Jour 2
Je rentrai chez moi et m'enfermai dans mon bureau comme à mon habitude. J'allumai mon ordinateur portable et accrochai mon oreillette Bluetooth. J'envoyai quelques appels pour gérer mon entreprise à distance.
J'avais quitté le quartier des affaires pour pouvoir m'occuper d'Amixiia. J'essayais tant bien que mal de m'occuper de tout, et c'était assez difficile.Je me retrouvais d'un jour à l'autre avec un gosse sur les bras. Je ne savais même pas comment il fallait faire. Heureusement que ce n'était pas un nourrisson... parce que les biberons et les couches,ce n'étaient pas pour moi.
-Papa ?
Je relevai la tête du compte rendu d'Andy pour croiser le regard de la petite brune.
-Combien de fois je t'ai demandé de frapper la porte avant d'entrer ? -demandais-je durement-
-Désolé.
-On dit « je m'excuse ».
Elle avait la main sur la poignée, les jambes croisées. Elle n'arrêtait pas de se balancer d'avant en arrière. C'était l'une des choses que je détestais le plus. Le manque d'assurance.
-Tiens-toi droite.
Elle se redressa et bomba le torse exagérément. Je souris.
Je me levai de mon fauteuil et la poussai à sortir de la pièce. Je déposai les assiettes et les couverts sur la table de la salle à manger et Amixiia s'assit sur une chaise attendant patiemment que je prépare à manger, ce qui se définissait par réchauffer des boîtes.
-Demain, tu vas avoir une baby-sitter.
Elle sourit la bouche pleine. Je lui lançai un regard noir et son sourire s'effaça.
-Tu m'aimes? -demanda-t-elle d'une petite voix-
Comment pouvais-je répondre à ça ? Je ne connaissais pas le petit être qui se trouvait devant moi. Je ne savais même pas si j'avais la capacité à aimer. Je n'avais pas ce truc qu'on appelait compassion et encore moins, cœur.
-Mange, ça va être froid.
Elle baissa la tête sur son assiette. Le repas se fit silencieusement...
Quand le dîner fut fini, elle se leva de sa chaise et s'approcha de moi.
-Je vais me coucher.
J'acquiesçai mais elle resta à côté de moi.
-Et ?
-Tu me fais un bisou ?
-Tu es trop grande, allé, vas !
Elle souffla et se retourna.
-Ce n'est pas un bon comportement pour une fille mature.
Elle tapa du pied dans l'escalier et parti dans sa chambre.
Je me levai et me dirigeais vers le frigo. Je me servis un bon verre de vin blanc avant d'appeler Mademoiselle Delacore.
-Atalaïan Delacore à l'appareil.
Professionnel ? Étonnant pour une lycéenne. Elle avait beaucoup de choses à cacher. Mais j'étais patient, enfin, un bon détective ça ne coûtait rien. J'aimais savoir qui j'embauchais, or je ne savais rien d'elle.
-C'est monsieur Adamson.
-Oh.
Oh ? C'était quoi ça ?Une onomatopée de soulagement ou d'horreur ?
-Vous êtes toujours disponible pour l'emploi ? -demandais-je tout en faisant valser la boisson dans le cristal-
-Bien-sûr.
-Bien. Je veux vous voir demain à huit heures. Bonne soirée.
J'allais raccrocher quand je l'entendis à l'autre bout du fils.
-Attendez !
Je soufflai.
-Oui ?
-Bonne soirée à vous aussi, Monsieur et bonne nuit.
Bip , bip , bip
Nom de Dieu ! C'était qui cette fille ?
Elle ne se gênait pas. Elle avait osé. Elle allait me rendre fou avec ses manières. Je rectifierais ça demain.
Je partis m'enfermer dans le bureau.
***
J'ouvris la porte d'entrée et je tombai sur Atalaïan souriante. Je la fis entrer et visiter la maison en silence.
-Vous ne devez entrer dans cette pièce qu'en cas d'extrême urgence -dis-je en pointant mon bureau-.
Elle hocha la tête.
-Maintenant, je vous laisse aller réveiller ma fille.
-Vous ne la laissez pas dormir ? -demanda-t-elle incrédule-
C'était qui le patron ? Cela faisait une heure qu'elle était là et elle me désobéissait.
-Vous contredisez mes ordres ? -dis-je froidement-
-C'est juste que votre fille est en vacances et je pense qu'elle devrait en profiter.
-L'avenir appartient à ce qui se lève tôt.
Elle déposa son sac et alla dans la chambre de la petite. Je la suivis pour voir comment elle se débrouillait.
Elle entra dans la chambre qui était encore plongée dans le noir. Elle me surprit à ne pas allumer la lumière.
Elle s'accroupit à la hauteur du lit et elle lui souffla à l'oreille.
-Hey, mon cœur réveilles-toi.
Je vis le drap bouger.
-Tu es qui toi ?
-Je suis Atalaïan, je vais m'occuper de toi. Allé viens.
Elle la souleva du lit et tourna sur elle-même. Amixiia se mit à rire et je souris à cette vision.
-On va déjeuner ?
-Ouiiii !
J'intervins en ouvrant les stores de la chambre.
-Il faudrait peut-être l'habiller, vous ne croyez pas ?
-S'il vous plaît, c'est le petit déjeuner.
Elles me regardaient toutes les deux avec une adorable bouille.
-Non, ne discutez pas mes décisions.
Le sourire de la baby-sitter s'évanouit et elle alla vers la commode.
-Tu veux mettre quoi ma puce ?
-Comme toi.
La jeune femme portait une robe blanche simple et large avec une ceinture camelle en dessous de ses seins. Cette petite ficelle marron avait tendance à montrer sa taille fine et sa généreuse poitrine.
Elle sortit une robe blanche et une culotte de la même couleur avant de l'amener à la salle de bain. Je patientai quelques instants avant que ma fille me saute au cou. Peu habitué à cet élan de tendresse, je ne la rattrapai pas et elle tomba sur les fesses. Elle me tendit les bras pour que je la prenne, les yeux embués.
Atalaïan arriva et prit la petite dans ses bras.
-Ne pleure pas mon ange,ce n'est rien. Je vais te faire un bisou magique sur le front et comme ça, tu n'auras plus mal.
La gamine hocha la tête et sa baby-sitter lui planta un baiser sur son visage, puis une multitude sur son nez et ses joues. Elle gloussa.
-Le déjeuner, mademoiselle. -grognais-je-
-Votre travail, monsieur -répliqua-t-elle insolemment-
-Je vous demande pardon.
-Il reste des miettes sur la table, je sais donc que vous avez déjà petit déjeuner et vous n'êtes pas le genre d'homme qui débute sa journée en mangeant en famille. Alors pourquoi n'êtes-vous pas dans votre bureau ?
-Ici, c'est moi votre patron, alors vous devez me parler autrement. C'est moi qui paie.
Elle leva les yeux au ciel en souriant. Qu'est-ce qu'il y avait de drôle ? Sérieusement, cette gamine me mettait en rogne. Heureusement, que j'avais l'habitude de tout garder en moi. C'était pour cela que je lui dis le plus sérieusement du monde.
-Soit vous vous la fermez, soit vous dégagez. Est-ce clair ?
Les coins de ses lèvres redescendirent rapidement et le rictus s'effaça comme s'il n'avait jamais existé.
-Très. Veuillez m'excuser.
Je sortis de la chambre et j'entendis leurs pas derrière moi. Rien que pour contredire cette enfant de l'âge de dix-sept ans, je m'assis à la table de la salle à manger. Amixiia prit place devant moi. Elle ne souriait pas,secoua la tête tout en affichant une moue réprobatrice. Depuis quand faisait-elle ça ?
Elle croisa ses petits bras sur sa poitrine et souffla. J'écarquillai les yeux. Son palmier sur sa tête n'arrêtait pas de s'agiter à force de tourner son visage de gauche à droite.
Depuis quand je me faisais réprimander par ma fille ?
-Arrête ça de suite !
Elle rabaissa ses mains sur la table et prit la position que je prenais pour l'enguirlander quand j'étais derrière le bureau. Le dos droit, les coudes sur la table, les mains jointes au niveau de sa bouche. Elle avait juste ajouté sa touche personnelle. Un sourire carnassier.
Je plissai les yeux et la fusillais du regard mais ça ne lui faisait rien.
-On sait de qui elle tient. Elle sait très bien vous imiter -intervint Atalaïan avec une assiette dans les mains-.
Elle apportait un plat de pancakes. La petite était toute souriante. Petite peste.
-Je peux en avoir -dis-je d'une petite voix-
-Faut être gentil pour en avoir -répondis ma fille-
Je lui volais l'assiette et lui tirai la langue.
-Je croyais que je devais m'occuper que d'un enfant. -sourit la baby-sitter-
Vexé, je rendis l'assiette. Il était vrai que ce n'était pas dans mes habitudes d'être aussi enfantin. Je sortis de la pièce pour m'enfermer dans le bureau. J'eus juste le temps de poser mes fesses sur le fauteuil en cuir qu'un bruit de friction retentis. Je recherchai le bruit jusqu'à ce que je tombe sur une feuille glissée sous la porte.
Je soufflais et me levai pour aller la ramasser. C'était une feuille des plus banals, blanche mais il était écrit dans une fine écriture.
Comme je ne peux pas rentrer, je vous prie de m'excuser. Je ne voulais pas être vexante. Je ne referais plus de remarque à l'avenir.
Un petit croquis accompagnait ce texte. C'était un dessin d'Atalaïan penaude. Attristée et désolée. Je trouvais ça mignon, malgré moi.
Je crois que mes six années de célibat m'ont rendu fleur bleue.
Je froissais le papier et le jetais dans ma poubelle. Je ne devais pas perdre de temps avec ce genre d'enfantillages.
Je me rassis dans mon confortable siège et bougeai la souris de l'ordinateur. L'écran qui était en veille, s'illumina, affichant une centaine de messages dans ma boîte mail.
J'ouvris le plus important, celui de Jacqueline Rio. Elle avait beau avoir un vieux nom à la française, c'était une vieille américaine avec un bras long comme l'Empire State Building. Vous vouliez Beyoncé à la fête d'anniversaire de votre fille, il fallait passer par elle.
Mon entreprise n'était pas très bien vu par les écologistes et ils avaient tendance à extrapoler aux USA, il fallait que quelqu'un rassure les potentiels clients. Personne ne me connaissait et mon anglais laissé à désirer, je ne pouvais donc pas jouer les acteurs devant une caméra pour promouvoir mon petit bijou qu'est ma fabuleuse occupation.
J'avais,enfin un stagiaire dont je ne connaissais pas le nom, avait épluché les magazines féminins pour savoir quel était la célébrité la plus aimée du public. Je voulais une star, une femme d'affaires, pas une starlette de pacotille qui ne vend pas le projet mais qui le présente. Je voulais une femme pour que la gent féminine se compare à elle et l'envie. Je voulais une femme connue pour que les hommes fantasment sur elle, qu'ils aient envie de la rencontrer dans les couloirs de mon entreprise. Tout cela était de la publicité, de la« com ». Quelque chose qu'on croit sans importance mais qui influence entièrement les auditeurs dans les manières de vivre.
Ils vont devoir penser, manger, rêver et vivre Adamson Corporation.
Le mail était succinct. Seul une liste de potentielles stars. La seule qui m'intéressait était une magnifique mannequin. Elle était connu pour participer aux actions Green Peace... C'était une excellente comédienne. Combien de baleine étaient mortes pour son maquillage ? Combien de furets étaient décédés pour son manteau ?
C'était une sublime menteuse et une incroyable manipulatrice. Toutes les jeunes filles l'admiraient pour sa beauté et ses convictions mais si elles connaissaient l'envers du décor, elles auraient envie de vomir et de préférence sur les rajouts de ce mannequin.
Je renvoyais un message à Jacqueline, lui indiquant mon choix et mon prix en inscrivant que c'était mon maximum. En réalité, j'étais prêt à donner beaucoup plus. Mais si on donne la main, on vous prend le bras. Alors que si vous présentiez votre doigt et que vous étiez prêt à sacrifier votre main entière, on ne vous prenait que les cinq doigts, vous laissant votre paume intacte. Au final, vous gagniez. Voilà mon monde. Le monde des affaires.
Quelques secondes plus tard, je reçus un nouveau message pour m'annoncer le prix que Mme Rio voulait. Je souris. Un million pour une publicité qui allait me rapporter des milliards. J'avais mobilisé dix millions pour ce spot. À croire, qu'elle était moins gourmande ou moins intelligente que ce que je pensais.
J'acceptais et demandais à Rebecca ma secrétaire de faxer le contrat. Une chose de faite.
J'attaquais mon deuxième mail. Une lettre du syndicat, les employés voulaient une nouvelle clim. Bien, il fallait la remplacer. J'appelais le bureau pour régler cette affaire.
Tous les courriels finissaient pareils. J'avais toujours une solution car j'avais toujours un coup d'avance.
Je déposais sans cesse des brevets à fort bénéfice.
J'étais en train de téléphoner quand j'entendis de la musique. J'essayais de me concentrer sur ce que me raconter Andy mais impossible. Je me pinçais l'arête du nez et raccrochai, furieux de cette interruption inopportune.
J'ouvris la porte du bureau et sorti d'un pas rapide jusqu'à la source musicale. J'ouvris la chambre d'Amixiia et elle était au milieu de la pièce à danser avec Atalaïan. Je pris la télécommande sur la commode et éteignis la chaîne Hifi.
-Non, mais ça va pas ! Il y a des gens qui travaillent dans cette maison.
Ma fille baissa les yeux vers le parquet mais la baby-sitter soutenait mon regard et je n'aimais pas ça. Quand je haussais la voix, il ne fallait pas me regarder dans les yeux. J'étais supérieur hiérarchiquement, financièrement et physiquement mais aussi mentalement.
-Désolé, papa.
Je détournai mon attention pour regarder la puce avec sévérité. Sa tête s'enfonça dans ses épaules et je crus qu'elle allait disparaître comme le font les tortues.
-Vous nous avez dérangé.
J'écarquillai les yeux à cette remarque. Quelle audace. Je ne pus m'empêcher de rire de manière sardonique.
-Quel culot.
Mademoiselle Delacore affichait un sourire et un visage confiant. Je plissai les yeux, prêt à toute attaque, à toute excuse. Je connaissais parfaitement les mouvements du corps et leur signification. Il fallait être bon dans la gestuelle pour être un bon PD-G.
-Votre fille écrit de quelle main ?
-Droite -affirmais-je-
Je vis la petite me regarder avec de la tristesse.
-Non, elle est gauchère. Elle fait donc plus travailler son hémisphère droit. C'est-à-dire que pour s'épanouir, elle doit travailler sa créativité. Dessin, musique, danse.
J'avais à faire à qui ? Une lycéenne ? Une surdouée ?
J'étais quelque peu coincé. Si je partais, je déclarais forfait et ça je ne savais pas faire. J'étais un gagnant et je le resterais mais là ,il me fallait une feinte, une diversion fine qui passerait comme une lettre à la poste et non comme un colis piégé.
-Baissez le son. C'est tout ce que je demande.
-Comment va-t-elle développer son oreille musicale ?
-Mademoiselle, si je vous paye c'est pour la surveiller par pour lui développer je ne sais quelle idiotie.
Elle hocha la tête et je redescendis. Le pouvoir, voilà la clé des portes de notre monde.
Je n'entendis pas un seul bruit pendant au moins trois heures avant l'heure du goûter. J'entendis la porte du réfrigérateur s'ouvrir puis se fermer dans un claquement sourd. J'avais bien besoin d'une pause.
Je me dirigeais vers la cuisine où Amixiia était installé sur une chaise mangeant de la glace. Atalaïan était appuyé contre le plan de travail.
-Mademoiselle, pouvez-vous me faire un café ?
Je me laissai choir sur une chaise, inélégamment et observai l'imprévisible garde-enfant. Cette dernière ne bougea pas.
-Avez-vous un problème d'audition ? -demandais-je quelque peu frustré du manque d'intérêt à mon ordre-
-Non et vous, avez-vous Alzheimer ?
-Ah ça non. Je connais chaque code parmi mes dizaines de cartes bancaires,mon numéro de sécurité -elle frissonna-.
-Et l'anniversaire de votre fille ?
Touché. Mais ce n'était pas encore ma fille. Biologiquement oui, mais autrement non. Je balayai la question de la main. À mon grand étonnement, elle poursuivit.
-Vous me payez pour surveiller votre enfant et non faire des cafés -sourit-elle-
Finaude la jeune mais pas assez pour moi.
-Très bien, mais pas de café, pas de salaire et qui dit pas de salaire, dit pas de nouveaux vêtements.
Je souris victorieusement et elle souffla de défaite avant de se retourner et de me faire un café.
J'adorais les défis et c'était pour cela que je ne la renvoyais pas. Je voulais faire d'elle une créature docile, bien obéissante qui ne vit que par moi.
Mais si elle voulait jouer, nous allions jouer. J'avais beaucoup de cartes dans ma manche dont les quatre as du jeu. Elle allait prendre la plus belle branlée de sa vie.
Quelques batailles par ci, par là, ne devraient pas déranger le travail et devraient pimenter ma vie de jeune célibataire.
***
Je venais d'éteindre mon ordinateur et d'après le silence qui régnait dans la maison, je supposais que la petite était couchée et que la grande était partie.
Je montai dans ma chambre et m'allongeai. Je tournais la tête vers le réveil et un merveilleux plan d'attaque naquit dans mon esprit.
Une incroyable bataille se profilait à l'horizon ... et cela avant l'aube.
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NDA:
Désolé du retard ! BISOUS <3
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