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3. Koi No Yokan (2/2)

Je n'ai pas besoin de me demander si je suis arrivée à la bonne adresse : en levant mon nez de Google Maps, je l'aperçois au coin de la rue.

— Salut ! Tu es belle, tu as tout donné !

Je ravale un « merci », surprise de sa taille.

Il me paraissait moins grand, à terre...

— Salut ! lui réponds-je en lui faisant la bise, depuis la pointe de mes pieds. Oh, non, pas vraiment.

J'espère bien que tu apprécies la tenue, Johan, c'est une robe et je me les caille !

— Après toi, fait-il en désignant la petite porte en bois surplombée du nom du bar intimiste dans lequel il m'invite. Tu as trouvé facilement ?

J'acquiesce alors que du personnel nous accueille déjà et nous installe à un coin avec canapé.

— Au nom de Johan, c'est bien cela ? s'assure l'employée. Pour la dégustation ?

— Exact, confirme-t-il.

Diable, cet homme dégage une confiance en lui déstabilisante.

Alliée à un sérieux qui me fait douter du déroulé léger de cette soirée.

En ôtant mon cardigan rouge bordeaux, je zieute l'intérieur cosy, arborant un arbre en plein milieu et une décoration naturelle, à base de branches, pommes de pin et guirlandes lumineuses. Le peu de clientèle garantit notre tranquillité, et l'air de Driving Home for Christmas me rend guillerette.

— Tiens, ça me rappelle quelque chose, se marre Johan en saisissant une branche de gui du rebord de fenêtre.

Nous rions, et je murmure :

— Je vais tâcher de rien renverser, ce soir.

Il me sourit, s'assoit en même temps que moi et me fixe plusieurs secondes, sans sourciller alors que la serveuse dispose des petits amuse-bouche sur la table basse. Lorsqu'elle s'éloigne, je m'enquiers :

— Quoi ? J'ai encore quelque chose dans les cheveux ?

Sa tête part légèrement en arrière alors qu'un éclat de rire lui échappe.

Saloperie, il est charmant quand il sourit.

— Non. Je me disais que tu étais plutôt mignonne quand tu rougis.

— Je suis toujours rouge aux pommettes, répliqué-je.

— On va dire ça.

Je me pince les lèvres.

Des pupilles peuvent-elles briller autant ? Ou est-ce le reflet des miennes ?

— Voilà, les amoureux ! Alors, prêts à commencer ?

Ma langue passe devant mes dents à la relance maladroite de la trentenaire.

Mais Johan n'a pas l'air d'être gêné.

— Pour cette première tournée, nous avons des blinis au saumon de Norvège et aneth ici, des canapés à la crème de thon et grenade là, et des verrines de gambas sur pamplemousse rose pour finir. En accompagnement, un vin chaud blanc d'Alsace. Bon appétit !

La présentation du plateau a été soignée, avec des petites feuilles de houx entre chaque groupe d'apéritif. Même les coupes de vin ont été saupoudrés de fausse neige, pour arborer le dessin d'une bretzel. Johan lève la sienne en ma direction.

— Tchin ! clame-t-on de concert.

— Attaquons, propose-t-il.

Il me laisse me servir en première et j'agrémente mon choix d'une anecdote :

— Ma chienne est fan de poisson. Elle va être comme une folle quand je rentrerai ce soir et qu'elle me sentira !

— Ah oui, il m'a semblé la voir sur ton insta. C'est le même chien que celui de pépé Boyington, non ?

— Oui ! Une bullterrier, confirmé-je.

— Classe ! Elle s'appelle comment ?

— Wave ! Ah oui, tu apprécies vraiment ? C'est rare.

— J'adore les chiens, j'en avais un aussi. Et j'aime bien ce qui sort de l'ordinaire, disons. Ils sont drôles avec leur tête en ballon de rugby !

Nous partons spontanément dans l'échange autour du monde canin et, première surprise, il est plutôt bien informé.

Ce mec a l'air plus intelligent qu'escompté, ça m'arrange pas, cette histoire.

Et je ne sais pas très bien à quel moment on perd le fil du temps, si c'est à l'arrivée des huîtres et des escargots et le fourire qui a suivi mon relent, ou à cause des vapeurs d'alcool, mais on atterrit dehors, mains enfoncées dans les poches, à marcher en direction de la place Kléber, comme s'il ne s'était écoulé que cinq minutes.

En réalité, nous parlons sans nous arrêter depuis deux heures et je commence à réaliser qu'il est bien plus qu'un homme « beau », et qu'il n'a rien à voir avec l'attitude austère et prédatrice qu'on pouvait lui trouver.

Je me prête au jeu de l'émerveillement, même si les quelques décorations suspendues ne suffisent pas à rendre Strasbourg jolie à mes yeux. En revanche, dès que nous apercevons le sapin, je me dois d'admettre qu'il est plutôt réussi.

— Trente-et-un mètres de haut, le bestiau !

Nous nous jaugeons, percevant le potentiel sous-entendu en-dessous de la ceinture, et nos sourires espiègles s'accordent.

Il attrape mon menton pour me forcer à détourner le regard et admirer les lumières.

— Concentre-toi, souffle-t-il à mon oreille.

Mais c'est sur son corps collé dans mon dos, et sa bouche si proche de mon cou, que je suis pleinement concentrée.

Ce mec me fait rire et me file des frissons, il est officiellement le nouveau danger de ma vie.

— Attends, bouge pas.

— Si tu me fais le coup du père qui part au tabac du coin, je...

— Aucune chance, Cléo. Te laisser passer serait la plus grosse erreur d'un homme. Je reviens.

Il agrémente sa promesse d'un clin d'œil.

Au pire, je ne suis qu'à quelques mètres de l'appartement d'un ancien plan cul, je saurai rebondir si la soirée s'avère décevante.

Mais je n'en ai nul besoin : après cinq minutes, Johan est bel et bien de retour, un cornet de churros à la main.

— La dégustation manquait de dessert. Madame ?

Mimant une courbette, il tend le bras afin que je me serve.

— Oh, mais... Merci ! Les stands sont fermés pourtant, je...

— À peine, et j'ai des contacts. Une portion nous attendait, de toute façon.

Attendrie, je le contemple.

Quel plus beau spectacle que les illuminations.

Je croque dans un churros saupoudré de sucre, savoure le goût inédit de la galanterie. Elle rythme le reste de la soirée, alors que nous sillonnons le centre-ville pour remonter à ma voiture, en passant par les places phares de la capitale européenne. Nos bariolés détours sont incohérents et témoignent juste de notre incapacité à nous dire au revoir. Cette même incapacité qui l'amène à louper le dernier tram, qui me conduit à le ramener chez lui (à seulement cent quatre-vingt mètres de la résidence où vit ma grand-mère paternelle depuis six mois), qui nous pousse à squatter son canapé (où trônent deux exemplaires de la peluche que je voulais acheter à BM il y a une semaine) en discutant, puis devant un film (durant lequel je m'autorise à lui rendre de la tendresse), et ce jusqu'à six heures du matin.

— T'as aimé ? interroge-t-il au générique de fin, alors que ma tête repose sur sa large épaule.

Je me redresse, ce qui le fait suspendre les caresses de ses doigts sur mes bras.

— J'ai détesté ! me révolté-je. Quelle idée, un film d'horreur. On aurait dû mettre un feuilleton de Noël !

— Overdose de Santa Klaus, désolé ! Mais pour sortir encore plus de l'univers, je peux te proposer ma série préférée, elle est pas hyper connue mais je l'adore, c'est Supernatural.

— Tu rigoles ?!

Je le lorgne à la dérobée.

Lit-il en moi ? Est-il mentaliste ?

C'est impossible, il ne peut pas autant aligner des signes de l'univers.

Le pire ? Son top deux est également le mien. Cette coïncidence tatoue la courbe réjouie de mes lèvres et nous bavardons jusqu'à ce qu'on se dise, en avisant l'heure :

— Qu'a-t-on fait ?

Une nuit blanche, avec lui, qui l'eût cru ?

Genoux collés, tourné l'un vers l'autre, nous penchons chacun en avant, attirés comme des aimants.

Notre baiser est... chaud, délicat. Jusqu'à ce que nos langues s'apprivoisent et que je me surprenne à rouler la pelle la plus incroyable de mon existence. Et que ça vire à une sorte de fièvre sauvage, où ses mains agrippent mes hanches, à califourchon sur les siennes.

J'autorise ma peau à aller à la découverte de la sienne, et les gémissements rauques qu'il pousse contre ma bouche me confirment que l'idée lui plaît. Moi, j'accueille entre mes jambes l'enflement dans son pantalon. Nous nous pressons encore plus, nous agrippons, nous enlaçons.

À contre-cœur, je stoppe cette étreinte passionnelle et geins :

— Il faut que j'aille bosser... Et avant, que je retourne chez moi sortir Wave, qui est toute seule depuis la veille !

— D'accord...

Je fais mine de me redresser mais à peine debout, Johan m'attrape et me soulève.

Hilare, je m'extasie d'être portée.

A-t-il deviné à quel point je rêvais de cette chose toute simple ?

— Tu es si légère...

Les jambes croisées dans son dos, en position koala, je l'embrasse encore. Sans que cela ne semble lui demander quelconque effort physique, il marche, remonte le couloir et pousse la porte entrouverte de sa chambre. Il me dépose délicatement sur son lit et se contente de m'enlacer en cuillère, sans plus de préliminaires.

Presque émue aux larmes, j'accroche mes mains à son avant-bras placé devant moi. Pour une fois, je ne rejette pas les gestes affectifs. Pour une fois, je me sens en sécurité et savoure l'étau chaleureux de notre rapprochement.

Je ne regrette même pas d'avoir renié mon sommeil.

— Johan, je vais être en retard...

— Ok, ok, murmure-t-il.

Je m'élance et aussitôt, il place ses bras en croix sur ma poitrine et m'attire en arrière, sur lui. Saucissonnée contre son torse, je ris et chuchote :

— Dis-le, si tu ne veux pas que je parte.

Il colle ses lèvres humides à mon lobe, y confesse :

— Je ne veux vraiment, vraiment pas que tu partes.

Des frissons indescriptibles me parcourent.

— Je peux toujours revenir..., lancé-je.

— Quand ?

— ... Ce soir ?

— Oh oui ! Et tu ramèneras Wave.

En disant ça, il ne se rend sûrement pas compte qu'il touche mon cœur en son centre. Mais ça fait aussi partie des points cruciaux de ma compatibilité avec quelqu'un : que la personne aime Wave et comprenne que c'est un package complet.

Lorsque Johan desserre sa prise, je m'en extirpe, me tourne et me place à cheval sur lui -je commence déjà trop à y prendre goût !-.

Index pointé, à deux centimètres de ses rétines, je menace :

— Si après tout ça, tu me ghostes... Je te retrouverai.

Dans le plus grand calme, il soutient mon regard avec aplomb et répond :

— Moi aussi.

La fatigue mêlée à l'allégresse nous maintiennent pliés en deux de rire durant de longues minutes.

C'est une certitude : Johan est mon Koi no Yokan. Ce qui signifie qu'un jour ou l'autre, je tomberai amoureuse de lui.

Tout est aligné en ce sens, il ne peut en être autrement.


Koi No Yokan : Mot japonais intraduisible en français. C'est une sorte de prémonition amoureuse. Toutes ces sensations exaltantes que l'on ressent lorsque l'on rencontre pour la première fois quelqu'un dont on devine que l'on va, immanquablement, s'éprendre. Pas tout à fait le coup de foudre, mais déjà une ébauche de passion.

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