J comme...

Jardin.

Oh que j'aime mon jardin.

Aujourd'hui, cher abécédaire, je vais te parler de ma vie.

Peut-être que tu te trouves que je fais ça à chaque fois – décidément, je te personnifie beaucoup trop – mais vois-tu, habituellement, je te raconte la vie teintée de moi, ou moi teintée de vie, selon l'humeur.

Aujourd'hui, je veux m'étendre en souvenirs, confier un peu de moi, de mon existence passée, un peu de tout ça. De ma vie.

Quand j'étais un peu plus jeune, à onze ans environ, j'étais déjà friande de métaphore. Alors j'en inventais, un peu tout le temps et les consignais dans un joli carnet. Au fond, elles étaient toutes un peu pareilles. J'y décrivais la vie.

« La vie, c'est comme un mauvais carré de chocolat. On croque dedans, avide, heureux, et on finit par être déçu... »

« La vie, c'est la poche d'un joli manteau. On est dedans au milieu d'autres choses inutiles, bien au chaud contre le paquet de mouchoirs ou le bouton de rechange, et puis le manteau se troue et on finit par tomber sans que la vie nous rattrape... »

Rien de bien fou, je sais, mais les retrouver me met un goût de larmes tout au fond dans la gorge. Quel est le rapport avec le mot Jardin ? J'y viens, petit carnet, j'y viens... Parmi toutes ses ébauches de métaphores, il y en avait une que je chérissais particulièrement. Je l'avais écrit un jour de pluie heureux, ceux où les larmes de ciel font sourire les yeux et les mains et l'esprit tout entier.

« La vie c'est comme un jardin. Un très joli jardin. Chacun a son jardin, et si on veut de belles fleurs, il faut travailler, dur, très dur, jardiner sans s'arrêter. Parfois il y a une plante qui pousse, qu'on n'avait pas planté, ça nous surprend. Mais ça nous rend heureux. Parfois aussi il y a de mauvaises herbes, et on a envie de baisser les bras. Mais il faut avancer, les arracher, ou alors se rendre compte qu'elles étaient pas si mauvaises que ça et qu'elles sont belles à leur façon. Bien sûr, on n'a pas tous le même jardin au début. Il y a des plus chanceux que d'autres. Mais on doit tous essayer, et on finira à faire pousser des merveilles dans tous les jardins du monde »

En relisant ce texte naïf et maladroit, j'ai pleuré, tu sais. Parce qu'on y décèle de l'espoir.

Comme j'aimerai le croire, vraiment, comme j'aimerai me croire...