𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟏𝟓
L'Amirale Rae Sloane venait de monter à bord du vaisseau, le même dans lequel se trouvait la famille Hux : l'Imperialis. Elle n'était pas blessée, cependant du sang mêlé à la poussière recouvrait sa tunique immaculée.
L'Empire avait capitulé aujourd'hui. Après l'échec des accords de pacification sur Chandrilla, un compromis avait finalement été trouvé. L'Amirale en avait été informée dès son arrivée sur le destroyer stellaire.
L'holonet avait officiellement diffusé l'information. Des accords de paix avaient été signés entre la République et l'Empire Galactique, entre la chancelière Mon Motma et le conseiller Mas Ammeda, figure officielle de l'Empire.
Cependant, alors qu'elle parcourait les immenses couloirs froids de l'Imperialis, elle pouvait voir que la bataille de Jakku était loin d'être terminée. Son glorieux Empire ne cessera jamais de se battre, même si il ne restait plus à présent qu'une poignée de femmes et d'hommes courageux pour affronter l'éternel ennemi.
À partir d'aujourd'hui, c'était elle qui dirigeait l'Empire. Gallius Rax était mort. Elle l'avait abbattu de sang-froid pour sa propre survie, mais également par conviction. C'était à cause de lui si les accords sur Chandrila n'avaient pas abouti quelques semaines auparavant. En effet, alors que Sloane se trouvait sur la planète pour tenter de négocier un retour au calme, Rax en avait profité pour attaquer la planète...
Sabotant toute l'opération, réduisant à néant la confiance que l'Amirale lui accordait. Et pire encore, l'attentat avait été fomenté pour l'abattre en même temps que leurs ennemis. Rax était intelligent, il avait voulu faire d'une pierre deux coups. Elle en était convaincue.
Elle avait détruit son seul obstacle vers le pouvoir sur la planète Jakku, celle-là même qui avait vu naître Gallius bien des années auparavant.
Elle poussa la porte de la cabine de pilotage. Plongea la main dans sa poche pour en sortir une carte électronique. Elle la glissa dans la fente et une longue série de petits bip se fit entendre. En attendant que l'ordinateur de bord calcule la trajectoire elle fixa l'horizon à travers le hublot central. À travers l'holocommunicateur elle entendait des voix. Certaines étaient désespérées :
— On va s'écraser à la surface, nos capsules de sauvetages sont HS ! Si quelqu'un nous entends, venez nous aider !
D'autres, paniquées :
— Au secours, je vous en prie, ne nous laissez pas mourir !
Et d'autres, affrontait la mort avec dignité :
— Je sombrerais avec mon vaisseau. Ce fut un honneur de servir l'empire.
L'Amirale ne pouvait pas rester de marbre face à un tel massacre. Elle voyait face à elle les monstres d'aciers s'embraser, les cuirassés en duracier se lacérer et finalement plonger dans l'atmosphère de la planète de sable ; emportant avec eux les malheureux soldats et officiers. Ceux que Rax n'avaient pas jugés utiles pour la suite. Et Sloane ne pouvait rien faire... Si elle voulait que les vestiges de l'Empire survivent, elle devait suivre le plan de son rival.
Personne ne pouvait la voir. Personne ne saurait jamais que la grande amirale Rae Sloane était en train de pleurer. Des larmes salées dessinaient des tranchées sur ses joues. Elle ne pouvait pas détacher ses yeux de cet abominable spectacle macabre, et les appels à l'aide, les cris de douleur lui déchirait le cœur. C'était son Empire qui mourrait sous ses yeux, dans d'atroces souffrances.
Un signal sonore indiqua alors que le calcul du saut dans l'hyperespace était terminé. Sloane ferma les yeux, puis poussa un profond soupir pour se calmer. Elle allait devoir donner l'ordre de fuir, d'abandonner des impériaux. Cette idée lui était insupportable. Lorsque ses paupières s'ouvrirent elle aperçu deux bombardiers U-Wing fonçant droit sur eux. Elle ordonna alors d'une voix forte, en faisant du mieux qu'elle pouvait pour dissimuler sa panique :
— On passe en hyperespace. Maintenant !!
Un tourbillon d'étoile entoura alors le vaisseau qui fonça à toute vitesse à travers la galaxie. En direction des régions inconnues. Rae Sloane s'éclipsa alors du poste de pilotage pour rejoindre ses nouveaux quartiers. Une fois seule elle se déshabilla, lança sa tenue couverte de sang dans le bac à linge et s'écroula sur son lit.
......
À l'autre bout du croiseur, Armitage avait assisté au même spectacle cauchemardesque que Sloane. À travers le hublot de sa nouvelle cabine il avait vu les vaisseaux rebelles foncer droit sur les destroyers stellaire et les pulvériser. Il avait entendu la voix des impériaux à travers les holocommunicateurs installés un peu partout. Il avait été terrifié par cette bataille, par les conséquences qu'elle avait... Par les officiers implorant de l'aide, par les cris de terreur, les cris d'agonie.
Il avait l'impression d'être dans un cauchemar trop réaliste. Alors que les cris retentissaient dans tout le croiseur, il s'était précipité sous sa couette pour se cacher, un réflexe naturel chez un enfant apeuré. Il se cachait et pleurait en appelant sa mère. Elle ne viendrait pas, il savait qu'elle était morte... Mais il continuait de l'appeler entre deux sanglots déchirants. Il se sentait si seul, abandonné par sa mère, par son père... Il n'y avait que Millicent pour lui tenir compagnie, malgré qu'elle aussi ne soit guère rassurée dans toute cette agitation.
Peu à peu son corps cessa de trembler, sa respiration redevint plus calme et sa gorge irritée d'avoir hurlée ne produisit plus aucun son. Seuls quelques reniflements et couinements résonnaient encore entre les murs de sa chambre. Millicent était à présent installée sur les cuisses du petit garçon. La présence de son chat lui faisait beaucoup de bien, il ne pouvait compter que sur elle après tout. Personne n'était venu s'assurer qu'il allait bien. Personne.
Il commençait à en avoir l'habitude, mais parfois cette réalité lui revenait en pleine figure et le faisait horriblement souffrir. Il se recroquevilla en boule sous la couette, appuya sa petite joue rouge contre l'oreiller. Il essayait de ne plus penser à rien, de profiter de cet instant de tranquillité.
Dans le vaisseau on entendait plus aucune voix terrifiée, la panique avait cédé la place au calme. La lumière bleutée de l'extérieur se reflétait contre les murs de sa cabine. Cette couleur était apaisante et Armitage était épuisé d'avoir tant pleuré. Bercé par le ronronnement de sa petite compagne à fourrure et par le bruit lointain du moteur du croiseur, il s'endormit.
Le lendemain matin le petit garçon s'éveilla au son strident du réveil. Petite particularité de ce système, il ne s'éteignait pas avant que la personne ne soit debout. Aucune chance d'y échapper. Le petit garçon grogna en enfouissant sa tête dans l'oreiller pour camoufler l'horrible bruit. D'une façon ou d'une autre, il allait falloir sortir du lit. Il prit alors son courage à deux mains, reposa son oreiller sur le côté et s'assit au bord de son lit. Il frotta ses petits yeux fatigués et cernés puis il se mit debout, arrêtant à cet instant précis le réveil.
— Je déteste ce machin... Grommela Armitage en retirant son pyjama gris pour filer sous la douche.
Être le fils d'un des membres les plus important de l'Empire donnait des privilèges. Ainsi il avait droit à sa propre chambre, sa petite salle de bain et des sanitaires privés. En passant devant le sas pour le linge sale, il laissa tomber son vêtement de nuit et fila à la douche.
Une douche réglementaire prenait cinq minutes, tout ceci était chronométré afin que chaque personne (du moins chaque officier) puisse bénéficier d'une eau chaude. Les soldats chanceux prenaient une douche tiède, ceux qui se lavaient en dernier une glacée.
Mais Armitage Hux n'avait pas à se soucier de la température de l'eau. Il savonna alors l'entièreté de son corps d'enfant avec grand soin. N'oubliant aucun recoin, aucuns replis et aucune zone. Il frottait son corps si fort que sa peau en devenait rouge. Il n'y avait qu'ainsi qu'il se sentait pleinement propre. Il rinça son corps puis il frictionna sa crinière rousse avec un peu plus de soin.
Il avait rapidement remarqué que ses doigts, massant son crâne, était quelque chose de très agréable. Alors il ne se privait jamais pour prendre le temps de se masser un peu... Une petite minute de détente. Il n'avait aucune idée de ce que la journée lui réservait. Personne ne lui avait dit quoi que ce soit. Il se demandait alors si son père allait venir lui rendre visite pour lui expliquer certaines choses.
Au terme des cinq minutes réglementaires, l'eau cessa de couler brutalement. Il sortit alors de la douche, s'enroula dans une serviette trop grande pour lui et sécha son corps et ses cheveux avec précaution et douceur. Il attrapa sa brosse à dent et pendant trois minutes frottait la brosse sur ses dents de lait. D'ailleurs, il en sentit une bouger lorsqu'il passa la brosse dessus. C'était nouveau. Il fronça les sourcils et examina cette petite dent qui bougeait lorsqu'il posa l'index dessus.
Il se demandait si tout cela était normal. Personne ne lui avait expliqué que le phénomène était tout à fait naturel. Il commençait à paniquer en constatant qu'elle bougeait de plus en plus. Il décida de ne plus y toucher, même si la sensation dans la bouche n'était pas du tout agréable.
Il attrapait un peigne et brossa doucement ses cheveux vers l'arrière comme on lui avait appris à le faire. Il s'habilla ensuite. Un petit uniforme impérial dans les tons gris et gris foncé. Il s'installa ensuite sur son lit, il n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire. Ni même où prendre le petit-déjeuner, son ventre venait de gargouiller. Il n'avait pas mangé hier soir, il était assez urgent de remédier à cette situation.
C'est alors que plusieurs coups fûrent frappés à la porte. Le jeune garçon se leva pour connaître l'identité de la personne et lorsqu'il observait le petit écran, il reconnut tout de suite la grande amirale Rae Sloane. Il ouvrit alors la porte coulissante de sa cabine et lui adressa un sourire discret :
— Bonjour, Madame.
— Bonjour, Armitage. Je peux entrer ?
Le petit homme hocha la tête en guise de permission. Il s'écarta alors pour laisser entrer Sloane dans ses quartiers. Elle observa sa chambre et déclara d'une voix douce :
— C'est vraiment propre et organisé chez toi mon grand. Je te félicite.
— Merci, Madame.
— Quand nous sommes en privé, tu as le droit de m'appeler par mon prénom , comme je le fais avec toi. Comme ça nous sommes à égalité, tu vois ?
Sloane se mit alors accroupie pour se retrouver à la hauteur du jeune garçon. Elle prit délicatement sa petite main dans la sienne, on aurait pu croire qu'elle allait lui demander quelque chose de très important, ou lui annoncer une mauvaise nouvelle.
Alors qu'elle allait prendre la parole, elle aperçut la petite tête rousse et ébouriffée de Milicent, qui venait tout juste de se réveiller. Elle eut un petit sourire attendri :
— Je vois que Millie n'est jamais bien loin de son propriétaire. Elle a bien grandi depuis la dernière fois. Mais ce n'était pas le sujet de ma venue.
Elle prit une profonde inspiration avant de poursuivre sa phrase :
— Je dois te parler de quelque chose de très important. Mais avant cela, j'ai besoin que tu me parles de ton père.
— Pourquoi, voulez-vous que je vous parle de père ?
— Je veux savoir... Savoir s'il t'a déjà fait du mal Armitage. Le soir où je suis arrivée juste à temps pour sauver Millicent, j'ai vu comment ton père se comportait avec toi. J'ai vu comment tu agis lorsqu'il n'est pas loin... Ça va bien au-delà du simple respect... J'ai de bonnes raisons de croire que ton père te maltraite.
— Oui... Oui Madame, vous avez raison. Admit le petit garçon, le corps secoué par un sanglot.
— Tu veux que cela cesse ? Questionna t'elle d'une voix douce et réconfortante
Il hocha la tête après s'être essuyé les yeux.
— J'ai vu que tu commandais ce petit groupe de soldats. Ils t'obéissent n'est ce pas ?
Armitage hocha de nouveau la tête.
— J'aimerais que tu les empêches de me faire du mal. Ils sont jeunes mais encore instables, dangereux... Je ne suis pas la plus désirée sur ce vaisseau, je crains pour ma vie. C'est pour cela que je te demande cette faveur. En échange, je te promets que ton père ne lèvera plus jamais la main sur toi. Marché conclu ?
— Marché conclu ! S'exclama le petit en serrant la main de Sloane.
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