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Chapitre 13

... à moins que ce soit ta vision de la vie qui ait fait basculer les choses. Sans toi, certaines situations n'auraient jamais évolué.

Le matin se lève, dans une aura rosée. Il est tôt, et je regrette bien assez vite d'avoir oublié de fermer le store hier soir. Je me suis endormie comme une masse. Le cadeau de mon père traîne par terre, à côté de mes chaussures. Des mèches s'échappent de ma tresse et mes yeux se perdent dans le plafond. Je ne sais plus trop quoi faire en vérité. Celle-ci est devenue floue et nombreuse. Mon père, Helynnah, Maman... Trois versions d'une même histoire : la mienne. La nôtre. Jusqu'à maintenant, je n'avais qu'un seul fil directeur, et entre temps, deux autres sont apparus et ont fait leur chemin.

J'allume mon téléphone pour voir l'heure. 7h15. Et un message de ma mère, daté du milieu de la nuit m'énerve. Elle veut savoir où j'ai rangé la clé du tiroir de mon bureau, celui où je range mes dessins. J'ignore ce sms et je jure. C'est ce que j'appelle commencer sa journée du bon pied. Je marmonne une série d'insultes et finit par balancer un coussin contre le mur. Sauf qu'il fait tomber ma thermos d'eau en tombant. Métal contre parquet, le bruit résonne dans le silence.

Peu après, j'entends des pas dans les escaliers. La tête de mon père apparaît.

— Tout va bien ?

Oui. Réponse instinctive.

Non. Réponse trop catégorique.

Je ne sais pas. Solution de sûreté.

Mais je ne dis rien. Les mots restent coincés dans ma gorge et se contentent de rebondir dans ma tête. Alors, je le regarde. Ses traits sont encore couverts par le voile du sommeil. Il y a une lueur d'inquiétude dans ses yeux. Il semble désemparé. Un peu comme moi, là maintenant. Sept ans de vide suffisent à creuser des espoirs et des colères. Lesquels l'emportent ? Je n'en ai aucune idée.

— Tu veux que ?

Je devine la fin de sa phrase et acquiesce. Il vient s'assoir à mes côtés, puis me serre dans ses bras. Je ne sais plus où j'en suis, mais à cet instant, je me sens bien, ma tête collée contre sa poitrine. Les battements de son cœur tambourinent contre mon oreille alors qu'il passe sa main dans mes mèches en désordre. Il finit par se débarrasser de l'élastique qui les retient, et se met à les démêler. Je ferme les yeux et je souris doucement. Les souvenirs me reviennent, doux comme des plumes. J'oublie toute ma rancœur et ma colère. Seul compte cet instant. Je sais qu'il ne durera pas, mais je vais tout faire pour arranger les choses. Je ne peux pas rester en conflit éternellement. Je dois comprendre pour prendre ma décision.

— Un jour...

— Tu m'expliqueras. Je sais.

C'est un échange de murmures, mais pour le moment, il se suffit à lui-même. Je veux des réponses. Je n'ai pas envie d'attendre, sauf que maintenant, je ne suis pas en état de les entendre. Bientôt, mais pas tout de suite.

Je m'endors sur ses genoux et à mon réveil, il n'a pas bougé.

— Quand tu étais petite, chuchote-t-il alors que j'émerge doucement de ma demi-heure de récupération, tu t'endormais souvent sur mon cœur. J'adorais te tenir tout contre moi et sentir ton souffle régulier. Tu étais tellement paisible que je pouvais te regarder pendant des heures.

— Je ne m'en souviens pas, admets-je.

— Je me doute bien. Je ne sais pas si ta mère a gardé les photos.

Je ne lui dis pas qu'elle a très vite jeté tout ce qui le concernait de près ou de loin après son départ.

— Mais, je pense en avoir quelques-unes dans une boîte. Tu voudrais les voir ?

— Peut-être.

Je me redresse et glisse mes cheveux derrière mes oreilles.

— Mais pas aujourd'hui en tout cas.

— Je comprends.

Je ne saurais dire s'il le pense ou si c'est juste de circonstances, mais je m'en contente.

— C'est la cueillette des cerises ce matin, pour préparer notre stock pour demain. Tu veux nous donner un coup de main ?

— Demain ? Et nous ?

Je fronce le nez et les sourcils, ce qui provoque un rire chez mon père.

— Tu faisais ça quand tu n'aimais pas quelque chose, m'éclaire-t-il. Demain, c'est le marché : pendant la saison touristique, j'ai un étal le dimanche en plus du mardi. Et nous, c'est Marilou et moi.

— Tu n'as personne d'autres ? Je croyais que tu avais trois employés.

— En effet. Tu as bien écouté. Mais l'une d'entre eux ne vient que pendant la période scolaire pour me remplacer quand je fais cours, et le second est en vacances avec sa famille. Il reviendra quand tu partiras.

Le dernier mot est amer et je me braque. Je bafouille que j'aimerais bien m'habiller et que je le rejoindrai peut-être. Cela suffit à le faire se lever et sortir.

Je n'ai pas besoin de voir son visage pour savoir que je l'ai blessé. Comme lui l'a fait. Est-ce seulement un jeu de souffrance ? Briser l'autre pour gagner ? Pourquoi est-ce que tout n'est pas simple et les mots ne viennent pas tout seuls ?

Arrêterons-nous de nous faire mal un jour ?

J'enfile un tee-shirt et un short tout en me mordant les joues. Toute cette histoire est un fil sur lequel on danse au-dessus du vide. Sauf qu'après des années sans y toucher, ni bouger, on a commencé à avancer et ça tangue. La chute nous attend et la question restante est « quand ? ».

J'essuie une larme qui a séché et j'attache mes cheveux. Je descends sur la pointe des pieds, l'estomac noué, et je sors directement pour rejoindre le jardin.

Les cerisiers m'accueillent avec leurs branches fleuries qui ploient sous le vent matinal. Je ferme les yeux un instant pour laisser la brise me caresser les joues. Le bruit des feuilles m'apaise et l'odeur d'herbe vient me chatouiller les narines.

— Tu comptes les garder dans tes poches ? me demande une voix que je commence à connaître.

J'ouvre les yeux sur une Marilou souriante qui tient un panier. Ses cheveux flottent autour de son cou malgré un bandeau rose qui les retient. Je devine un reste de paillettes sur ses pommettes, qui a été remplacé par un cœur rouge dessiné au rouge à lèvres. Changeant de ses habituelles robes et jupes, elle a mis un short jaune et un tee-shirt à tournesols assorti. Elle aime les motifs fleuris et je commence à comprendre que ce n'est qu'un reflet de sa personnalité.

Je souris en l'apercevant en train de placer des cerises jumelles sur ses oreilles, entre des solitaires qu'elle dépose dans son panier.

— Tu n'étais pas là hier soir, dit-elle en plaçant un duo de fruits dans ma paume.

Je regarde ma main, sans comprendre ce que je dois en faire, alors elle le met sur mon oreille gauche.

— On est assorties maintenant.

Je lève les yeux au ciel et m'attaque à la cueillette.

— Pourquoi ? demande-t-elle en mettant une cerise dans sa bouche et en me souriant.

— Pourquoi quoi ?

— Pourquoi tu n'étais pas là hier soir ?

— Alors maintenant, c'est toi qui pose les questions.

Elle hausse les épaules, puis crache son noyau au loin.

— Il faut bien inverser les rôles de temps en temps.

— Peut-être que, dans ce cas, c'était à moi de disparaître pour une nuit.

Je tente prendre un air mystérieux, qui fait rire Marilou.

— Nan, ça te va pas, grimace-t-elle.

Je souris et lui explique que j'étais fatiguée après avoir discuté avec ma belle-mère et mon père.

— Votre relation a l'air d'être compliquée, commente-t-elle en mangeant une nouvelle cerise.

— Tu es sûre que tu as le droit d'en piquer.

— Personne ne le saura jamais.

Elle en attrape une et me la tend.

— Mange-la ! m'ordonne-t-elle.

Alors que je la croque, Marilou reprend son propos.

— Que s'est-il passé entre ton père et toi ?

J'avale. La douceur un peu acide du fruit me fait du bien.

— Sincèrement, je n'en ai plus aucune idée.

— Et avant, c'était quoi ton idée sur le sujet ?

— Il nous a abandonnées, ma mère et moi. Sans un mot. Je lui en veux pour ça.

— Mais ?

J'écarquille les yeux et elle m'explique ce qu'elle entend.

— Il y a un « mais » suspendu dans ta phrase.

— Mais, reprends-je, les signes sont devenus contradictoires quand je suis arrivée. Je suis perdue entre la colère et la tristesse.

— Qu'as-tu fait de la joie ? me demande-t-elle d'un ton sérieux.

— Cette histoire n'est pas joyeuse.

— Parce que tu as décidé qu'il en serait ainsi.

— Je n'ai rien décidé du tout !

C'était presque un cri de reproche, mais elle ne perd pas son sourire.

— Si je passais mon temps à rester focalisée sur ce qui ne va pas dans ma vie, je ne sortirais plus. C'est à toi de choisir si tu veux profiter des moments heureux ou te morfondre en compagnie des mauvais. J'ai appris à relativiser et avancer quoi qu'il arrive.

Elle fait une pause pour me regarder.

— Rien n'est éternel : ni la joie, ni la tristesse. C'est à nous de décider lequel on garde à ses côtés.

Une fois sa tirade sage finit, elle vole une nouvelle cerise avant de se remettre à les cueillir pour le panier. Je reste un instant figée, perdue par ses mots. Quand je retrouve mes esprits, je n'ai qu'une question.

— Comment est-ce que tu fais pour sourire comme ça ?

Elle se détourne de sa tâche un instant. Ses lèvres s'étirent.

— Quelqu'un doit bien être le soleil des autres.

Marilou a une façon de penser tellement positive que ça me donne le sourire en l'écoutant.

J'espère que ça vous a plu ! Moi j'adore cette histoire (logique, j'en suis l'auteur).

Je vous souhaite un bon vendredi et un beau week-end !

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