"Now you'd fool me once, you fool me twice

But you'd be back before the morning meet the night

And love, I sleep through any dream to treat you right

But I won't be put in prison for your crimes" (Traitor - Livingston)

Un rire désabusé échappa d'entre les lèvres du roux en entendant les paroles de la chanson qui était en train de passer à la radio. C'était de circonstance et il se sentait même clairement visé par ce qui était dit.

Lui aussi, s'était fait avoir par Dazai. Pas qu'une fois ou deux malheureusement..

Kôyô remarqua rapidement qu'il était en train de se perdre dans de désagréables pensées, alors elle se mit à parler de ses dernières missions, mais aussi de celles à venir.

C'était une distraction bienvenue et le reste du trajet se fit dans une ambiance bien plus légère que celle qui régnait depuis qu'ils avaient quitté le bar.

- Est ce que tu veux que je te ramène au QG ou tu préfères que je te dépose ailleurs ?, lança d'un coup Chûya, alors qu'ils étaient pratiquement arrivés au bâtiment principal de la mafia.

- Tu peux me déposer au QG, j'ai encore quelques affaires à régler là-bas., lui répondit l'autre cadre. Tu vas rentrer chez toi ?

- Oui. J'ai passé la journée au bureau. Là j'ai envie de me détendre.

Le roux avait plusieurs logements, tout comme sa collègue. Et si la veille, il avait passé la nuit dans les locaux de la Mafia, ce soir-là, il avait envie d'être seul dans son appartement. Dans cet appartement qui fut un temps, avait accueilli les deux membres de "Double Noir".

Après quelques minutes supplémentaires de trajet, les deux cadres étaient arrivés à destination. Chûya s'était engouffré avec sa voiture dans le sous-sol, là où se trouvait le parking, et s'était garé non loin de l'ascenseur principal.

La femme s'était détachée et lui avait souhaité une bonne soirée avant de sortir de la voiture.

- Kôyô ?, Chuya avait attendu que l'autre femme le regarde à nouveau après qu'elle soit sortie de la voiture, avant de lui dire : Merci d'avoir été avec moi là bas. Vraiment..

Son aînée lui avait simplement souri sans rien dire, refermant la portière, avant de rejoindre l'ascenseur qui menait dans les étages supérieurs du building.

Une fois l'autre hors de sa vue, il avait redémarré et prit le chemin de son appartement.

A mesure qu'il s'en approchait, il sentait déjà le soulagement l'envahir. C'était assez paradoxal, étant donné que cet endroit était relié à Dazai, mais, cet appartement, c'était vraiment un endroit apaisant et dans lequel il se sentait en sécurité.

Une fois garé, Chûya descendit de sa voiture, puis prit une profonde inspiration, profitant du silence environnant.

Marchant tranquillement jusqu'à l'ascenseur, il appuya sur le bouton de son étage. La montée ne fut pas très longue, mais fut suffisante pour que la hâte d'être enfermé chez lui soit plus forte.

Une fois rentré et la porte fermée à clef, il fut accueilli par le silence et les odeurs réconfortantes de son chez-lui. Chaque coin de l'appartement était imprégné de souvenirs, certains heureux, d'autres moins, mais c'était un cocon familier dans lequel Chûya pouvait se réfugier et se laisser aller. Ici, il n'avait pas besoin de faire semblant, il pouvait être lui-même.

Il se dirigea vers la fenêtre et ouvrit les rideaux, laissant filtrer la lueur douce de la lune, tandis que plus bas, s'étendait sous ses yeux, les lumières scintillantes de Yokohama.

Chûya sentit toutes les tensions de la journée s'éloigner face à cette vue. Yokohama était toujours la même. Et cette pensée était réconfortante.

Le roux resta là, un long moment, à observer la vie sous ses pieds. Ce n'est que lorsque son estomac se mit à grogner, se rappelant à son bon souvenir, qu'il daigna se détacher de la vue qu'il affectionnait tant.

Après s'être débarrassé de sa veste et de ses chaussures, il alluma la lumière, baignant l'appartement d'une ambiance tamisée. Puis, il se dirigea vers la cuisine pour se préparer un repas léger. Le cliquetis des ustensiles et le crépitement de la cuisinière semblaient rythmer ses pensées, apaisant son esprit agité.

Une fois son repas terminé, Chûya alla prendre une douche, pour se défaire des dernières tensions de la journée. Puis, quand enfin, il se laissa tomber sur son lit, s'enveloppant dans les draps doux et moelleux, la fatigue de la journée le submergea d'un coup, le faisant sombrer dans les bras de Morphée.

Le lendemain matin

Chûya se réveilla doucement, les premiers rayons du soleil caressant son visage à travers les rideaux entrebâillés. Il s'étira de tout son long, comme aurait pu le faire un chat, profitant de la sensation de bien-être qui enveloppait son corps reposé. La nuit avait été, pour une fois, paisible. Bien que

Le roux avait d'ailleurs remarqué que, depuis qu'il avait rencontré son âme sœur, Arahabaki s'était beaucoup calmé. Ses hurlements, ses cris étaient toujours bien là, mais ils étaient beaucoup plus supportables.

La sensation qu'il ressentait, d'ailleurs, était très similaire après l'annulation de la corruption, de son pouvoir, par Dazai...

Il secoua la tête, ne voulant pas penser à son ancien partenaire dès le matin.

Traînant encore un peu dans son lit, Chûya regarda son téléphone. Contrairement à la veille, il n'y avait pas beaucoup de notifications. Il avait juste quelques messages de ses sous-fifres et collègues.

Regardant le message envoyé par Akutagawa, toujours très poli et concis, Chûya ne put retenir un sourire. L'utilisateur de Rashomon était toujours égal à lui-même et il l'appréciait pour cela.

Le roux lui écrivit une courte réponse avant de se lever et de se diriger vers la cuisine pour préparer son petit-déjeuner.

Le doux parfum du café fraîchement moulu emplit l'air, chatouillant agréablement son nez.

Se servant une tasse puis il alla s'asseoir sur son canapé. Savourant sa première gorgée de café, il prit quelques instants pour planifier sa journée à venir.

Ayant traité toutes ses affaires les plus importantes la veille, il savait qu'il n'avait pas grand chose à faire aujourd'hui.

Hormis... hormis continuer son enquête pour savoir qui était son âme-sœur. Affaire qui aurait pu être réglée très rapidement si son ancien partenaire n'avait pas, une fois de plus, décidé qu'il était plus amusant de jouer, de se moquer de lui.

- Stupide Dazai..., marmonna-t-il dans sa barbe.

Une fois son café terminé, Chûya se rendit à la fenêtre et observa la ville qui s'éveillait peu à peu. Les rues étaient encore calmes, mais il savait que bientôt, l'agitation de la journée prendrait le relais, baignant alors la ville dans ce brouhaha quotidien et familier.

Encore une fois perdu dans la contemplation de la ville, chose qu'il avait toujours fait, le cadre de la Mafia perdit la notion du temps. Ses pensées étaient diverses et variées, alors qu'il regardait les rues se remplir petit à petit. Il aimait imaginer la vie des gens qui passaient en bas de chez lui.

Cet homme en costard, était-il banquier ? Et cette femme, accompagnée de deux enfants, était-elle leur mère, ou une simple nourrice ?

Il ne se détourna de sa fenêtre et du spectacle que cela lui offrait que lorsque la sonnerie de son téléphone retentit.

La sonnerie était celle qu'il avait mise, il y a bien longtemps, pour le contact de Dazai.

S'approchant du canapé, là où se trouvait son portable, il le laissa sonner dans le vide, n'ayant pas l'intention de répondre. La veille lui avait servi de leçon.

Mais contrairement à ce qu'il aurait pensé, une fois le premier appel coupé, Dazai continua à essayer de le joindre.

Encore...

Et encore.