Chapitre 2
— Eh bien si ça, ça n'est pas une surprise, ne pu s'empêcher de dire Kakashi à la réalisation.
Amusé par la réaction de l'homme qui ne cachait pas sa surprise, un léger sourire s'étira sur ses lèvres, bien conscient du choc qu'il venait de provoquer.
— Surprise, dit-il, sans la moindre gêne, en observant Iruka avec une nonchalance déconcertante.
Iruka secoua imperceptiblement la tête, cherchant à digérer cette révélation imprévue.
— Vous... commença-t-il, sa voix vacillant légèrement. Il se surprit à bégayer, non pas par nervosité de faire bonne impression, mais parce que... un homme venait de s'asseoir en face de lui, tout à fait à l'aise, ses jambes calmement croisées comme si rien d'étrange ne se passait.
— Excusez-moi si c'est impoli, mais euh... je ne suis pas... enfin, comment dire...
Il luttait pour trouver les mots justes, son esprit embrouillé par la situation. Kakashi, de son côté, arborait un calme imperturbable. Voyant son interlocuteur pris au dépourvu, il intervint avec un ton léger, feignant l'étonnement :
— Vous voulez dire que vous ne vous attendiez pas à dîner avec un homme ? Il semblerait que l'agence ait décidé de vous surprendre.
— Mais je ne suis pas..., insista Iruka, la panique montant légèrement dans sa voix. C'est forcément une erreur !
Kakashi le regarda un instant, les yeux mi-clos comme s'il évaluait la situation avec un mélange de curiosité et d'amusement, tandis qu'Iruka lui, était droit comme un piquet, figé.
— Bien sûr, qu'il s'agit d'une erreur, répondit Kakashi avec une nonchalance déconcertante, accompagné d'un léger haussement d'épaule. Je ne suis pas gay non plus. Mais bon... nous voilà.
Kakashi pencha doucement son visage sur le côté, analysant la réaction de l'homme qu'il avait en face de lui.
Iruka était à deux doigts de perdre son calme. Ce gars là, ce Kakashi, était imperturbable face à cette situation grotesque. Il avait ce ton dans la voix, comme s'il parlait juste de la pluie et du beau temps. C'était si irritant !
— Alors, qu'est-ce qu'on fait ? continua Kakashi. On se lève, on se révolte et on va demander des comptes à la réception, ou bien on reste là, on dîne, en voyant jusqu'où cette farce nous mène ?
Iruka ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit, pris entre la confusion et l'incrédulité. Un silence pesant suivit. Il était déstabilisé par l'apparente sérénité de Kakashi qui semblait déjà en paix avec l'absurdité de la situation.
— Je...Je vais aller à la réception. C'est sûrement une erreur, et on devrait vérifier dès maintenant, s'empressa de dire Iruka, se levant si brusquement de sa chaise qu'elle crissa sur le sol de pierre.
Kakashi hocha lentement la tête en fermant ses yeux un court instant, un sourire à peine perceptible. Il ne pouvait s'empêcher d'admirer avec une pointe de pitié, l'acharnement vain de cet homme à vouloir corriger une situation somme toute irrécupérable à court terme.
Soupirant doucement une fois laissé seul, il sortit d'un geste fluide son téléphone de la poche intérieur de son haori.
Kakashi: Tu ne devineras jamais à quel point ce voyage est une plaisanterie. Tu as perdu ton pari ! Rembourses-moi, affreux homme en spandex ! 😂
La réponse de Gai ne tarda pas:
Gai: Impossible ! Comment peux-tu en être aussi sûr après si peu de temps. Nous avons raccroché il y a à peine dix minutes ! Ce n'est que le début mon ami ! Le voyage de l'amour est plein de surprises !
Kakashi leva les yeux au ciel, bien-sûr que Gai allait répondre un truc du genre.
Kakashi: Gai, je t'assure que la situation est d'un ridicule à peine croyable.
Kakashi laissa son regard errer aux alentours, jetant de temps en temps un coup d'oeil sur son écran de téléphone. Il se posa sur la mer, visible à travers les plantes qui isolaient leur table. Les vagues noirs ondulaient gracieusement, le bruit des millions de petits galets qui s'entrechoquaient à l'unisson en était presque hypnotique. Il fut tiré de ses songes par la vibration de son téléphone sur la table en pierre blanche.
Gai: Comme ça, ridicule ?! Détaille un peu Kakashi !
Kakashi tapota rapidement une réponse.
Kakashi: Ton agence m'a marché avec un autre homme ! Tu imagines ?
Avant même que Kakashi ne puisse appuyer sur "Envoyer", il entendit des pas précipités approcher. Il redressa la tête juste à temps pour voir Iruka revenir, visiblement dépité.
— Alors, qu'ont-ils dit ? demanda Kakashi en glissant discrètement son téléphone dans sa poche.
Iruka s'assit lourdement sur la chaise, croisant les bras, visiblement frustré.
— Ils m'ont dit... que tout était en ordre. Aucune erreur de leur fait. Non mais sérieusement ! C'est insensé !
Kakashi se retint de sourire, posant un regard mi amusé mi compréhensif sur l'autre homme.
— Donc, on est officiellement un couple c'est ça ?
Iruka le fusilla du regard, vraiment pas d'humeur à plaisanter, puis il se passa une main sur le visage visiblement à bout de nerf.
— Et maintenant, qu'est-ce qu'on est censé faire selon toi ? Claqua Iruka. Puis tu sembles totalement en décalage avec la situation, j'imagine que tu es le seul de nous deux à pouvoir réfléchir correctement.
— Et si tu commençais par me donner ton prénom pour commencer ?
— Je m'appelle Iruka. Umino Iruka. Je suis pas enchanté de faire ta connaissance, au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué.
Kakashi leva ses sourcils à l'intonation et nota quelque part dans son esprit que Iruka semblait être un brin susceptible. Il réflchit un instant, puis haussa une énième fois les épaules en glissant ses bras sur le dos de sa chaise avec une désinvolture qui lui valu un autre regard tueur. Il ne se défila aucunement et répondit :
— Eh bien, on pourrait peut-être essayer de profiter du voyage. Après tout, tu l'as dit toi-même, ça nous a valu une sacré somme de ryos. Ce serait dommage de gâcher tout ça à cause d'une petite... incompréhension.
Iruka fixa Kakashi, abasourdi.
— Une petite incompréhension tu dis ? Tu crois vraiment que je vais rester là, à faire semblant de profiter de vacances romantiques avec un... un autre homme ?!
Plissant les yeux, Kakashi observait son partenaire avec une sorte de fascination tranquille.
— Personne n'a dit que ça devait être romantique, tu sais. On peut l'apprécier à notre façon, ce voyage.
Iruka soupira longuement, s'enfonçant dans sa chaise.
— Je ne comprends pas comment tu peux être aussi calme.
Kakashi hésita un instant à lui dire la vérité, qu'il n'était là que suite à un pari perdu et qu'il ne cherchait pas l'amour, mais ce serait jeter de l'huile sur le feu : Iruka était sérieux au sujet de ce voyage. Il n'était pas contre l'idée d'un petit mensonge blanc à l'occasion.
— La vie est pleine d'imprévues. A quoi bon se prendre la tête ? On pourrait se détendre et profiter.
Même si Iruka ne répondit pas, il devait admettre que Kakashi marquait un point. Il n'y avait rien qu'ils ne puissent faire dans l'immédiat. Rentrer à Konoha après un tel long voyage lui semblait être beaucoup trop épuisant.
Kakashi profita de ce moment de calme pour répondre rapidement à Gai. Il effaça son message initial et en écrit un nouveau.
Kakashi: Je te tiendrai au courant demain.
Il savait que ça allait frustrer la panthère de jade et qu'il allait recevoir une horde de messages curieux, alors il mit son téléphone en mode silencieux avant de le ranger dans sa poche.
Le silence était à deux doigts de devenir pesant, surtout pour Iruka. Heureusement, une serveuse arriva à point nommé pour couper court à cette tension malaisante. Elle s'excusa poliment pour l'attente, mais son regard s'attarda bien trop sur Kakashi, qui, sans surprise même s'il l'eut remarqué, n'y prêta aucune attention particulière. Déjà plongé dans la carte, il semblait imperméable à ce genre d'attention.
Iruka, lui, ne put s'empêcher de noter ce regard insistant et une vague de jalousie le submergea. Comme si ce n'était pas suffisant de se retrouver avec un autre homme, voilà qu'il devait en plus composer avec ce type de mec parfait aux allures parfaites. Vous savez, ce genre d'homme qui attire sans effort tous les regards et laisse les autres dans l'ombre.
Essayant de masquer son agacement, Iruka prit une grande inspiration, esquissant un sourire forcé lorsqu'il reçut son menu.
— Merci, lâcha-t-il d'une voix tendue.
C'est uniquement lorsque cette jolie dame les laissa seul que Kakashi redressa les yeux de la carte. Il avait bien remarqué que quelque chose avait perturbé Iruka et si lui demander ce qui n'allait pas serait un peu brut, faire la causette sur un ton plus léger permettrait de faire descendre les tensions.
— Qu'est-ce que tu aimes boire ? J'ai vu qu'ils avaient pas mal de cocktails, et même de bon vins.
— Euh, je suis plutôt bière, ou saké. Je suppose que toi, t'es plus du genre à aimer le vin, le champagne et ce genre de truc ?
Kakashi haussa un sourcil, mais ne releva pas le manque de tact d'Iruka.
— J'aime les bons vins. Mais je ne dirais pas non à un saké, j'ai vu qu'ils en avait celui d'une production de Konoha que j'apprécie particulièrement.
— Hm, je connais pas vraiment tous les aspects tu vois. Je suis plus du genre à... boire ce qu'il y a de disponible à un moment donné.
— Et si on essayait tous les deux cocktails ? L'atmosphère s'y prête, non ?
Iruka le regarda, visiblement déstabilisé par la suggestion. Il secoua doucement la tête en esquissant un sourire forcé.
— Honnêtement, j'ai eu ma dose de bizarrerie aujourd'hui, je vais rester sur un truc simple. Une bière blanche, par exemple. Ouais.
Kakashi hocha la tête, comprenant sans insister davantage. La serveuse revint avec un petit carnet entre les mains.
— Ce sera une bière blanche pour Monsieur, et un Sex on the beach pour moi, annonça Kakashi avec un sourir subtil mais charmeur.
La serveusr rougit instantanément, ses joues se teintant d'une nuance rosé face au regard d'Iruka. Kakashi jouait à merveille le rôle de l'homme galant, comme si Iruka était réèllement son date, et cela ne manquait pas de l'énerver.
— Avez-vous déjà décidé ce que vous allez manger ? demanda la serveuse, tentant de masquer son trouble.
— On prendra le plat du jour, coupa Iruka, cherchant à reprendre un semblant de contrôle sur la situation.
Kakashi ne broncha pas, malgré son sourcil levé. Ayant déjà repéré le contenu du menu sur une petite pancarte en bois sur leur table, il ajouta :
— Pourriez-vous remplacer la pièce de bœuf par une option végétale ou bien un filet de poisson ? Cela risquerait d'être un peu lourd pour ma digestion nocturne, sinon.
— Oh, bien sûr. Nous pouvons vous proposer un poisson entier grillé ou bien un tartare de daurade.
— Ce sera le tartare pour moi ce soir, dit-il en lui rendant son menu. Merci, Fanny.
La serveuse, Fanny, hocha rapidement la tête, visiblement impressionnée par la prestance de son client. Elle reprit la carte qui lui était tendue et s'éclipsa en leur adressant un rapide sourire.
— Fanny, répéta Iruka en croisant les bras, un mélange d'ironie et d'incrédulité dans la voix.
— C'était écrit sur sa poitrine, se défendit Kakashi en pointant son propre torse du doigt. Simple politesse.
— J'imagine bien où s'était égaré ton regard, merci, rétorqua Iruka, l'irritation teintée d'un sourire qui trahissait son amusement.
— Juste une attention au détail, répondit Kakashi avec une honnêteté désarmante.
Iruka secoua la tête, un soupir exaspéré échappant de ses lèvres.
— Tu pourrais au moins admettre, murmura-t-il en évitant le regard perçant de Kakashi, que ta commande était plutôt... audacieuse.
Kakashi laissa échapper un doux rire, imperturbable. Il avait bien remarqué qu'Iruka se sentait comme en infériorité à côté de lui.
— Allez, ne sois pas jaloux. Je pourrai te montrer comment on fait. On a deux semaines devant nous pour ça.
— Je peux savoir ce que tu insinues ? rétorqua Iruka en fronçant les sourcils, l'agacement maintenant mélangé à une curiosité grandissante.
Kakashi balaya les alentours pour vérifier qu'ils étaient seuls, puis posa ses mains à plat sur la table, se penchant légèrement en avant. Il avança son visage par-dessus la table pour se rapprocher de celui d'Iruka et lui murmura, un éclat malicieux dans les yeux :
— Sur comment draguer une femme.
Iruka, pris de court, ne put s'empêcher de sourire, bien que son regard trahissait une légère inquiétude. Il décroisa ses bras et frotta ses mains sur ses genoux.
— Et je suis censé prendre des conseils de toi, avec ta commande de cocktail ? s'amusa-t-il, tentant de conserver une contenance.
Kakashi répliqua d'un haussement d'épaules, l'air faussement désinvolte.
— A toi de voir.
Leurs boissons leur furent servies à cet instant, et Kakashi leva son verre avec un sourire complice dès que la serveuse s'éclipsa.
— Bon, eh bien, à cette monumentale erreur ! s'exclama Kakashi, le regard pétillant de malice.
— À cette monumentale erreur, répéta Iruka en levant son verre, l'enthousiasme clairement absent. Au moins, dans mon malheur, je ne suis pas tombé sur un mafieux, tenta-t-il de plaisanter.
Face au silence de Kakashi, qui sirotait son cocktail avec une désinvolture déconcertante, la mine d'Iruka se décomposa lentement.
— Tu n'es pas un mafieux, hein ? demanda-t-il, la voix trahissant une légère nervosité.
— Mais non, je plaisante. Je suis tueur à gage, répondit Kakashi, l'air faussement sérieux.
— Q-quoi ?
Kakashi manqua de s'étouffer avec son cocktail en découvrant l'expression horrifiée d'Iruka. Ce dernier avait reculé sur sa chaise, les yeux écarquillés et la bouche ouverte dans un mouvement théâtral, comme s'il venait d'apprendre qu'un monstre se cachait sous son lit.
Juste à ce moment-là, la serveuse, Fanny, arriva avec leur plat, souhaitant un bon appétit, mais Iruka, toujours pétrifié, ne parvenait pas à décoller ses mains des hanches de sa chaise, comme s'il s'accrochait désespérément à une bouée de sauvetage.
Leur assiette était un véritable chef-d'œuvre, l'arôme alléchant flottant dans l'air, mais pour Iruka, le goût du plat était éclipsé par l'angoisse de son voisin de table.
Kakashi, amusé par la réaction d'Iruka, reprit un peu de contenance.
— Allez, ne t'inquiète pas. Si j'étais un tueur à gage, pourquoi j'aurais été envoyé pour te tuer, tu as fait quelque chose de mal ?
— Ce n'est pas amusant du tout, répondit Iruka en éclipsant la question, laissant son regard se promener sur son entrecôte juteuse. Et donc, tu ne manges pas de viande ? demanda-t-il pour faire redescendre une pression que seul lui semblait ressentir.
Kakashi prit ses couverts en main, salivant devant son tartare de daurade et sa portion de riz parfumé.
— J'en mange de temps en temps. Mais j'évite particulièrement le soir pour mieux dormir. Je fais du sport, alors j'ai besoin d'une bonne digestion pour ne pas me sentir trop lourd.
— Et tu t'impose ça même en vacances ? Demanda distraitement Iruka qui s'était attelé à la découpe de son morceau de viande cuit saignant.
— Ce n'est pas quelque chose que je m'impose, corrigea-t-il. C'est une habitude que j'ai prise pour me sentir bien dans mon corps, donc je n'y vois aucun inconvénient. Et puis, un tartare de daurade, on a vu pire, non ?
— Je te l'accorde. Bon, eh bien, bon appétit alors.
— Bon appétit, Iruka.
Le repas était succulent, toutes les saveurs se mariaient entre elles sans prendre le dessus sur une autre. Ils parlèrent peu le reste du repas, échangeant seulement quelques remarques sur le plat qu'il dégustait ou échangeant sur les soins qu'ils avaient tous les deux été étonnés de recevoir cet après-midi. La légèreté de la discussion avait un petit peu fait redescendre les angoisses de Iruka, au moins le temps du repas.
*
L'une des particularités de ce voyage organisé par KonohaLovers était le partage d'une suite hôtelière pendant toute la durée du séjour. Une information qu'Iruka avait soigneusement mise de côté pour éviter d'y penser durant le repas. À mesure que le dîner se prolongeait et que Kakashi semblait ignorer le sujet, Iruka finit par reposer sa cuillère dans sa coupe de glace.
— On va vraiment passer deux semaines à partager un lit ?
Kakashi, visiblement détaché, continua de savourer sa salade de fruits exotiques avec un calme imperturbable.
— Si ça te dérange tant que ça, tu peux toujours te réserver une autre chambre.
— J'ai payé cher pour ce voyage, rétorqua Iruka, la frustration montant. Et je devrais me payer une chambre pendant que tu profites de la suite royale ?
Kakashi haussa les épaules, terminant son dessert d'un geste nonchalant.
— C'est toi que ça dérange, pas moi. Logique, non ?
Iruka souffla fortement, une exaspération sourde s'insinuant en lui. L'idée de partager son espace de sommeil avec un étranger homme n'avait rien de réconfortant.
— Bon, si tu as fini, allons chercher notre clé à la réception et mettons fin à cette histoire, proposa-t-il, résigné.
Kakashi avait largement les moyens de se payer une chambre, mais lui aussi avait investi dans cette suite, et débourser plus d'argent ne lui semblait pas judicieux.
Iruka se leva, l'esprit déjà en émoi à l'idée de ce qui l'attendait. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir une légère appréhension face à l'inconnu que représentait leur cohabitation. Kakashi le suivit, l'air toujours aussi désinvolte, comme si cette situation ne le dérangeait pas le moins du monde.
Ils arrivèrent à la réception, et Iruka se tourna vers le comptoir, son cœur battant un peu plus vite. La réceptionniste, un sourire chaleureux aux lèvres, leur remit une clé en bois gravée du numéro de leur suite.
— Voilà, messieurs. Profitez bien de votre séjour ! dit-elle en leur glissant un petit clin d'œil, insouciante de la situation réelle.
Iruka échappa un léger soupir tandis qu'il prenait la clé. Sur le chemin vers l'ascenseur, le silence était lourd, comme une promesse de désaccord à venir.
— Tu crois que les bagagistes ont déjà amené nos affaires ? demanda Kakashi pour détendre un peu l'atmosphère.
— C'est le dernier de mes soucis, répondit Iruka en déverrouillant la porte. Je t'en prie, rentre en premier. Je vais aller faire un tour avant.
Kakashi acquiesça sans creuser plus que ça, puis poussa la porte de la suite et entra, la fatigue pesant sur ses épaules. Il ferma la porte derrière lui et prit un moment pour observer les lieux après s'être déchaussé. La lumière tamisée des lampes créait une ambiance apaisante. Un grand sofa beige en courbe s'étendait, bien plus accueillant qu'il ne l'aurait cru. Il soupira et s'y laissa tomber, massant ses tempes avec un air lassé. Il y avait aussi un grand écran face au sofa, mais Kakashi était bien trop exténué pour regarder quoi que ce soit.
Son regard glissa vers la baie vitrée, où la mer s'étendait à perte de vue, assombrie par la nuit. La terrasse couverte offrait une vue prometteuse, mais pour l'instant, tout cela lui semblait lointain et sans importance. Les plantes, luxuriantes et disposées avec soin, apportaient une touche de verdure.
Kakashi, visiblement fatigué, observa la chambre d'un œil terne en constatant que leurs affaires avaient déjà été déposées, conformément à ce qui avait été convenu. Avec des gestes lents et mesurés, il ouvrit son grand sac à dos, le seul bagage qu'il avait pris avec lui pour ce voyage. Sans se presser, il en sortit un petit bonsaï ficus soigneusement enveloppé. Mr. Ukki, son compagnon de voyage végétal.
Il se redressa en soupirant légèrement, se dirigeant d'un pas presque lourd vers la chambre. Les deux lits doubles, impeccablement préparés, l'attendaient. Il choisit celui du fond, proche de la fenêtre, appréciant l'idée de pouvoir sentir l'air marin en ouvrant les rideaux le matin. Après avoir posé délicatement Mr. Ukki sur la table de chevet, il s'affala sur le matelas, sentant son corps réclamer du repos.
— Te voilà bien installé, Mr. Ukki, murmura-t-il doucement, ses paupières à moitié closes.
Attrapant son téléphone dans sa poche, il soupira en découvrant la multitude de notifications que Gai lui avait envoyées. Toujours aussi envahissant, pensa-t-il en effaçant rapidement les notifications sans les lire.
Il déverrouilla ensuite l'application de l'appareil photo et, allongé sur le flanc, ajusta sa position pour prendre Mr. Ukki en photo sous le meilleur angle possible. Le perfectionnisme de Kakashi se manifesta dans les réglages qu'il affina avec minutie, jusqu'à ce que la photo soit exactement comme il la souhaitait.
« Mr. Ukki est bien arrivé à destination et va profiter de l'air marin pour les deux semaines à venir », légenda-t-il avant de poster l'image sur son réseau social.
Kakashi resta un long moment allongé sur le lit, les yeux fixés sur le plafond, immobile. Finalement, avec un soupir résigné, il se redressa et se dirigea vers son sac, ouvrant la fermeture éclair pour en sortir son pyjama, un simple ensemble gris clair en coton.
Il se changea rapidement, profitant du silence paisible de la chambre. Ses mouvements étaient lents et mesurés, la fatigue pesant toujours sur ses épaules. Une fois en pyjama, il se frotta légèrement les yeux, puis se tourna vers Mr. Ukki, toujours posé sur la table de chevet.
— Ne bouge pas, tu seras plus à l'aise ici, souffla-t-il doucement en prenant délicatement le petit bonsaï dans ses mains.
Avec soin, il repositionna Mr. Ukki sur le rebord de la fenêtre, là où la lumière matinale lui serait la plus bénéfique. Kakashi observa un instant la petite plante, satisfait de l'avoir installé dans un endroit qu'il trouvait idéal.
— Voilà, parfait.
*
Kotetsu: Je suis sincèrement désolé d'apprendre ça Iruka. Ça craint.
Izumo: Sérieux ! T'as payé ce voyage tellement cher mec ! T'as qu'à leur balancer un coup de gueule. Exige un remboursement direct !
Iruka: Oh t'inquiète, je vais pas me laisser faire. Dès que je rentre, je vais leur taper du poing sur la table. Ils vont me rembourser, c'est clair et net !
Izumo: Mais au fait... l'autre gars avec toi, là, c'est un gay ?
Kotetsu a envoyé un GIF.
Iruka, assis sur la terrasse du bar, leva les yeux au ciel en voyant le GIF envoyé par Kotetsu : deux hommes moustachus, tout en cuir, se roulant une pelle passionnée. Il esquissa un sourire malgré lui. Il tapota sa cigarette contre le cendrier, prenant une bouffée juste avant qu'un second GIF encore plus explicite n'apparaisse. Cette fois, il éclata franchement de rire, manquant de s'étouffer avec la fumée.
Vocal de Izumo: Sérieusement, arrête tes conneries, mec. J'suis au taf, là ! Si Ebisu voit ça, je suis foutu. 😱
Iruka: Ah, manquerait plus qu'Ebisu voit ça... Il va te coincer dans un coin du bureau et te donner un cours sur "la bonne moralité des travailleurs". 😂
Iruka: Pour te répondre, non, il m'a dit qu'il n'était pas gay.
Iruka: Du coup c'est un truc de dingue, parce que il a l'air complètement zen avec toute cette situation ! Moi, je pète un câble intérieurement, et lui... il est juste, tranquille, comme si tout allait bien. C'est pas humain, je te jure. 🤯
Kotetsu a envoyé un GIF.
Kotetsu: Moi, j'dis qu'il aime la bite mais qu'il assume pas 👀
Iruka hoqueta de rire en voyant le nouveau GIF de Kotetsu : un mec, visiblement imperturbé devant une horde de licorne. Il secoua la tête tout en écrasant sa cigarette.
Iruka: Pff, vous auriez dû le voir draguer la serveuse tout à l'heure. Vous changeriez d'avis. J'ai zéro chance à côté de lui. Je vais passer pour le mec sympa de service qui reste coincé dans la friendzone pendant que toutes les nanas se l'arrachent.
Izumo: 👀
Kotetsu: 👀
Iruka: Vous espérez tous les deux que je prenne une photo de lui en cachette pour satisfaire votre curiosité tordue hein ?
Iruka éteignit sa cigarette avec un sourire, tout en la déposant dans le cendrier de l'espace fumeur. Il savait parfaitement où Kotetsu et Izumo voulaient en venir. Ces deux-là étaient aussi prévisibles qu'un épisode de drama japonais.
Kotetsu: Si c'est ça ouais. Mais fais gaffe, il pourrait être du genre à traquer les paparazzis amateurs. 👻
Izumo: Ou au moins un selfie avec lui ! On veut des preuves ! 📸
Iruka: Un selfie avec lui ? Comment voulez-vous que je fasse ?!
Izumo: T'as juste à le suivre dans ses délires, tu finiras bien par capturer un moment !
Iruka: Ouais, on verra bien. En tout cas, merci de me remonter le moral, les gars. À l'arrivée, devant la porte de notre chambre, j'étais tellement stressé que j'ai failli faire une syncope.
Kotetsu: Mais oui, mon chat ! Si tu ne trouves pas l'amour aujourd'hui, tu le trouveras demain, c'est écrit dans les étoiles ! ✨
Izumo: Et puis, pas de souci pour le remboursement, c'est une évidence ! Sinon, un petit tweet sur leurs bourdes, et ils vont rougir de honte ! 😀
Iruka termina sa bière avec un soupir de satisfaction et se redressa de sa chaise à bascule, le cœur plus léger.
Iruka: Merci du fond du cœur. Je vous enverrai quelques jolies photos de paysages pour vous consoler.
Après avoir envoyé ce dernier message, il verrouilla son téléphone d'un geste décidé, puis traversa les couloirs de l'hôtel, le sourire aux lèvres, jusqu'à arriver devant la porte de la suite.
Il ouvert la porte silencieusement, et ses yeux s'illuminèrent à la vue de l'espace. La lumière douce des lampes créait une ambiance propice à la relaxation. Il ne put s'empêcher de sourire, malgré les complications. Il s'approcha de sa valise, l'ouvrit puis se mit à fouiller à l'intérieur jusqu'à trouver son pyjama bleu marine à motif de vagues. Dans la salle de bain, il se brossa rapidement les dents, en espérant que Kakashi l'eut aussi fait s'ils devaient véritablement partager le même lit.
Lorsqu'il pénétra dans la chambre, il s'arrêta un instant, un immense soulagement irriguant ses veines. Deux lits doubles occupaient l'espace, deux. Kakashi occupait le lit du fond, déjà endormi. Sa silhouette paisible contrastait avec l'énergie chaotique ressentit plus tôt dans la journée.
Iruka ne put contenir un long soupir de soulagement, ses yeux se fermant lentement alors qu'il se laissait envahir par une douce tranquillité. Je ne suis pas condamné à partager le même lit que lui ! Cette pensée réconfortante lui apporta une satisfaction inattendue. Il s'approcha du lit de Kakashi à pas de loup, se remémorant la mission que ses amis Izumo et Kotetsu lui avaient confiée.
Kakashi dormait sur son flanc gauche, paisiblement, sa respiration régulière résonnant dans le silence de la chambre. Il n'en saura rien si... Un petit sourire espiègle se dessina sur les lèvres d'Iruka à l'idée de prendre une photo pour ses amis. Les lumières extérieures filtraient à travers les rideaux, offrant juste assez de lumière pour capturer son visage. Après quelques secondes d'hésitation, il sortit son téléphone de la poche de son pantalon de pyjama, le cœur battant à tout rompre.
Avec précaution, il s'approcha du visage de Kakashi, son pouce effleurant le bouton pour prendre la photo. À son plus grand désarroi, le flash de son téléphone s'activa comme un éclair dans la nuit ! La panique l'envahit, l'adrénaline brûlant son corps tandis qu'il se retrouvait face à la terrible perspective de voir Kakashi se réveiller. Fichu téléphone ! maugréa-t-il intérieurement.
Kakashi plissa les yeux, ronchonnant quelques mots incompréhensibles avant de se retourner, cachant désormais son visage sous une épaisse mèche de cheveux gris.
— J'ai échappé belle, murmura Iruka, pestant contre les deux amis qui avaient semé ce chaos.
Il se glissa sous les couvertures aussi discrètement que possible, attendant quelques minutes pour s'assurer que Kakashi était réellement endormi avant de déverrouiller son téléphone.
Iruka: Les gars. J'ai failli mourir à cause de vos conneries.
Izumo: 👀
Kotetesu: 👀
Iruka: Je l'ai votre fichu photo. Mais vous me devez un pass un mois de Ramen à volonté chez Ichiraku.
Izumo: A ce point ? J'espère qu'il est beau à ce prix là, ça fait cher la photo !
Kotetsu: Ouais, même pour une dick pic !
Iruka: C'est surtout qu'il dormait et que mon flash automatique s'est allumé pendant que je prenais la photo ! Vous imaginez pas ce qu'il se serait passé s'il s'était réveillé ?! La honte de ma vie !
Izumo : PTDR ça explique le coût de la photo ! J'en peux plus ! Je suis red mort de rire ! HAHA ! 😂😂😂
Kotetsu a envoyé un gif.
Iruka roula des yeux devant le gif de Kotetsu. Un chat impatient donnant plein de coup de patte sur l'écran. Il partit chercher la photo dans ses fichiers et l'envoya dans leur groupe.
Kotetsu: Zu, tu rentres à quelle heure du taf ?
Izumo: Rentrer ? Je cherche mon billet d'avion pour Landsen là. Si Iruka veut pas partager ses vacances avec ce mec, moi j'y vais !
Kotetsu: Oh merde, je viens de recevoir la photo. ❤️🔥
Kotetsu a envoyé un gif.
Un gros plan sur une langue infinie enroulant une banane.
Iruka: C'est dégueu ton gif !
Kotetsu: C'est ce que je vais faire à ton Kakashi.
Iruka: Beurk 🤮
Kotetsu: Ah, tu as tant de choses à apprendre mon petit Ru.
Iruka: Non merci. Je préfère ça.
Iruka a envoyé un gif.
Il avait choisi un petit chaton disparaissant dans une immense poitrine.
Iruka: Je veux être ce petit chaton.
Izumo: Vous êtes franchement pas classe vous deux...
Izumo a envoyé une photo.
Iruka fit les gros yeux devant le photomontage de Kakashi que venait de concocter Izumo.
Iruka: Ah ouais franchement plus classe en effet 🙄
Kotetsu: Pourquoi les plus beaux gars sont toujours hétéros, c'est injuste.
Iruka: Il parait que c'est plus l'inverse selon les filles 😂
Izumo: Bon je dois vous laisser. Ebisu m'a déjà chopper trois fois avec mon téléphone depuis tout à l'heure. Il va finir par me le confisquer !
Kotetsu: Oki, à tout à l'heure chou, je t'aime !
Izumo: Moi aussi, bisous sur ton petit cul ! Et BONNE nuit Iruka. Profite à notre place.
Iruka: Je vais y aller aussi. J'suis super fatigué et j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil. La bonne nouvelle, c'est qu'on a chacun notre lit, ouf ! A plus !
Iruka se frotta les yeux, puis verrouilla son téléphone avant de le mettre en charge pour le lendemain. Il ne mit pas de réveil, espérant que Kakashi avait eu la même idée, et en un rien de temps, il sombra dans un sommeil profond, l'esprit apaisé par le soutien de ses deux meilleurs amis. Peut-être que ces vacances seraient l'occasion de se faire un nouvel ami... ou du moins de ne pas finir en guerre froide avec Kakashi...
*
BEEP BEEP BEEP !
— AAH !
Iruka sursauta, le cœur battant à tout rompre, et se redressa d'un coup, les cheveux en bataille, donnant l'impression d'un hérisson fraîchement réveillé. Dans un réflexe paniqué, il jeta un coup d'œil à côté de lui et découvrit Kakashi, son voisin de lit, enroulé dans ses draps comme un sushi mal roulé, totalement imperturbable malgré le vacarme infernal du réveil.
— Quel enfoiré ! grogna Iruka.
Il vérifia l'heure sur son téléphone, et un cri de désespoir s'échappa de ses lèvres.
— Bordel, il est six heures du matin !
Kakashi, visiblement peu perturbé par ce réveil matinal, éteignit le réveil d'un geste nonchalant.
— Bonjour, Mr Ukki ! Bien dormi ? demanda Kakashi avec un sourire tranquille.
— À qui tu parles ?! râla Iruka en se cachant sous sa couette, comme si elle pouvait le préserver des réalités matinales.
— À mon bonsaï, répondit Kakashi, comme si cela était parfaitement normal, tout en se levant et en s'étirant.
Iruka se laissa tomber en arrière dans son lit, exaspéré. Ce voyage allait être un véritable enfer.
*
Merci d'avoir lu, j'espère que ce second chapitre vous a plus :)
Bien à vous,
Sweetysamaa
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