Décembre

PDV D’Eline:

“ Toute suite convergente est bornée” répète pour la deuxième fois le professeur chargé de ce cours magistral en ce lundi matin.

Ce fameux théorème, lui, me fait converger vers Swann, qui pourrait avoir lui aussi sa propre propriété:
Tout Swann en colère est borné.

Génial, me voilà en plein cours de maths en train de faire des propositions à moins que ce soient des prédicats.

Le pauvre.
Il est dévasté.
C’est normal.
Le décès a été tellement, brutal.
Inattendu.

Il y a plusieurs manières d'aborder et de vivre un décès mais celui-ci a été inattendu, trop brutal pour ces proches, comme Swann. Ce n’est pas comme si son grand-père avait une maladie incurable où dans ce cas-là, les proches sont, un tant soit peu, mieux préparé à cette éventualité. Ce n’était pas le cas, et la chute (autant au sens propre qu’au sens figuré) a été rude, pour tout le monde. Même pour moi et ma famille, qui avions, pourtant plus aucun contact avec eux.

“On va donc faire la preuve à l’aide d’un raisonnement par l’absurde” me ramène en cours la voix de mon professeur.
Comment ça raisonnement par l’absurde?

Pour ma part, ce que je trouve le plus bizarre, c’est le raisonnement et la réflexion que je viens de faire dans ma tête pendant ce cours, que je devrais suivre. Ce serait quand même bien de le savoir ce fameux théorème (le vrai pas celui que je viens d’inventer) si cette partie du cours tombe au partiel. Et savoir faire la preuve serait quand même un petit plus.

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Au même moment, à des centaines de kilomètres

Après deux heures de montée, plus que quelques mètres de dénivelé et je serai en haut.

En cette journée ensoleillée, j’avais décidé de partir à l'ascension d’une montagne, j’avais besoin de retrouver cette sensation de marche, même si nous sommes en plein milieu de mois de décembre. J’ai donc choisi un sommet pas particulièrement haut afin de ne pas avoir trop de neige mais quand même un peu, afin d’avoir un minimum de vue.

Tout en montant, je réfléchis à mes dernières trouvailles, sur internet, qui ont été les étapes d’un deuil et j’ai été surpris: choc - déni - colère - dévalorisation - regret - acceptation - reconstruction - Libération.

Ca fait beaucoup d’étape et j’avoue que cela me fait peur de voir autant “d’étape”. Je ne sais même pas où je me situe, le choc est passé. Ca a été dur, très dur.
Je pense que c’est la colère qui me définit aujourd’hui, même si je ne suis pas passé par “l’étape “ déni. Oui, je suis en colère. Parce que c’est la montagne qui me l’a pris. Cette entité que j’aime tant, qui me prive de la personne que j’aime le plus. Quel paradoxe !

Je suis aussi en colère envers les articles, qui croient tout savoir. Comme si un deuil pouvait être résumé en “étape” qu’il faut franchir, comme si tous les deuils se ressemblaient.