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LYS

Don't deserve you de Plumb

Je fais défiler les photos que j'ai prises lors de notre sortie, sur mon ordinateur. Je les trouve pratiquement toutes sans saveur. Je n'ai jamais été très forte pour communiquer des sensations avec des images, mon domaine à moi ce sont les mots. Tandis que je retouche les seules photos potables, Noah joue « Don't deserve you » au piano. Je ne l'avouerais jamais mais j'adore l'écouter, c'est apaisant, même réconfortant. J'ai passé un bon moment avec lui, si on omet le fait que l'on s'est disputés au moins quatre fois et que nous étions entourés de l'ambiance de Noël. Soudain il arrête de faire parcourir ses doigts sur les touches et se lève pour revenir s'asseoir quelques secondes plus tard à mes côtés avec un verre d'eau dans la main.

- Tu deviens envahissante avec tes post-it, Lys, je n'en ai jamais vu autant dans toute ma petite existence.

- J'en ai besoin, et je ne t'ai pas demandé ce que tu en pensais, Idiot.

Je retire ce que j'ai bien pu penser, je ne peux décidemment pas le supporter plus de quelques heures, et encore, je suis généreuse.

- Lys, il y en a partout. Tu devrais ralentir sur la consommation. La porte du frigo en est remplie, et je n'exagère pas.

- Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?

Ma vie est planifiée. J'ai du mal avec les imprévus, changer ma routine n'est pas quelque chose de simple pour moi. Même si j'essaie d'y remédier, c'est comme ça depuis dix ans maintenant, depuis que j'ai reçu cet appel. Chaque nuit depuis dix ans je retourne dans le passé et il n'y a pas un seul matin où je me réveille sans sentir mon cœur partir encore plus en cendres. Planifier ma vie de A à Z est le seul moyen que j'ai trouvé pour pouvoir tout contrôler, pas comme il y a dix ans.

- Tu nous envahis, répond-il finalement.

Soudain une pensée traverse mon esprit :

- Tu ne les as pas touchés, j'espère ?

- Il y a un bon paquet qui s'est envolé lorsque j'ai ouvert le placard pour prendre mon verre.

Je ferme brusquement mon ordinateur et me lève dans la seconde qui suit. Les meubles de la cuisine sont recouverts de papiers multicolores, certains jonchent le sol. Je les ramasse avec fureur. Je retourne vers Noah pour lui demander en agitant les post-it récolter dans ma main :

- Tu en as jeté ?

- Deux, oui, j'avais marché dessus.

- Tu me fais chier, Noah ! je crie dans un excès de rage incontrôlé.

Consciente que je vais éclater, j'attrape les clefs de la voiture et du chalet et je sors en claquant la porte d'entrée derrière moi. Je m'assois dans la voiture et me prends la tête entre les mains.

- Calme-toi Lys, ce ne sont que des post-it, je murmure.

Lorsque que je démarre la voiture j'aperçois Noah sortir du chalet, sa mine s'affaisse quand il me voit partir. Je ne sais pas où je me rends mais je roule quand même, cela me permet de me vider la tête. Je finis par m'arrêter sur un parking dix minutes plus tard, qui même apparemment à une piste de luge. Je m'engage sur le chemin de neige à pied, légèrement calmée. Je sors mes écouteurs qui sont toujours sur moi - souvent prévus pour ce genre de situation - et je lance une musique à fond dans mes oreilles. Les pistes de luge sont remplies d'enfants souriants qui chahutent et pour une fois, ils ne me tapent pas sur les nerfs. J'avance quelques mètres avant de m'asseoir sur la neige dans un coin pour ne pas gêner les jeux des gamins. Je prends l'initiative de téléphoner à Priya, je sais qu'elle saura les mots pour m'apaiser. Malheureusement je tombe sur sa messagerie, elle doit encore être de service à l'hôpital :

- Bonjour, vous êtes bien sur le portable de Priya Levis, laissez-moi un message, je vous rappellerais dans les plus brefs délais, récite sa boite vocale.

Sa voix sonne à mon oreille comme un chant de colibri, elle si douce et calme. Cette femme est la pureté incarnée.

- Salut Pripri, c'est Lys. Je me suis disputée avec Noah, pour ne pas changer. Ne te presse pas de me rappeler, ce n'est pas important.

Alors que je m'apprête à remettre la musique dans mes oreilles, une femme au visage strié de larmes et à l'air désemparé, s'approche de moi :

- Madame, je vous ai entendu parler français. S'il vous plaît, aidez-moi, dit-elle la voix tremblante.

- J'ai perdu mon fils, je ne le trouve plus ! crie-t-elle avec désespoir.

Je me mets debout, touchée par ses émotions. Je pose mes mains sur ses épaules le plus délicatement possible avant de prendre la parole :

- Madame, asseyez-vous, respirez et expliquez-moi, dis-je en enlevant mes écouteurs.

Je l'aide à s'asseoir à même le sol et je m'accroupis en face d'elle. Elle souffle durant quelques secondes avant de débiter des mots à une vitesse affolante :

- Nous étions en train de faire de la luge, j'ai tourné la tête pendant même pas deux secondes et quand j'ai à nouveau regardé dans sa direction, il n'était plus là ! Cela fait cinq minutes que je le cherche, en vain. Et par-dessus tout la police ne répond pas. Je vous en supplie, il n'a que huit ans.

Je saisis rapidement la gravité de la situation et essais d'agir avec calme et parcimonie malgré mon humeur à fleur de peau. Cette dame a besoin d'aide.

- Comment s'appelle votre fils ?

- Tristan, gémit-elle.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine lorsque j'entends ce prénom, puis se brise de nouveau en un million de morceaux. Je les sens presque me déchirer les entrailles comme des bouts de verres lorsqu'ils tombent à l'intérieur de moi.

Tristan. Mon Tristan.

Les larmes me montent aux yeux. Je ne vais pas pouvoir l'aider. Je ne pourrais pas voir la tête de ce petit garçon, je ne pourrais encore moins l'appeler. Ce n'est pas possible pour moi, c'est au-dessus de mes forces. Je n'ai pas assez de courage. Je n'ai jamais

- Faites quelque chose, je vous en supplie, pleure-t-elle.

- Je... je

Je ne peux pas la laisser comme ça. Je sors mon téléphone de la poche de ma veste, tant pis, je n'ai pas d'autre solution qui s'offre à moi. Un petit garçon est en jeu. J'appelle mon frère.

- Allô ?

- Raph' ! Envoie-moi immédiatement le numéro de Noah.

- Quoi ?

- Dépêche-toi, c'est urgent, s'il te plaît.

Je raccroche et reçois une notification avec le numéro de l'Idiot que j'appelle sans attendre. Il répond instantanément :

- Al-

- Noah. C'est Lys.

- Ronchonne ? Comment tu as eu mon numéro ? Je te manque déjà ?

- Tais-toi. J'ai un souci, je suis avec une dame et elle a perdu son fils. Je ne peux pas l'aider. Viens, s'il te plaît.

- Tu es où ?

- A la piste de luge.

Il ne répond pas et raccroche. J'espère de tout mon cœur qu'il viendra. Je le lui revaudrais. Je me penche vers la mère en folie qui s'est effondrée. Je lui attrape les mains d'un geste rassurant comme Priya à l'habitude de faire.

- Mon... Noah arrive, il va vous aider. En attendant, on va essayer de rappeler la police. Nous allons le retrouver.

Elle hoche difficilement la tête et compose le dix-sept. Le téléphone sonne dans le vide, personne ne répond, nous n'avons pas d'autre choix que d'attendre Noah.

- Il va bientôt arriver, je vous le promets, dis-je pour la énième fois.

Et elle répond toujours en hochant la tête. Je vois bien qu'elle n'a plus la force de se lever pour son petit pourtant de temps en temps elle crie son prénom avec tant de désespoir que tout mon corps en compatit. Chaque fois que le prénom de son petit garçon franchi ses lèvres je suis prise d'un sursaut et des larmes silencieuses coulent le long de mes joues engourdies par le froid hivernal. Mais je sens mon cœur battre, au fond de moi, tout doucement, les morceaux brisés battent.

Et s'ils battent ça veut dire que tout va bien.

Ce n'est que quinze minutes plus tard que mon téléphone vibre enfin. C'est le contact de Noah qui s'affiche sur l'écran.

- C'est lui, je m'exclame en regardant Nora qui n'a toujours pas vidé toute l'eau de son corps par ses larmes.

Son visage s'illumine malgré son désespoir lorsque je décroche mon téléphone.

- Lys, j'y suis, où es-tu ?

Je me relève dans la foulée après avoir entendu les mots de Noah.

- Je suis au fond dans un coin, je suis debout.

- Fais-moi signe.

J'obéis et fais de grands gestes avec mes bras, vite imitée par Nora. Soudain, je l'aperçois se préciter vers nous en raccrochant au téléphone. Son pas s'accélère, il court presque. Il arrive légèrement essoufflé à notre hauteur.

- Noah ! je m'exclame.

- Lys, qu'est-ce qu'il se passe ? Vous avez retrouvé le gamin ? Pourquoi tu n'as pas aidé la maman ?

Avant que je puisse répondre il se tourne vers Nora :

- Madame, vous avez retrouvé votre fils ?

- Non, répond-elle le visage crispé par la tristesse.

- On va vous aider, dites-nous où vous étiez, et montrez-moi une photo de ce petit bout de chou.

Nora s'exécute dans la seconde et lui récite mots pour mots ce qu'elle m'a dit quelques minutes plus tôt, elle complète son récit en lui montrant son fils sur son téléphone.

- Lys, vient voir, m'interpelle Noah en désignant l'écran du téléphone.

Non.

Voilà le mot que me crient mon corps et mon esprit à l'unisson. Je ne peux pas voir ce cliché quel qu'il soit.

- Non, désolée. Je vais devoir vous attendre ici, j'ai euh... mal aux pieds, je bredouille.

Mon visage est marqué par la peur et l'horreur. Je me dégoûte de laisser cette mère seule mais je ne peux pas. Non. Lorsque je croise le regard déçu de Noah, mon corps lâche et je m'effondre au sol. Ce dernier s'accroupit rapidement devant moi.

- Tout va bien ?

- Oui, sombre idiot, je mens. Va aider cette maman.

Il hoche légèrement la tête et entraine Nora derrière lui, et lorsqu'ils s'éloignent je peux entendre leur voix crier le prénom qui hante mon esprit jour et nuit depuis dix ans.

Au bout de dix minutes, l'attente de leur retour devient pratiquement insurmontable pour moi, mais je fais du mieux que je le peux pour ne pas me démonter. Mes ongles sont victimes de mon angoisse grandissante, je n'arrive pas à me contenir, d'une part je m'en veux tellement de ne pas aider Nora mais d'une autre je sais que c'est au-dessus de mes capacités.

Son nom résonne dans mon crâne, me rappelant ce jour que j'aimerais tant oublier. Je hais la période de Noël, elle ne m'est synonyme que de malheur. Les larmes ne cessent de couler, tous les mauvais souvenirs affluent dans mon esprit, je me sens si pathétique. Nora a perdu son enfant et moi je ne trouve rien de mieux à faire que de pleurnicher sur mon propre sort. Je suis une pauvre personne, vraiment pathétique. J'ai même vu dans les yeux de Noah à quel point il était déçu que je ne les aide pas, je le déteste mais pourtant lorsque j'ai croisé ses yeux j'ai eu mal au cœur.

Je m'apprête à sortir à nouveau mon téléphone de la poche de ma veste blanche mais je stoppe finalement mon geste, je ne mérite pas d'être réconfortée par mes amies beaucoup trop bien pour moi. Le souvenir de mes cris de souffrance que j'ai exprimé il y a dix ans refait surface, comme toutes les nuits, alors que je me prends la tête entre les mains.

Mes fesses commencent sérieusement à me piquer à cause du froid, mais je n'ai pas la force de me lever, je sens que mes jambes sont bien trop faibles pour me porter.



- Lys ?

Je relève la tête de mes genoux quand la voix de Noah m'interpelle. Lorsque mes yeux se posent sur l'homme, je remarque qu'il n'est pas seul, derrière lui se trouvent Nora et un petit garçon que je présume être Tristan. Je n'ai pas le temps de me réjouir pour eux que l'image de mon Tristan vient se coller sur l'enfant de Nora. Un hoquet de souffrance s'empare de moi, et un gémissement s'échappe de ma gorge malgré moi.

- Lys, tout va bien ?

C'est la voix de Nora qui vient percuter mes oreilles, mon état est déplorable, je dois faire pitié à voir. Les mains de Noah se posent doucement sur mes épaules et je distingue de l'incompréhension dans son regard, malgré les larmes qui brouillent ma vue.

- Maman, qu'est-ce qu'elle a la dame ?

La douce voix de l'enfant me prend aux tripes, je n'y arrive plus, la douleur prend le dessus. Pourquoi lui est-il là et pas Tristan, mon Tristan ? Pourquoi n'existe-t-il plus ? Pourquoi ?

- Noah, je supplie dans un sanglot.

- On rentre, ordonne-t-il en réalisant la douleur qui m'habite.

Ses bras musclés se glissent sous moi, il me soulève sans difficulté. Je me retrouve contre son torse en un rien de temps, sans que je ne puisse dire quoique ce soit. J'ai comme l'impression d'être spectatrice de ma propre vie, de ne pouvoir rien faire pour changer les évènements qui se produisent à l'instant T. Contre toute attente je m'agrippe à son cou, tandis qu'il me porte comme une princesse, mes sanglots déchirent toujours l'air. Je l'entends murmurer quelques mots aux deux rescapés puis la vibration de ses pas se fait ressentir dans l'entièreté de mon corps. Mon cœur bat au rythme de ses pas, je suis honteuse de la situation. Comment puis-je être aussi faible ? Les souvenirs me hantent, ils transpercent mon esprit et ne me quittent plus malgré la forteresse que créent les bras de Noah.

- Lys, ou as-tu garé la voiture ? me demande Noah d'une voix douce.

Je me concentre sur sa respiration avant de lui réponde entre deux sanglots retenus :

- Près du chemin, à droite.

Je ne l'entends pas me répondre, préférant m'enfermer dans ma bulle de sécurité imaginaire. Je suis proie à mes sentiments, je ressens tout ce que je rêvais d'oublier. La culpabilité. La culpabilité de ne pas avoir réussi à le sauver des griffes de ses démons. La culpabilité d'avoir perdu à jamais l'être que j'aimais sûrement le plus au monde. Soudain je sens que mon corps est déposé sur un siège, sûrement celui de la voiture. Cela fait un moment que j'ai fermé les yeux et je n'ai pas du tout envie de les rouvrir, je me sens plus en sécurité de cette manière. Fermer les yeux me permet de ne pas voir la réalité en face, celle que je fuis depuis dix ans. Le moteur de la voiture frémit et je comprends que nous avons déjà parcouru plusieurs mètres.

- Lys, faut-il que j'appelle Raphaël ?

Le ton qu'emploie Noah ne m'est pas habituel, il est empreint d'inquiétude à mon égard. Je finis par prendre en compte son interrogation :

- Non, ce n'est pas la peine, ne t'en fait pas.

- Tu fais peur à voir quand même, tu es sûre que ça va aller ?

- Oui, triple Idiot, je ricane méchamment alors que la tristesse et l'angoisse me submergent.

Un bruit violent se fait entendre à ma droite, mes yeux s'ouvrent subitement. Je ne ressens plus le chamboulement d'émotions qui me possédaient il y a quelques minutes lorsque que l'on est parti de la piste de luge. Je tourne la tête et je remarque que Noah est sorti de la voiture, nous venons d'arriver. La portière de mon côté s'ouvre doucement et j'y découvre Noah qui me regarde avec un sourire triste.

- Tu es enfin réveillée, constate-t-il.

Je ne lui réponds pas et je m'extirpe de la voiture le plus rapidement possible, je veux juste me poser sur le canapé, m'endormir et ne plus jamais me réveiller. Je trébuche lorsque mon pied touche le sol caillouteux, mon colocataire m'empêche de tomber en attrapant mon bras. Je lui souffle un merci et me remets en route. Je sors les clefs de la poche de ma veste et les insèrent dans la serrure. La chaleur de la pièce à vivre m'enveloppe complètement lorsque que je rentre dans le chalet. Les décorations de Noël sont toujours là et elles sont vraiment moches. Chaque fois que je les vois je me retiens de les brûler. Une envie très présente.

Noah me rejoint tandis que je m'affale sur le canapé du salon épuisée par mes émotions fracassantes.

- J'ai fait un chocolat chaud, tu en veux un ? dit-il en déposant une tasse devant moi.

Je l'attrape en lui soufflant un bref merci.

- J'ai appelé Raph' tandis que tu dormais, y a-t-il quelque chose dont je devrais être au courant, Lys ?

Je sens une vague de colère monter en moi, je déteste ça. Je pose violemment la tasse sur la table basse, le lait se renverse légèrement suite au choc du récipient sur la table. Je me tourne vers mon interlocuteur, la colère dans les yeux.

- Noah, je ne te demande qu'une seule chose, arrête de faire semblant de te préoccuper de moi. Je ne peux pas te saquer, tu ne peux pas me saquer. OK ?

Sa bouche s'ouvre quelques secondes puis se referme, il lâche finalement un seul et unique mot, celui que je demandais mais il me fait un peu mal au fond de ma poitrine :

- OK.

- OK, je réponds comme une débile.

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