Jour 1
-Allô -aboyais-je.
-Excusez-moi de vous déranger monsieur Adamson, je m'appelle Atalaïan Delacore et je vous appelle pour l'annonce que j'ai vu dans le journal local.
Est-ce que toutes les pimbêches de la ville allaient m'appeler ?
J'ai vu des femmes défiler dans mon salon pour garder ma petite Amixiia et toutes étaient complètement folles. Certaines étaient des jeunes de quinze ans qui n'avaient aucune expérimentation dans le domaine et qui d'après,mon expérience personnelle, voulaient une maison pour faire la fête avec tout un tas de jeunes bourrés ou drogués, ou un canapé pour baiser tranquillement. J'avais dû me résoudre à préciser dans mon annonce que je n'acceptais que des personnes majeures.
Bien évidemment, les majeurs n'étaient pas mieux que les mineurs. Des vieilles femmes m'avaient dragué. De vrais couguars... J'avais beau avoir une belle gueule, le travail passait avant cette connerie qu'on appelait amour.Une belle foutaise.
Et que dire de ces bimbos, aux longues jambes, aux talons hauts et aux futures chevilles cassées. Elles m'insupportaient à mâcher des chewing-gums comme des vaches avec de l'herbe. Elles passaient leur temps à enrouler une mèche de cheveux décolorés autour de leur doigt doté de fauxongles ou bien elles papillonnaient des cils idiotement. Des barbies... Des femmes plastiques. Du silicone dans les seins, dans le cul et dans le crâne.
Espérons que je ne me perde pas mon temps, cette fois.
-Bien. J'aimerais vous faire passer un entretient d'embauche. -dis-je sèchement-
Je serais peut-être son employeur alors autant l'habituer à se soumettre à mon masque d'homme d'affaires froid. Je ne ferais pas ami-ami avec elle. Si c'était ce qu'elle attendait, elle se mettait le doigt dans l'œil jusqu'au coude.
-D'accord.
Sa voix me paraissait enfantine. J'espérais qu'elle avait plus de dix-huit ans, sinon,j'allais crier. Fort.
-Aujourd'hui. Quinze heures. Chez moi.
-Je préférerais un endroit neutre.
Elle me posait une colle.J'avais emménagé dans cette petite ville, il y avait un mois de cela, mais je n'étais toujours pas sortis de chez moi. Quand j'étais arrivé dans ce patelin, je n'avais qu'une envie: rentrer chez moi.Mon sens de l'observation n'avait pas été éveillé par les bars miteux qui se trouvait ici, ni par aucun édifice d'ailleurs.
Alors, aucun nom de café ne me venait en tête.
-Je ... -je me raclai la gorge-. Je ne connais pas d'endroit pour faire cela.
Elle ria. Un son doux, cristallin. Mon cœur fit un soubresaut. J'esquissai un sourire puis je secouai ma tête face à ses pensées délirantes.
-Vous moquez vous de moi ?-dis-je sans une once d'humour-
-Du tout. Je ne me permettrais pas. -toute trace de sourire avait disparu de sa voix-.Je vous propose d'aller au Lys.
-Très bien, à dans deux heures.
Je raccrochai, ne la laissant pas répondre. Je n'avais pas de temps à perdre avec une potentielle baby-sitter. Si elle devenait mon employé c'était pour me faire gagner du temps, justement.
Je replongeai ma tête dans les chiffres de l'entreprise de l'année dernière. Certains services avaient fait augmenter leur chiffre d'affaires de deux pour cent alors que d'autres avaient chuté de huit pour cent. Huit putains de pour cent. Cela représentait des millions d'euros.J'allais devoir pousser des gueulantes ou virer. Je sortis mes pochettes de tous les services et ouvris celle de ceux qui étaient en difficulté, j'épluchais les dossiers de mes employés et regardai ceux qui étaient rentables pour l'entreprise.
J'appelais Andy.
-Tu me vires Monsieur Henri, Bore à l'étage deux. Puis madame Lefebvre à l'étage quatre. Et les Muller, Roussel, Chevalier aux étages six, huit.
Je raccrochai.
Sur plus d'une centaine d'employés, seulement six avaient été renvoyé. Tous ses hommes et toutes ses femmes qui travaillaient pour moi avaient été triés sur le volet. Je voulais le meilleur et je les encourageais pour le rester. Plein de chômeurs, voire des travailleurs expérimentés seraient ravis de travailler dans mon entreprise, ils seraient même prêts à tuer. Travailler chez Adamson Corporation était un honneur. Si vous ressortiez avec un stage de chez nous, vous étiez accepté partout.
C'était un passe partout. Une clé universelle.
Je regardais ma montre et je soupirai. Il allait être l'heure de mon rendez-vous avec mademoiselle je-sais-pas-quoi dans un endroit que je ne connaissais pas.
Je me levai de mon fauteuil, attrapai ma veste de costard et sorti de la pièce tout en reboutonnant mes boutons de manchette. Je montais quelque marche pour sortir de ma maison puis je grimpais dans ma petite voiture. Je conduisis jusqu'à la place centrale de cette mini-ville. Deux-milles habitants. C'était suffisant pour appeler un village, une ville.
Je sortis de mon véhicule et jetai un coup d'œil aux alentours. Dans une chance inouïe, je trouvai un petit bar appelé le Lys.
Je fermais ma voiture et marchai jusqu'au café. J'y rentrai et m'installai devant une fenêtre pour être sûr d'être vu. Ce bar sentait le vieux bois ciré et la viennoiserie. Ce mélange était à vomir. Je regardais ma montre,j'avais dix minutes d'avance. Un serveur vint vers moi et me demanda ce que je voulais.
-Un café corsé.
Je sortis mon Iphone et naviguai sur les chiffres de la bourse. Nos actions avaient augmenté de quelques dollars, mais en euros, c'était insignifiant.
-Bonjour.
Je relevai mon regard et tombai sur un corps frêle. Petite blonde à la taille fine et aux hanches larges. Elle ressemblait à une pin-up des années cinquante.Seuls ses vêtements l'ancraient dans notre siècle. Elle portait une chemise transparente noire qui laissait entrevoir son soutien-gorge.Cela n'avait étrangement rien de vulgaire. Nous étions début juillet et il faisait terriblement chaud.
Par-dessus, ce haut très féminin, elle portait une veste pied-de-poule. Cette dernière et ses lunettes lui donnaient un air de rat de bibliothèque.
Vraie intello ou fausse ?Dans tous les cas, elle était bien habillée pour un entretien.
Sinon, en bas, c'était un jean qui lui faisait une deuxième peau et des petites chaussures blanches, que toutes les minettes devaient avoir dans leur dressing.
Pour compléter sa tenue, elle avait un petit sac en daim marron, bon marché.
-Mademoiselle -dis-je entendant ma main.-
Elle serra ma main avec une force qui me surprit. Elle faillit me briser les os. Même lesPDG avec qui je traitais, n'avaient pas autant de poigne.
J'affichais un sourire, alors qu'elle me faisait mal.
Le serrage de main était très important pour moi. Je pouvais savoir si quelqu'un était faible ou non et elle, elle me semblait forte. Très forte.
Je l'invitai à s'asseoir et j'appelai un serveur.
-Un latte machiato, s'il vous plaît. -souria-t-elle-
Je la regardais à la volée pendant qu'elle regardait l'homme qui prenait sa commande. Ses dents blanches étaient alignées naturellement, ses yeux étaient cachés par ses lunettes et je ne pus voir la couleur de ses iris.
Elle se retourna vers moi et me sourit.
-Bien, avez-vous de l'expérience ? -la questionnais-je impatient d'en finir-
-Je pense que j'en ai_
-Vous pensez ?
Elle n'était pas sûre d'elle. Comment lui confier ma fille alors qu'elle n'avait pas confiance en elle ? Ce n'était pas un bon point. Notre discussion démarrait mal et je regrettais déjà d'être venu.
-Je n'ai certainement pas trente-cinq ans de carrière derrière moi mais j'en ai plus de trois. J'ai gardé des enfants d'un an à dix. Et j'ai même donné des cours.
C'était un point fort.L'apprentissage de leçon à des enfants était très difficile et il fallait un certain savoir-faire pour que la séance de révision ne parte pas en séance de torture.
-Vous avez fait quelle filière ?
-Pourquoi voulez vous savoir ?
« Parce que je vais vous confier ma fille et que vous êtes une inconnue » avais-je envie de lui rétorquer. Mais je m'abstins par politesse.
-Faites-vous partis de l'élite de la nation, les S ?
-Je vous demande pardon ?Je n'ai pas entendu ce genre de discours depuis dix ans. La filière nous aide, nous ouvre des portes mais nous pouvons nous-même les défoncer à coup d'épaule. Notre avenir ne tient qu'à nous.
Entreprenante, bien. Elle était intelligente et ne sous-estimait pas les autres. Il fallait toujours reconnaître les qualités des autres.
Mais le mot « défoncer »ne me plaisait pas. Elle était vulgaire et je préférerais que ma fille connaisse l'alphabet avant de savoir dire des gros mots. D'ailleurs, elle ne devra jamais les connaître.
-Bien, mais je veux savoir quand même.
-Scientifique mais je suis littéraire dans le cœur.
Dans le cœur ? Jeune innocente qui croyait encore que les hommes avaient un cœur comme elle. Je souriais intérieurement face à cette stupidité.
-Pas économiste ?
-Non.
Aucune explication. Bien.Un peu secrète à mon goût mais je n'aimais pas les pipelettes.
-Si ma fille faisait une bêtise, la gifleriez-vous ?
Elle me regarda avec de grands yeux et sa mâchoire se décrocha.
-La violence ne fait pas partis de mes méthodes de punition. Ce n'est pas à moi à faire cela. Si c'est votre façon de faire, très bien mais ne comptez pas sur moi pour frapper votre fille. Je suis entièrement pacifique.
-Une bonne correction n'a jamais fait de mal à personne. -répliquais-je-
-La violence n'a jamais résolu les problèmes. Ça ne fait que détruire.
Vu le ton qu'elle emploie, c'était de l'expérience vécue. Il allait falloir que je creuse sur sa vie intime.
-Avez-vous un petit-ami ?
Elle rougit et baissa les yeux.
-Je vous demande cela pour savoir si vous allez inviter des gens dans ma maison. C'est strictement professionnel. -déclarais-je solennellement-
Elle releva la tête et planta son regard dans le mien. J'avais l'impression qu'elle pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Je frissonnai.
-Je devrais déjà surveiller votre enfant, je n'aurais pas le temps pour surveiller un autre gamin. Et non, je n'ai pas de copain.
Aucune distraction. Parfait.
Mais pourquoi ? Elle n'avait pas d'amis ? L'hypothèse du rat de bibliothèque me paraissait bien plausible à cet instant.
Le serveur arriva et déposa sa boisson sur la table. Elle le gratifiait d'un merci et d'un sourire. La gentillesse incarnée. Avec le temps qu'a mis cet homme pour lui apportait son breuvage, ça aurait été moi, je faisais un esclandre.
Elle quitta ses lunettes et les rangea dans un étui.
Prévoyante. Pour l'instant, je ne lui voyais pas beaucoup de défaut.
-Vos lunettes, elles sont permanentes ?
-Oh non. Ce sont des lunettes de repos.
Elle me sourit de toutes ses dents. Pour une fois, ça n'avait pas le but de me séduire. Je sentis les coins de ma bouche se relevaient doucement.
Elle écarta une mèche de cheveux de son visage et je pus voir ses iris. Ils étaient d'un magnifique vert qui fonçait sur l'extérieur et d'une pointe de doré à l'intérieur.
Nous bûmes une gorgée de nos cafés, alors que je ne quittais pas ses yeux du regard.
-Savez-vous faire à manger ?
-Oui, bien-sûr. Je sais à peu près tout faire.
Elle avait un sourire en coin, ce qui trahissait son expérience en cuisine. Ses parents devaient être de piètres cuisiniers.
-Très bien. Pour ce travail, vous devez être prête à garder la petite à n'importe quelle heure. Vous devez être joignable jour et nuit.
Il m'arrivait partir en voyage d'affaires et je voulais être sûr qu'Amixiia soit entre de bonnes mains.
-Pas de problème.
-Avez-vous un moyen de transport ?
-Oui. En revanche, je dois vous dire quelque chose. -elle se mordit la lèvre inférieure- Je ne suis pas majeur.
Elle semblait jeune mais de là a être une adolescente !
-Votre âge. -dis-je avec une colère contenue mais perceptible dans ma voix-
-Dix-sept ans. -avoua t-elle-
-Cela ne va pas être possible -dis-je tout en me levant-.
-Y a-t-il eu une réponse qui ne vous a pas plu ?
Je pris quelques secondes de réflexion et finis par répondre:
-Non.
-Laissez-moi une chance -me supplia t-elle-.
Je détestais quand on me suppliait, cela avait tendance à me faire plus fuir, qu'aider.
Mais je me rassis. J'avais vraiment besoin de quelqu'un et c'était la seule candidate qui n'était pas nymphomane.
-Pourquoi voulez-vous ce travail ? Et ne me sortait pas la phrase clichée du « j'aime les enfants ». -demandais-je irrité-
-Sérieusement, j'ai besoin d'argent.
Elle regarda par la fenêtre en souriant nostalgiquement. Elle repensait sûrement à des moments de bonheur, s'enfonçant un peu plus dans un passé merveilleux, pendant que les rayons du soleil lui embrassaient sa peau de porcelaine.
Elle baissa son regard sur la tasse avec laquelle ses doigts jouaient. Ils n'arrêtaient pas de tourner le récipient dans sa coupelle, se glissant parfois dans l'anneau de la poignée. Puis la jeune femme en face de moi releva le visage et je croisais ses yeux.
- Et j'adore les enfants.
Elle émit un rire adorable. Une sorte d'excuse au fait qu'elle soit clichée mais sincère.
-Avez-vous une quelconque addiction ?
Elle prit son sac dans ses mains et j'eus peur qu'elle sorte son téléphone devant moi. Au lieu de ça, elle sortit une feuille et me la tendit.
-Mes analyses sanguines. Elles datent d'hier.
Je regardais les chiffres sans comprendre. Voyant ma tête, elle se leva et se pencha par-dessus mon épaule. Son parfum fruité me parvint aux narines et je tombai dans un gouffre d'une senteur enivrante.
-Les hématies sont bonnes. Je ne suis pas enceinte.
Elle m'expliqua ligne par ligne et je compris tout ce qu'elle raconta. Elle était monstrueusement intelligente et était surtout en bonne santé.
Elle refit le tour de la table et s'assit à sa place initiale. Je sentis un froid en moi et je frissonnai. Sûrement la climatisation.
-Cela vous convient ?
-Parfaitement. Je n'ai pas d'autres questions. Je vous enverrais un message pour vous confirmer ou non l'obtention du travail.
Elle hocha la tête et but d'un trait sa boisson. Elle se leva et je fis de même. Elle me tendit la main et je ne me gênai pas pour lui broyer ses phalanges. Mais elle serra plus fort que moi. Elle sourit.
J'avais l'impression qu'elle me défiait.
Elle alla payer sa boisson et sortit.
Pour une gamine de dix-sept ans, elle en avait dans le coffre. Elle avait la maturité d'une personne de mon âge.
J'allais au comptoir.J'interpellai le barman qui essuyait des verres tout en discutant d'un match de rugby avec, ce que je supposais être, un fidèle client. Il se retourna vers moi et déposa le bocal qu'il avait en main avant de balancer son torchon jauni sur son épaule.
-Combien je vous dois ? -demandais-je en sortant mon porte-monnaie-
-Rien du tout. La d'moiselle a déjà payé.
Là, elle me surprenait.La générosité ne faisait pas partis de mes critères mais ça jouait en sa faveur ...
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Salut à tous ! C'est reparti pour un tour (pour ceux qui me connaissent)
J'espère que ce début vous plaît.
Je voulais publier toutes les semaines mais samedi 12, je n'aurais plus mon ordinateur. Mais vous étiez tellement nombreux à me demander de publier cette partie que je l'ai fait .
BISOUS <3
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