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Partie 3 - Réminiscence du passé


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- Kakashi! Je ne crois pas qu'il soit sage de se séparer avant le retour de Minato! Et ne me lance pas ce regard froid!

- Ne t'inquiète pas Rin, je serai de retour avant le coucher du soleil. J'ai seulement besoin d'être loin d'Obito pour entendre mes pensées.

En dépit de l'acharnement de Minato-sensei pour leur inculquer l'importance du travail d'équipe, Kakashi avait de plus en plus de difficulté à tolérer la rivalité unilatérale de son équipier Obito depuis qu'il avait été promut chûnin. Pour Kakashi, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'une question de temps avant que le jeune Uchiha ne cause l'échec d'une de leurs missions avec sa manie de chercher, plus que tout, la reconnaissance des autres. Par ailleurs, les constants et mièvres éloges de Rin l'embêtaient, tout en contribuant à éveiller la jalousie d'Obito.

Malgré ses uniques six années de vie, âge où la majorité des enfants ne pensent qu'à se faire des amis, la mort de son père avait profondément changé sa personnalité, au point où il ne ressentait plus le besoin de s'attacher aux autres. C'est pourquoi il profitait de leur halte dans le Pays des Clés pour s'éloigner de ses coéquipiers dès qu'il le pouvait.

Minato-sensei était parti se procurer des provisions au village d'à côté, annonçant qu'il serait de retour dans une heure et conseillant à ses élèves de profiter des paysages époustouflants de la contrée pendant son absence.

Songeant au fait qu'il ne s'agissait pas d'un ordre trop difficile à respecter, Kakashi gravit la colline qui le séparait d'une grande étendue herbeuse, balançant ses jambes l'une devant l'autre avec désinvolture. Il n'avait jamais vu de pré d'un vert aussi vif, ni de ciel aussi bleu dans son pays natal. Des formations rocheuses ponctuaient la prairie qui s'étendait à perte de vue, imitées par les nuages épars qui maculaient le ciel.

Son émerveillement fut cependant de courte durée, car un bruit distant le tira de sa rêverie. Son instinct de ninja prenant le dessus, il se rapprocha à pas feutrés pour éviter de signaler sa présence.

Prêtant l'oreille, il identifia le son comme étant des sanglots émis par un enfant. Il tenta un regard subtil; une jeune fille d'environ un an plus jeune que lui était affalée sur le sol, visiblement épuisée. Son kimono rouge était constellé de poussière qui se mélangeait aux larmes qui coulaient le long de son menton. Sa beauté aurait suscité la jalousie de toute fille de son village, mais ce que remarqua le regard acéré du ninja de Konoha fut plutôt sa main gauche serrée en un poing ferme, ce qui témoignait de son courage.

La détresse flagrante de la fillette suscita en lui un inhabituel sentiment qu'il n'aurait pas pu arriver à décrire. Il connaissait cette détresse, il la connaissait trop bien, car il la ressentait tous les jours de sa vie depuis le décès de Sakumo. Ce chagrin était le chant de la solitude, et il ne pouvait pas supporter de voir une personne de plus avoir à porter ce fardeau.

Troquant son habituelle indifférence pour de la bienveillance, Kakashi manifesta sa présence.

- Oi! salua le ninja de Konoha, une main machinalement placée derrière la tête. Tu dois avoir soif?

La fillette sursauta puis cligna vivement des yeux pour en chasser les larmes qui embuaient sa vision. Remarquant la main tendue du garçon qui lui offrait sa gourde, elle essuya prestement son visage humide d'un coin de manche, incapable de camoufler sa gêne.

- Je m'appelle Kakashi, Kakashi Hatake.

- Hanare.

Kakashi ne releva pas l'omission du nom de famille. Il fut impressionné de constater que toute trace de sanglot avait quitté sa voix et qu'elle semblait déjà avoir repris un contrôle de fer sur ses émotions.

Hanare but l'eau avec retenue par peur d'abuser de la gentillesse du jeune inconnu.

- C'est très gentil de ta part, le remercia-t-elle avec un sourire sincère.

- Tu t'es égarée? devina perspicacement Kakashi.

La fillette hocha la tête avec approbation.

- Je me dirigeais vers mon village natal avec l'espoir d'y rencontrer mes parents biologiques. J'ai toujours été élevée en banlieue par l'un des conseillers du maire, j'ignore donc qui sont mes vrais parents. J'ai marché pendant plusieurs heures avant de m'avouer perdue. Alors, je me suis dit que si je pleurais suffisamment fort, peut-être que quelqu'un viendrait m'aider.

- Pourquoi as-tu été élevée hors du village si tes parents s'y trouvent?

Kakashi n'avait pas pu retenir sa confusion. Il savait par expérience à quel point la vie était cruelle de séparer un enfant de ses parents. Il ne comprenait pas comment quiconque aurait pu lui infliger cette souffrance en toute connaissance de cause.

Hanare réalisa qu'elle en avait trop dit. Elle éluda ingénieusement la question; son ton devint moins sérieux et ses yeux se plissèrent en raison de l'énorme sourire qui venait d'apparaître sur son visage.

- J'ignore pourquoi je t'explique tout ça, j'imagine que ça fait du bien de parler à quelqu'un de mon âge pour une fois!

Le ninja remarqua alors qu'elle parlait que, malgré la résilience factice de la fillette, ses jambes graciles tremblaient sous le poids de son corps.

- Tu sembles épuisée. Saute sur mon dos, je vais te ramener chez toi.

- Non, ne te dérange pas pour moi! Tu es un ninja, alors tu dois être très occupé. Indique-moi seulement dans quelle direction marcher et je poursuivrai mon chemin.

Le garçon souris amicalement sous son masque.

- Si si, j'insiste. L'entraide fait partie de mon devoir de ninja. De plus, ce sera plus rapide, et cela me permettra de devenir plus fort.

Trop intelligente pour argumenter davantage, la jeune fille s'avoua vaincue. Elle grimpa délicatement sur son dos, ses longues mèches de cheveux soyeux effleurant le cou de son sauveur comme un doux remerciement.

Alors que son corps se balançait au rythme saccadé des pas du garçon, la fillette pointa le bandeau du ninja arborant le symbole de feuille.

- À quel village appartient cet emblème shinobi?

- Il s'agit de celui du village caché de Konoha, du Pays du Feu.

- Si tous les gens là-bas y sont aussi gentils et courageux que toi, ça doit être un vraiment bel endroit où habiter. Tes parents doivent être fiers de toi.

Kakashi se rembrunit. Il n'était pas commun pour lui de confier sa vie personnelle à des inconnus, mais il se dit qu'il lui devait la vérité en retour. De plus, il se sentait étrangement à l'aise en présence d'Hanare.

- Je n'ai pas connu ma mère et j'ai perdu mon père il y a peu de temps. Sa fierté ne signifie rien pour moi.

- Alors je t'aiderai à le retrouver en guise de gratitude!

Le ninja s'attendri de la méprise de la gamine.

- Ça risque d'être compliqué, puisqu'il n'est plus de ce monde...

- Oh!

Un silence qui n'avait rien de malaisant s'installa entre les deux jeunes. Après quelques secondes de réflexion, Hanare brisa leur mutisme.

- J'imagine qu'il est pire de perdre des êtres chers que de ne jamais les connaître.

Ses mots chatouillèrent son oreille dans un souffle, et il ne fit aucun doute pour Kakashi qu'en cet instant, elle put lire au fond de son âme.

Alors Kakashi voulut lui faire don de sa sagesse en retour. Il désigna du doigt un nuage floconneux. Hanare écoutait attentivement ses paroles.

- Lorsque tu te sens seule, lève les yeux et regarde les nuages. Comme ils changent de forme, tu peux y imaginer tout ce que ton cœur désire. Tant que tu auras de l'espoir, ils répondront à ton appel. À partir de maintenant, tu n'auras plus jamais besoin de dépendre des autres. C'est ainsi que j'échappe à la solitude.

Ils effectuèrent le reste du trajet dans un silence trop émouvant pour être rompu, le regard perdu au-delà de la mer de verdure que formait la prairie.

Les nuages changeaient de forme devant les yeux ébahit d'Hanare, ressemblant de plus en plus à la silhouette du jeune ninja de Konoha.

Elle sourit.

Elle comprenait maintenant.

- Et toi, Kakashi Hatake, que vois-tu dans le ciel quand tu te sens seul?

- De la soupe miso aux aubergines.

Prise de court, elle ne su comment réagir. Kakashi lui donna la réponse en éclatant d'un rire clair, qu'elle imita. Leur rire se réverbéra sur les rochers, partageant leur euphorie sur des kilomètres.

Au bout d'un moment, ils distinguèrent finalement la silhouette d'un paysan au loin qu'Hanare identifia comme son tuteur. Remerciant chaudement le serviable ninja de Konoha, elle sauta en bas de son dos et couru avec soulagement vers ce visage familier.

Elle se retourna pour jeter un dernier regard à son sauveur, seulement pour constater qu'il avait disparu comme un rêve insaisissable.

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- Ah Kakashi, te voilà enfin de retour! s'écria Rin avec soulagement. J'étais à deux doigts de...

La kunoichi s'interrompit, remarquant l'étrange lueur qui flottait dans le regard du garçon.

''Obito a raison.'' compris Kakashi pour la première fois, un sourire paisible flottant sur ses lèvres. ''Donner son temps à une personne en détresse justifie toujours un retard.''

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