L'eau glacée m'encercle, me pénètre.

Mes narines brûlent, à présent je ne peux plus empêcher mon corps qui cherche désespérément de l'oxygène de se contracter.

À mesure que la surface s'éloigne, mes poumons se remplissent d'eau.

De ma gorge, le peu d'air que mon être contenait encore s'échappe pour rejoindre le monde qui aurait dû m'abriter encore de longues années.

Tout cela n'est rien comparé à la douleur de mes tympans. Je sens le point de non-retour que je vais bientôt passer.

Je me prends la tête entre les mains, l'impression qu'elle va exploser ne me quitte plus. J'ouvre mes paupières malgré le sel qui me brûle les yeux, du sang s'échappe de ma tête.

De terribles acouphènes me coupent définitivement du reste du monde, tandis que mon corps se remplit d'eau.

La mort se joue de moi, en m'entraînant dans cette chute sans fin.

Ma vision se trouble, malgré mon regard qui cherche désespérément la lumière. Des points noirs se forment, me faisant perdre peu à peu la vue.

Je me débats désespérément, l'usage de mes cinq sens n'est à présent plus qu'un doux souvenir.

Mes pensées se coupent, laissant la douleur finir de m'enivrer.

Pourtant j'ai l'impression de m'habituer, je ne la ressens presque plus, la mort m'effraie à peine.

Elle me paraît presque comme la solution la plus simple.

Pourquoi continuer à lutter alors que je me sais condamnée depuis que j'ai chuté de ce bateau ?

Mes pensées pourtant si sombres ne me font presque aucun effet. Je ne fais que réciter des affirmations platoniques, dépouillées de sentiments.

Ai-je perdu mon humanité ?

J'ai perdu le contrôle de mes membres, je suis comme spectatrice de ma propre vie, ou plutôt de ma mort. Même si mes yeux ne m'offrent aucune possibilité d'assister à la scène.

Ironique, hein.

J'aurais pensé voir une lumière blanche, puis m'avancer lentement jusqu'à elle. Arrivée à destination, retrouver toutes les personnes chères à mon cœur disparues trop tôt.

Je n'ai jamais vraiment cru à la notion de paradis ou d'enfer, pour moi ce ne sont que des leurres qui nous donnent une raison d'avoir une vie saine, un espoir qui nous permet de rêver même si notre existence terrestre nous paraît insurmontable.

On m'a souvent dit que la vie est plus dure que la mort, que mourir est parfois une façon de trouver une paix éternelle.

Pourtant je ne me sens pas sereine, je pense à toutes ces choses que je n'ai pas pu réaliser de mon vivant.

Mes regrets m'enserrent la gorge presque autant que la mort.

Une bulle d'air s'échappe de ma bouche.

Ça y est, je viens de pousser mon dernier soupir. Je n'ai aucune certitude mais je le sens au plus profond de mon être.

Mes paupières se closent définitivement, et j'ai l'impression de flotter dans du vide. Le silence étant ma seule compagne.

Je ne peux même plus pleurer, ni respirer, ni crier. Je ne suis rien, est-ce ça la mort ?

J'ai la sensation d'être partout et nulle part à la fois.

Tandis que je panique, mes paupières s'ouvrent, je suis dans mon corps quelques années plus tôt.

Tout est encore flou mais je comprends que je suis chez moi.

Je tente de bouger mais rien n'y fait, quelqu'un m'interpelle. Dès que je me retourne et la vois, je comprends immédiatement où je suis.

Dans un souvenir.

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Biz biz