands-pères. Dire que son propre père était Dieu sait où, et sa mère était devenue une femme amère qui noyait ses problèmes dans l'alcool -infligeant à son entour des diatribes acerbes contre la vie en général.

- Décidément, c'est de plus en plus compliqué...

- Ils ont des droits sur leurs petits-enfants comme j'en ai sur mon enfant. Autant que vous. Je ne vous permettrais pas de priver ma famille de cette chance.

Une vague de colère submergea soudainement Baekhyun.

- Par décret royal, c'est ça ? C'est là que le cachot apparaît ?

- Qu'est-ce que vous avez avec les cachots ? C'est un fantasme, chez vous ?

- Non. Pas du tout... Balbutia-t-il en portant sa main à sa joue.

La chaleur lui était montée au visage quand il avait mentionné ce fantasme.
Comme s'il avait envie de se laisser attacher par un homme pour qu'il fasse de lui ce qu'il voulait. Le seul fait d'imaginer Chanyeol dans ce rôle du ravisseur le fit frissonner. Bouleversé par le tour que prenaient ses pensées, d'ordinaire si sage, il détourna son visage brûlant et ouvrit sa portière sans attendre l'aide des membres empressés du personnel apparus devant le palais.
Son Altesse le rejoignit en deux enjambées.

- Est-ce que je vous ai embarrassé, Trésor ?

Il l'ignora et s'efforça de relever la tête pour ne pas avoir l'air affectée par sa présence et ses allusions. Quand il lui attrapa la main pour l'attirer conte lui, son coeur se mit à battre à tout rompre. Il sentit la chaleur de son corps, et huma son odeur tellement masculine qu'il en fut grisé.
Il ne portait pourtant pas d'eau de toilette. C'était simplement lui...

- J'aurais pensé qu'un homme d'affaires comme vous ne serez pas gêné aussi facilement.

Le prince passa le pouce sur sa joue.
Le petit blond se sentit devenir écarlate.

- Mais on dirait que je vous ai fait rougir, mon mignon.

- Arrêtez avec vos mots doux, dit-il d'une voix plus essoufflé que cassante. Je n'aime pas ça.

- Vraiment ?

Il pencha la tête et Baekhyun sentit ses jambes se dérober sous lui.
Il avait cru un instant qu'il allait l'embrasser !

- La plupart des femmes les trouvent très séduisants.

- Je ne suis pas la "plupart des femmes".

- Non. Vous avez raison, tu es un homme. Un homme extrêmement séduisant.

Baekhyun était flatté du compliment. Mais il ne laissa rien paraître. Il refusait d'admettre que ses paroles avaient le pouvoir de le séduire. Elles devaient ne lui faire aucun effet. Leur relation n'avait rien de personnel. Sans l'erreur commise par la clinique, ils ne se seraient jamais rencontrés. Ils fréquentaient des sphères totalement différentes, et il était convaincu qu'il ne lui aurait jamais lancé un regard sans ce bébé. Il était important qu'il s'en souvienne.

- Quand voyez-vous le docteur ? nterrogea le décoloré, dans l'espoir de détourner son attention de lui.

- Elle viendra dès que je l'appellerai.

- Quand l'appellerez-vous ?

Il préférait penser que sa nervosité était due à ce test et non à la proximité du prince.

- Tout de suite si vous le souhaitez.

- Oui, le plus tôt sera le mieux.

Il suivit Chanyeol. Une ravissante femme en blouse blanche les rejoignit dans son bureau quelques instants plus tard.

Baekhyun avait imaginé un médecin d'un certain âge, pas une blonde d'une trentaine d'années aux allures de mannequin. Cela n'avait rien de surprenant cependant. Chanyeol était un homme très séduisant, riche et puissant. Toutes les femmes devaient vouloir s'occuper de lui. Et il devait apprécier leurs attentions et prendre ce qui lui était offert. Après tout, le prince pouvait bien faire e qu'il voulait avec qui il voulait. Baekhyun n'avait pas l'intention de s'engager dans ce genre de relation et de sacrifier son indépendance pour quelques heures de plaisir dans un lit d'un homme.

Il doutait en plus de trouver cela agréable. Son aversion pour les relations personnelles l'avait retenu de découvrir les rapports physiques. À vingt-six ans, sa connaissance du sexe était purement théorique et il imaginait difficilement pouvoir trouver plaisir à une activité aussi intime.
Son instinct de conservation le poussait à maintenir des distances respectueuses avec les autres.

Pourtant, son ventre se contracta lorsqu'il vit la séduisante jeune femme relever la manche de Chanyeol et lui essuyer l'intérieur du coude d'un geste plus lent et sensuel qu'il n'était nécessaire.

- Nous n'avons besoin que d'une petite quantité de sang, dit-elle à Son Altesse, sans regarder Baekhyun.

Ce dernier détourna les yeux. Sa grossesse le fragilisait et la vue du sang l'incommodait. Il serait ridicule de s'évanouir devant eux.

- C'est fini, annonça le docteur d'une voix sensuelle en rabaissant la manche de Chanyeol. Nous aurons les résultats dans cinq jours. Je vous préviendrai aussitôt. Si vous avez besoin de quoi que ce soit avant, appelez-moi. Je suis toujours disponible.

Après son départ, Chanyeol et lui restèrent assis en silence. Rongée par l'anxiété, Baekhyun se rassura en disant qu'il saurait bientôt si leur enfant courait ou non un risque.

Leur enfant ! Il lui parut incroyable que cet étranger soit le père du bébé qu'il portait, ils ne savaient rien l'un de l'autre et n'éprouvaient aucune attirance l'un pour l'autre.

Oh si, bien sûr il l'attirait, plus qu'aucun homme avant lui... Mais il était décidé à ne pas aller plus loin dans avec lui.

- Pouvez-vous- vous me recommander un hôtel ? demanda le blond dans un effort désespéré pour détendre l'atmosphère.

Il voyait que le test inquiétait aussi le grand brun. Il avait la mâchoire crispée. Il tenait déjà au bébé autant que lui. C'était réconfortant de savoir que si quelque chose tournait mal, il ne serait pas me seul à souffrir pour son enfant. Pour l'instant du moins, Chanyeol ne semblait plus être son ennemi.

- Pourquoi auriez-vous besoin d'un hôtel ?

- Parce que je n'ai pas envie de dormir à la belle étoile.

- Décidément vous avez de la repartie ! Dit-il en regardant sa bouche.

Baekhyun s'humecta les lèvres, conscient de son geste. Quand Chanyeol le regardait ainsi, il sentit sa bouche s'assécher. L'intérêt qu'il lisait dans ses yeux sombres le fit frémir. Chanyeol était attiré par lui, lui aussi. Cette révélation lui fit légèrement tourner la tête.

Hélas l'éclat disparu des yeux du prince aussi soudainement qu'il y était apparu. Il avait dû rêver, c'était la seule explication possible. Il n'était pas laid et le savait. Mais, à côté de la femme de Chanyeol et son médecin particulier, il se sentait bien ordinaire. Il se souvenait parfaitement de ChaeYoung. Elle avait fait la couverture des magazines et avait eu une notoriété personnelle avant son mariage avec le prince. Chanteuse d'opéra talentueuse, belle et cultivée, elle s'était produite dans les plus prestigieuses salles du monde. Elle avait des traits exquis, ses longs cheveux lisses étaient toujours parfaitement coiffés et sa silhouette mince mettait en valeur les tenues de grands couturiers qu'elle affectionnait. Baekhyun avait son propre style de beauté, bien loin de ce charme absolu. Il était impossible que Chanyeol le désir.

- Vous séjournerez ici, au palais, annonça ce dernier d'un ton très confiant.

Baekhyun comprit qu'il n'envisageait même pas qu'il puisse refuser.

- Je n'ai pas besoin que vous m'hébergiez. Je suis parfaitement capable de trouver où me loger.

- Je n'en doute pas, dit-il en le gratifiant d'un sourire ironique. Mais vous êtes enceinte de mon enfant et je ne veux pas que vous restiez seul à l'hôtel.

- Mais pourquoi ? Sont-ils si inconfortables ?

- Pas du tout, dit-il, balayant cette supposition d'un revers de main. Mais cela ne veut veut pas dire que je vous autorise À...

Furieux, Baekhyun lui coupa la parole.

- Vous m'autorisez ? Vous n'avez pas le droit de m'autoriser ou de m'interdire quoi que ce soit.

- Vous portez mon enfant, et cela me donne certains droits.

Baekhyun demeura bouche bée. Cet croyait vrai avoir une emprise morale et physique sur lui, juste parce qu'il se trouvait être le futur père de son bébé !

- C'est la chose la plus primaire que je n'aie jamais entendu. Vous n'avez aucun droit sur moi !

- Je veux m'assurer qu'il ne vous arrive rien, ni à vous ni au bébé. Qu'y a-t-il de si primaire là-dedans ?

- Outre le fait que vous contrôlez ma vie de façon extrême..

- Bon sang ! Je veux simplement vous protéger. Porter mon bébé fait de vous mon homme !

Il avait l'air exaspéré, comme s'il trouvait que le petit blond tardait à comprendre quelques choses d'absolument évident.

- Votre homme ?

Il ignora les frissons qui le traversa à ce terme si possessif. Cela n'aurait pas l'affecté. C'était ridicule.

- Je ne suis à personne. Même si nous avions...

Il avala sa salive et sentit le rouge lui monter aux joues en prononçant les mots suivants.

- Même si nous avions conçu ce bébé naturellement, je ne serais pas votre homme. Je suis capable de prendre soin de moi-même, vous savez !

- Oui, vous l'êtes certainement, dit-il ironiquement. À quoi cela sert-il de vous battre avec moi sur ce point, Baekhyun ? Je vous veux ici pour votre sécurité et celle du bébé. Si la presse apprend qui vous êtes et que vous restez en ville sans ma protection, elle s'acharnera sur vous. Et que se passera-t-il si vous êtes pourchassée par les paparazzi ? Vous ignorez à quel point ils peuvent se montrer impitoyables.

Ses yeux sombres s'emplirent d'une intensité qui le stupéfia. Mais, l'instant suivant, son expression était redevenue indéchiffrable.

Baekyun capitula. Même s'il ne trouvait pas de raison pour attirer l'attention de la presse. Il n'avait pas la force ni le courage de faire face à une meute de journalistes. Il avait vu les journalistes graviter autour de Chanyeol à l'aéroport, mais il était digne d'intérêt pour eux, comme sa femme l'avait été. Contrairement à lui.

- Je vais vous montrer votre chambre.

Il plaça la main au creux de ses reins et le poussa gentiment hors du bureau. Ce simple contact déclencha en lui une onde de chaleur qui traversa tout son corps. Ce geste ne signifiait rien pour lui et n'aurait rien dû représenter pour lui.

Il observa les alentours, essayant de réprimer les sensations qui l'envahissaient. Ils se trouvaient dans l'aile du palais qui abritait les appartements de Chanyeol. Le décor était très similaire à ceux de sa maison en Corée : les murs granités peints d'un blanc lumineux mettaient en valeur des pièces d'art audacieux et un mobilier aux lignes pures. C'était peut-être sa femme qui s'étire chargée de la décoration. À cette pensée, il sentit son coeur se serrer.

Il le conduisit vers un escalier arrondi, enroula son bras autour de sa taille et posa la main sur son ventre comme ils montaient au deuxième étage.

Baekhyun trouva ce geste possessif réconfortant et cela l'effraya.

Sur le palier, il s'écarta de lui. Mais Chanyeol l'attira de nouveau à lui. Puis, les yeux fixés sur les siens, il replaça la main sur son ventre, repoussa doucement l'ourlet de son chemisier et passa les doigts sur sa peau nue, comme s'il en avait parfaitement le droit. Cependant, ce n'était pas un geste possessif. Ils partageaient quelque chose d'infiniment spécial...
Il portait son bébé et ne pouvait nier le lien qui les unissait, tous les trois, tous les deux... Le contact de sa main lui sembla si normal que l'anxiété qui le tourmentait depuis le coup de téléphone de la clinique fut momentanément apaisé par le réconfort que lui procurait son geste.

La peau dorée de sa main contrastait avec sa chair pâle.
C'était fascinant.

Un douloureux désir s'empara de son ventre, bien plus fort que tout ce qu'il avait ressenti jusqu'à présent. Baekhyun se surprit à souhaiter qu'il continue, remonte la main vers sa poitrine, et en titille la pointe dressée.

Si seulement il pouvait briser le charme... Levant les yeux vers le beau brun, il fut frappé par la perfection de se trait.

Baekhyun se serra contre lui, mue par une pulsion incompréhensible et incontrôlable.

Quand Chanyeol effleura sa bouche, il s'immobilisa. Le plus grand appuya alors la main au creux de ses reins et l'attira à lui. Il écarta les lèvres, laissant sa langue s'infiltrer dans sa bouche.

Jamais on ne l'avait embrassé avec autant d'habileté et de sensualité. Ce baiser lui fit désirer beaucoup plus, quelques choses que seul Chanyeol semblait posséder. Sa langue se mêlant à la sienne le troublait jusqu'au plus profond de lui-même et il se sentit fondre, dans l'attente d'une découverte plus intime.

Quand il s'éloigna, Baekhyun tituba légèrement.

- Chan, murmura-t-il.

- Chan ? Voilà qui me plaît.

Il posa une nouvelle fois la main sur son ventre, une expression intense dans les yeux.

- C'est mon bébé que vous portez, Baekhyun. Notre bébé. Je n'en serais pas plus conscient si nous l'avions conçu dans un lit ensemble.

La sonorité rauque de sa voix fit s'accélérer son pouls.

- Cette attirance entre nous est bienvenue, finalement.

- Comment ça ? demanda Baekhyun l'esprit toujours embrumé.

- Je suis très heureux de ressentir du désir pour mon futur mari.

*
* *

Pour récompenser votre patience voici un autre chapitre :)

J'espère que vous avez aimé
Je vais essayer de publié un ou deux autres chapitre demain. Cela dépend du temps que j'aurais pour écrire.

Je voudrais pouvoir laisser au moins six chapitre avant de m'absenter car oui cette fois-ci je vais devoir m'absenter pour un mois et je ne pourrai ni lire ni écrire.

Vous me manquez déjà 😭

Merci d'avoir ! ♥