– Les hommes d'autrefois disaient qu'une image vaut mille mots. Il ne me servirait à rien de tenter de te convaincre. Alors observe.
Le avra de Zensha s'intensifia. Le jeune garçon ne pouvait pas le ressentir, mais remarquait tout de même une certaine lourdeur, comme lorsque l'orage va se déchaîner après une chaude journée.

Des arcs électriques se mirent à tourbillonner autour du vieil homme, faisant office de bouclier, mais aussi d'arme. Malgré son âge avancé, cet homme possédait une puissance considérable. Ce tourbillon électrique ne cessa de croître, s'élevant vers les cieux et perforant le sol sous ses pieds. Dans un rayon de plusieurs mètres, la neige fondit, si bien qu'Akia put sentir cette chaleur le réchauffer et le protéger de ce froid si intense. 

Zensha continua à intensifier son énergie, encore et encore. Il s'éleva lentement dans les airs, majestueusement entouré par ses éclairs puis leva ses deux mains.
– Fulgur Crepitus !! Rugit ce dernier.
Dans un vrombissement assourdissant, de gigantesques éclairs sortirent de ses mains.
Ils pourfendirent les airs à la vitesse de la lumière vers le lieu désigné par Zensha.
Akia cligna des yeux avant que le vieillard ne lance son attaque, lorsqu'il les rouvrit, un gigantesque cratère s'était formé des centaines de mètres devant lui. Son cerveau analysa cette information et ne comprit véritablement ce qu'il s'était passé que lorsque l'écho de l'explosion revînt vers lui, à peine deux secondes plus tard. Le vieillard avait lui-même créé ce trou monstrueux. À nouveau posé sur le sol, il n'était même pas essoufflé. Pour Akia, ce qui venait de se passer sous ses yeux était digne d'une intervention divine.

– C'est... Balbutia-t-il.
– Voilà ce que les Jikiren sont capables de faire. Et encore, certains possèdent une puissance allant bien au-delà de la mienne. Ton professeur d'histoire Benkei, est un Jikiren lui aussi. Depuis le départ, s'il était sur cette planète, c'était dans le seul but de m'appeler lorsque je devrai te protéger à mon tour.
– C'est complètement insensé... mais je peux pas ne pas vous croire après tout ce que j'ai vu.
– Pour en revenir à tes parents, ils sont bien morts il y a plus de soixante ans. En affrontant Fumetsu.
– Fumetsu ?
– Justement, c'est pour lui que je suis là. Fumetsu ou le Phénix Azuré. Ce type est le plus grand meurtrier de tous les temps. Il a tué des milliards de personnes, dont toute ta famille. Ton grand-père, Fusahira, qui était pourtant le guerrier le plus puissant de l'époque, s'est fait tuer. Son fils, qui n'était autre que ton père s'est lui aussi fait tuer, il y a soixante ans, en même temps que ta mère.
– Attendez, mon père n'a jamais affronté ce type. À moins que ça soit celui que j'ai vu quand je suis rentré du collège. Il était mort à côté de lui.
– Ah ah ! Non, Fumetsu est bien plus terrifiant que ça. Mitsu et Asa-machin n'étaient pas tes parents. Mitsu était simplement le frère d'Ichiro. Avec sa femme, ils avaient pour but de t'éloigner de toutes ces choses. De t'éloigner de Fumetsu, de lui cacher ton existence.
– Euh... si vous ne m'aviez pas lancé votre sort bizarre, je serai déjà parti en courant mais, même là, j'ai du mal à vous croire, intervint le jeune garçon.
– Écoute moi juste, tu choisiras après ce que tu veux croire ou non. Je ne sais pas ce que vous appreniez sur cette planète, mais aujourd'hui, nous sommes en l'an 2616.

– Je le savais déjà ça.
– Bon, au moins, ils ne vous ont pas menti sur ça. Vers l'an 2200, la civilisation possédait une technologie bien plus avancée qu'à l'heure actuelle. Nous avons pu cependant en conserver certains morceaux. Crois le ou non, tu es né en 2534.
Alors qu'ils étaient en pleine guerre contre Fumetsu et ses armées, tes parents, Ichiro et Nijira t'ont posé dans le Ruptor Tempus. Une machine capable de complètement stopper le temps pour un être humain. En te plongeant dans une sorte de liquide, ton cœur a cessé de battre, tous tes organes ont cessé de fonctionner. Tu étais comme mort, on avait éteint la lumière en toi. Tu n'étais qu'un tas de matière organique. Soixante ans plus tard, soit il y a douze ans de cela, la machine a parfaitement rempli son rôle et a cessé de te maintenir dans cet état de mort artificielle. Elle t'a nourri par voie intraveineuse, et tu es né une seconde fois. Mistu et sa femme sont venus te chercher. Tu n'avais alors que quelques semaines, ils se sont occupés de toi comme pour un enfant normal jusqu'à aujourd'hui.

– Si on part du principe que je vous crois, même si je n'ai jamais entendu quelque chose d'aussi débile, pourquoi m'avoir enfermé comme ça ?
– C'est parce que le Phénix Azuré pouvait te repérer grâce à ton énergie, grâce à ton avra. Où que tu sois, il t'aurait trouvé. Il fallait que tu disparaisses. Le temps qu'il croît que tu sois mort. Aujourd'hui, il ne doit même pas savoir que tu existes.
– Il pouvait vraiment me repérer comme ça ? Même à l'autre bout de la Terre ?
– Cette histoire ne se limite pas qu'à ta planète. Fumetsu se trouve quelque part dans l'univers, à des millions d'années-lumières d'ici. Et pourtant, oui, il pouvait sentir un avra aussi faible que le tien. Il ne sent pas les avra de tout le monde à la fois, mais en se concentrant sur le tien, il aurait pu te détecter, où que tu sois.

– Je peux pas croire que mes parents ne soient pas mes parents. Ils ne m'ont jamais rien dit.
– On ne sait pas comment tu aurais réagi, il valait mieux que tu ne saches rien.
– Mais je comprends toujours pas pourquoi vous êtes là. Qu'est-ce que vous voulez ?
– C'est très simple : t'entraîner, pour que tu vainques Fumetsu.
– Ah, euh...
– Réfléchis-y. Tu n'es pas obligé d'accepter, mais si tu refuses, tu n'aura nulle part où aller, personne vers qui te tourner.
Akia pensa à cette proposition. Il devait prendre une décision qui changerait le cours de sa vie en aussi peu de temps.
– Mais qu'est-ce qui vous prouve que moi je pourrais le vaincre ce Fumetsu si personne n'y arrive ?
– Absolument rien. Mais tu es tout de même le fils de la seule famille qui a réellement réussi à lui causer du tort. Et tu ne t'en rends peut-être pas encore compte, mais tout, autour de toi, longtemps avant ta naissance a été orchestré afin que tu mettes fin à son règne.
– J'aurais envie d'accepter, mais je ne sais pas dans quoi, je m'engage.
– Rentrons, je te laisse deux heures pour réfléchir. Si tu refuses, je te ramènerai aux autorités de ta planète en disant que je t'ai trouvé abandonné. Sinon, tu viendras avec moi.
– Je pense que je vais accepter, mais parlez-moi un peu de mes parents avant.
Un sourire en coin se dessina sur le visage du vieillard.

– Je suis ton père Akia.