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Chapitre 25 - L'amour en chanson


La fois où j'ai chanté au bar devant des dizaines de spectateurs était incroyable. Pour la première fois de ma vie j'avais un véritable public à conquérir. L'angoisse, la peur de décevoir mon auditoire me nouait le ventre mais bizarrement cela m'aidait à me lancer. Je voulais montrer que j'en étais capable, que j'avais du talent.

Aujourd'hui, face à cette immense foule de plusieurs centaines de personnes, j'ai les mêmes craintes que ce fameux soir. Et là encore, elles me poussent à donner tout ce que j'ai. L'envie de montrer au monde entier que le petit canadien que je suis à une voix qu'il veut faire entendre. Je l'ai depuis bien trop longtemps gardé pour moi tout comme Avianna a camouflé son talent. Il est temps que nos deux étoiles brillent à l'unisson.

Mes doigts glissent sur les cordes de la guitare, les notes raisonnent dans les énormes enceintes situées de chaque côté de la scène. Mes amis reconnaissent instantanément le morceau que je joue puisqu'il s'agit d'une chanson que nous avons écouté sur la route tout à l'heure. Je l'avais trouvé si beau, si doux, si poétique, que je l'ai retenu sans aucune difficulté.

You're music to my eyes
I had to listen just to find you
I'd like for you to let me sing along
Give you a rhythm you feel

I wanna learn your every line
I wanna fill your empty spaces
I want to play the part to reach your arms
Sing you a song that you feel, oh

Chanter une chanson d'amour avec Avianna devrait me mettre mal à l'aise et pourtant ce n'est pas le cas. J'ai tellement envie qu'elle me suive, qu'elle accepte enfin le fait que la musique est une partie d'elle, que je suis prêt chanter des mots doux à quelques centimètres de sa bouche devant l'unique micro présent sur scène.

A aucun moment je ne parviens à obtenir son attention. Elle est complètement figée face au public qui désormais, attend ses couplets. Juan, Grant, Karlie et moi n'interrompons pas notre jeu, patientant nous aussi. Mais plus les secondes filent, plus l'espoir qu'elle ose enfin chanter s'amenuise. Au moment où je n'y crois plus, elle saisit le micro de ses mains et ferme les yeux. La magie de sa voix est sur le point d'ensorceler quiconque l'entendrait.

Your voice is quite a view
I heard a song and then I saw you
I learned the lyrics and that you were mine
Danced to horizon with you

I wanna sing you a sunrise
And be the dawn that moved you
I'd like to be the strings on your guitar
Touch me and play what you feel


Ce n'est qu'une simple chanson attentivement écoutée à la radio, elle n'a pas été écrite par nos petites mains alors pourquoi ai-je la sensation qu'elle nous appartient ? Pourquoi son regard à gagner le mien et que je n'arrive plus à m'en détacher ? Cette fille m'hypnotise au point que sa bouche tentatrice devient si désirable que mes peurs, vis-à-vis des baisers, sont surpassées par mes pulsions. J'ai envie de l'embrasser et ce n'est pas le refrain, dont les paroles sont lourdes de sens, qui m'enlèvera l'appétit qui me consume.

Love, let your music be mine
Sing while I harmonize
Let your melodies fly in my direction
Take me to your paradise
On a musical ride
I'm in love with your music, baby
You're music to my eyes

Est-ce une déclaration en live devant des centaines de personnes ? Je ne sais pas. A l'heure actuelle, je ne suis pas en mesure de réfléchir correctement. Mon cœur tambourine bien trop fort dans ma poitrine pour que je parvienne à me concentrer sur autre chose qu'à son écho qui fait trembler tout mon corps.

La chanson prend fin mais nos deux âmes restent liées. Un tonnerre d'applaudissement envahi la foule alors qu'elle et moi sommes face à face, le regard accroché aux lèvres de l'autre. Ces traitresses de bouches qui ont chanté des paroles d'amour.

— Merci à ce jeune groupe pour cette sublime chanson, applaudissez-les bien fort ! déclare Lewis après être monté sur scène. Nous accueillons maintenant un enfant de la région, voici Luke Lloyd !

Le directeur artistique saisit ensuite nos bras pour nous tirer hors de scène. Je n'avais pas remarqué que les postes de nos amis avaient déjà été pris par les musiciens du précédent chanteur. Il n'y avait plus qu'Avianna et moi plantés comme deux idiots sur le parquet de la grande scène. Je n'avais pas non plus fait attention que je suis partie en gardant la guitare accrochée autour de mon tronc. Luke, l'artiste suivant, se hâte dans ma direction pour la récupérer. Je bats quelques secondes des paupières comme pour revenir à a réalité et la lui tends.

— C'était du beau boulot les jeunes ! Pour des débutants vous êtes vraiment bons ! s'enthousiasme le vieux Lewis.

— Merci de nous avoir donné notre chance, s'empresse Grant de le remercier.

— Je dois admettre que j'ai été bluffé.

— Dans le bon sens du terme j'espère, rigole Juan.

L'homme rit avant de nous quitter. Il s'éloigne, nous laissant là comme si de rien n'était, et s'arrête une dizaine de mètres plus loin. Durant de longues secondes, il ne bouge pas puis se retourne finalement.

— On se revoit bientôt.

Cette fois, il part véritablement rejoindre son équipe. J'ai encore du mal à comprendre ce qu'il vient de nous arriver. Cependant, Grant ne me laisse pas le temps d'assimiler le moment. Il s'empresse de faire face à notre amie rousse pour lui demander des explications. Cette dernière garde la tête haute, plaçant ses mains sur ses hanches.

— Tu veux la version courte ou la longue ?

— Celle qui t'arrange. Je veux juste que chacun de nous soit honnête les uns avec les autres, que l'on soit un véritable groupe soudé, avoue-t-il calmement.

— En gros un groupe de commères quoi, plaisante le latino derrière lui.

— Je vois, se retient de rire Avianna en mordant sa lèvre inférieure.

— Juan, c'est important qu'on ait confiance en chaque membre du groupe.

S'il nous manquait un leader avant notre représentation, on peut désormais affirmer que Grant est le chef de notre petite tribu. C'est lui qui est doté d'un esprit de fraternité sans faille et qui se bat pour nous cinq. Il a ce petit plus que nous ne possédons pas.

— Je sais que je peux faire confiance en chacun de vous mais c'est une histoire qui m'est difficile à raconter.

— On sera toujours là pour toi, il faut simplement que tu nous laisses t'aider, la rassure-t-il en passant son bras par-dessus ses épaules.

— La seule chose que vous avez besoin de tous savoir est que mes parents sont contre le monde de l'industrie musicale à cause de ma sœur.

— Attends, tu t'appelles Barnes genre comme Rima Barnes ? s'étonne Juan.

La rousse hoche la tête, provoquant un mouvement de recul des deux garçons surpris par cette révélation. Le bras de Grant quitte ses épaules pour mon plus grand soulagement. Mon cœur avait arrêté de battre à l'instant où son corps est venu rencontrer celui de ma chère partenaire de scène.

— Rima était ta sœur ? demande le brun à lunette complètement abasourdi.

— Oui. Tu comprends mieux pourquoi mes parents ne veulent pas voir leur deuxième et dernière fille dans le monde de la musique.

— Tout est beaucoup plus clair en effet. Je comprends aussi comment tu connais le directeur artistique du festival.

— Lewis avait lancé la carrière de Rima à l'époque, hausse-t-elle faussement les épaules.

Les garçons ne lui posent pas d'autre question. Juan parvient même à détourner l'attention en pointant du doigt un stand de hot dog lui faisant soi-disant de l'œil. Il s'y rue tel un sauvage sous les rires amusés de Karlie. Le ventre de cette dernière lui indique qu'il serait temps de manger tout comme le mien. Je le sens et l'entends gargouiller sous ma main. Je m'apprête à suivre les autres vers le food truck quand la main d'Avianna gagne ma manche. Je devrais être habitué de ce geste devenu courant et pourtant il ne cesse de me surprendre.

Je tourne la tête dans sa direction, la boule au ventre et la gorge serrée. Après la chanson que nous venons de chanter, je crains de ne pas pouvoir me contrôler si jamais mes yeux dérivent sur ses lèvres qui paraissent d'une douceur inégalable. J'ai peur de céder à la tentation et de regretter par la suite.

— Merci de m'avoir poussé sur la scène, sourit-elle de toutes ses dents. J'ai adoré chanter ! Je te promets de ne plus jamais me cacher !

Dans son élan de gratitude, elle s'approche de moi et grimpe sur la pointe des pieds afin d'atteindre ma joue gauche. Elle dépose sur cette dernière un baiser qui provoque en moi une vague de sentiments dont la puissance me ferait presque tomber en arrière. Je me sens soudain fébrile, fragile, complètement à sa merci. Elle tient dans le creux de sa paume mon cœur qu'elle pourrait écraser entre ses doigts sans soucis. Mais ce n'est pas ce qu'elle fait, bien au contraire, elle le caresse délicatement de son pouce.

— Dès notre première rencontre, j'ai su que tu deviendrais quelqu'un d'important pour moi.

Ses bras glissent dans mon dos tandis que sa tête trouve refuge à la naissance de mon cou. Elle m'enlace comme si sa vie en dépendait, comme si quelqu'un s'apprêtait à l'éloigner loin de moi et qu'elle n'était pas d'accord avec cela. Son corps, frêle face à la carrure du mien, est chaudement blotti au creux de mes bras qui n'ont pas su résister à l'envie d'envelopper sa taille. Presque machinalement, ils ont trouvé leur place autour d'elle, imbriquant parfaitement nos corps l'un à l'autre.

Son nez caresse mon cou à chaque fois qu'il l'effleure. Elle bouge délicatement sa tête de droite à gauche pour le laisser glisser contre ma peau, ce geste provoquant en moi une sensation très étrange. J'essaie de me souvenir la dernière fois que j'ai ressenti une telle attraction pour quelqu'un et soudain le visage d'Olly m'apparait comme une évidence. Je revois sa main effleurant la mienne à plusieurs reprises durant un cours de travaux pratiques. Ce jour-là, quelque chose c'était passé au niveau de mon bas ventre. Je découvrais pour la première fois la sensation d'avoir envie d'une fille.

Comprenant enfin le sentiment qui m'envahi soudain, j'éloigne doucement Avianna de mon corps en alerte de chacun de ses petits gestes affectifs. Ce n'est pas vraiment le moment d'avoir ce genre de pulsions. Nous sommes tout de même au beau milieu d'une foule avec nos amis juste derrière nous, ce serait très gênant.

— Je suis trop collante c'est ça ? rigole-t-elle.

— Non pas du tout ! m'empressé-je de répondre, provoquant la surprise dans ses yeux.

Elle rit face à ma réponse subite et mon cœur fond comme neige au soleil. Son visage radieux me fascine à tel point que je ne parviens plus à m'en détacher. Les paroles de notre chanson se répètent en boucle dans ma tête jusqu'à m'obséder, j'ai envie de croire à tous ces incroyables mots qui la composent.

— Ne fais pas cette tête Shawn, je plaisantais, me pousse-t-elle gentiment l'épaule. Je sais que tu es enfin habitué à ma personnalité fatigante.

Je ne la laisse pas retirer sa main de mon corps et la capture dans le creux de ma paume. Son regard s'agrandit alors que je l'attire près de moi. Mes doigts glissent dans sa flamboyante chevelure, ramenant sa tête contre mon torse dans lequel palpite mon pauvre cœur. Au diable ma tentative de calmer mes pulsions, la sensation de l'avoir contre moi est bien trop agréable pour y mettre déjà fin.

— Tu ne seras jamais trop collante, lui chuchoté-je.

C'est la première fois depuis tout ce qui m'est arrivé avec ce premier baiser que j'arrive à laisser mes sentiments s'exprimer. Ce n'est pas grand-chose, je ne viens pas de lui avouer des mots trop personnels et pourtant c'est déjà énorme pour moi. Le simple fait d'être l'initiateur de ce câlin est un immense pas en avant. Je viens de poser le pied dans le sentiment le plus difficile, le plus compliqué, le plus indomptable qui soit : l'amour. 

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Déjà 4K vues sur  fleur d'étoile, merci infiniment d'être aussi nombreux à vous intéresser à mon histoire !

Hier soir, j'ai été voir After et j'ai adoré les deux acteurs principaux ainsi que les scènes de couple entre eux, c'était trop adorable ! Par contre le fil de l'histoire, nul de cher nul. Tout se passe trop vite et les événements s'enchaînent sans raison, sans but, sans fond. (PS : je n'ai pas lu le livre) Et vous, l'avez-vous vu ? Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

J'ai également été voir Notre Dame de Paris mercredi, c'est tellement triste de la voir dans cet état de ses propres yeux... Vous avez été la voir ?

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