A
A comme...
Artifice. J'aurais pu être une adolescente banale, cliché, ou quoi que ce soit, et répondre Amitié. Ou Amour, même. Mais non. Ce n'est pas que ça ne m'intéresse pas, hein. Je ne suis pas une jeune indépendantiste qui rejette tout contact avec quelqu'un qui n'est pas elle-même. Il y a trop de pas dans ces phrases. Dans ce carnet qui est plus ou moins censé raconter ma vie, pas à pas. Je suis drôle, hein ? Ou pas.
Mais bon, il y a des meilleures choses à dire, avec cette incroyable lettre A.
Par exemple, artifice. Parce que c'est ça la vie. Une énorme explosion de couleurs diverses, qui vous résonne dans les oreilles, qui vous obsède. Et puis qui retombe dans l'eau. Qui pollue. Mais tout le monde s'en fout, du moment où ça retombe, où ça va abîmer l'eau des autres. On est déjà tous partis. En laissant les marins se démerder pour chercher leurs poissons qu'on a fait fuir. Le nez dans nos horreurs.
Personnellement, dans les feux d'artifice, je suis plutôt celle qui reste dans sa chambre avec la musique à fond dans les oreilles, « en attendant que ça passe ».
Après, il m'arrive d'être marin, comme tout le monde. De prendre sur le dos, les mains et les poumons les problèmes des autres.
Et puis parfois, je reste une spectatrice honteuse devant le carnage, en me disant que c'est pas si grave. Que c'est beau.
Voire, même si ça me coûte de le dire, de tirer les fusées. Pour me faire de la thune. Pour avoir le regard émerveillé des autres. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas fait. Je crois. J'espère. Au fond, on ne sait presque jamais quand on les tire.
Parfois, on a l'intelligence de faire le feu à un endroit logique, de ramasser derrière nous. Malheureusement, c'est rare.
Mais le feu d'artifice, c'est pas que dans la vie. C'est aussi dans mon cœur, c'est aussi dans ma tête, c'est aussi dans mes membres. Mais cet artifice là, personne ne peut le voir. Personne ne peut observer mes millions d'explosions intérieures, parfois sans couleurs. Personne ne peut contempler la gamme infinie des teintes de mes émotions, ni même les moments d'attente un peu vides.
Ces fusées là, elles ne polluent pas l'eau de mes proches. Parfois la mienne, mais le plus rarement possible la leur.
Bref, artifice est un bien plus joli mot que ce qu'il provoque. Sauf lorsqu'on ne le prononce pas, qu'on le garde pour nous. Qu'on l'admire sans un bruit, sans un geste, gronder à l'intérieur de nous. Alors seulement là, il peut devenir beau.
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