E
E comme...
Ephémère.
Car on l'est tous. Comme des poussières, balayées, comme ça.
Car c'est un beau mot, comme un voyage, comme un envol.
Je l'aime bien.
On aimerait tous dire que ce n'est pas notre cas, que nous, on va faire changer les choses, on va laisser nos marques.
Cela n'arrive qu'à une poignée de chanceux. Et encore. On se souvient de leurs œuvres, si diverses soient-elles, mais se souvient-on de la personne elle-même ? Pendant quelques générations, sans doute, on raconte des anecdotes sur elle, on la garde dans notre mémoire. Dans la famille. Mais ensuite ? Non, pas vraiment.
Mais d'ailleurs, je ne considère pas que ces gens soient si chanceux que ça. Je trouve ça beau moi, d'arriver, de vivre une vie sans sens, avec des buts insignifiants, sans se soucier qu'on s'en rappelle. Et puis de repartir, doucement, en ne laissant qu'une once de tristesse et des marques si légères, qu'elles partiront bien vite, emportées par la mer, ou bien le vent.
Je n'aime pas l'expression sombrer dans l'oubli. Pour moi, on s'y envole, dans l'oubli. À quoi bon rester, si on a déjà quitté l'existence ? Si les rares souvenirs de nous seront emplis de mélancolie, car ils rappellent que nous ne sommes plus là ?
On est véritablement morts lorsque nous y sommes arrivés, dans l'oubli. Seulement, la période entre notre dernier souffle et les dernières larmes, les derniers hommages, les dernières histoires au coin du feu qui nous sont reliées, ce n'est pas le plus joyeux moment de notre existence. Bien au contraire, il est triste pour tout le monde. Je ne dis pas qu'il faut le supprimer, mais quoi qu'on en pense, l'abréger n'est pas forcément une mauvaise chose.
Ephémère, c'est aussi un sentiment de liberté. Comme lorsqu'on ne pose jamais pied à terre, qu'on saute de pierre en pierre pour ne jamais tomber dans la rivière. Comme un avion en papier qu'on voit fendre l'air à travers notre fenêtre, comme la mer qui vient et qui repart. Comme la neige qui fond un matin de printemps.
Ephémère, c'est une éternelle fuite, c'est un jour, c'est une minute, c'est une seconde, c'est un instant sans durée précise.
Éphémère, c'est moi, c'est eux, c'est nous.
Ephémère, c'est le monde, ce n'est personne, c'est la brise qu'on entend à peine souffler lorsqu'on se lève à cinq heures.
Et puis, dans éphémère, il y a Fée Mère. Si seulement c'était vrai, ça me faciliterait pas mal la vie.
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