Chaque caresse d'Avianna, le long de mon torse, fait augmenter en moi l'envie de lâcher prise. J'ignore si ses gestes sont soigneusement prémédités ou si tout comme moi, elle est dévorée par un incendie lui faisant perdre le contrôle. Quoi qu'il en soit, les pressions qu'elle exerce sur mes muscles mettent tous mes sens en alerte. Ils se crispent au passage de ses doigts explorant les reliefs de mon anatomie cachée sous mon pull en laine.

Ses caresses remontent si haut sur mes pectoraux que je sens l'air chatouiller mon ventre. Mais rapidement, cette sensation de fraicheur disparait au profit du contact délicat provoqué par le tissu de sa jupe rencontrant ma peau. D'un geste soudain, ses fesses se retrouvent posées sur mes cuisses alors que sa deuxième main gagne elle aussi la sinuosité de mon torse. Assise à califourchon sur moi, nos bouches se rapprochent autant qu'elles s'éloignent. Lorsque je crois qu'elle va finalement m'embrasser, elle reste statique sans réduire en fumée le simple petit centimètre qui nous sépare.

— Est-ce que... est-ce que tu as déjà embrassé quelqu'un ? halète-t-elle contre mes lèvres.

Cette question fige instantanément mes mains posées dans le creux de ses reins. Je la redoutais, la voilà enfin, c'était inévitable. Je presse mes paupières et laisse ma tête regagner le mur derrière moi, m'éloignant de ce fait du doux visage d'Avianna.

— Oui, soufflé-je les yeux toujours clos.

— C'était comment ?

— Désastreux.

— Pourquoi ?

En rouvrant les yeux, ils trouvent instinctivement les lèvres qu'ils fixaient juste avant d'être plongé dans le noir. Je les laisse remonter le long de la convexité de sa mâchoire, détaillant les traits de son visage un à un. Ses questions sans filtre ont piqué ma curiosité. En quoi mon premier baiser peut-il bien l'intéresser ?

— Parce que j'ai été naïf de croire que je pouvais charmer une fille.

— Qu'est-ce qui s'est passé Shawn ?

Son front collé au mien, elle attend que je lui conte cette tragique histoire. Je laisse durant de longues minutes le silence s'installer. J'ai besoin de réfléchir, de savoir si c'est une bonne idée de la lui raconter. J'hésite, tentant tant bien que mal à délibérer avec moi-même alors qu'elle parcourt ma joue gauche de baisers.

Peut-être que si je la lui racontais, mon angoisse d'embrasser à nouveau disparaitrait ? Je n'ai jamais évoqué cette histoire à quiconque. Cachée au plus profond de mes entrailles pour que personne ne puisse la lire, je n'en ai pas fait l'élocution, bien trop honteux de m'être laissé berner aussi facilement. J'ai été humilié d'une façon si abominable que je croyais avoir été vidé de tout sentiment amoureux à jamais. Enfin ça, c'était avant de croiser cette rousse étincelante. Elle a tout chamboulé, elle m'a chamboulé.

— Si tu ne veux pas parler de ça aussi, ce n'est rien, chuchote-t-elle au creux de mon oreille.

D'un faible non, je me racle la gorge et lui raconte chaque détail de ce jour traumatisant. Je lui décris la joie que j'ai ressenti en découvrant l'agréable sensation qu'un baiser pouvait procurer, mais aussi la désillusion lorsque j'ai compris que je venais de me faire avoir en beauté. Elle écoute attentivement chacun de mes mots comme si un simple « et » ou un « je » était tout aussi important qu'un « aimer » et « pleurer ».

A aucun moment, elle ne s'apitoie sur mon sort. Elle me laisse parler sans jamais intervenir, se contentant d'un hochement de tête par-ci, par-là. Rien que pour cela, j'ai envie d'attraper son visage entre mes mains et l'embrasser jusqu'à en perdre le souffle. Peu importe les terribles épreuves que j'ai traversées, elle ne me juge pas. Son regard reste inchangé malgré mes secrets qui deviennent aussi les siens à présent.

— Depuis ça, tu n'as jamais embrassé personne ?

— Après un premier baiser aussi désastreux, je n'ai jamais voulu retenter l'expérience.

— Et aujourd'hui, avec moi, est-ce que ça a changé ?

Ses lèvres sont si proches des miennes qu'en parlant, elles les effleurent sensuellement. Il n'y a plus aucun espace qui les séparent et pourtant nous ne nous embrassons pas encore.

— Oui.

Je la sens sourire, satisfaite de ma réponse simple, concise et précise. Mais à mon plus grand étonnement, elle pousse sur ses mains toujours logées sous mon pull, et s'écarte doucement de moi. Pourquoi s'éloigne-t-elle ainsi après ce que je viens de lui avouer ? Un stress monstrueux me gagne, c'est comme si toutes mes peurs se jetaient ensembles sur mon misérable cœur qui se serre de terreur.

— Je ne peux pas t'embrasser Shawn, pas ici en tout cas.

Suspendu à ses lèvres, ses mots me heurtent de plein fouet. Instantanément, mes mains quittent son corps. La voir assise sur mes cuisses me donne la nausée, je me sens pris une nouvelle fois au piège par une sorcière aux belles paroles.

— Je veux que notre premier baiser soit si mémorable, qu'il te fasse oublier le seul souvenir que tu as d'avoir embrassé une fille. Laisse-moi juste un peu de temps pour organiser une journée spéciale.

Jamais, même avant que ma vie ne prenne un sombre virage, quelqu'un avait fait une chose aussi gentille pour moi. Personne ne m'a accordé une importance si grande, qu'elle était prête à soulever ciel et terre pour me faire plaisir. Même mes parents, qui pourtant ont toujours été là pour me couver d'amour, ne m'ont pas ouvert à ce point leur cœur. Je savais que j'y avais une place pour l'éternité, mais je devais la partager avec d'autres. Or là, avec Avianna, j'ai le sentiment d'être le seul à compter pour elle. Comme si son cœur tout entier n'était que pour moi.

Dans la seconde qui suit sa déclaration, je m'en veux de l'avoir comparé aux sorcières de mon adolescence. Même si cela n'a été qu'une courte pensée, elle a eu le mérite d'exister et c'est déjà bien trop.

— Je n'ai pas besoin d'une journée particulière pour m'aider à effacer ce souvenir.

Mes paumes retrouvent la chaleur de son bassin que je colle au mien. Un petit gémissement de surprise se faufile à travers ses lèvres entre-ouvertes lorsque nos torses se heurtent. Ses pupilles se dilatent et c'est l'élément déclencheur qui me fait définitivement perdre toute rationalité.

Pour la première fois depuis que nous nous sommes rencontrés dans cet amphithéâtre, je goutte sans ménagement sa peau blanche qui a su me séduire de jour en jour. Je découvre voracement les moindres détails de son cou sur lequel je laisse de petites traces rouges ici et là. L'entendre apprécier mes baisers ardents alimente la soif d'envie qui s'accumule dans mon ventre. Elle ne cesse de croitre jusqu'à me donner le courage d'abandonner son cou pour venir explorer sa clavicule, puis son petit décolleté me laissant entrevoir la naissance de sa poitrine.

Mon besoin de la découvrir toujours plus devient si vital, que mes doigts se sont déjà faufilés sous son haut, prêts à le lui retirer dans la seconde qui suit. Un simple murmure de mon prénom s'écrasant dans mon cou toujours paradoxalement froid alors que je sens le feu brûler en moi, et elle se retrouve en soutien-gorge sous mes yeux ébahis. Je n'avais encore jamais vu en vrai une fille si peu vêtue. C'est excitant, mais aussi affreusement terrifiant. Je ne sais plus quoi faire face à son corps dénudé. La situation m'échappe et je me retrouve comme un adolescent gêné de découvrir le corps féminin. Mon fiévreux courage vient de voler en éclat.

— J'imagine que tu n'as jamais rien fait avec une fille, dit-elle les yeux rivés dans les miens.

Je ne peux soutenir son regard dévorant de femme attendant avec impatience que l'homme se décide à la toucher comme si elle était la seule au monde. Seulement, je ne suis pas sûr d'être la personne qu'elle désire. Je n'y connais rien, j'ignore tous des relations amoureuses et encore plus sur les petits moments intimes comme celui-ci. Quelle fille voudrait d'un homme avec la médiocre expérience d'un enfant ? Cela n'a rien de désirable.

— Retire ton pull s'il te plait.

Ses mains sont déjà agrippées au bas de mon vêtement lorsqu'elle me demande de l'enlever. Finalement, elle réalise l'action seule, avec simplement en prime mon regard interrogateur. D'un geste délicat mais maitrisé, elle fait passer mon pull par-dessus ma tête. Je l'aide en levant les bras pour qu'elle puisse complètement enlever le morceau de tissu cachant jusque-là le haut de mon corps.

— Maintenant on est tous les deux torses nus. Est-ce que ça te gêne moins ?

Je comprends enfin les raisons de son geste. Elle pense qu'en me retrouvant aussi dévêtu qu'elle, je me sentirai de nouveau capable de supporter le fervent désir illuminant ses yeux.

— Je n'en sais rien, je ne montre pas souvent mon corps, balbutié-je en croisant les bras sur mon torse pour cacher ma nudité.

— Ne te dissimule pas derrière tes bras, tu es magnifique Shawn.

— Je suis juste normal.

Ses douces paumes encerclent mes poignets avec délicatesse. Je tressaille à son touché chaud venant percuter ma peau glacée. Mon cœur s'emballe à une vitesse folle, je me demande si elle le voit tambouriner comme un marteau piqueur dans ma poitrine ? Est-ce cela qu'elle contemple en décroisant lentement mes bras ou bien mes muscles dont elle connait déjà les contours ?

Elle dépose mes mains sur le dessus de ses cuisses toujours recouvertes de son collant noir. Plus rien ne sépare à présent mon torse nu du sien. Elle le détaille langoureusement de ses pupilles dilatées par l'envie, m'épiant tel un félin face à sa proie et étrangement, j'adore ça. Me sentir regarder avec appétence consume en moi toutes les cellules de l'amour que je croyais perdues à jamais. Elles se réveillent dans un tourbillon complètement fou qui balaye sans ménagement mon bas ventre.

— Pourquoi est-ce que tu te rabaisses sans cesse alors que tu es parfait ?

Je presse les paupières quand ses lèvres humides rencontrent mon pectoral gauche, à l'exacte endroit où mon cœur s'apprête à sortir de ma poitrine. Elle en embrasse ensuite chaque partie, laissant parfois la chaleur de sa langue goûter ma peau. Mes doigts se resserrent sur ses cuisses lorsqu'elle réitère l'expérience du côté droit. Je me sens partir dans un autre monde, ma respiration devenue trop saccadée pour apporter suffisamment d'oxygène à mon cerveau. Je manque cruellement d'air, mais l'avouer serait mettre fin à ce moment de pur bonheur.

— S'il te plait, n'ai pas honte avec moi, susurre-t-elle d'une voix sensuelle le long de mon torse.

Ses doigts experts prennent le temps de faire, un à un, le contour de mes abdominaux tandis qu'elle dévore avec passion la fine peau de mon cou.

— J'ai envie de t'embrasser, avoué-je les yeux toujours clos pour apprécier le plaisir qu'elle me procure.

— Moi aussi.

— Fais-le, murmuré-je. Je t'en supplie.

— Pas ici, tu dois être patient.

— J'ai attendu déjà bien trop d'années.

— Je te promets que tu ne le regretteras pas.

Mordillant le lobe de mon oreille, elle ne fait que rendre la tâche de patienter encore plus difficile. Après tous ces gestes ayant réveillé en moi l'envie d'embrasser une fille, elle compte sérieusement me laisser ainsi ? Si je dois mourir d'attente, je compte bien lui rendre la monnaie de sa pièce. Je refuse d'être le seul à trépasser d'impatience.

D'un geste de pure folie, j'abaisse la bretelle droite de son soutien-gorge pour venir déposer des baisers brûlants sur son épaule. Sans m'y attarder plus que nécessaire, je descends rapidement sur sa poitrine recouverte de chair de poule. J'ignore avec quel courage ma main gauche est arrivée là, mais elle explore désormais les courbes de son sein légèrement plus dévoilé du fait que la bretelle ne maintienne plus aussi bien l'armature du sous-vêtement. J'insinue précautionneusement mon pouce à l'intérieur de la coque, joliment décorée d'une dentelle bleue allant parfaitement avec ses yeux, laissant Avianna geindre de plaisir au creux de mon cou. Mes doigts découvrent pour la première fois le corps d'une femme. C'est un mélange d'extase, d'euphorie, de tentation et d'attirance incontrôlable qui bouleverse mon équilibre.

Ma soif de son corps rend tremblotant tous mes muscles. Il leur faut un peu de temps pour s'habituer à la découverte d'une toute nouvelle anatomie. Ils cherchent encore leurs marques, perdus dans ce dédale de reliefs inconnus et mystérieux.

— Je sais que tu essaies de me faire changer d'avis, grommelle Avianna en s'agrippant à mes cheveux bruns. Mais je ne cèderai pas.

J'entends à peine la négation de sa phrase, rapidement recouverte d'un gémissement lorsque mes lèvres apprivoisent enfin la splendeur de son sein. Afin de me laisser davantage l'apprécier, je dégrafe la seule attache tenant fermement son sous-vêtement. Désormais, nous sommes réellement à égalité corporelle et ma gêne s'est envolée. 

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J'espère que ce petit instant entre Avianna et Shawn vous a plu et qu'il a été à la hauteur de vos espérances. En tout cas moi je l'aime beaucoup et c'est rare, souvent il y a toujours quelque chose qui me dérange mais là non haha.

Pour le bisou, vous l'aurez compris, il va falloir être un peu patient. 

Merci pour les 5k vues !! C'est incroyable de voir que vous vous attachez à ces personnages, surtout pour ceux qui ont lu Grâce à elle/lui et qui adoraient le couple Mélanie/Shawn.