A l'autre bout du monde
Le bourdonnement de l'aéroport raisonnait dans ses oreilles, alors qu'il s'evertuait à chercher sa valise. Il le savait, il aurait dû en acheter une fluorescente, mais sa manie à vouloir rentrer dans les bonnes grâce de la société l'avait influencé à choisir la fameuse valise grise de taille moyenne. Ce modèle de valise qui jonchait les tapis roulants.
— Ah, la voilà !
Iruka attrapa sa valise qu'il reconnut à son étiquette en se hâta dans le hall de l'aéroport. Il était jetlagué, et impatient d'arriver à l'hôtel, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir une faim de loup. Il se hâta auprès d'un vendeur de sandwich et demanda le moins cher sans s'attarder plus que ça à la recette.
Alors qu'il s'avançait vers la sortie, dévorant son sandwich au thon d'une main et en tirant sa valise de l'autre, son téléphone se mit à vibrer dans la poche de son jean noir. .
— Merde, maugréa-t-il en ressuyant une goutte de mayonnaise du bord de ses lèvres du revers de sa main, après s'être haté plus que de raison pour terminer son encas.
Il couru jeter le détritus dans la poubelle la plus proches, puis, s'installa dans un coin suffisamment écarté de l'effervescence de l'aéroport pour décrocher son téléphone.
Appel de Itsumo
—Allo ?
— Salut Iruka ! Alors, tu as atterri ?
— Ouais, je viens de récupérer ma valise. Tu avais raison, j'aurais du acheter la jaune fluo aux oreille de lapin, dit-il en rigolant.
— Tu vois, je te l'avais dis ! Alors, tu dois êtres excité non ? C'est pas tout les jours que tu pars pour un tel voyage !
Un sourire se dessine sur le visage d'Iruka.
—Ouais, pour tout te dire je suis un peu nerveux. Je mets beaucoup d'espoir dans cette escapade. J'espère vraiment que cette agence sait ce qu'elle fait...
Il marqua une pause, puis continua, plus doucement:
— J'ai trente-deux ans, et toujours pas de compagne. C'est vraiment ma dernière chance ce voyage. En plus, ça m'a coûté une épargne de trois ans.
— Mec, tu es le gars le plus gentil, loyal, généreux et intéressant et joyeux et... et j'en passe. Je ne comprends pas que tu n'ais toujours pas trouvé chaussures à ton pied. Les meufs ne savent vraiment pas ce qu'elle loupe.
— Arrête, tu dis ça parce qu'on est meilleur pote, c'est tout, raisonna Iruka. Les femmes cherchent des hommes forts, et viril et ce genre de truc. J'ai pas vraiment l'impression de rentrer dans ce moule.
— Ah, ça, c'est clair ! Tu est tellement mieux que ça mec. Ah... si tu étais de l'autre côté de la force, sois sûr que tu aurais déjà fait chavirer des cœurs. Et dire que j'ai rencontré Ko parce qu'il avait des vues sur toi !
— Pfff, je m'en souviens, ricanna Iruka. C'était au lycée. Ça fait si longtemps que vous êtes ensemble. Plus de la moitié de votre vie. Je vous envie, c'est ce genre de relation dont j'aurais rêvé. Avec un enfant, et...
Iruka s'arrêta, les yeux baissés sur un point aléatoire sur le carrelage. Il y eu un silence de quelques instants.
— Iruka, dit doucement Izumo. Tu vas trouver. Peut-être pas ici, ou peut-être que si. Si ça ne marche pas aujourd'hui, ce n'est pas la fin du monde. Mais qui sait, une bonne surprise arrivera peut-être !
L'idée de l'échec hantait Iruka, mais son ami avait raison.
— Je sais, c'est juste que... J'ai l'impression que tout le monde autour de moi avance. Toi, tu vas te marier avec Ko. Anko va se marier avec ce gars à la coupe au bol qu'elle doit nous présenter et... Et moi je suis là avec ma solitude, à devoir faire appel à une agence matrimonial pour me trouver une femme. J'ai l'impression d'avoir râté ma vie.
— Oye! C'est Ko au téléphone. Tu vas arrêter de déblaterer tes conneries fisa okay ? MEC, tu as trente ans ! Tu as encore toutes tes dents, tu sais ce que ça veut dire, hein ?
Iruka roula des yeux, mais l'apparition de Ko lui mit du baume au coeur.
— Que je peux toujours croquer la vie à pleine dent... récita-t-il en roulant les yeux au plafond. —Okay, vous avez raison. Je vais faire de mon mieux pour profiter de ce voyage et...
— Et tu vas draguer cette gonzesse jusqu'à l'amener dans ton lit, c'est bien clair ?
— Ou-ouais, bafouilla-t-il. Plus facile à dire qu'à faire.
— De toute façon, je suis là si tu as le moindre besoin de conseil ! Dit Kotetsu, interrompu par Izumo qui ajouta : Tu te fous de nous ? Tu es le plus nul en drague, je dois te rappeler comment on s'est rencontré ?
Iruka écouta encore quelques secondes ses amis se chamailler avant de les couper:
— Bon, les gars, je vais vous laisser. Je dois encore appeler le taxi pour l'hôtel. Je suis pas encore arrivé.
— Tiens-nous au courant ! dirent-il à l'unisson.
— On veut tout savoir, TOUT, absolument TOUT renchérit Kotetsu.
— Promis, allez à plus les gars.
Iruka se sentait plus léger après avoir pu discuter avec ces deux zouaves. Ils étaient toujours là pour apporter une touche de Peps dans son quotidien. Oui, Iruka avait des attentes. Ils avaient passé bien trop d'année à douter, à ignorer ses désirs de peur d'être déçu encore.
Seulement cette fois, il voulait y croire.
D'un pas lent mais décidé, traînant sa valise derrière lui, il quitta l'aéroport, seul. Avec le doux espoir que la prochaine fois qu'il foulera ces lieux, il ne le sera plus. Même si l'inquiétude le rôdait, il choisit de se concentrer sur l'excitation du moment pour se donner tout le courage dont il avait besoin.
Il accosta un taxi, puis monta à l'intérieur, ses pensées toute tournée vers l'avenir incertain qui s'offrait à lui. Il fit descendre sa vitre à l'instant ou le moteur ronronna, pour profiter de l'air frais. Bientôt, il quittera l'agitation de la ville pour s'aventurer dans des routes plus calmes.
Le taxi filait à travers la campagne de Landsen, région réputée pour ses plages isolées, ses falaises érodées par la puissance de l'océan, qui siégeaient à plus de cent mètres d'altitude. Le taxi, prudent, s'aventurait dans des lacets qui les menaient en haut puis en bas des collines verdoyantes et bientôt, l'air marin le frappa.
L'odeur des dunes réveillèrent en lui les souvenirs de son enfance chez ses grands-parents au Pays de l'eau, les petites maisons en bois et les barques de pêcheurs qui jonchaient l'estran. Les balades en mer, l'apprentissage de la pêche avec son père et la cueillette d'algues avec sa mère. Tout en cette odeur le rendait mélancolique.
L'océan se dessinant à l'horizon, Iruka laissa son regard dériver sur le paysage. Chaque kilomètre parcouru l'éloignait de son quotidien, l'emmenant vers quelque chose de nouveau, tout en réveillant en lui ces plus vieux et heureux souvenirs. Il sentait que quelque chose allait se produire. Comme s'il y allait avoir un avant et un après ce voyage. Il se laissa imaginer à quoi pourrait ressembler son futur. Il s'était toujours imaginé avec une petite brune joyeuse, loquace, émerveillée par la vie et par la beauté du monde. Une émotionnelle, comme on pourrait le dire plus simplement. Au rire facile, avec un visage expressif.
La voiture s'enfonça soudainement dans des chemins plus étroits, traversait des villages pittoresques où siégeaient de vieilles cabanes de pêcheur. Des rires d'enfants, d'aboiement de chiens rendaient l'atmosphère accueillante et chaleureuse.
— Nous sommes arrivés devant votre hôtel, entendit Iruka, qui, réalisait qu'il s'était endormi.
Une heure était passée. Le chauffeur lui ouvrit la portière puis lui tendit sa valise. Iruka le remercia, le visage chaleureux et lorsque la voiture fut partie, il ferma les yeux quelques instants pour s'imprégner de l'ambiance. Le bruit des vagues qui s'échouaient à cinquante mètres de là, l'odeur des algues libérées par la marée basse et le chant des mouettes et des goélands.
J'en reviens pas d'être ici, se dit-il à lui-même, des étoiles plein les yeux devant le portail de cet hôtel merveilleux. Il fit rouler sa valise derrière lui, faisant ses premier pas sur la passerelle en bois qui menait à l'entrée. Elle surplombaient des jardins somptueux à la flore verdoyante et exotique.
Perdu dans sa contemplation, la réalité rattrapa Iruka lorsque sa montre se mit à vibrer. Le temps défilait à une vitesse qu'il ne pouvait croire et il allait être en retard pour le check-in.
*
Les ricanements des mouettes, l'odeur de l'iode associé aux embruns marins qui s'écrasaient avec légèreté sur son visage terminèrent de l'ancrer dans la réalité : Kakashi était en vacances.
Ce mot le fit intérieurement rire, compte tenu du fait que s'il était là, aujourd'hui devant cet ancien château de pierre blanche aux allures de conte de fée surplombant fièrement la vaste étendue d'eau salé, c'était parce qu'il avait perdu un fichue parie avec Gai, son meilleur ami.
Le jetlag le pesait encore et son épaule gauche lui faisait mal. Le soleil annonçait l'heure noble de midi et Kakashi avait plutôt une grosse envie d'aller pioncer. A son grand désarroi, il devait encore rencontrer la femme que l'agence matrimonial avait prévu de lui faire rencontrer. Ce séjour ne l'enchantait guère, Kakashi préférant les activités solitaires, loin du tumulte d'une station balnéaire et d'une rencontre organisée.
—Mah, quand faut y aller, faut y aller...
Gai ne perdait rien pour attendre.
Pressé d'en finir, Kakashi pénétra par la grande porte vitrée du château en fermant les yeux, en faisant le souhait que sa future partenaire de voyage ne le trouve pas à son goût. Ça rendrait les choses bien plus simples.
Le lobby etait gigantesque, et il fut ravi d'y découvrir une ambiance feutrée, associée à un décor étant brillamment parvenu à associer natures végétale et sophistication. La moquette étouffait le bruit de ses pas. Une légère musique d'ambiance venait rehausser le silence, accompagné par la douce odeur de ces parfums d'ambiance haut de gamme que Kakashi avait l'habitude de côtoyer lors de ses déplacements professionnels. Il reconnaissait presque celui-là.
— Probablement Paradis Marin, se murmura-t-il à lui-même, dirigeant ses observations vers le plafond parsemé de nombreux puits de lumières.
Le lieu semblait valoir son prix. Car oui, même si Kakashi avait le luxe de pouvoir se payer ce genre de voyage sans pour autant casser une quelconque tirelire, il aimait particulièrement ne pas dépenser son argent de manière inutile. Enfin, s'il mettait de côté le fait qu'il ne voulait pas être là de prime abord.
— Bonjour, seriez-vous Monsieur Hatake ?
Une voix féminine le sortit de ses rêveries. Elle provenait de la réception. Le personnel l'y attendait avec de grands sourires maquillés de rouge à lèvre carmin. Kakashi termina son chemin jusqu'à les l'y rejoindre et leur tendit son smartphone déverrouillé sur le QR code de sa réservation.
— Bonjour, c'est tout à fait ça. Kakashi Hatake.
— J'ai cru comprendre qu'il s'agissait là d'un voyage organisé par l'agence matrimoniale KonohaLovers c'est bien cela ?
Kakashi hocha la tête, puis récupéra son téléphone qui lui était tendu par une jeune brune au visage exotique qui lui dit avec entrain:
— Très bien. Je suis ravie de vous rencontrer et suis certaine que vous apprécierez le séjour dans notre hôtel. Nous sommes un établissement partenaire de KonohaLovers alors soyez rassuré, votre séjour est entre de bonnes mains !
Kakashi força un sourire face à cet élan d'énergie que dégageait cette jolie réceptionniste, mais son esprit vagabondait.
— Vous pouvez patienter dans le lobby et nous allons vous apporter le cocktail de bienvenue. Ensuite, nous vous guiderons là où vous pourrez vous reposer puis vous préparerez pour le dîner de ce soir où votre match vous attendra.
— Très bien, répondit sobrement Kakashi en faisant quelques pas dans le lobby.
Il y trouva un fauteuil confortable à l'écart de l'effervescence de l'hôtel. Il se sentait à part, de cette atmosphère joyeuse, ses pensées étaient tournées vers tout autre chose. Son cocktail lui fut servi par une énième charmante dame qui prit le temps de lui détailler la confection et les ingrédients de leur cocktail maison, ce qui plut à Kakashi qui mettait un point d'honneur à prendre soin de son corps.
— Merci, dit-il. J'apprécie la présence du basilic thaï dans la confection de ce cocktail.
Alors que Kakashi commençait à profiter du calme du lobby, l'entrée d'un client de l'hôtel brisa le moment. C'était un homme à la peau dorée qui reprenait son souffle en se tenant sur ses genoux. Leurs regards se croisèrent brièvement lorsqu'il se redressa, et quelque chose dans cet échange fugace attira son attention, sans en connaître la nature. Il ne s'y attarda pas, et termina de siroter son cocktail énergisant en croisant nonchalamment les jambes pour y poser son livre.
Le bruissement des pages tournées à intervalles régulier accompagnait le calme ambiant de cet espace isolé du lobby, lui permettant de se plonger dans ses réflexions. Le titre en couverture L'Ombre du Soi : Réflexions sur le Rejet de l'Identité et la Quête de Réconciliation , NARA Shikamaru, résonnait particulièrement en lui ces derniers temps. Le livre, avec sa couverture sobre et son contenu, offrait un réconfort paradoxal à Kakashi qui aimait se perdre dans ces idées de rédemption et d'acceptation.
Apprendre à vivre avec nos blessures est un premier pas vers la paix intérieure. Ces mots, aussi simples fussent-ils issus de la sagesse de Nara, résonnaient en lui depuis de nombreuses années. Kakashi s'efforçait de les ériger en guide dans le tumulte de son quotidien. Ce mantra, simple mais puissant, était le fil d'Ariane qui l'aidait à rester à flot au milieu des tempêtes de souvenirs douloureux et de regrets. Dans le silence de ses réflexions, il trouvait dans ces paroles une force insoupçonnée, une invitation à embrasser ses cicatrices non pas comme des fardeaux, mais comme des marques de résilience, témoins d'un cheminement vers la sérénité.
— Monsieur Hatake ?
Kakashi, intérieurement agacé d'avoir été interrompu, conserva néanmoins son calme et leva les yeux vers une charmante jeune femme du personnel, vêtue d'une tenue beige. Ses cheveux étaient soigneusement tirés en arrière dans un chignon bas, et elle arborait un foulard aux couleurs de l'hôtel, ajoutant une touche d'élégance à son apparence. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, illuminant son visage d'une douceur apaisante qui parvint à capter l'attention de Kakashi, détournant un instant ses pensées agitées.
— Si vous êtes prêt, je vous invite à me suivre en salle de soin. Cela vous permettra de vous détendre après votre long voyage, avant la rencontre de ce soir. Vos bagages seront pris en charge par notre personnel et amenés dans votre vestiaire.
— C'est exactement ce dont j'ai besoin, répondit-il avec un sourire, refermant son livre. Il veilla à marquer la page dans son esprit, promettant de revenir à cette lecture captivante plus tard. C'est comme si vous saviez lire dans mes pensées.
Amusée tout en demeurant professionnelle, elle se présenta avec un sourire chaleureux : Je suis Maëva. Elle invita Kakashi à la suivre d'un geste élégant.
— Vous commencerez par un massage lomi-lomi suivi d'un bain de vapeur aux huiles essentielles qui seront déterminées par notre thérapeute selon vos besoins ou vos contre indications.
Kakashi hochait machinalement la tête, alors qu'il la suivait, toujours son livre à la main. Leurs pas résonnaient doucement sur le sol en pierre polie.
Lorsqu'ils franchirent le seuil de l'aile SPA de l'hôtel, une atmosphère apaisante les enveloppa aussitôt. On lui remit une élégante paire de tongs en cuir doux et un peignoir en lin, léger et soyeux au toucher, parfait pour se fondre dans cet univers dédié à la relaxation. L'espace baignait dans une lumière tamisée, projetée par des lanternes en verre soufflé, dont les reflets dansaient doucement sur les murs de marbre beige.
Il fut mené dans son vestiaire personnel et invité à s'asseoir sur le banc de marbre, parfaitement lisse sous ses doigts, son aspect minéral se confondant avec les teintes de sable qui ornaient tout l'espace. Il y laissa ses vêtements, puis enfla le peignoir et les tongs après une brève douche.
Il s'arrêta brièvement devant son reflet dans le miroir.
Arrête de faire ton ronchon, et profite de ce séjour. Ça ne pourra te faire que du bien. pouvait-il entendre son collègue Yamato d'ici.
Autour de lui, des plantes exotiques aux feuilles larges apportaient une touche de verdure, créant un délicat contraste avec l'esthétique épurée. Les vapeurs d'huiles essentielles, mélange subtil de lavande, de bois de santal et de bergamote, imprégnaient l'air, éveillant ses sens et l'invitant à une détente profonde. Ces fragrances se mêlaient à la légère musique zen qui s'échappait des enceintes discrètes, créant une symphonie propice à l'évasion.
Le doux clapotis de l'eau en cascade, provenant d'une fontaine en pierre située au centre de la pièce, accentuait plus encore cette sensation de sérénité.
Il reprit sa marche derrière Maëva, jusqu'à ce qu'elle ne s'arrête devant une porte de marbre beige qui se fondait dans le reste du décor. Seule une plaque dorée indiquait le nom de la cabine. L'Amazone.
— Voici la cabine de soin Amazone. Vous pouvez y pénétrer, votre thérapeute va vous rejoindre sous peu.
Kakashi acquiesça d'un hochement de tête et lorsqu'il fut laissé seul, s'asseya sur un fauteuil blanc moelleux. La pièce était immaculée, tout en blancheur et en élégance minimaliste.
Son thérapeute entra dans la pièce après avoir donné quelques coups sur la porte.
—Bonjour, M. Hatake, je suis Gaël. Je serai votre thérapeute pour cet après-midi. Comment allez-vous ? Votre voyage s'est bien passé ?
Kakashi ne put s'empêcher de faire une analyse rapide avant de répondre. Cheveux blonds, tâches de rousseur, voix fluette et douce.
— Je suis vraiment fatigué, avoua Kakashi, un soupçon de lassitude dans sa voix. Et mes douleurs se réveillent avec la fatigue. Je suis sincèrement soulagé de pouvoir me détendre avant ce soir.
— Vos douleurs ? Avez-vous des antécédents dont je devrais être informé avant de commencer le soin ?
— Oui, répondit distraitement Kakashi, son regard perdu dans le vide. Un... malheureux accident.
Avec une délicatesse inattendue, il redressa doucement les mèches de cheveux grises qui tombaient devant la partie gauche de son visage, ajustant également la manche et le reste de son peignoir du même côté.
— Ça fait seize ans maintenant, mais les cicatrices sont toujours là... murmura-t-il.
*
Iruka avait été installé sur une table de deux personnes totalement isolé du reste du restaurant. Il était dehors, en terrasse, seulement illuminé par les étoles et les lampions colorés de diversent formes qui flottaient tout autour de cet espace qui avait été privatisé pour lui et la femme qu'il allait bientôt rencontrer. Ils virevoltaient au gré de la brise qui, bien que nocturne, était douce et agréable. Les vagues de la marée haute venaient s'échouer à quelques pas, et tout semblait être orchestré pour une soirée romantique et élégante.
Un sentiment d'incertitude commençait néanmoins à germer en lui, à mesure que les minutes s'égrenaient et que personne ne lui avait encore été présenté. Les mains moites, il se redressa lentement de sa chaise, veillant à ne pas attirer l'attention, avant de se diriger rapidement vers la salle d'eau privative de la terrasse.
Il plongea ses mains dans l'eau fraîche, laissant cette sensation vivifiante le revitaliser, puis il se rafraîchit le visage, chassant un peu de la nervosité qui l'envahissait. Son reflet dans le miroir lui renvoyait invariablement les mêmes émotions : la peur de l'échec, le doute.
Se tournant sur lui-même, il ajusta les pans de son yukata bleu élégant et raffiné, mais qui lui semblait étrangement décalé.
— Quelle idée d'avoir enfilé un Yukata pour un tel événement, murmura-t-il à voix basse, son ton trahissant son manque de confiance en lui. Et si elle me trouvait ridicule ? J'aurais sans doute dû opter pour un look plus classe...
Il expira longuement, tentant de calmer le tourbillon de pensées qui l'assaillait, avant de réajuster délicatement le pic dans son chignon qu'il portait avec élégance, bien haut sur sa tête.
— Allez, ce n'est vraiment pas le moment de te défiler, Iruka, murmura-t-il à voix basse, comme pour se donner le courage nécessaire.
*
La nuit était tombée quand Kakashi émergea enfin des soins prodigués par Gaël. Ses douleurs chroniques, qui pesaient sur lui comme une ombre tenace, s'étaient dissipées, remplacées par une sensation de flottement agréable.
— On a un peu débordé sur le temps imparti, s'excusa doucement le thérapeute. J'ai voulu insister sur les zones douloureuses.
— C'était parfait, répondit Kakashi d'un ton mesuré, bien qu'un rare éclat de gratitude transparaissait dans sa voix. Vous pouvez compter sur un généreux pourboire en fin de séjour.
Lui, habituellement peu enclin à la générosité spontanée, se trouvait étrangement libéré, non seulement de ses douleurs, mais aussi d'une tension invisible qui l'accompagnait depuis des années.
— Merci, Gaël, ajouta-t-il en se levant, une rare sincérité illuminant ses traits fatigués.
Il se sentait allégé, non pas seulement dans son corps, mais au plus profond de lui, comme si, pour la première fois depuis longtemps, une partie de son passé avait cessé de le hanter, ne serait-ce que pour un bref instant.
Quand Kakashi quitta la cabine de soin après une après-midi entière de massage et de bain d'eau de mer, il était encore ailleurs et avait du mal à revenir sur terre. Il reconnut son vestiaire au numéro inscrit sur la porte et le pénétra en faisant glisser ses tongs sur le sol.
Il poussa la porte décoré de marbre et la referma derrière lui. Devant le grand miroir ovale, il inspecta brièvement son reflet, son regard accrochant la cicatrice qui marquait sa joue gauche. Il se défit du peignoir en lin de l'hotel et le laissa tomber dans un panier un osier laissé ici à cet effet, puis fit de même avec les tongs de cuir noir.
Sur le banc en marbre, il attrapa son haori qu'il avait plié ici avec les autres vêtements qu'il s'était préparé pour le dîner. C'était une pièce d'un bleu sombre et profond, décoré d'un fin liseret plus clair sur les coutures. Il la secoua un peu pour défaire les plie pui l'accrocha à un cintre présent dans le vestiaire, le temps d'enfiler un sous vêtement confortable et une blouse en coton d'un gris bleuté. De son habileté habituelle, il enfila son Haori avec fluidité, ajustant les manches amples avant d'enfiler un pantalon de lin anthracite resserré sur les chevilles. Il habilla ses pieds d'une paire de sandales noires. Sa tenue demeurait simple mais élégante, à son image.
La simplicité et le confort avant tout.
Il passa un main dans sa chevelure grise hirsute, convaincu qu'essayer de la dompter même pour une telle occasion serait du temps perdu. Il aplatit tout de même un côté pour donner un semblant de construction à sa coupe puis, relâcha un léger soupir. Le diner de présentation n'était pas quelque chose qu'il attendait avec impatience, mais il savait qu'il devait jouer le jeux, au moins pour le respect de la femme à qui on allait le présenter.
Avant de quitter la pièce, il attrapa L'Ombre du Soi pour le glisser dans la poche intérieure de son Haori. Alors qu'il s'apprêtait à enfin quitter le vestiaire, il entendit son téléphone vibrer depuis sa valise. Il fit un pas en arrière, ouvrit sa valise puis lu "Appel Visio de Green Spandex Man" .
— Quoi encore, marmonna-t-il alors qu'il accepta l'appel. L'écran s'illumina sur le visage souriant de Gai Maito, vibrant d'énergie comme à ton habitude. Yo, Gai.
— Kakashi ! Mon cher ami ! s'exclama Gai, enthousiaste. Prêt pour une aventure hors du commun ?
Kakashi soupira, tentant de masquer sa légère irritation. Pour l'instant je sors d'une après-midi de spa thérapie, alors je me sens bien. Ca aurait été génial si je n'avais pas à aller faire semblant devant une énième femme qui va encore tomber amoureuse de moi, dit-il avec un ton sarcastique.
— Enfin, Kakashi ! marmonna Gai. Mets-y du tien. Tu vas peut-être enfin trouver l'amour. L'amour, c'est ce qu'il y a de plus beau.
— Oui oui, soupira-t-il en tentant de se coiffer machinalement en regardant son reflet dans le miroir.
— Qui sait, je vais peut-être devoir changer le plan de table de mon mariage si une charmante femme parvient enfin à crocheter les verrous de ton coeur, mon ami !
— N'y compte pas trop. Et même si j'ai hâte que tu reviennes habiter à Konoha, je compte bien me venger.
— HAHA ! Je reconnais bien là mon éternel rival ! J'ai hâte de te revoir en personne pour te défier à nouveau et, surtout, te présenter ma petite pâte de haricot d'amour !
— Oye ! Ne m'appelle plus comme ça en public, ou je te rase les sourcils ! cria la voix d'une femme depuis l'autre côté du fil, la voix tranchante. Non, mieux encore, je ne t'en épilerai qu'un seul, pour que tu vives dans la peur constante de perdre le deuxième. C'est clair ?!
Un bref silence s'installa, avant que Kakashi, ne lève un sourcil. Eh bien, toujours un sacré phénomène ta chérie. Si elle est aussi furieuse que toi, ça promet.
Soudain, Gai se fit plus discret, presque chuchotant :
— Chut ! Tu veux mourir ou quoi ?
Le silence dura un instant avant que Kakashi ne succombe à un léger rire. L'idée d'une femme capable de rivaliser avec l'énergie explosive de Gai, tout en dissimulant une facette encore plus redoutable, ne manquait pas de l'amuser.
— Je dois te laisser, de toute façon. On m'attend.
Kakashi échangea quelques derniers mots avec Gai, avant que l'image de son ami, toujours dans sa fameuse pose du "Nice Guy", ne disparaisse de l'écran. Il soupira en rangeant son téléphone, songeant que ses affaires seraient sûrement livrées à sa chambre. D'un pas mesuré, il quitta le vestiaire où Sara l'attendait patiemment.
— Faites attention, on pourrait croire que vous me surveillez, » plaisanta-t-il, bien conscient que c'était exactement ce qu'elle faisait.
Elle lui répondit par un sourire contenu, presque professionnel, puis, avec la grâce qui la caractérisait, l'invita à le suivre.
— Votre partenaire est déjà arrivé depuis un moment déjà. Je vais vous conduire à sa table.
Kakashi dut accélérer le pas pour ne pas se laisser distancer, incapable de prendre le temps d'observer les lieux comme il l'aurait voulu. Sara le mena à une terrasse discrète, camouflée par de hautes pampas qui ondulaient doucement sous la brise du soir. Sans un mot, elle le laissa là, seul dans cette pénombre éclairée uniquement par la lueur tamisée de lanternes colorées.
Au milieu de ce cadre intimiste, une petite table pour deux apparut. La personne assise lui tournait le dos. Kakashi s'approcha silencieusement, puis, se plaçant subtilement dans le champ de vision de son partenaire, il se racla la gorge.
— Bonsoir. Je suis Kakashi. Enchanté de vous rencontrer. Et je dois dire que votre tenue est particulièrement élégante.
Quand Iruka se retourna, son expression changea brusquement. Il s'attendait à une femme, à un sourire timide, à des yeux doux, à une robe élégante peut-être. Ce qu'il vit à la place fut tout le contraire.
Devant lui, se tenait un... homme. Grand, décontracté dans son haori, une main négligemment glissée dans la poche de son pantalon. Le contraste était saisissant. La surprise se lut instantanément sur le visage d'Iruka : ses sourcils se haussèrent, et il cligna plusieurs fois des yeux, comme s'il cherchait à réajuster son esprit à ce qu'il voyait.
— Qu'est-ce que... ? murmura d'abord Iruka, avant de se reprendre. Il garda un moment le silence, visiblement en train d'analyser la situation.
Kakashi, lui, ressentit un drôle de soulagement à la réalisation. Ce voyage, d'abord ennuyeux, allait finalement s'avérer plus amusant que prévu.
— Eh bien si ça, ça n'est pas une surprise...dit-il.
*
Et voilà le premier chapitre.
Les commentaires, votes, sont les bienvenues et grandement appréciés :)
J'espère que ce premier chapitre vous aura plu.
Bien à vous,
Sweetysamaa
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