Chapitre 6
Bonne question, songeai-je. Nous étions des êtres humains, pourquoi nous appeler par des nombres? Il faudra tirer tout ça au clair... Les heures passèrent tandis que Ella et moi discutâmes de tout et de rien. On riait, on s'inventait des choses mais aussi on réfléchissait beaucoup à une solution pour sortir d'ici. Elle m'avait dit que Wilson ne lui avait pas mis de bandeau quand elle est sortie de la salle d'opération. Elle a donc pu voir où se trouvait la sortie. Ce qui me perturbait le plus dans l'histoire, c'est pourquoi y avait-il marqué "exit" au lieu de "sortie"? Plus étrange encore, j'avais l'impression que Wilson nous aidait.
Je ne savais même pas l'heure qu'il était mais j'entendis la respiration lente de Ella. Elle s'était endormie, toujours dos à moi. En gros, contre moi. Et moi alors? Quelle heure était-il au juste? Assez tard pour que je puisse dormir moi aussi? Je ne fermais pas l'œil. Du moins, jusqu'à ce que Ella se réveille. J'avais cherché une solution toute la nuit pour nous faire sortir de là. J'avais examiné la pièce toute entière en prenant bien soin de ne pas regarder mon amie.
J'eus soudain très mal au dos. Le fait de rester assis sur un sol froid et dur m'avait donné des courbatures. Je décidais de me lever en prenant soin de ne pas faire mal à Ella. Je fermais les yeux tandis que, sa tête dans mes mains, je la posais lentement au sol. Puis je me levais et inspectai la pièce. Il y avait seulement des petits barreaux à ma hauteur sur la porte. Sinon, la pièce était blanche et vide. Mis à part les restes des chaises que Ella et moi avons cassé. Je me dirigeai vers la porte et empigna les barreaux. Sans faire de bruit, je tirais. Des bouts de pierres tombèrent de la porte. Je fronçais les sourcils tandis que je tirais un peu plus fort. Une petite pierre faillit tomber sur mon poignet blessé. Je le retirai immédiatement pour ne pas me faire mal.
Tout ce mélangea dans ma tête et une idée me vint. Le problème, c'est qu'il me fallait quelque chose de pointu...
-Que faites vous?!
Je me retournai brusquement. Mon cœur fit un bond. Puis en sachant qu'Ella était debout, je repris ma respiration. Je lui expliquais en baissant les yeux :
-Les barreaux... Quand je les tires, ils...
Je m'arrêtais dans ma phrase. Des pas approchaient. Je reculais de la porte et attendis. Les pas s'arrêtèrent un instant puis reprirent dans notre direction. Je vis simplement des yeux bleus me fixer.
-Qu'est-ce que tu fous? gronda Lukas en insérant une clef dans la serrure.
Je ne répondis pas, mes yeux fouillant les siens. Lukas me lança des éclairs si noir que je crus qu'il allait me donner un coup. Mais il ne fit rien. Il entra et s'approcha immédiatement de Ella. J'ignorais ce qu'il lui faisait, mais je savais très bien que c'était quelque chose que je n'appréciais pas.
Un autre homme entra. Ce n'était pas Gus. C'était un blond foncé aux yeux d'un ambre flagrant. Sa mèche de devant en bataille, il souriait comme s'il avait ressu un cadeau. Puis il bessa le regard sur le bandeau qu'il tenait à la main.
-On vous emmène aux sanitaires, finit-il par dire. Et manger aussi.
-Tant mieux, grommelai-je.
Il se pinça les lèvres et me mis le bandeau sur les yeux. Déconcerté, il m'emmena hors de la cellule. J'entendis Lukas murmurer :
-On a bien dormi princesse?
-Lukas dépêche! Tu pourras lui fair ce que tu veux en temps et en heure, s'agaça celui qui me tenait.
***
-C'est ici, dit-il en m'enlevant le bandeau. La douche est là et des habits propres sont posés sur la chaise.
Je le remerciai du regard et entra. La salle était dix fois plus petite que ma cellule. Elle comportait seulement un lavabo assez crade et une petite douche au fond. Je me déshabillais et entra dedans. J'allumai l'eau froide qui coula le long de mon corps. Je me savonnais et après cinq minutes de rinçage, sortis et me sécha. Mon regard se posa sur mon reflet dans le miroir au-dessus du lavabo. Tremblant de froid, je voyais simplement un garçon blond aux yeux noirs. Mon nez était droit et je vis une cicatrice au bout de mon œil gauche. Une sorte de trait male fait qui descendait jusqu'au dessus de ma pommette. Je la touchais ; c'était une croute. Je devais l'avoir depuis longtemps. Mais comme m'étais-je fais ça?
-Hé t'as finis? demanda l'autre.
-J'arrive.
Je me séchai les cheveux qui devinrent ébouriffés. Je pris les habits et les enfilaient. C'était une chemise blanche légère avec un jean noir. Il n'y avait pas de chaussette, j'étais donc pieds-nus.
-Je rentre.
La porte s'ouvrit sur le blond foncé.
-C'est mieux hein? dit-il en m'examinant de haut en bas.
Je haussais les épaules. Nous restâmes un long moment à se regarder. Bizarrement, ce jeune homme me décontractait : il avait l'air plus sympas que les deux autres et bien plus amicale, malgré le fait que je sois toujours en rage qu'il ne fasse rien pour nous sortir de là. Soudain, je questionnai le garçon.
-Tu me donnerais quel âge?
Il plissa les yeux et répondit :
-Entre 20 et 25 ans.
Je hochais silencieusement de la tête. Ça ne me fait pas torp vieux finalement. Après tout, j'aurais dit la même chose. Il me tendit une boîte et une bouteille d'eau. Je les pris et ouvrit la boîte : il n'y avait simplement qu'un sandwich au ton. Je le dévorais et bu toute l'eau. En finissant la bouteille, je me rendis compte qu'elle avait un goût bizarre. Je demandais au garçon ce qu'il y avait dedans.
-Oh vous n'êtes pas au courant? s'étonna-t-il. Wilson dit qu'il vous faut des médicaments pour garder votre vue. Trois fois par jours. Il le met dans vos bouteilles d'eau pour que vous l'avaliez plus facilement.
Je luis rendit les objets et nous sortâmes dans les couloirs. Il me remit le bandeau en disant :
-Appelle-moi Fursy, ce sera plus simple.
Je fronçais les sourcils. Fursy. Simple, ça lui donnait une tête encore plusq sympathique. Je dirais même qu'on a envie de le câliner. Je riais bêtement en y pensant. J'avançais aveuglément tandis qu'il me ramenait à la cellule. Il n'y avait personne dans les couloirs, je n'entendais que le bruit de ses pas et les miens. Soudain, nous bifurquâmes sur la droite. Fursy ouvrit brusquement une porte et me plaqua contre le mur avec violence. Il enleva mon bandeau. On se retrouvait dans les couloirs des escaliers. Il n'y avait pas de lumière, simplement un petit rayon de soleil qui filtrait à travers la fenêtre un peu plus haut. Une main sur mon col, il murmura :
-Tu t'appelles comment?
Paniqué je ne répondis rien. Qu'est ce qu'il lui prend?! Je me débattis mais il sortit un petit couteau de sa poche qu'il mit sur ma gorge.
-Réponds! hurla-t-il.
-Tan!
Haletant, je le regardais droit dans les yeux. J'étais figé, mon torse se levait et se baissait rapidement. Je remarquai seulement maintenant qu'il portait quelque chose autour du cou. Mais le reste était caché sous son haut.
-Tu te souviens de quoi, ajouta Fursy en fermant les yeux.
-Rien.
C'était un demi-mensonge. Je voyais simplement une fille, pas plus. Il me prendrait pour un taré si je le lui disais. Il sourit bêtement et me lâcha. Il rangea son couteau.
-Désolé, je voulais que tu me répondes rapidement.
-Pourquoi...
-Écoute, je ne fais pas partie de ces gens, ok? Je suis pas un monstre moi. Je suis un imposteur.
Je ne comprenais rien à son charabia. Perturbé, je fronçais les sourcils.
-Je suis en mission. Je suis là pour vous sauvez, toi et tous les autres. Il faut me faire confiance et patienter, tu me promets que vous n'essaierez pas de vous enfuir avant que je ne vous dise quoi que ce soit?
-Moi et tous les autres?
Il y eut un silence durant lequel Fursy me regarda avec étonnement. Il avait l'air de dire "Vous êtes pas les seuls dans ces cas-là!" mais une porte un peu plus bas claqua et je reconnus la voix de Gus qui cria :
-Fursy! Viens on va assister à la séance torture!
-J'arrive, répondti ce dernier en me regardant avec insistance.
Je déglutis. Puis je hochais la tête.
-Bien. Je te ramène.
Sans prendre la peine de me remettre le bandeau, il trotta en m'agrippant le poignet -pas celui qui était blessé- jusqu'à ma cellule. Il l'ouvrit et me poussa à l'intérieur. J'ignorais si Ella était là. Je le sus lorsque celle-ci m'appela. Je lui dis que tout allait bien et que j'allais me reposer. Elle ne dit rien et, je pense, fit de même.
Je fermais les yeux et vit une nouvelle fois la même petite fille brune qui écrivait son prénom dans un carnet. Elle était de dos et tout ce que je voyais c'était une fenêtre au-dessus de son bureau. Je pensais que mon souvenir s'arrêterai là, sauf qu'il continua. La petite fille tourna la tête comme si quelqu'un l'avait appelé. Ses grands yeux bleus regardaient la vieille porte en bois de l'autre côté de la chambre. Rayonnante, elle referma son carnet et se dirigea vers la porte. Elle descendit les escaliers en bois aussi et se jeta dans les bras de ce qui devait être sa mère. Une belle rousse aux mêmes yeux que la fille et à la même carrure. Elle lui caressait les cheveux tout en lui marmonnant des choses inaudibles.
Je me réveillai en sursaut. Mes yeux faillirent se poser sur Ella mais je me retins de justesse. Je portai une main à la tête et réfléchis. De sûr, cette fille s'appelait Ella. Mais qui était-ce? Quelqu'un que je connaissais? Cela m'agaçait de ne rien savoir. Mon ventre se remit à gargouiller. Je n'avais pas assez manger. Ella s'agitai elle aussi.
-Tu es réveillée? demandai-je.
-Oui. J'ai encore faim.
-Moi aussi.
-Ta douche était froide toi aussi? enchaîna-t-elle. En tout cas, moi ça m'a fait du bien.
-Moi aussi, soufflai-je. Mais j'ai un truc à te dire.
Je lui expliquai ce que Fursy m'avait dit, qu'il n'était pas des notres et qu'il serait en mission sauvetage. Je lui dis aussi qu'il n'avait pas l'air méchant. Quand j'eus finit, Ella ne dit rien sans doute perdue.
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