Hello ! 

Très bonne lecture ! 

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— Nom de Dieu !

— Ereyne, arrête de blasphémer.

— Nous sommes déjà le 24 décembre. Je n'ai pas de cadeaux ! Je dois aller en acheter. As-tu achevé tes cadeaux ?

— Je suis un cadeau pour ce monde, lui répondit Zelyan, dans un costume noir et vert qui lui allait à merveille, en ouvrant largement les bras dans une attitude aussi arrogante qu'élégante.

Son sourire charmeur illuminait la chambre dans laquelle ils se trouvaient mais Ereyne ne le remarqua pas, occupée à chercher sa seconde botte dans sa valise. Elle annonça son intention de rejoindre le centre-ville et de fouiller le marché de Noël dans l'espoir d'y dénicher un cadeau pour chacun.

— Un cadeau à l'arrache ? Vraiment ? Comment réussirais-tu à offrir un objet avec une valeur significative pour chacun avec aussi peu de temps ? Ne t'ennuie pas d'un cadeau, nous n'en faisons d'ailleurs jamais.

— Je ne peux pas, dit Ereyne, Noël célèbre le don, le partage, et l'entraide. Il faut diffuser de la joie, les petits présents ont cet objectif. Que l'on croie en Dieu ou non, c'est l'occasion de faire plaisir aux autres.

— Pas besoin de cadeau pour faire plaisir aux autres tu sais ? Un bon moment passer ensemble suffit largement. Cette année, pour ne pas modifier nos traditions, nous allons chasser au clair de lune, tu devrais venir avec nous. Nous serions ravis de t'intégrer dans la meute et de t'apprendre à chasser.

— Chasser ? Vous allez traquer et faire feu sur un malheureux cerf la nuit de Noël ?

— Non ! Bien sûr que non ! Me prends-tu pour un monstre ? Pour commencer nous ne chassons pas au fusil, trop facile, ni à l'arme blanche. Ensuite, un cerf ? Pauvre bête ! Nous avons un gibier bien plus intéressant. Cette année, Ysun, notre chargé de sélection, nous a concocté un petit groupe de proies des plus amusants. Nous allons commencer par des proies faciles : deux politiciens corrompus. Ils sont incapables de se déplacer discrètement en forêt, ce sera un jeu d'enfant. Le plat principal est classique, mais se mange bien : des étudiants. Deux mâles et deux femelles. Jeunes, en bonne santé, sportifs, cela devrait être un peu moins facile. Enfin, la cerise sur le gâteau, la difficulté extrême : des chasseurs et des randonneurs de l'extrême. Des mecs entraînés à survivre dans tous les milieux, capables d'identifier le dernier repas d'un animal à l'odeur de ses excréments, capables de disparaître sans laisser de trace, un véritable défi.

Emporté par son excitation, Zelyan ne discerna pas l'expression d'horreur qui s'était peinte au fil de sa description sur le visage d'Ereyne. La seule évocation de la chasse éveillait chez lui ses instincts les plus primaires, il en salivait d'envie.

— Oh mon Dieu !

Zelyan soupira.

— Il ne peut rien pour toi tu sais ? Tu peux vivre sans lui, tu es une adulte maintenant, inutile de l'invoquer à tout bout de champ.

Ereyne s'assit sur le lit, perplexe, choquée même. Envolée sa préoccupation de cadeaux, elle assimilait les dernières paroles de Zelyan. Mille questions se bousculèrent dans sa tête, dont une qui s'imposa rapidement devant les autres.

— Est-ce que je vais devenir un meurtrier moi aussi ? Est-ce que je vais ressentir cette envie de sang ?

Zelyan la regarda, bras croisés, et étudia un instant la question.

— Je ne pense pas, Caron ne l'a pas et c'est le truc le plus proche de toi. Il est plutôt omelette norvégienne lui. Il aime la viande rôtie dans son assiette mais pas la chasser. Tu serais comme Zeus ou John je ne dis pas mais, ce n'est pas le cas.

Ereyne ferma les yeux et s'allongea sur le dos. Machinalement, elle se frotta les sourcils et le front, dans un vain espoir qu'elle réfléchirait plus posément.

— As-tu envie de sang ? demanda Zelyan alors qu'il s'allongeait à côté d'elle et passait délicatement un bras sous la nuque blonde de la jeune femme.

— Non, répondit-elle fermement. Elle prit une seconde, puis ajouta. Non, la simple idée me révulse, j'ai l'impression d'en avoir sur la langue et cela ne me plaît pas.

Elle grimaçait, tirait la langue, peu ragoûtée. A cet instant, elle fut rassurée par sa réaction. Elle n'en ressentait ni le besoin, ni l'envie. Zelyan la pressa un peu plus contre lui, blottit leurs visages, et huma sa douce odeur corporelle. Ereyne lui évoquait une clairière un matin de printemps, des fleurs à peine écloses saupoudrées de la rosée de l'aurore et baignées par un soleil d'or et de bronze.

— Et... galoper dans la neige en forêt, cela te tenterait ?

Ereyne le regarda et affirma son refus de chasser des êtres humains. Cela lui était tout bonnement impensable, inenvisageable, contre nature. Elle ne pouvait concevoir d'être la main armée de la Mort.

— J'en prends bonne note, mais ce n'est pas ce que je t'ai proposé. Veux-tu venir galoper à travers champs de poudreuse et bosquets glacés avec moi ce soir ?

— Je ne supporterai pas de te voir arracher le cœur de quelqu'un.

— J'abandonne ce plaisir aux autres, nous les rejoindrons après. Allons galoper ensemble.

— Il va faire froid, et je doute d'avoir emmené des vêtements assez chauds pour supporter une soirée à courir dans la neige.

Zelyan sourit, elle n'aurait besoin d'aucun vêtement, elle ne porterait aucun vêtement.

— Je veux connaître la robe de cette jolie fourrure que tu vas avoir...

Ereyne n'eut le temps de formuler sa demande qu'elle le vit se transformer en un gros loup noir comme une nuit sans lune. Elle dépassa sa peur et lui caressa le museau un instant avant qu'il ne reprenne forme humaine.

— Je... Je ne suis pas capable d'une telle prouesse, murmura Ereyne.

Il balaya ses doutes, la prit dans ses bras, et lui promit une victoire.

Quelques heures plus tard la nuit de Noël débuta par une tombée de neige. La lune dominait le ciel et baignait de ses rayons argentés une petite ville du Montana perdue au milieu des forêts montagneuses. Les proies étaient libérées et fuyaient pour sauver leurs vies. Les loups étaient partis au galop, les vampires volaient entre les arbres, avantagés par leurs ailes mais pris en défaut par l'odorat très développé des loups. La compétition était féroce, si les politiciens corrompus tombèrent facilement, les autres proies étaient encore vivantes, apeurées, sens aux aguets, prêtes à tout. Tout ce stress ne les rendrait que plus goûteuses, odorantes, délicieuses.

Un peu plus loin, en haut des collines, Ereyne s'élançait à pleine vitesse dans la neige duveteuse. Elle galopait aussi vite que ses pattes le lui permettaient, la truffe au vent, presque invisible au milieu des clairières aussi blanches qu'elle. Derrière elle, Zelyan la suivait à la même allure, une oreille dressée vers les chasseurs. Ils parcoururent les bois autour de Kane Hill, se cherchant, profitant du moment loin du reste du monde. Ereyne s'arrêta au sommet du point culminant de la région, s'assit et regarda l'étoile du berger. Elle eut une pensée pour l'enfant à naître et pour tous les enfants du monde.

Zelyan la rejoignit, suspendit le temps, et, à la lueur d'une lune brillante, frotta son museau contre le sien.

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

C'est déjà la fin, mais c'est aussi un nouveau départ. J'ai réussi, j'ai tenu le rythme, et plus important encore, j'ai aimé écrire, ce qui ne m'était pas arrivé depuis des mois. 

Je vous remercie d'être là, je vous souhaite un très joyeux Noël, mes meilleurs voeux vous accompagnent, et je vous dit à très bientôt ! 

Amicalement.

Axel.