𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟏𝟒
Gallius Rax se tenait dans l'encadrement de la porte. La lumière artificielle des couloirs du vaisseau l'entourait tel un halo. À certains endroits, la lumière passait en éclairant le visage de plusieurs enfants.
Armitage baissa immédiatement les yeux en sentant tous les regards des jeunes soldats peser sur lui comme une chape de plomb. Il sentait néanmoins le regard de l'officier sur lui, ce qui l'obligeait, par curiosité, de se redresser. L'homme qui venait de franchir le seuil de la porte était de grande taille, un visage froid et ses yeux scrutaient chaque personne.
Le jeune rouquin n'osait pas fixer l'homme qui lui faisait face. Gallius Rax pencha très légèrement la tête sur le côté et déclara simplement, sa voix était d'une froide douceur :
— Bonjour, Armitage
Essayant d'adopter la position la plus droite possible le jeune garçon soutenait le regard de l'homme et répondit d'une voix mal assurée :
— Bonjour, monsieur.
Le petit garçon était fort peu à l'aise, les enfants face à lui étaient à peine plus âgés. Pourtant, ils montraient une telle agressivité à son égard qu'il avait beaucoup de difficulté pour retenir ses larmes. Mais pour le moment, il avait obtenu un repit. Gallius Rax était présent et les enfants ne feraient rien tant qu'il serait présent.
— Ton père t'a expliqué ce qu'il se passe ?
— Non, monsieur.
— Il ne t'aime pas beaucoup, j'imagine.
Le petit garçon acquiesça d'un signe de tête, cette fois ses petits yeux clairs se remplirent de larmes pour de bon. Il avait toujours voulu être un enfant modèle. Il n'avait jamais souhaité être une déception pour son père et pourtant... Brendol Hux le considérait à peine, et lorsqu'il s'adressait à lui c'était toujours pour le réprimander ; ou pour lui rappeler à quel point il était décevant.
Il répondit alors à cette grande personne d'une voix faible et légèrement tremblante :
— J'imagine que c'est exact, monsieur.
— Tu choisis les mots les plus judicieux, alors que tu es si jeune. Tu as reçu la meilleure éducation. Même si tu as peur, tu t'exprimes clairement et distinctement. Je te félicite, Armitage.
Le petit garçon repensait à sa mère, c'était en grande partie grâce à elle qu'il avait su s'exprimer aussi bien, et aussi tôt dans sa vie. Elle lui avait appris les bonnes manières, la façon de se comporter en société. Les professeurs engagés par son père avaient simplement terminé le travail.
Et ces gens avaient façonné le jeune garçon pour en faire un petit impérial courtois, obéissant et respectueux de ses supérieurs. Et malgré tout son père ne lui accordait aucun crédit.
Gallius s'agenouillait alors face au jeune garçon en soupirant :
— Tu sais, quand j'avais ton âge, je n'ai pas eu autant de chance. Je suis né et j'ai grandi sur Jakku. Mais un beau jour, j'ai été découvert par notre défunt empereur. J'ai rejoint l'empire et je suis devenu quelqu'un d'autre.
Le petit garçon sauvage de Jakku a laissé place à une personne plus civilisée. Alors d'une certaine façon j'étais comme toi : j'avais peur.
— J'ai peur, monsieur. Avoua le petit garçon en fixant l'adulte droit dans les yeux. Comme si cette action lui faisait oublier les enfants assis derrière Rax.
— C'est très sage. La peur est utile lorsqu'elle nous guide, mais dangereuse lorsqu'elle nous contrôle. Je suis venu t'expliquer ce qui va passer. Avec ce vaisseau, nous en rejoignons un autre. Les enfants et toi serez emmenés loin d'ici. Ton père fera partie du voyage, et moi aussi.
Une fois arrivés, nous rencontrerons d'autres personnes et ensemble nous construirons quelque chose de nouveau. Nous laisserons tout ceci derrière nous à tout jamais. Tu comprends ?
Le petit garçon ne comprenait absolument pas ce qui était en train de se passer, ni les enjeux que cela impliquait. Il était encore si petit. D'un geste discret, il plongea la main dans sa poche pour sentir le corps chaud de son petit chat Millicent. Ce geste n'échappait pas au regard de Rax, qui affichait à présent un air interrogatif et curieux.
Armitage ne savait pas ce qui allait se passer maintenant. L'adulte allait-il lui faire une réflexion ? Lui dire de ne pas emmener le chat ? Cette personne était plutôt sympathique avec lui et il se sentait en relative confiance. Gallius Rax chuchota alors, pour que personne d'autre que le jeune garçon ne l'entende :
— Qu'est-ce que tu caches dans ta poche, Armitage ?
— C'est mon chat, elle s'appelle Milicent. Je l'ai trouvée sur Arkanis il y a quelques mois, elle m'accompagne partout. Je fais très attention à ce qu'elle ne se promène pas partout, pour ne pas gêner les grandes personnes, monsieur.
— C'est très bien que tu sois responsable d'un petit animal. Qu'elle reste cachée.
Conseilla Rax, toujours à voix basse, puis il reprit la parole, cessant alors de chuchoter :
— Ce n'est pas grave si tu ne comprends pas. Tout deviendra clair un jour. Pour l'instant, je te laisse un cadeau.
— Qu'est-ce que c'est, monsieur ?
— Les autres enfants ? Ils te fixent, non ?
— Ou... oui, monsieur.
— Ils veulent te tuer, j'en ai bien peur. Si on leur en laissait la chance, ils te frapperaient à coups de pierres jusqu'à ce que tous tes os soient brisés. Ces enfants sont aussi sauvages que moi lorsque je vivais sur Jakku. Le travail de ton père n'a fait qu'accentuer leurs pulsions.
Armitage se sentait soudain affreusement mal et terrifié, encore plus qu'il ne l'était auparavant. Il se demandait même s'il n'allait pas mouiller son pantalon. Depuis sa petite enfance il vivait dans la peur constante que son père ne le frappe si fort qu'il ne s'en relèverait pas. Mais aujourd'hui, c'était la première fois que quelqu'un lui disait très clairement qu'il risquait de mourir.
— Je...
— Le cadeau. Tu veux en savoir plus j'imagine ? Le voici, Armitage : tu vas diriger ces enfants. Ils seront à ton service. Un jour, bientôt, ton père te transmettra son savoir et tu apprendras à accomplir son travail. Ta tâche consistera à prendre des enfants comme ces sauvages et à façonner leurs esprits malléables pour leur donner la forme dont vous avez besoin. Ils deviendront des outils conçus pour accomplir une mission spécifique. C'est mon cadeau pour toi, mon garçon. Un jour, ton père mourra. Un jour pas très lointain, je le crains. Et tu prendras la relève.
Gallius Rax se redressa pour s'adresser aux autres enfants.
— Écoutez-moi bien. Ce garçon, Armitage Hux, vous commande. Vous ferez ce qu'il vous ordonnera. Vous sacrifierez votre vie pour lui s'il le faut. Hochez la tête si vous avez compris.
Tous les enfants firent un signe de la tête simultanément, ce qui perturbait grandement le petit garçon. Il avait l'impression d'être face à une armée de droïde.
— Merci, dit Armitage
— Avec plaisir. L'avenir de l'Empire a besoin de toi. Maintenant, reste à ta place. Nous sommes presque arrivés. Notre destin s'accomplira très bientôt.
L'officier tourna les talons et passa devant les rangées d'enfants pour quitter la pièce. La porte se referma alors derrière lui.
Une fois encore, les enfants se tournaient vers Armitage et le fixait intensément. Le petit garçon craignait alors que tout ce que lui avait dit Rax n'était qu'illusion. Qu'il ne lui avait apporté ces paroles de réconfort uniquement pour le tenir tranquille. Ces sauvages ne lui obéiront jamais, pensait-il. Il n'avait jamais commandé rien ni personne... Ces gamins assoiffés de sang n'auraient aucune pitié, et n'hésiteraient pas à lui sauter à la gorge.
Le petit homme à la chevelure rousse prit une profonde inspiration et désigna l'un des enfants d'un doigt hésitant. Le désigné avait à peu près le même âge que lui, il avait des cheveux noirs et une peau bronzée par le soleil de sa planète natale, Jakku.
— Toi.
Le gamin à la chevelure foncée ne décrocha pas un mot.
— Acceptes-tu de faire ce que je t'ordonnerai ?
L'enfant acquiesça d'un signe de tête en fixant Armitage, d'un regard sans émotion.
Le jeune rouquin serra alors les poings pour se donner du courage et de l'assurance. Il ordonna alors d'une voix forte :
— Je veux que tu frappes le garçon à ta droite. Fort.
Le garçon désigné pour exécuter cet ordre se tourna alors vers son camarade. Il leva le poing et frappa son voisin au niveau de la joue. Le hurlement de sa victime retentissait dans la pièce, tandis qu'un filet de sang jaillissait d'une petite entaille.
Armitage était sous le choc. Jusqu'au dernier moment, il n'avait pas imaginé que le garçon lui aurait obéi. Et pourtant... Il avait exécuté cet ordre sans poser la moindre question. Ce petit garçon aurait très bien pu être son ami, il n'avait pas hésité un seul instant à le blesser.
Maintenant, il était presque sûr qu'aucun des enfants présents dans cette pièce ne lui ferait de mal. Il en éprouva un sentiment de soulagement et pouvait enfin essayer de se détendre pendant le voyage.
Pour la première fois de sa vie, le petit Hux avait le contrôle, le pouvoir de décision. La sensation était étrange mais grisante.
Il glissa de nouveau la main dans sa poche pour effleurer la fourrure de sa seule amie, songeant à ce périple à venir. Ce saut dans l'inconnu, vers de nouveaux horizons.
(Ce chapitre est grandement inspiré par l'un des chapitres du livre La chute de l'Empire.
J'ai repris certain dialogues à ma sauce, et d'autres que j'ai pris tel quel. Cela me gêne un peu mais ce chapitre est très important pour le développement du futur général.)
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