
Chapitre 9
Cinq jours. Cinq jours que je suis enfermée seule. Tan n'est plus là et ce n'est plus Wilson qui vient m'apporter à manger, mais Fursy. Ce jour-là, je vais lui poser quelques questions puisqu'il a dit à Tan qu'on sortira d'ici. Je veux savoir ce qu'il manigance et être sûre qu'il ne ment pas. Je vais finir folle si Tan ne revient pas bientôt. Je me sens seule eten colère contre moi : on s'est disputé pour rien. Je suis stupide. Si ça se trouve, Tan est mort et personne n'a osé me le dire.
Tête dans mes jambes repliées contre moi, je tremblais. Je ne me sentais pas bien, ma tête tournait. Était-ce le médicament qui me faisait ça? Ou simplement le fait que je sois... Seule? Hantée par les souvenirs de ce garçon, j'en devenais obsédée. J'en avais plus qu'assez de ne rien savoir de plus sur lui mis à part le fait desavoir qu'il sait marcher. Waou, j'avance à grands pas dit donc...
Les heures passèrent tandis que j'attendais comme un chien mon repas. Mon ventre gargouillait si fort que je croyais que tout le monde l'entendait. Frustrée, je me levais d'un bond. Cela fait bien trop longtemps que Tan n'était plus avec moi. Ma conscience me répétait sans cesse : il est mort! il est mort! Sauve-toi! Et c'est bien ce que j'allais faire. Une larme coula sur ma joue. Je savais que ce que je faisais était égoïste mais j'en avais plus qu'assez. Fursy ne fait rien, Wilson a l'air de se ficher pas mal de moi. Je ne suis pas un animal, je veux vivre normalement.
Je savais à peu près quand arrivait mon repas. Je pouvais donc essayer de sortir de là en un rien de temps.
Mon plan en tête, j'attendis derrière la porte, haletante. J'avais très peur sans Tan, je me sentais lâche. Mais je ne peux plus supporter de rester ici plus longtemps. Je fermais les yeux, transpirante. Je n'en pouvais plus, je ne savais plus si je devais encore attendre ou partir. Je pris un morceau d'une des chaises cassées et attendit derrière la porte. Mon cœur battait si fort que je manquais d'entendre les pas de Fursy. Il fit tourner la clef et ouvrit. Sans un mot, il oublia comme toujours de refermer la porte derrière lui. Lorsqu'il se rendit compte que je n'étais plus là, il lâcha son sac. Avec le bout de bois, j'assommais Fursy qui tomba sous le choc. Pour être plus sûre, je lui donnais un second coup. Je me penchais : assommé. Je souris bêtement, pris le sac et sortis.
Maintenant que je savais où se trouvait la sortie, je pouvais me diriger vers celle-ci. Mais il y avait un garde devant et lorsqu'il me vit sortir, il hurla :
-Hé! Toi! Retourne dans ta cellule!
Paniquée, je courus sans hésiter dans le couloir en fasse de moi donc perpendiculaire au couloir avec la sortie. Je courus de toutes mes forces. J'entendis les pas de l'homme courir à mes trousses. Jepoussais avec violence une porte qui menait sur des escaliers. Jepris ceux du haut et les monta quatre à quatre. Je fis semblantd'ouvrir une porte mais me cacha un peu plus haut et attendit.L'homme tomba dans mon piège et prit passa la porte en croyant quej'étais sortie. Puis je descendis les escaliers. Lorsque j'atteignisla porte qui menait dans le couloir de ma cellule, une alarmeretentit.
J'eus l'impression que mon cœur tomba dans mon estomac. Sansréfléchir, je sursautais et courut. Je tournais à gauche et vitenfin le couloir avec la porte nommée "exit". Les yeuxpétillants de larmes mais de joie en même temps, je courus. Là,tout alla au ralentit. Je repensais aux moments passés avec Tan etje ralentis l'allure. Mon cœur battant, je repris mes esprits maisdeux mains tira le sac sur mon dos vers l'arrière. Je manquais detomber et enleva rapidement le sac à dos mais les mainsm'entourèrent et me portèrent. Je me débattis aussi fort que jepouvais.
-Lâchez-moi! m'écriai-je tout en me débattant.
-C'est bon, je la tiens! ricana Lukas à la cantonade.
Il me ramenait vers ma cellule. Je n'avais pas remarqué Tan quihurla :
-Laissez-la tranquille!
Mais une belle dame rousse vint le prendre par le poignet et luidonner une claque. Je me débattis encore plus fort, les larmes auxyeux. La révélation fut tellement un choc que mon cerveaun'arrivait pas à imprimer qu'il était encore en vie. Je voyais ladame parler à Tan. Mes yeux se posèrent sur le corps allongé deTan. Instinctivement, je me mis à hurler et à arrêter de medébattre. Un mal de crâne m'envahit et je ne respirai plus. Jen'avais plus de force, je me sentais mourir intérieurement.
***
Le cœur battant, je me réveillais doucement par un petit mal decrâne. Le premier mot que j'entendis fut mon nom.
-Ella?
-Tan!
Je fermais instinctivement les yeux. Je me retournais pour ne pasle regarder. Tellement heureuse de le revoir, je n'avais pas remarquéqu'il me faisait la tête.
-Tu m'as tellement manqué... Je ne savais plus quoi faire!
-Ah ouais? rétorqua-t-il sur un ton presque violent.
Je fronçais les sourcils.
-Qu'est ce que tu foutais? Comment tu t'es retrouvé dans les brasde Lukas?!
Je n'avais plus de voix. Ce que j'avais fait était lâche ethorrible. Je me sentis soudain coupable. J'aurais pu partir sans luiet juste le fait de savoir qu'il aurait pu crevé ici par ma fauteest une sensation désagréable.
-Tu as essayé de partir... Sans moi? bredouilla-t-il.
-Non! Jamais je ne t'aurais laissé...
-C'est pas ce que j'ai vu.
Des larmes coulèrent sur mes joues. Sanglotante, je hurlais trèsfort :
-ÇA FAIT QUOI POUR TOI DE PENSER QUE TON AMI EST MORT? J'AI PENSÉNE JAMAIS TE REVOIR!
-Tu n'avais qu'à ATTENDRE! s'énerva-t-il en haussant le ton desa voix.
-NON! J'EN PEUX PLUS, JE SAIS PLUS, TU COMPRENDS ÇA?! J'ÉTAISCOMME MORTE SANS TOI! T'AURAIS FAIT PAREIL À MA PLACE... T'auraisfait pareil... à... ma... place... ajoutai-je en sanglotant.
À genoux, les mains sur mes yeux, j'avais le cœur brisé. Ce queje venais de faire était un acte impardonnable. On a dit qu'ons'enfuirait ensemble. J'ai fais tout le contraire de ce qu'onvoulait. Maintenant, notre confiance s'est envolée. On ne sortirajamais d'ici. On va devenir fous et mourir ici. Mais je en veux pas,je veux rencontré ma famille, je veux revoir mes parents etpeut-être mes frères et sœurs? Tout espoir envolé, un immensesilence pesant s'éleva entre nous. Tan ne bougea pas. J'avaisl'impression qu'il m'observait. Sauf qu'il ne pouvait pas puisqu'onne peut pas.
Finalement, deux mains se posèrent aveuglément sur mes épauleset une tête se posa sur la mienne.
-Tu as raison Ella, souffla-t-il en frottant mes épaules pour meréconforter. J'aurais fais pareil à ta place. Mais tu sais...
Il fit une pose en s'arrêtant dans son geste. J'attendispatiemment, les mains sur mes genoux, tremblante. Il soupira.
-On va se fixer une règle, d'accord?
Je hochai la tête en essuyant mes larmes.
-On ne sort pas d'ici tant qu'on n'est pas ensemble. Ilfaut tout se dire, ça te va?
-Mais... Si l'autre ne revient pas?
Il savait bien à quoi je faisais allusion. Il réfléchit uninstant en enlevant sa tête.
-Il attend. On doit faire confiance en Fursy, c'est notre seulsolution.
Je me rappelai soudain le mal que je lui avais fait -physiquement-et demandais avec maladresse comment il allait.
-Je l'ai vu se réveiller. Il a mal mais ça va. Je l'ai entendudire que tu avais une belle droite, ajouta Tan en riant.
Je souris bêtement. Je faillis me retourner pour le regarder. Jem'arrêtais dans mon geste et mis finalement ma main sur la siennequi était restée sur mon épaule. Tan ne bougea pas comme surpris.Je l'enlevai et me levai pour aller m'installer dans un coin de lapièce.
Je m'assoupis très rapidement car je revis le petit garçon.Cette fois-ci, il jouait sur son dada. Je le voyais simplement de dosmais il avait l'air de bien s'amuser dessus. Il tourna la tête sursa droite. Sa petite pupille grossit lorsqu'une femme appela :
-Monsieur Limson! Venez ici prendre votre bain!
-Annie, tout va bien, gloussa une voix plus douce. Je vais m'encharger.
-Madame doit se reposer! s'indigna la baby-sitter.
Le petit garçon se leva. Il avança en zigzagant en gazouillant.Je le voyais toujours de dos, mais la lumière lui donnait desreflets un peu roux sur ses cheveux blonds. Sans que je ne m'yattende, il bafouilla un "ma-ma" en s'agrippant à lafenêtre. J'avais trouvé ça tellement mignon que je me réveillais.Ma première réaction fut de regarder Tan pour savoir où il était.Je gémis en gardant mes esprits car j'avais regardé ses pieds.Sachant à peu près où il se situait, je me dirigeai vers lui et meblottit contre lui pour me réchauffer. Il ne bougea pas, sans douteendormit. Tant mieux, il ne saura pas que j'aurais dormis un peucontre lui.
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