Chapitre 6
Une fois Sara partie, Ava patiente quelques minutes avant de retourner dans le hall du Bureau pour confronter Bennett. Elle va devoir réaliser un jeu d'actrice plus que convainquant pour ne pas finir derrière les barreaux à son tour. Sur le chemin, elle est percutée par un agent : Gary.
" Agent Sharpe ?!" s'exclame-t-il d'une voix suraiguë "Que vous est-il arrivé ?".
"De toute évidence, Mlle. Lance n'était pas aussi morte qu'on le pensait" répond-t-elle.
"Mlle. Lance est vivante ?!" demande-t-il à la fois surpris et effrayé.
"Il faut croire. Elle m'a assenée un coup alors que j'avais le dos tourné et a profité de ma confusion pour me voler mon bracelet et ouvrir un portail vers je ne sais où".
L'histoire paraissait assez crédible et la tête qu'avait Gary le lui confirma. Il ne lui restait plus qu'à convaincre son boss et le tour serait joué.
"Entrez!" lance Bennett à Ava lorsque cette dernière frappe à sa porte.
L'homme, assis à son bureau, le regard rivé sur son écran d'ordinateur, arbore un visage dénué d'expression.
"Monsieur, la prisonnière 4880 s'est enfuie" annonce-t-elle d'une voix neutre.
"Je vous demande pardon ?!" demande rhétoriquement le Directeur "Vous aviez une mission! Une seule, Agent Sharpe ! Racontez moi ce qu'il s'est passé sans omettre le moindre détail".
Alors Ava commence à raconter sa version des faits tout en analysant les réactions de son boss. Celui-ci semble la croire mais elle préfère rester méfiante. Une fois son récit terminé, la jeune femme se laisse tomber d'épuisement dans l'un des fauteuils du Directeur.
"Bon" commence Bennett "Vous savez ce qu'il vous reste à faire ? La retrouver au plus vite. Cette femme est extrêmement dangereuse et représente une menace pour l'Histoire".
"A vos ordres Monsieur" répond Ava avec entrain tout en sortant du bureau.
Le directeur Bennett semble la croire ce qui n'est pas pour lui déplaire. Ava n'a jamais été une bonne menteuse cependant. Elle se met en général à rougir et à bégayer, incapable d'aligner deux mots. Ses parents se sont souvent moqués de sa difficulté à leur mentir même pour une simple sortie entre amis.
C'est alors que son téléphone se met à vibrer. C'est Rip. Il demande à la voir.
***
Sara a tout entendu. Assise à son bureau, elle a assisté à toute la conversation grâce aux caméras de vidéosurveillance dont Ray a toujours le contrôle. Elle ne saurait l'expliquer mais l'histoire qu'a racontée Ava la blesse. Même si elle sait que cette dernière a dû mentir pour les protéger toutes les deux, se faire qualifier de "criminelle à abattre" ou encore de "monstre sanguinaire" par la femme qu'elle aime reste difficile. Mais elle est surtout inquiète pour la jeune femme. Elle ne cesse de se répéter qu'elle n'aurait jamais dû laisser Ava et s'imagine des scénarios pires les uns que les autres. "Tu n'as pas eu le choix" se dit-elle "Ava aurait eu encore plus d'ennuis si tu étais restée".
"Sara, tu dois arrêter de culpabiliser".
C'était Ray qui venait d'entrer dans la pièce. Sara avait dû parler à voix haute.
"J'aurais dû lui dire de m'accompagner. Elle m'a sauvée Ray" dit-elle, les larmes commençant à lui monter aux yeux.
"D'un autre côté c'est à cause d'elle que tu t'es retrouvée là-bas" rétorque-t-il.
Devant le regard noir de Sara, il décide de ne pas continuer dans ce sens.
"Ecoute" reprend-t-il "Ava sait ce qu'elle fait. Si tu veux vraiment l'aider, tu dois attendre que les choses se calment. Je te rappelle que tu es recherchée par le Bureau Temporel donc à ta place je resterais bien tranquillement dans un endroit où ils ne peuvent pas m'atteindre"
Ray n'a pas tout à fait tort, elle doit bien le reconnaître. Mais se cacher pendant que les autres risquent leur vie pour elle n'a jamais fait parti de ses principes. Elle n'en peut plus d'attendre sans rien faire alors que sa petite amie se démène pour la sauver. Il faut qu'elle fasse quelque chose, qu'elle se rende utile.
Sara ne s'attendait pas à devenir aussi proche de la jeune femme au point de ne plus pouvoir vivre sans elle ne serait-ce que quelques heures. Pour être honnête, elle ne comprend pas ce qu'il lui arrive. Comment a-t-elle pu succomber aussi rapidement à une femme qu'elle détestait hier ? Cela ne lui était jamais arrivé avant, de tomber éperdument amoureuse en seulement un regard, un geste, un moment. Et cela lui faisait très peur.
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