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CHAPITRE 6 : 15 OCTOBRE 1/3

La pluie londonienne martèle mes fenêtres depuis trois heures du matin, chaque goutte résonnant comme un reproche dans le silence de l'appartement. Je n'ai pas dormi. Comment le pourrais-je ? C'est une de ces nuits où même les somnifères semblent impuissants face à l'immensité de l'absence. Sur ma table de nuit, la tasse de camomille que j'ai préparé plus tôt est froide, intacte.

Je serre contre moi le vieux pull gris de Will, celui qu'il portait lors de notre première sortie sous la pluie londonienne. Les taches de peinture bleue sur les manches racontent notre histoire : celle-ci, près du poignet, date du jour où il essayait de capturer la couleur exacte de mes yeux. Celle sur l'épaule vient de notre première dispute, quand j'ai accidentellement bousculé son chevalet. Chaque marque est un souvenir, et chaque souvenir devient plus douloureux à mesure que son odeur s'estompe du tissu.

Le plafond que je fixe depuis des heures porte encore la trace du projet fou de Will : peindre une constellation à la peinture phosphorescente, "pour que tu aies toujours les étoiles à portée de main", disait-il. La peinture s'est estompée depuis, comme tout le reste.

L'aube arrive lentement, transformant Londres en une aquarelle vivante que Will aurait passé des heures à essayer de capturer. Les immeubles victoriens de Notting Hill se fondent dans la brume matinale, leurs façades ruisselantes évoquant les larmes que je n'arrive plus à verser. Un couple court s'abriter sous l'auvent de la boulangerie d'en face, riant sous leur parapluie partagé. Je détourne le regard - leur bonheur est comme un miroir de ce que j'ai perdu.

C'est alors que je la vois : l'enveloppe, glissée sous ma porte comme un fantôme de papier. Le coin est déjà humide, le papier gondolé par l'humidité ambiante. Je reconnais immédiatement l'écriture sur l'enveloppe - penchée vers la droite, pressée comme s'il avait toujours peur de manquer de temps pour dire tout ce qu'il voulait dire.

"Il pleut," commence simplement la lettre.

Ces deux mots déclenchent en moi une tempête d'émotions si violente que je chancelle. La colère monte, inattendue, brûlante. Comment ? Comment ose-t-il encore deviner le temps qu'il fait ? Comment ses mots peuvent-ils continuer à me toucher aussi profondément alors qu'il n'est plus là ?

Dans un geste que je regrette instantanément, je lance la lettre à travers la pièce. Elle vole comme une feuille morte avant de heurter une de ses dernières aquarelles - celle qu'il avait peinte depuis sa chambre d'hôpital, représentant la vue sur la Tamise un jour de pluie. Le verre du cadre se brise en une constellation d'éclats qui s'éparpillent sur le parquet comme autant de larmes gelées.

Le bruit du verre brisé résonne dans l'appartement comme un écho de mon cœur en morceaux. Je reste figée, regardant les éclats scintiller dans la lumière grise du matin. L'aquarelle elle-même est intacte - une petite miséricorde dans ce moment de chaos. Sur le papier, les tons de bleu et de gris se mélangent avec la même douceur que ce jour-là, quand Will, trop faible pour tenir correctement son pinceau, m'avait fait promettre de toujours chercher la beauté, même dans la grisaille.

Le téléphone vibre sur la table basse - Oliver. La photo qui s'affiche me serre la gorge : nous trois au vernissage de la dernière exposition de Will à la Tate. Lui au centre, rayonnant malgré la fatigue évidente de la chimiothérapie, son bras autour de mes épaules. Oliver sur sa gauche, riant à une de ses blagues. C'était quelques semaines avant que...

J'ignore l'appel. Les mains tremblantes, je ramasse la lettre parmi les débris de verre. Quelques gouttes de pluie se sont infiltrées par la fenêtre mal fermée, créant sur le papier des auréoles qui ressemblent à des larmes.

"Il pleut, et je sais que tu détestes ces jours-là maintenant", continue Will. "Ces jours où même le ciel pleure avec toi, où Londres devient cette immense toile de mélancolie que je n'aurai jamais le temps de peindre. Tu es probablement assise dans notre fauteuil vert, celui qu'on a sauvé de cette brocante à Portobello Road, serrant mon vieux pull contre toi comme un bouclier contre le monde. Je te connais, mon amour. Je te connais jusque dans ta façon de porter le chagrin."

Un sanglot m'échappe, résonnant étrangement dans le silence de l'appartement. Sur la table basse, mon thé du matin refroidit, préparé par habitude - Earl Grey, deux sucres, beaucoup trop de lait. Depuis sa mort, je continue de faire deux tasses chaque matin. La sienne reste pleine, témoin silencieux d'une routine que je n'arrive pas à briser.

"Mais rappelle-toi," poursuit la lettre, son écriture devenant plus pressée, comme s'il avait peur de ne pas avoir le temps de tout dire, "rappelle-toi ce que nous faisions sous la pluie. Ces moments où le monde entier semblait se réduire à nous deux, dansant comme des idiots près du London Eye. Ces défis absurdes que tu me lançais - faire sourire au moins dix passants moroses, inventer des histoires pour chaque parapluie coloré que nous croisions."

Les souvenirs m'assaillent avec la force d'une vague. Will, chantant "Singing in the Rain" avec son terrible accent cockney, tournoyant autour des lampadaires comme un Gene Kelly maladroit. Moi, riant tellement que j'en avais mal aux côtes, oubliant même que la pluie trempait mes vêtements.

"Ta mission aujourd'hui te semblera impossible," continue la lettre, l'écriture de Will devenant plus tremblante, comme si même sa main avait hésité en écrivant ces mots. "Tu vas vouloir la déchirer, cette lettre. Tu vas me maudire, me détester peut-être un peu. C'est normal, mon amour. La colère fait partie du voyage, comme la pluie fait partie de Londres."

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