Chapitre 16 : Yongbok avant Felix
[POV Felix]
Je ne suis pas rentré de la nuit. Ce n'est que tôt le matin que je reviens à l'appartement, il est à peine six heure lorsque j'ouvre la porte et ma surprise est totale envoyant Chan assis sur une chaise du salon. J'ai à peine franchi le seuil qu'il se précipite vers moi. Il m'attrape fermement et m'enlace de toute ses forces.
Sa chaleur me couvre totalement et me fait soupirer. Je lui tapote ses larges épaules pour lui signifier que je vais bien.
« Où était tu ? Il me demande. Tu avais oublié ton téléphone, ton portefeuille. J'étais mort d'inquiétude.
- J'ai été au studio danse. J'avais les codes d'entrées donc j'ai pu me réfugier là-bas.
- Merde Lix, qu'est-ce qui t'as pris de sortir dans un froid pareil en plein milieu de la nuit ?
Il parcourt mon visage de son regard protecteur, tous les stigmates de ma crise sont encore là, les yeux gonflés, les joues sales, les lèvres sèches. Une catastrophe ambulante.
- Ca va aller. Je lui dis. Ca va aller. Je suis fort.
Il arque un sourire douloureux.
- Je sais bien. Il répond. Mais avant de faire tes conclusions, parles le lui. Tu sais, c'est lui qui était là dans le salon à t'attendre toute la nuit. Je l'ai obligé à aller se coucher vers 4h du matin en lui promettant que je ferai le guet à sa place.
- Je peux pas...Pas pour le moment. Tu sais comme moi ce qu'il va me dire et je veux pas l'entendre pour l'instant.
- Encore une fois Lix, ne fais pas tes conclusions trop vite.
- Ne me mens pas Chan. Tu l'as vu, il est amoureux d'elle. Il a toujours été amoureux d'elle et moi...J'ai juste été une distraction...Putain à l'époque je croyais qu'il était mal à cause du scandale mais en fait c'était plus profond que ça...Il était mal avant ça, à cause de leur relation. Je me sens tellement con je te jure...
- Lix, peut être que tu as raison, et peut être qu'il l'aime encore, mais tu crois vraiment que tu n'as été qu'une distraction ? Tu connais Hyunjin mieux que quiconque, tu le penses vraiment capable de ça ?
- Je ne dis pas qu'il l'a fait intentionnellement. Je ne dis pas non plus qu'il n'a pas été persuadé d'être sincère avec moi...Mais je me rends juste à l'évidence, il a à peine posé les yeux sur elle et tout est revenu. J'ai été effacé si facilement que j'en ai eu le vertige...
- Felix, s'il te plaît ne fais pas ça.
- Ne t'en fais pas Chan, je te jure que ça va aller.
Le sourire le plus faux de l'histoire, je lui tapote l'épaule et je fonce me doucher. Sous l'eau chaude je laisse ma peine s'écouler, je n'ai plus de larmes à donner, plus rien. C'est le néant, le champ de bataille, il ne reste que les ruines à ramasser.
Je me prépare mentalement à affronter le regard des autres, je sais qu'ils ne me confronteront pas, qu'ils essaieront de combler les blancs comme ils l'ont fait pendant la rupture de Jisung et Minho. Je ne crains pas leurs questions, ils seront assez délicats pour l'éviter mais la pitié c'est quelque chose que j'ai du mal à supporter et je sais que les jours à venir vont être compliqué à gérer. Je vais y avoir le droit à chaque fois qu'Eva et Hyunjin seront dans la même pièce et qu'ils échangeront ce regard plein de souvenirs et de non-dits. A nouveau je me sens nauséeux. Je me secoue la tête et je sors de la douche la serviette autour de la taille, je m'avance vers ma chambre pour m'habiller pour la journée. De longues heures d'entraînement nous attendent, je ne peux pas me permettre de laisser mes sentiments gâcher notre première ouverture du MAMA. Me noyer dans le travail, c'est exactement ce dont j'ai besoin.
Comme prévu, les autres ont été discret, ils m'ont laissé tranquille et ont parfaitement jouer leur rôle de barrage la journée durant, et toute la semaine qui a suivi. Le soir je rentrais toujours plus tard, je m'enfermais dans la chambre les écouteurs sur les oreilles pour ne pas entendre un éventuel intrus, quel qu'il soit.
Nos journées au studio en présence des deux coachs ont été plus faciles que prévu, je me suis efforcé de ne jamais les regarder lorsqu'ils discutaient ensemble, de ne jamais croiser le regard de l'un ou l'autre. Je suis resté moi-même, j'ai essayé d'être le plus enthousiaste possible mais même pour moi, jouer la comédie devient vite fatigant et arrivé le week-end, j'ai eu l'impression de m'être entraîné deux fois plus. Chan nous a autorisé à nous reposer tout le samedi avant de reprendre les entraînements, la semaine suivante nous avons la possibilité d'aller trois fois à salle du MAMA pour mettre en place notre chorégraphie directement sur les lieux.
Le seul jour de repos m'est apparu comme une véritable épreuve, il allait être difficile de trouver d'aussi bonne excuses pour l'éviter. J'ai donc contacté des amis en espérant que l'un d'entre eux soit disponible pour sortir, voyager, peu importe du moment que je peux sortir de l'appartement.
C'est un de mes rares amis du temps du lycée qui me répond, je lui propose de passer la journée ensemble et il accepte mais je dois le rejoindre dans sa ville à une vingtaine de kilomètres de Séoul. Je lui confirme et je me prépare aussi tôt. Je m'habille très simplement d'un jean noir et d'un pull bleu nuit large, je porte ma sacoche sur le torse et un bonnet sur la tête. Je cherche ma veste en cuir dans le placard de l'entrée sans succès.
« C'est ça que tu cherches ? »
Il se tient droit au milieu du couloir, ma veste dans la main. Je suis pathétique, je me sens ma gorge se serrer rien qu'à le regarder, ma poitrine se compresse et ma tête se vide. J'ai envie de courir loin de lui le plus vite possible. J'attrape ma veste sans un mot.
« Tu vas m'éviter combien de temps Felix ?
- Je suis désolé. Je réponds.
- Quand Jisung évitait Minho, tu étais le premier à dire qu'il fallait le laisser s'expliquer...Pourquoi est-ce que tu refuses de me parler maintenant ?
Je secoue la tête.
- Je suis pas prêt, j'articule difficilement. J'ai besoin de temps.
- Je t'en prie Lix. Il s'approche soudainement de moi, sa main se pose sur ma joue et m'électrocute de la tête au pieds. Ne t'éloigne pas de moi... »
Je déglutis, le couteau s'enfonce encore plus loin de la plaie.
« Regardes moi Yongbok...,souffle sa voix suave empli de tristesse. »
Son front se pose contre le mien, patientant que je dise quelque chose. Je remonte ma main sur la sienne et je ressemble tout mon courage pour m'écarter.
« Je dois y aller. »
Je le quitte sur le palier de la porte. Encore sous le choc mais cette fois je ne céderai pas, je ne pleurerai pas. Je prends une profonde inspiration, arrivé dehors, et j'emprunte le van pour rejoindre mon ami dans sa ville natale.
Après une demi-heure de route à songer à mon amant maudit, je me gare devant la maison de Min-Jae, je ne l'ai pas vu depuis plus d'un an mais c'est toujours aussi plaisant de voir son immense sourire. Sans compter que ses enfants sont adorables, ils ont le don d'effacer tous les nuages noirs qui m'accompagnent.
- Punaise Yongbok plus ça va moins je te reconnais ! Dire qu'avant je pouvais te pincer les joues maintenant t'es devenu tout mince, dit il déçu, essayant d'attraper ma peau tandis que j'essaie de le repousser en riant.
- Oncle Bok !
- Salut beauté !
J'attrape la petite de Min-Jae, Sol-i et la fait sauter dans mes bras. Ce petit rayon de soleil de quatre ans est une véritable bouffée d'oxygène. Elle rit aux éclats, ses nattes virevoltant à mesure que je la lance dans les airs.
- Regarde ce que maman m'a donné, dit elle en montrant une petite broche rose en forme de papillon sur sa robe.
- Waouh mais c'est tellement joli, je suis jaloux.
- Je peux pas te la prêter Oncle Bok, c'est un cadeau.
- C'est pas grave, c'est plus joli sur toi.
Je repose la petite par terre qui court à l'intérieur de la maison, Min-Jae me fait signe de le suivre. Je retire ma veste dans l'entrée et mes chaussures. A chaque fois que je viens le voir c'est la même sensation, la chaleur du foyer familial me donne un sentiment de paix absolu, j'ai l'impression d'être quelqu'un de normal qui rend visite à un ami. Lorsque nous sommes tous les deux nous parlons très peu de ma situation professionnelle, de ma musique ou encore de mes concerts. Il me raconte ses péripéties familiales, on parle du passé et de nos amis communs. Nous avons beau n'avoir passé qu'une année ensemble au lycée – jusqu'à mon entrée dans le monde de la musique – j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. Il me raconte comment son fils aîné est devenu la petite coqueluche de son école à seulement six ans, ce qui nous fait rebondir sur sa propre popularité quand nous étions au lycée. Comment il était un terminal admiré de tous, dont moi le petit seconde fraîchement arrivé d'Australie. Je le charrie aussi tôt en lui disant que les choses ont bien changé, tout en tapotant son ventre, il s'offusque faussement et gonfle le torse.
« Et toi alors ? Tu n'aimerais pas avoir des enfants ?
- Tu sais avec mon métier...
- Oui mais plus tard.
- Je ne sais pas. Je suis encore jeune. Je dis un peu gêné.
- C'est vrai, tu as changé physiquement mais tu es toujours le petit Yongbok timide qui me suivait partout au fond, dit il en ébouriffant mes cheveux.
Nous rions de bon cœur, cette époque me parait si loin maintenant.
- Et les amours ? Je sais que vous n'êtes pas censé avoir de partenaires, mais bon, t'es un mec et de mémoire pas le plus chaste.
- Bah d'accord.
- Fait pas l'innocent ! C'était pas non plus comme Dae-Ho mais on était pas loin.
- Oh ! Dae-Ho carrément ! Le mec il y a que le chien qu'il a pas sauté et encore c'est parce qu'on l'a fait castrer !
- Haha ! T'es con !
- Dae-Ho il s'est tapé la prof de maths et d'anglais ! En même temps !
- Ouais je m'en souviens, le trauma, je voulais juste récupérer ma copie, dit-il avec un frisson d'horreur.
- Comme si t'étais un saint...
- En attendant, qui c'est qui qui a réussi à sauter Ji-Eun ? Le canon que c'était, on lui courait tous après et c'est le petit Yongbokie sorti de nulle part qui l'a pécho !
- C'est mon petit accent ça, je réponds pas peu fier. Elle adorait m'entendre parler, elle était même un peu flippante parce qu'elle me demandait de lui dire des saloperies en anglais pendant l'acte.
- Bah mon cochon ! J'aurai adoré lui dire des saloperies, dit il en mimant les gestes d'une fessée.
J'éclate à nouveau de rire, il regarde autour de lui pour bien vérifier que les enfants ne sont pas dans les parages.
- Et le Principal ? On en parle ou pas ? Il me chuchote espiègle.
- Oh pitié. Je dis avec un sourire nostalgique.
- T'étais raide dingue !
- Ouais c'est vrai...
- Faut dire qu'il était sexy pour un mec de quarante ans. Jamais j'aurai cru qu'il était gay.
- Il était pas gay.
- C'est pas parce qu'il était marié qu'il était pas gay.
- Merci. Nan mais c'était spécial, n'en parlons plus.
- Je t'ai jamais demandé mais c'était ton premier mec ? »
Je confirme d'un signe de tête.
« Ton premier amour ? Il insiste curieux
- Je crois bien, je réponds en réfléchissant.
- Et tu n'es plus tombé amoureux depuis ? »
Il a un air étrange, comme s'il essayait de me faire dire quelque chose. Ca se voit tant que ça ? Min-Jae me connaît bien, mais pas un instant je n'ai pensé à Hyunjin, pourtant j'ai la sensation qu'il sait.
« Pourquoi tu demandes ça ?
- Je sais pas, il y a un an, la dernière fois que tu es venu, j'avais l'impression que tu avais rencontré quelqu'un. T'as rien dit mais tu avais le même regard pétillant qu'à cette époque. Si tu veux pas en parler je te force pas ! Je trouve juste que tu as l'air moins...Heureux ? »
C'est épatant, après tout ce temps loin l'un de l'autre, le peu de temps qu'on a partagé, c'est toujours aussi déroutant de voir à quel point je suis transparent pour lui. Il avait d'ailleurs compris très rapidement à l'époque que j'étais bisexuel, bien avant que je ne sorte avec les premiers garçons. Il ne m'a jamais jugé, il m'a toujours écouté et épaulé en toute circonstances.
« C'est un peu compliqué, je réponds. C'est quelqu'un je connais bien, que je suis amené à voir souvent. Il ne m'avait rien promis. Je me suis monté la tête tout seul et maintenant je sais qu'il aime quelqu'un d'autre. C'est difficile.
- Je comprends. En tout cas tu sais que tu peux venir me voir quand tu veux. Tant que tu apportes une photo de toi torse nu, ma femme t'acceptera à bras ouverts sous notre toit et sans doute dans notre lit.
- T'es trop con ! », je ris à nouveau
Ca fait tellement du bien. J'aimerai rester avec lui encore des heures mais la nuit tombe et je dois rentrer avant d'inquiéter les autres. C'est le vague à l'âme que je le sers dans mes bras, c'est toujours aussi douloureux de ne pas avoir le temps de le voir plus souvent mais je me promets intérieurement de faire plus d'efforts et d'essayer de venir plus souvent.
Je reprends la route, bien plus serein qu'en partant et malgré la distance qui se réduit, je ne sens pas mon cœur se serrer et le stresse me gagner à l'idée de le revoir. En entrant dans l'appartement, j'ai la sensation d'avoir pris une décision.
« Hyunjin ? »
Le dénommé sursaute alors qu'il peignait dans sa chambre, concentré et coupé du monde. Il pose son pinceau et fait un premier pas dans ma direction mais s'arrête aussi tôt, ne voulant pas m'effrayer.
« Je t'écoute maintenant. »
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Hello !
Une petite incursion dans le passé de Yongbok, pour mieux revenir et écouter Hyunjin...
Est-ce que ça va bien se finir ? Vous le saurez bien assez tôt.
Joyeux noël à tous !
A bientôt
D.
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