Chapitre 2
Chaque respiration était pour elle devenue un enfer qui la brûlait de l'intérieur. Olympe expirait avec difficultés et entendait son souffle siffler en quittant sa bouche. Ce fut ainsi qu'elle reprit peu à peu connaissance, dans un environnent qui lui demeurait inconnu et hostile. Son état ne faisait que renforcer son sentiment d'impuissance et de profonde détresse ; une vague de solitude se propageait rapidement en elle alors que de vives douleurs la lançaient dans son flanc. Ses yeux se mirent inexorablement à la piquer et des larmes commencèrent à couler le long de sa peau. Je suis une idiote... Si j'avais évité la région du château, je ne serais pas dans cet état...
Prise par les spasmes de ses sanglots et par l'impossibilité de bouger à cause de la souffrance, Olympe se força à ouvrir les yeux pour détailler le lieu où elle se trouvait allongée. La nuit avait plongé le royaume d'Hyrule dans une pénombre effrayante malgré les quelques étoiles qui n'étaient pas cachées par les nuages. La voyageuse perçut les crépitements d'un feu près d'elle, et son incapacité à se mouvoir renforça sa colère contre elle-même. Bien que sa gorge était asséchée par ses pleurs, elle déglutit difficilement puis essaya d'appeler à l'aide.
- Ai... Aidez-moi... murmura-t-elle malgré ses efforts pour se faire entendre.
Des petits pas s'approchèrent rapidement d'elle, un individu sembla se baisser puis porta à sa bouche une gourde pour lui permettre de boire. Olympe avala donc quelques gorgées d'un liquide frais qui parut lui faire un bien fou durant un instant. Reconnaissante, elle tenta de trouver le regard de celui qui l'aidait et découvrit avec stupeur le cavalier de la veille. La douleur qu'elle ressentait lui avait fait oublier qu'il était venu la tirer des griffes du Bokoblin avant qu'il ne soit trop tard.
- Merci, souffla-t-elle en sentant son cœur s'alléger.
Le blond hocha légèrement la tête puis repartit s'asseoir près du feu où se trouvait un remède qu'il avait préparé. Je lui dois la vie... Quand l'onguent fut prêt, Link quitta une nouvelle fois sa place après avoir mis la crème pâteuse dans une sorte de bol, puis revint vers la blessée pour le lui appliquer. Surprise par un contact chaud, Olympe sursauta soudainement, ce qui eut pour effet de répandre une nouvelle douleur dans l'abdomen et la faire gémir. Le jeune homme retira immédiatement ses doigts en lui lançant un regard désolé et confus de lui avoir fait mal. Cependant, il se remit aussitôt à sa tâche et appliqua le plus délicatement possible l'onguent qu'il avait préparé afin qu'il pénètre les tissus lésés et les guérisse.
Autant épuisée psychologiquement que physiquement, Olympe se laissa tomber dans un sommeil profond et réparateur malgré la vive chaleur qui émanait de son ancienne plaie. Peut-être qu'en fin de compte, elle n'était pas perdue...
***
Quand elle fut de nouveau éveillée, le soleil commençait à disparaître peu à peu à l'horizon, dans sa lente et agréable descente quotidienne. Doucement, Olympe gonfla sa poitrine pour évaluer sa douleur qui étonnamment avait diminué même si elle avait encore mal. Ce fut avec une lenteur et une délicatesse extrêmes qu'elle tenta de se redresser sur ses coudes, avant d'étouffer une plainte. Elle demeurait toujours incapable du moindre geste complexe.
La voyageuse vit alors apparaître au-dessus de sa tête un visage à l'envers, exprimant à la fois l'incompréhension et l'inquiétude, qui la fit se crisper sous la surprise.
- Tu m'as fait peur... souffla-t-elle alors que son cœur s'était subitement emballé.
C'est étrange, je ne l'ai pas entendu approcher... Olympe remarqua qu'il portait toujours sa tenue sheikah. Si elle se souvenait bien des paroles d'un des membres de ce peuple qu'elle avait croisé, cette tenue permettait de réduire considérablement le bruit des déplacements. Link fit le tour, s'accroupit à ses côtés puis tâta une énième fois la blessure afin d'étudier la progression de la guérison. La jeune femme grimaça légèrement mais retint un grognement. Les doigts du cavalier étaient froids et, d'une certaine manière, calmèrent un instant la forte chaleur de l'ancienne plaie. Il restait très doux dans ses mouvements et veillait à ne pas faire de gestes déplacés.
Olympe sentait bien qu'il avait ouvert son bustier en cuir terne et arraché un morceau de son haut pour atteindre la blessure, ce qui l'embarrassait beaucoup... Mais puisqu'il lui avait sauvé la vie, elle ne lui fit aucun reproche. De plus, il n'en profitait jamais pour la regarder à son insu. Et la voyageuse ne lui était que plus reconnaissante.
- Tu t'appelles Link, c'est ça ?
Le blond, surpris par cette soudaine question, cessa tout mouvement pendant un instant tandis que ses yeux s'étaient légèrement agrandis. Il finit par opiner puis reprit sa tâche sans tarder.
- Je ne te remercierai jamais assez de m'avoir sauvé la vie... S'il te plaît, accepte de prendre un rubis d'or dans mon sac. C'est pas grand-chose, mais ça vient du cœur.
Link plongea ses iris bleus dans les siens, la faisant frémir, puis refusa en secouant légèrement sa tête. Il ne parle pas ? Olympe fronça légèrement les sourcils en essayant de lire à travers ses yeux. Ce n'était pas une chose aisée, mais parfois elle y arrivait.
-Tu es muet ? Ah ! Excuse-moi... Je ne devrais pas poser une question blessante...
Link haussa les épaules pour lui montrer que ce n'était pas grave, que ça ne l'avait pas affecté. Quand il eut fini l'application de l'onguent, il pointa la silhouette de la voyageuse avec un regard interrogateur.
- Tu me demandes qui je suis ?
Il hocha la tête.
- Je suis juste une voyageuse en quête d'aventures et un peu imprudente, comme tu as pu le constater... Je ne suis pas Hylienne. Je viens d'une région du Sud-Ouest, appelée Panah. Tu connais ?
Il fit non de la tête, ce qui n'étonna guère la jeune femme.
- Je vivais dans sa capitale, Panahpolis. Mais bon... J'ai fini par quitter cette ville.
Link pencha un peu son visage sur le côté en signe d'incompréhension et plissa les yeux, curieux de savoir pourquoi.
- Eh ! s'indigna-t-elle avant de se crisper à cause de son ancienne blessure. Tu as beau m'avoir sauvé la vie, je ne vais pas tout te raconter comme ça !
Olympe se sentit immédiatement coupable de s'être emportée ainsi face à Link après tout ce qu'il avait fait pour elle. Elle fuit son regard pour le poser sur le feuillage de l'arbre au-dessus de sa tête.
- Excuse-moi... J'aime pas trop en parler, c'est tout. Si tu veux vraiment savoir, je m'appelle Olympe.
Link esquissa un faible sourire, retira sa main puis revint s'asseoir près du feu, sous le regard presque inquiet de la voyageuse. Elle se demandait s'il avait été blessé par ses mots, mais l'attitude calme du jeune homme finit par lui faire penser le contraire.
Et un nouveau jour s'écoula, pendant lequel Olympe passait la majorité du temps à dormir pour compenser la fatigue causée par la guérison de sa blessure. Mais grâce aux bons soins de Link, les lésions sous sa peau s'étaient presque refermées, bien que les forces manquaient à la voyageuse et que certains mouvements persistaient à la faire souffrir. Une fois entièrement éveillée, elle put enfin se tenir assise, les jambes tendues. Ça lui fit un bien fou. Son dos, tout endolori comme la grande majorité de son corps, pouvait être étiré et la détendre. Alors que Link, à quelques mètres de là, vérifiait l'état de son arc, Olympe aperçut à sa ceinture un drôle d'objet d'où émanait une lumière bleutée. Intriguée par cette chose qu'elle n'avait jamais vue, elle plissa les yeux mais ne trouva pas d'explications.
- Link ? l'appela-t-elle doucement.
Le jeune homme leva les yeux vers elle en affichant une expression surprise.
- C'est quoi, à ta ceinture ? Je n'avais encore jamais vu ça...
Link baissa les yeux en direction de sa tablette, se dirigea à quatre pattes jusqu'à la blessée puis s'assit en tailleur à côté d'elle avant d'allumer l'écran. Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent quand le dessin d'un œil bleu s'afficha en plein milieu de la tablette. Une phrase apparut à son tour, surprenant une nouvelle fois Olympe.
- La tablette sheikah ? Qu'est-ce donc ?
Link tapota sur l'écran et fit défiler les modules qu'elle proposait, laissant lire leur nom et fonctionnalité.
- Incroyable... C'est de la magie ? Non ? Une ancienne technologie alors ?
Le blond acquiesça puis lui montra son inventaire. En effet, la tablette lui permettait de matérialiser et dématérialiser diverses armes pour lui faire de la place et lui offrir un large choix d'équipement. Elle permettait aussi de stocker ses matériaux, sa nourriture ainsi que ses différentes tenues. Il n'avait qu'à appuyer dessus pour les faire apparaître.
- J'aimerais avoir la même tablette ! Il en existe d'autres exemplaires ?
Il fit non de la tête.
- Oh... Tant pis. Mais, tu m'as l'air d'un véritable guerrier, au vu de toutes tes armes.
Link parut réfléchir un instant, les yeux dans le vide, puis lui fit comprendre qu'il n'en était qu'à moitié un en secouant sa main. Sur sa tablette, il ouvrit sa carte où apparurent des dizaines et des dizaines de points bleus, ainsi que les différents villages et relais d'Hyrule.
- Tu voyages aussi ? s'écria-t-elle, soudainement surexcitée de l'apprendre. Mais c'est formidable ! Tu dois connaître tellement de choses sur ce royaume ! Tous ces points bleus représentent les lieux où tu es passé ?
Il le confirma par un hochement de tête, appuyé par un léger sourire.
- Je t'envie tellement... Je devais me rendre au village Cocorico ; c'était ma première destination. Si j'avais été plus prudente, j'y serais déjà à l'heure qu'il est... Maintenant, je paie le prix de ma bêtise. Et toi, où devais-tu aller ?
Sur sa carte, Link pointa un village à l'Est.
- Elimith ? Je n'en ai pas entendu parler. Mais je serai ravie de le visiter.
Le blond lança un regard interrogateur à la châtaine qui parut se refroidir subitement, embarrassée par son emportement. Elle passa un bras dans son cou et préféra fixer l'herbe plutôt que d'affronter son regard.
- Excuse-moi encore une fois... Quand il s'agit de découvrir un endroit, ça me met dans tous mes états. Dès que je serai rétablie, peut-être que j'essaierai d'y aller ? Mais ça me paraît quand même assez loin...
Link accrocha la tablette à sa ceinture, se mit debout puis s'étira le bras gauche au-dessus de sa tête. Ce n'est vraiment pas évident d'avoir affaire à quelqu'un qui ne parle pas... Mais je ne peux pas nier qu'il est incroyablement gentil. Une chose était sûre : il tardait à Olympe de reprendre sa route et sa quête d'aventures, néanmoins en étant encore plus prudente que jamais.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro