Chapitre 12 : Le dictateur évincé
[POV Bangchan]
C'est moi qui ai pris cette décision. C'est moi qui l'ai repoussé, qui ai mis un terme à cette étrange relation qui s'est développée entre nous. C'était mon choix. Je savais que ça serait dur, pour lui comme pour moi, je savais qu'il fallait du temps mais plus il passe et moins je suis convaincu. Est-ce que j'ai fait le bon choix ? J'ai l'impression que ça ne passera jamais, comme si j'essayais de forcer les choses, comme si quelque chose ou quelqu'un m'empêchait de tourner cette page.
– Qu'est-ce vous regardez ?
– On regarde la nouvelle copine de Changbin.
J'aurai dû m'en douter. C'est vrai que ce n'est son style d'être sérieux avec quelqu'un, depuis des années il ne fait que s'amuser, profiter des plaisirs charnels sans jamais s'engager. J'en ai aussi profité, je ne peux pas lui en vouloir, même si ça été compliqué à accepter.
Il faut avouer que la première fois que c'est arrivé je n'étais pas tout à fait dans mon état normal. Je ne bois pas donc ce n'était dû à l'alcool mais j'avais fait plusieurs nuit blanches d'affilées, j'étais dans une période de dépression profonde à cause du travail, d'une rupture récente, d'une remise en question sur tous les plans de ma vie. Pour être honnête, j'avais de sérieux doute sur ma sexualité, je me forçais à sortir avec un tas de fille mais je sentais bien que j'étais aussi très attiré par les hommes. En gros c'était le bordel, j'étais épuisé autant physiquement que moralement mais Changbin ne m'a jamais laissé tomber. Pas une seconde il ne me laissait seul, il a pris beaucoup sur lui notamment avec le manager, les rendez-vous, il restait à mes côtés jusqu'à ce que je finisse par m'endormir. Parfois on discutait des heures entières pour me vider l'esprit, essayer de m'apaiser.
Depuis le temps je savais que c'était un ami fidèle, loyal, peut être trop. Il était si facile de profiter de lui. Alors qu'il prenait soin de moi, qu'il essayait de me faire revenir, j'avais craqué. Je savais qu'il ne me repousserai pas, j'ai toujours senti son regard sur moi, ses plaisanteries qui n'en étaient pas, sa timidité lorsque nous étions seuls et que sa peau touchait la mienne par mégarde. Changbin ne s'est jamais caché, tout comme Felix il était attiré par les deux sexes, il a assez d'assurance pour l'assumer complètement mais c'était différent avec moi. Je savais qu'il avait un faible pour moi, je l'ai toujours su, son amitié l'empêchait juste de faire le premier pas.
Après notre première nuit, je me suis demandé comment j'allais pouvoir sortir de ça, je m'en étais voulu, je ne voulais pas le blesser et en même temps je savais que rien de bien ne pouvait en sortir. Je ne pouvais pas donner à Changbin ce qu'il voulait. Je crois que ma plus grande erreur a été de ne pas l'empêcher de parler ce matin là, de ne pas l'arrêter quand il s'est mis à rire, qu'il m'a affirmé que ce n'était rien, que nous n'étions que deux amis qui prenions du bon temps. Je n'ai rien dit parce que c'était commode pour moi mais je savais qu'il mentait, je savais que je n'étais pas un simple ami pour lui. J'avais franchi la ligne et j'avais délibérément fermer les yeux sur ses sentiments, tout ça pour m'éviter de souffrir : je ne voulais tout simplement pas le perdre. Au lieu de ça je l'ai sacrifié, j'ai fait mon choix, je savais qu'il finirait tôt ou tard par me haïr.
Quand l'histoire entre Minho et Jisung a éclaté, je me suis peu à peu éloigné de lui. Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder avec effroi les deux personnes les plus proches que je connaissais, devenir de véritables épaves, loin l'un de l'autre. Ni moi ni Changbin n'étions un couple, il n'est pas question d'amour, rien d'avouer en tout cas, alors c'était différent. Mais plus le temps passait et plus je me voyais en eux. Plus le temps passait et plus je redoutais le moment et nous finirions dans le même état. Alors j'ai tout arrêté, avant qu'il ne soit trop tard.
Sauf que c'était déjà trop tard.
Ca fait trois mois, trois mois et je sens venir mes vieux démons. Le premier mois a été étrange mais j'ai réussi à m'en sortir, je me disais alors que ce n'était effectivement que de l'affection. J'allais pouvoir être simplement son ami mais Changbin ne l'entendait pas de cette oreille. Il a construit un mur entre lui et moi, nos échanges se résumaient au travail et quand il ne travaillait pas, il sortait. Plus il sortait et plus je sentais que je redevenais le Bangchan solitaire, insomniaque et nerveux. Il n'était plus là pour m'empêcher de sombrer et moi je devais rester spectateur de sa propre chute.
Encore une fois c'était mon choix. Depuis le début, de notre premier baiser jusqu'au dernier, ça toujours été mon choix. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. Je devais faire avec, mais cette mélancolie était quelque part canalisée par l'idée que lui même n'arrivait pas à s'en remettre. Jusqu'à ce qu'il la rencontre.
Dès leur première rencontre, elle a agit comme un calmant sur son cœur et j'ai senti, au plus profond de mes entrailles, cette voix qui hurlait. J'allais le perdre. En quelques heures elle s'était fait une place là où je régnais en dictateur depuis des années et j'étais tétanisé à l'idée d'être totalement effacé.
Qu'est-ce que je vais pouvoir faire maintenant ? J'ai creusé ma tombe. Il est entrain de m'oublier. C'est encore frais, je sais que je suis encore une priorité dans sa vie , je n'ai aucun doute là dessus mais il tombe sous le charme, c'est évident et moi je n'ai plus qu'à disparaître. J'en ai pas envie, je ne veux pas mais je ne sais pas quoi faire. Comment le retenir ? Je ne peux pas simplement essayer de renouer un contact physique, il m'a déjà repoussé hier soir.
Est-ce qu'il attend toujours quelque chose de moi ? Est-ce qu'il m'aime ? Je serai tenté de le penser mais peut être que ce n'est déjà plus le cas. Putain j'ai l'esprit embrouillé, j'ai mal à la poitrine, comme une crise de panique qui me submerge peu à peu. Je me recroqueville par terre, aux pieds de mon lit.
Et moi, est-ce que je l'aime ? Sûrement. Je pense. C'est confus parce que je n'ai jamais voulu faire face à mes sentiments. Ce que je sais c'est que je veux le retrouver, je veux qu'il revienne vers moi, je veux le serrer contre moi, me réfugier dans ses bras, sentir son regard sur moi, celui qui me fait sentir l'être le plus important du monde à ses yeux. Je le veux, je le veux tellement.
Encore une fois, je n'ai pas dormi de la nuit. Je me lève douloureusement après avoir passé la nuit allongé par terre, je sens mes courbatures sur tout le corps, j'ai mal à la tête et les yeux brûlant. En me regardant dans le miroir de la salle de bains je remarque qu'ils sont injectés de sang, je vais avoir du mal à le cacher, autant les cernes c'est faisable autant les yeux humides et rouges c'est plus compliqué. Je secoue la tête passant plusieurs fois mon visage sous l'eau froide. La tête penchée, les bras tendues sur le lavabo je laisse l'eau tomber de ma peau tandis que j'essaie de me motiver.
Je ne sais pas comment je vais tenir. Je m'essuie et je sors dans le silence de l'appartement. Je regarde ma montre et je remarque qu'il est six heures dix. Je devrais aller courir maintenant au lieu de sept heures, ça me permettrai de manger avec les autres avant d'essayer de trouver ces prod' qui nous manquent.
J'enfile mon jogging et je pars pour ma course matinale, je pousse jusqu'à douze kilomètres et je reviens une heure plus tard. En rentrant je sens rapidement un vertige me gagner, je me tiens de justesse à la porte d'entrée et laisse glisser essoufflé, transpirant. J'ai la tête qui tourne. Je me couche donc, les jambes sur le mur, le cœur battant la chamade.
– Chan, est ce que ça va ?
Mon ange démoniaque préféré sort de la chambre de Hyunjin.
– Ouais...Je souffle sans réussir à calmer mes palpitations. Ca va passer.
– T'est sûr ? Tu me fais peur, dit il en s'accroupissant à mes côtés.
– Ca va...Ca va...
Il est septique, je le sens se lever et je le vois se diriger vers par la porte de Changbin.
– Non ! Je panique. Non, ça va je te dis. J'ai juste un peu tirer ce matin je pense...Laisses moi me calmer.
– Mais t'es tout blanc Chan...Je te jure que tu me fais peur...Je vais réveiller Hyunjin on va t'emmener aux urgences.
– Lix ! Je te dis que ça va.
Je déglutis et je me redresse le plus lentement possible, je me tiens au mur et j'essaie de me calmer.
– Je vais aller prendre ma douche.
– Je viens avec toi.
– Avec tout le respect que je te dois, je préfère me doucher seul.
– Et si tu tombais ? Alors ne fermes pas la porte à clé, je vais surveiller depuis le couloir.
– Je...Ah fais comme tu veux.
Il croise les bras sur son torse et s'adosse au mur en face de la porte de la salle de bains, je rentre à l'intérieur en secouant la tête mais à peine ai je fermer la porte que je me plie en deux. J'ai tellement mal, cette crise ne passe pas, j'entends maintenant les battements de mon cœur dans ma tête et un acouphène me trouble la vue.
Je n'ai plus le choix, je crois qu'il me reste une boîte de cachets. Lors de ma dernière dépression, le manager m'avait obligé à voir un médecin et on m'avait prescrit des antidépresseurs. Je ne l'ai jamais pris, mais je ne l'ai jamais jeté. J'ouvre la boîte à pharmacie et je trouve la petite boîte violette au fond. Je prends un cachet et je le regarde attentivement, hésitant. Je reste plusieurs secondes à l'observer pour finalement le remettre dans sa boîte.
– Ca va aller, je me dis à moi-même. Je peux m'en sortir sans.
Je reste encore quelques minutes assis, au bout de dix minutes je sens mes tremblements se calmer et mon cœur recommence à battre normalement. Soulagé je fonce dans la douche et je termine rapidement pour éviter de voir Felix débarquer dans la salle de bain par peur que je me sois évanouie. En sortant avec ma serviette, il me sourit.
– Tu en as mis du temps. Ta crise est passée, ça va mieux ?
– Ouais, je lui réponds. C'était rien.
– Hum. Ca t'arrive souvent ?
– Ca faisait longtemps mais j'ai en ai déjà eu. C'est rien. Je dois éviter de forcer sur le sport quand je dors pas.
– Tu fais encore des insomnies ?
Je suis assez connu pour dormir peu mais de là à faire des nuits blanches, plusieurs d'affilées, c'est pas bon signe, même pour moi.
– C'est le stresse...Les deux derniers titres on arrive pas à les sortir, ça m'angoisse un peu.
Felix se mord les lèvres.
– On va s'en occuper avec Hyunjin, je suis sûr qu'il a des idées. On va regarder mais s'il te plaît fait une pause. Je pense pas que la maison de prod' aimerait savoir que tu te rends malade pour ça.
Il est naïf mon petit Felix, comme si la maison de production allait hésiter une seconde à me dégager s'il voyait que je n'arrivais plus à faire la seule chose qui fait de moi un leader. Je viens lui ébouriffé les cheveux, attendri par sa bienveillance.
– Don't worry little brat...Je vais bien.
Je l'abandonne pour aller m'habiller, je sens soudainement un poids tomber sur mes épaules et m'écraser. Je la connais cette pression, elle ne m'a jamais été très loin et aujourd'hui elle revient à nouveau me hanter.
J'ai besoin de lui. Je vais pas m'en sortir sans lui.
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Bien le bonjour !
Un petit chapitre de Chan :)
Je sais pas pourquoi j'ai beaucoup de facilité à écrire ses points de vue. C'est un de mes personnages préférés, son caractère, la responsabilité qui pèse sur ses épaules, il m'inspire (tout comme c'est un membre que j'aime beaucoup dans la réalité).
Est-ce que ça va s'arranger ?....Mmh
On se retrouve bientôt pour la suite
D.
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