2| À deux pas de toi.
Je te regarde. Encore. Ta beauté est inégalable.Tes yeux, si bleus, et tes cheveux au vent, si beaux... Toutes ces choses faisaient de toi une personne unique. En tout cas, unique à mes yeux. Tes cheveux rayonnaient, magnifiques, comme des étoiles. Tu étais mon étoile. Tu l'as toujours été. Ton visage était tourné vers le soleil, tes lèvres entrouvertes, et tes yeux pétillants. Ta chevelure rousse en cascade horizontale, accentuant ce tableau charmeur.
Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Tu portais ta robe magenta, relevant la pâleur de ton visage, et l'éclat de tes cheveux, ainsi que tes tâches de rousseur. Et tes yeux... Tes yeux d'un bleu profond, d'un bleu océan, mais lorsque l'océan est calme, et qu'il fait beau. Ton sourire malicieux soulevait tes lèvres, délicatement. Je ne t'avais jamais vu aussi belle. Et Dieu sait que tu étais belle. Tous les jours, tu avais ce sourire au coin des lèvres, comme une invitation à la liberté.
À toi seule, tu réunissais l'eau, dans tes yeux; le feu, dans tes cheveux; l'air, dans ta peau; et la terre, dans ton caractère modulable. Une fille qui regroupe les éléments comme les meilleurs amis de toujours.
Tous les jours, tu m'invitais à te suivre, mais je n'osais jamais. J'étais beaucoup trop timide. Trop timide, et trop peu de confiance en moi. Mais ce jour là, je t'avais suivi. J'avais « passé le cap ». J'avais pris ta main tendue, et tu m'avais entraîné au fil des rues, pour arriver ici. Pour m'emmener ici. C'était ton objectif. Tu voulais que je vois ce que nul autre n'avait vu auparavant. J'étais le premier, le seul, l'unique. Tu avais partagé un petit bout de tes éléments avec moi, et je me sentais bien. Je me sentais libre. Je crois que tu étais heureuse, toi aussi, à cet instant. Toi aussi, tu te sentais libre. Était-ce le seul endroit où tu te sentais vraiment bien ? Ce petit bout de falaise, excentré du monde? Avec cette magnifique vue sur l'océan ? Sans doute. Tu aimais ça. Tu l'avais toujours aimé, dès ton plus jeune âge, lorsque ton père t'avais emmenée ici pour la première fois, m'as-tu dit. Ton visage s'est assombri une fraction de seconde, lorsque tu as évoqué ton père. Que lui était-il arrivé ? Je ne le saurais jamais. Tu contemplais l'océan, de tes yeux qui lui appartiennent. Puis tu m'as regardé, et tu as prononcé ce mot, que je n'oublierai jamais :
-« Viens. »
Alors je suis venu. Je t'ai suivie. Je t'ai confié ma vie, juste un instant. Tu me l'as rendue en plus reposée, en mieux.
Tu m'as emmené dans ton jardin secret, là où tu passais ton temps libre, là où tu te réfugiais.
Tu m'as intégré à ton univers. Un peu de liberté, d'amour, et beaucoup d'âme : voilà ce que c'était. Rien de plus que la « maison » où tu voulais vivre. Tu m'as ouvert les portes, comme une invitation à rester, et à revenir souvent.
Je ne voulais plus repartir, de toutes manières. Je ne voulais pas retourner dans le « monde réel », dans ces cours ennuyeux, et ma maison trop bruyante. Tout ce que je voulais, c'était toi. Tu constituais ma vie, comme je n'avais jamais réussi à le faire. J'ai sans doute sombré avec toi, Maya. Que faire quand la personne que vous pensiez votre âme sœur disparaît? Comment réagir? Je ne le savais pas, et je ne le sais pas plus aujourd'hui.
Tu m'as poussé vers la vie, pour me l'arracher ensuite. Tu m'as fait renaître un jour pour m'achever le lendemain. Ce n'était pas de ta faute, je crois. Tu as toujours fait confiance à ton destin, même si celui ci était funeste. La Mort ne te faisais pas peur, tu me l'as prouvé. Mais j'aurais préféré que tu te battes un peu plus pour vivre... Mais rien ne peut te faire revenir, à présent. Et je dois faire ma vie. Sans toi. Même si c'est difficile, je dois essayer. Pour toi. Enlever ton fantôme de ma mémoire.
Tout ça pour dire que je t'ai redécouverte, telle que tu étais réellement : solitaire et poète. Cela changeait tellement de ton attitude au lycée. Entourée. Et populaire. Mais celle que j'ai vu là-bas, c'était toi. Tu étais toi-même. Peu t'importais. Tout ce que tu voulais, c'était prolonger cet instant... A l'infini. Et c'est ce que tu as fait.
Je voulais rester. Alors comme je ne pouvais pas, je t'ai prise en photo. Cette photo que j'ai regardé tous les jours depuis, et que je regarde actuellement. Ça me rend si triste... Sur notre petit nuage de bonheur, nous n'avions pas vu le malheur arriver.
Tout est arrivé trop vite.
Beaucoup trop vite.
Mais j'aurais pu réagir. Ç'aurait été facile pour moi. Je n'avais que deux pas faire. Deux putain de pas. Mais j'étais pétrifié. Terrifié. Je n'étais qu'à deux pas de toi. Mais je ne t'ai pas rattrapée. Peut-être que je serais tombé avec toi ? Mais au moins cette douleur n'aurait pas été là. Cette putain de douleur. Ce putain de manque. Et cette putain de culpabilité.
Mais pourquoi ne m'as-tu pas accusé ? Pourquoi tu as fait comme si tu ne m'en voulais pas ? Comme si tu acceptais ton sort?
Alors oui, la vie est cruelle. Et puis après ?
Cette falaise n'aurait pas dû s'ébouler. Et tu n'aurais pas dû être dessus. Tu n'aurais pas dû t'écrouler avec ces pierres. Et j'aurais dû te rattraper. Ou tomber avec toi. Mais tu m'as souri en tombant. De ton sourire malicieux. Tu n'as pas crié, comme si tu savais que cela allait arriver.
Alors, pour accepter ton sort, j'ai chanté, d'une voix tremblante, ces paroles, qu'un chanteur avait si bien dites.
« Quand tu as vu le jour il pleuvait, ce monde tourne à l'envers. Quand tu es parti le ciel était rose et ta peau était bleutée... »
Bleutée, puisque tu as rejoins l'océan. Il a repris ce qui lui appartenait, pour l'éternité.
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