꧁ Souvenir III ꧂
La sérénité que j'avais ressenti il y a à peine quelques instants n'est plus qu'un vague souvenir. Elle a été remplacée à une vitesse effrayante par une angoisse qui me donne l'impression d'être prisonnière.
Je me retrouve à nouveau dans les couloirs du lycée, pourtant, même si rien n'a changer, je ne les perçois plus de la même manière. Avant il étaient infinis, mais maintenant ils m'apparaissent oppressants.
Un mauvais pressentiment me bloque la gorge, pitié faites que ce ne soit pas ça.
Le monde devient flou autour de moi, tandis que je tente de réguler ma respiration.
Je me retourne pour trouver la source mon angoisse, ne cessant pas de prier intérieurement. Pourtant, j'ai à peine le temps d'avancer mon pied que quelqu'un me bouscule.
La violence du choc me fait presque rejoindre le sol.
Et comme si ça ne suffisait pas, tandis que je me remet de mes émotions, elle me jette un regard méprisant.
Je soupire, ce n'est pas comme si c'était le premier qu'elle me lançait. Pourtant je n'arrive pas à m'y habituer, à toute cette haine.
Des larmes m'échappent, en cet instant je pourrai tout donner pour être ailleurs, je pensais que la perte de mon père serai la pire épreuve de ma vie, je me trompais. Je ne veux pas revivre ces moments, car j'ai les même émotions, les même angoisses qu'à l'époque. Rien ne pourra me permettre de prendre du recul, des larmes d'anticipation commencent à rouler sur mes joues.
Une question me revient sans cesse, mes pensées me torturant presque autant que leurs paroles.
Pourquoi moi ?
Sûrement parce que je ne suis pas conforme à leurs moules. Je sors un peu du lot, du moins je sortait. Car aujourd'hui je n'ai plus la force que de porter des vêtements larges et ternes, le maquillage ne servant plus qu'à camoufler mes insomnies.
De peur de leurs regards sur mon corps, comme si je m'était créer une carapace.
Ils ont réussi à tuer le peu de moi d'avant qu'il restait. Je me demande bien ce que la petite fille que j'étais en dirait...
Mais comment lui expliquer ? Que malgré mes quelques amis, je ne fais pas le poids face à eux. Que je n'arrive pas à leur expliquer la raison de l'absence de mon père, et qu'ils ne me laisser aucun répits.
Me traitant de tous les noms, et allant parfois plus loin que les mots.
La douleur à mon bras se ravive, il est caché par la manche de mon pull mais je perçois presque le bleu laisser par leur fureur.
Un groupe se dirige vers moi, je ne distingue pas leurs visages, mes yeux étant embués par mes larmes.
Chacun de leurs regard est devenu une menace. Je baisse donc la tête, espérant disparaître grâce au pouvoir de ce simple geste.
Je sursaute lorsque quelqu'un m'effleure. Un soupir de soulagement m'échappe, ce n'est que Sarah.
Elle pose sa main sur mon bras, doucement, elle a sûrement sentit la tension qui parcours tout mon corps et mes tremblement incessants de terreur que je ne peux plus contrôler.
Ses traits tirées par l'inquiétude ne font que renforcer ma culpabilité. Je soupire, tentant vainement de calmer ma crise d'angoisse.
Mon épaule est violemment percutée, je me retourne et regrette presque immédiatement mon geste. Je n'ose même pas prononcer le nom de celui dont je croise le regard tant il m'effraye.
Le sourire vicieux qu'il me lance quand nos regards se croisent, celui que j'ai vu pendant tant d'années et dans tous mes cauchemars me glace le sang. Un frisson me parcours l'échine et je n'ai plus qu'un souhait, fuir. Peut importe la destination, peux importe le prix, je veux juste ne plus jamais le voir.
Mais je reste pétrifiée quand il ouvre la bouche, mes membres m'ayant abandonnés. Je tente vainement de retenir le flot de mes larmes, mais je garde la tête haute. Je ne le laisserai pas me rendre minable, pas cette fois.
Sarah essaye de me parler mais mon état de détresse bloque tout ce qui provient de l'extérieur.
Voyant qu'il s'apprête à me servir son arrogance habituelle, sa bande rapplique. Je perçois dans son regard une haine pure, mais à côté de lui c'est un regard rempli de pitié et de remords que je croise.
Une haine sourde accroche mon regard au sien, la colère que je ressens à son égard est indescriptible. Car il comprends très bien que ce qu'il se passe n'est pas normal, il a même de l'empathie pour moi mais il n'ose rien faire de peur de devenir lui même la victime.
Il ne fait donc rien.
Sarah me lance un regard ma panique et tente
de nous tirer de cette situation avant qu'il ne soit trop tard. Mais je décide de rester, j'en ai marre de subir sans aucun bruit. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans mon corps, mais à ce moment je me rends compte que je n'ai plus rien à perdre.
Alors folle de rage je lui crache presque au visage ces quelques paroles :
- Mais toi va te faire foutre ! Tu me regarde avec tes yeux comme si tu compatissais mais tu fais rien putain... tu me regarde juste subir ! Assume que tu trouve ça pas normal arrête de rester avec ces connards si t'es pas d'accord avec eux !
Je tente de me calmer en inspirant, puis je le fixe intensément et je traduis ce que son attitude trahi de lui :
- Sauf que t'es qu'un putain de lâche hein.
Il me regarde, tétanisé, seule une larme solitaire roule le long de sa joue.
Sarah me regarde avec des yeux rempli d'admiration, car elle aussi subi leurs humiliations.
Je me dois de continuer pour elle.
Et l'adrénaline qui coule dans mes veines m'empêche de prendre pleine conscience de mes actes. Créant un courage qui me donne des ailes et dont j'entends bien profiter.
Ne partageant manifestement pas mon avis, le leader du groupe se met en avant et me balance toujours avec son air hautain :
- Arête de t'inventer des amis, qui pourrait compatir avec une orpheline comme toi ?
Mon sang se glace, comme à chaque fois qu'il prononce ce mot, ils pensent tous que mes parents mon abandonnés à la naissance. J'avais beau leur prouver le contraire en leur montrant ma mère, les rumeurs avaient déjà fait leur chemin dans les esprits.
J'inspire profondément, je ne veux pas me perdre dans mes idées noires. Je relève la tête et le rage de droit dans les yeux, ce qui a le mérite de l'impressionner ne serai-ce qu'un peux.
- Je te l'ai déjà dit je ne suis pas orpheline, il tente de me couper mais je continue malgré tout, mais mon père est mort. L'année dernière.
Je voix dans leurs yeux une pointe ds remords, et une personne dont je ne connais pas le nom lance un « désolé on était pas au courant »
Ne pouvant plus contenir ma rage je crie presque :
- Donc tu insinue que c'est ma faute ? Que j'aurai du vous le dire c'est ça ?
Elle hésite et fais un petit hochement de tête. Un rire hystérique me secoue.
- Putain mais je vous dois à vous bande de connards, pourquoi j'aurai voulu vous le dire ? C'était à vous de voir qu'il y avait un putain de problème nan ? Quand vous étiez pas au courant vous étiez pas désolés ! Me traiter d'orpheline ou de je ne sais quoi encore, me donner des coups à la fin des cours, si j'avais vraiment été orpheline ça aurait été moins grave c'est ça ?
Je les sonde tous de mon regard, et pour la premiere fois je les vois vraiment. Ce n'est qu'une bande de lâches avec un connard de leader qui décide de leurs moindres faits et gestes.
Je ricane et lance comme un au revoir :
- Allez tous vous faire foutre, je crois que j'ai passer la pire année de ma vie et c'est même pas à cause de la mort de mon père mais c'est vous la putain de cause.
Et sur ce je me dirige vers la sortie et je pars.
Aucun d'eux ne mérite que je me retourne.
J'ai l'impression de voler, le poids de ces mots que je gardaient en moi ne me pèse plus a présent.
Sarah est toujours accrocher à mon bras et des larmes coules le long de ses joues. Elle pose sa tête sur mon épaule puis serre ma main. Elle lance d'une voix presque inaudible un merci qui rempli mon âme d'un sentiment que je n'ose pas nommer.
Je crois que c'est le bonheur.
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