Chapitre 6
« Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. »
Celui aux cheveux d'argent ricanait de sa bêtise. Il devait être aux alentours de midi, là où le soleil tapait le plus fort et où la plupart de vampires restait bien sagement à l'ombre ou au lit, lorsqu'il quitta sa chambre. Il avait enfilé un t-shirt noir, un long pantalon et rabattu une caquette sur sa tête et s'apprêtait à assouvir son envie de fugue. Voilà deux semaines que le loup était arrivé, et par Dracula, entre l'étrange tension qui régnait entre eux et le fait qu'il l'ait tout le temps sur son dos, Abe n'en pouvait plus. Ainsi, il avait préparé méticuleusement sa fuite : il avait repéré le changement de garde, quand, son père serait absent, et avait veillé la nuit pour étudier les horaires nocturnes de son protecteur.
Tout avait fonctionné pour le mieux et en quelques mouvements il s'était retrouvé à l'extérieur du manoir, sans avoir été vu. Du moins, c'était ce qu'il croyait avant de voir Marcus, Benji et Jullian de l'autre côté de la route.
« Shit. »
Le bras droit de son père sourit avec amusement en se dirigeant vers lui. Il se protégeait lui et le rouquin du soleil à l'aide d'une ombrelle sombre. Le prince souffla d'exaspération, admettant s'être complètement fait prendre la main dans le sac.
« Comment vous avez fait ?
— Jullian savait que tu préparais quelque chose », répondit Marcus.
Il regarda le loup sombrement. Il était pire qu'une teigne, c'était une calamité poilue à quatre pattes qui allait définitivement lui pourrir la vie : il n'aurait plus la possibilité de fuir ces murs seul et subirait cette tension désagréable entre eux. D'ailleurs, pourquoi trouvait-il que le soleil s'échouait sur sa peau dans une beauté sans pareille ?
Il était soudainement plus d'humeur de faire un meurtre que de l'admirer.
« T'as vraiment le flair d'un chien » coassa le prince.
Il se ficha pas mal de la brève grimace qui passa sur son visage et leur demanda avec lassitude lorsqu'il vit qu'ils avaient pris quelques affaires de ville.
« Vous allez m'accompagner c'est ça ? Quelle poisse ! »
Lui qui voulait profiter de sa journée seul puis revenir l'air de rien devait abandonner ses plans. Au moins, ils le laissaient sortir de la prison dorée pour aller mater un film et faire un peu la fête. Il passait ses nuits au manoir, en suivant une éducation assez stricte sans pour autant avoir accès au travail de son père ; même si quelque part cela ne le dérangeait pas, car il en était désintéressé.
Ainsi ils se rendirent tous les quatre en ville.
Lorsqu'ils sortirent du cinéma, la nuit était tombée. Ils s'extasièrent un moment sur le film avant que Marcus insiste pour rentrer ; Abe n'était pas du même avis, il voulait encore profiter de cette liberté et aller boire un verre. Le bras droit concéda encore un peu de temps, et alors qu'ils se rendaient vers le Moka's Café ils firent la rencontre d'un groupe de loup ; les mêmes que Abraham avait croisé la dernière fois.
Le loup le reconnut aussitôt et fit signe à ses amis qu'ils allaient rire un peu.
« On évite le soleil maintenant ? »
Le vampire se mordit la lèvre en sentant le regard de son escorte sur lui. Ce serait à son plus grand plaisir qu'il remettrait ces merdeux à leur place et puis avec un tel public son égo serait flatté.
« Vous êtes vraiment fâché pour l'os ? demanda-t-il la voix mignonne.
— Sale... »
Avant même qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit, Jullian s'était posté devant Abe et Marcus s'était avancé vers le loup, l'expression menaçante.
« Restez loin du prince.
— Du prince ? » Répéta-t-il bêtement.
Le prince soupira et leva les yeux au ciel. Marcus était quelqu'un d'intelligent, mais laissait souvent sa langue se fourcher lorsqu'on le prenait de court ou quand il avait un excès de colère. En soit révélé qu'il était le prince de la nuit n'était pas la meilleure des idées, à pas seulement à cause de ce petit groupe. Le rire du loup interrompit ses pensées.
« Alors ça c'est la meilleure. Un prince ? T'es qu'un aristo coincé qui essaie de se donner un air ? »
Abraham dépassa ses deux gardes et se dressa pour diminuer la différence de taille.
« Et toi qu'un chien de bas étage qui tente de faire croire à tout le monde qu'il est fort ? Tu sais que miauler. »
Benji, qui était le seul à avoir un peu peur de ces fausses brutes masqua un rire à la réplique de son ami. Il ravala tout de même sa salive lorsqu'il vit les quatre brutes s'avancer vers le prince. Jullian se mit en une fraction de seconde devant son protégé et retint le poing du bêta avec une facilité déconcertante.
« Je ne ferais pas ça à votre place. »
L'homme l'étudia avec curiosité et comprit qu'il avait affaire à un loup.
« Qu'est-ce que tu fous avec eux ?
— C'est des vampires, t'as pas à t'infliger ça » renchérit un autre.
Le Warrior ne les considéra pas plus longtemps et sans les quitter des yeux s'adressa à Abe.
« Nous devrions rentrer mon prince, il se fait tard.
— T'es soumis en plus ? » s'étouffa le petit chef du groupe.
Jullian était quelqu'un d'habituellement calme. Il pouvait s'énerver si on le cherchait ou si on s'en prenait à ses proches, mais il avait une maîtrise de lui-même assez impressionnante pour les être de sa race, réputés pour être impulsif. Alors quand il s'avança de lui-même vers le loup, il le fit plier de soumission que par son aura. Il n'avait pas besoin de la déployer dans sa totalité, le garçon, ainsi que ses stupides amis étaient déjà au sol, couinant et prêt à se transformer pour lui montrer le ventre.
« Fermez-la. »
Le prince les vit s'arrêter aussi net et il fut soudainement assailli par une vague brûlante. Un étrange frisson remonta son échine et une envie de sang lui gratta la gorge. Il eut du mal à se reculer pour prendre ses distances avec son garde du corps, c'était comme s'il l'appelait à rester près de lui.
Le groupe finit par repartir la queue entre les jambes chez eux, et sur le chemin du retour Abraham ne put s'empêcher de demander au géant.
« Pourquoi as accepté d'être mon protecteur Jullian ? »
Ses prunelles dorées semblèrent s'illuminer lorsqu'ils passèrent sous la lune pour se poser sur le prince.
« Nos deux communautés ne se connaissent pas, alors lorsque mon alpha me l'a proposé, j'ai accepté.
— Par devoir c'est ça ? ricana celui aux cheveux d'argent.
— Principalement par curiosité, mon prince. » répondit-il.
Il se regardèrent – s'admirèrent – longtemps dans la nuit. Ce n'était pas exactement la même tension qui avait régné entre eux, mais bien une douce sensation qui les berçait avec émotion. Si Jullian savait la vraie raison qui se tramait derrière tout ceci, Abraham en était encore ignorant.
Le garde se garda bien de lui révéler quoi que ce soit.
« Tutoie moi Jullian », lança subitement le prince.
Le loup s'était arrêté de marcher. Il avait pris la main de son prince et était venue la baiser dans le plus grand des respects.
« Évidemment Abraham. »
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