Cette fois, ce serait différent. Cette fois, elle me regarderait droit dans les yeux. Elle me respecterait et ne pourrait se permettre de m'ignorer. Je veux qu'elle ait peur, qu'elle m'implore et qu'elle me craigne. Les trois en même temps, puis qu'elle repasse par chaque état. Je veux la faire souffrir, lentement, longtemps, jusqu'à la fin.

Ce soir, j'avais pris ma décision, oui, elle allait payer pour ce qu'elle m'avait fait à cette fameuse soirée.

Elle m'a brisé le cœur et voila ce qui s'est passé.

Le dit soir, je venais de passer deux heures dans la salle de bain à me coiffer, mettre du gel dans les cheveux et à défroisser ma chemise blanche. A ce moment là, j'avais exactement  quinze-ans et, Émilie, une fille magnifique de mon Lycée faisait une soirée puis-ce-que  ses parents venaient de partir en week-end.

Je m'étais entrainé devant le miroir à répéter cette situation que j'espérais voir arriver avec Émilie.

" Salut ! Euh... Tu... Tu voudrais pas venir danser ? "

Mais je me trouvais niais avec mes cheveux plaqués et luisants, mon pantalon trop serré et mes répliques à la con.

Finalement, dix minutes avants de partir, j'avais troqué ma tenue coincée pour un jean délavé et un tee-shirt bleu à manches courtes. Le ventre noué par le stresse, je m'étais glissé dans la minuscule voiture de ma mère. Le moteur ronronnait sous le ciel se colorait de rose. L'air frais de ce mois d'avril, m'avait caressé les avant-bras et je m'était mis à fredonner une vieille chanson des Beatles.

La maison d'Émilie se trouvait à mie-chemin entre le Lycée et la mairie. Nerveux, j'avais éraflé les flancs droits de la voiture en faisant mon créneaux.  Après avoir repris mes esprits et m'être garé, j'avais toqué à la porte de la dite maison. Un groupe de mecs très alcoolisés m'avait ouvert la porte en titubant légèrement.

Après les avoir semé, je m'étais avancé et instinctivement avait cherché Émilie. Bizarrement, mes yeux s'était arrêtés sur une silhouette plus frêle. La jeune fille en question était vêtue d'une jupe porte feuille jaune et d'un haut noir aux manches papillons. Ses longues jambes moulées dans des collants chaires se terminaient par de petits talons noirs. Elle semblait si fragile toute seule dans ce grand fauteuil. Pour la première fois de ma vie, j'avais eu envie de tout connaitre d'une personne et de tout lui dire de moi. Je m'étais mis à respirer la confiance et m'étais approché. Tout de suite le courant était passé et son visage s'était éclairé.

Vers une heure du matin, alors que la soirée touchait à sa fin. J'avais tenté le tout pour le tout. Je l'avais embrassé, persuadée de la réciprocité de s'est sentiments. Mais ce tableau idyllique avait brusquement basculé quand deux mains s'était abattues sur les épaules de la jeune fille en lui disant :

" Lou, ma puce, je crois que ce type a beaucoup trop bu... je te ramène ?"

Le type avait formulé cela comme s'il la connaissait.

Furieux, je m'étais levé et m'étais placé devant Lou. Mais soudain, elle avait commencé à crier. En premier temps, j'avais pensé qu'elle s'adressait à celui qui nous avait séparé. Mais non, c'était bien à moi qu'elle parlait.

" Tu ne me touche pas ! On se connait depuis trois heures, alors, peut être que le courant passe bien mais je n'ai jamais suggéré quoi que ce soit. Max est mon copain et je crois que tu t'es lourdement trompé sur mes sentiments. Je suis vraiment désolée mais je préfèrerais qu'on en reste là." Après cette tirade qui m'avait brisée. Elle avait rejoint les bras de son copain et ils étaient partis main dans la main.