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On venait de rentrer à la maison après avoir été chercher mon père. Il se trouvait chez ses amis pour faire une soirée 'entre garçons' pouvant se résumer à de la malbouffe, de l'alcool, des jeux vidéo et, le connaissant, des discussions sexistes. Il s'était fait enlever le permis un ou deux mois plus tôt et le fait d'être dépendant de ma mère l'énervait de plus en plus chaque jour.

Fortement alcoolisé et criant à chaque mouvement qui ne lui plaisait pas, il m'avait envoyée prendre ma douche. Je n'avais pu m'enlever de la tête l'idée qu'il en profitait pour lui faire du mal. Le coup fatal m'angoissait. Je m'étais donc dépêchée de me laver. Alors qu'il me restait toujours un peu de shampoing, j'étais sortie de la baignoire à toute vitesse. Je m'étais habillée et m'étais séchée les cheveux en frottant de toutes mes forces avec une serviette pour éviter que les gouttes d'eau sur le sol ne l'énervent encore plus.

Sur le point de sortir, j'avais essayé d'ouvrir la porte mais mon père l'avait verrouillée en partant. Les cris de ma mère mélangés aux siens avaient alors commencé et se développaient crescendo. À l'époque, je devais faire un mètre quarante pour une trentaine de kilos, ce qui était plutôt normal pour mon âge. Néanmoins, face à une porte, je partais perdante.

J'avais foncé dans la porte pendant une dizaine de minutes. Malgré sa fine épaisseur et ses composants aussi friables qu'une feuille de papier, mon bras était devenu bleu et la porte était toujours debout. J'avais continué avec les pieds, mettant tout mon poids sur la jambe en question, mes cris se mêlant à la cacophonie persistante. La porte avait cédé alors que les cris s'estompaient et cessaient petit à petit de résonner dans ma tête. Avec mes dernières forces, je m'étais rendue dans la chambre parentale.

Mon père était en train de sortir de la chambre, le sang goutant de ses phalanges d'une couleur aussi foncée que son visage. Ses mâchoires s'étaient contractées quand il avait réalisé que je m'étais enfuie de la salle de bain. L'état de la porte l'avait rendu davantage furieux. Il m'avait alors attrapée par le bras, déjà meurtri par la porte. Mes jambes trainaient sur le sol et la fatigue physique était telle que ma tête malléable percutait ma clavicule.

La douleur s'était répandue dans mon corps comme une goutte de peinture dans de l'eau mais je découvrais l'abandon de soi-même. Je me laissais faire, mon regard se vidant autant que mon esprit. Je m'imaginais être quelqu'un d'autre, vivant une autre vie, heureuse. En réalité, je n'étais que du vide...

Alors qu'on arrivait au niveau des escaliers, ma mère était sortie de la chambre. Je me rappellerai toujours son visage abimé, ensanglanté et surtout fatigué. Elle avait péniblement atteint le milieu du chemin entre nous deux qu'elle commençait déjà à faiblir. Elle s'était appuyée contre la rambarde du premier étage et avait commencé, aussi calmement que possible, à lui demander de me reposer.

Sur le moment, les images que percevaient mes yeux ne percutaient pas ma conscience. Cependant, au fur et à mesure que le temps passe, ce souvenir revient fréquemment, essentiellement quand je repense à son vécu, à ce qu'elle a enduré sur Terre. Ces sentiments d'impuissance et de fragilité qui avaient émané d'elle à ce moment précis ne cessent de me percuter, même après une douzaine d'années. Elle avait l'air si triste...

Je m'étais réveillée dans une chambre d'hôpital. Ma mère m'avait racontée plus tard que je m'étais évanouie suite à la douleur. Je n'avais pu continuer à la subir et, après réflexion, je ne peux toujours pas. Au moment où mon père m'avait lâché le bras, « ton petit corps tout mou », m'avait-elle dit, était tombé dans les escaliers. Ils avaient alors appelé une ambulance et m'avaient fait des bilans complets, au cas où un traumatisme crânien, ne serait-ce que bénin, se soit créé durant ma chute.

Une dizaine de minutes plus tard, mon père s'impatientant avait appelé une infirmière. Elle nous avait demandé de patienter puis un médecin avait débarqué dans la chambre, essoufflé, pour me donner le diagnostique. Particulièrement gentil, il m'avait fait une petite blague et avait demandé à me parler. Charismatique, un regard insistant avait suffi pour que la pièce se vide. Avec des mots qu'une petite fille de mon âge pouvait comprendre, il m'avait expliqué mon endolorissement au bras – désormais dans une écharpe d'immobilisation noire et bleue – et mon entorse à la cheville.

Les explications furent interrompues alors que mon géniteur nous rejoignait, prétextant s'inquiéter. Après m'avoir glissé un coup d'œil me glaçant toujours autant le sang, il s'était assis sur le siège prévu pour les visiteurs et avait demandé à ce qu'on parte. Au moment où j'avais agrippé de ma main libre le siège pour m'aider à me relever, l'homme s'était raclé la gorge et avait déclaré avoir besoin d'une dizaine de minutes supplémentaires. J'avais obéi. Mon cerveau s'était concentré sur les tapotements des pieds de mon père sur la moquette, signe de son agacement.

« Monsieur. Votre fille présente des bleus sur l'ensemble du corps et je m'inquiète pour sa santé. »

Serait-ce la fin de ce calvaire ? Enfin ? Alors que mes yeux brillaient d'espoir à ce moment, mon cœur est désormais brisé. Se redressant sur son siège, un air faussement surpris, un visage fallacieusement triste, il avait immédiatement prétexté que la chute avait été malheureusementviolente. Se retrouvant devant une expression perplexe, il s'était exclamé, bizarrement se rappelant que j'avais eu quelques problèmes avec un camarade de classe mais que cette histoire avait été réglée avec l'établissement.

Le docteur s'était tourné vers moi, comme dans l'attente d'une confirmation de ma part. Je me rendis compte de la présence du bras dans mon dos quand il attrapa un bout de ma peau entre son index et son pouce et s'était mis à tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. Un supplice. La mâchoire serrée, mon cerveau le suppliant d'arrêter, mon cœur s'accélérant, ses doigts continuant sa rotation, ma tête hochant de haut en bas.

Puisqu'il ne fallait surtout pas qu'une personne s'aperçoive du visage « foutu », comme il aimait le décrire, de ma mère, elle ne m'avait pas accompagnée à l'hôpital. Une fois qu'elle fut finalement sortie du placard à balais fermé à clé de l'extérieur pendant l'intervention des ambulanciers, je m'étais silencieusement effondrée dans les bras de ma mère lorsqu'on fut rentrés. Je lui avais donc tout raconté alors que nous passions la soirée entre mère et fille.

Toutes les dix minutes, elle m'avait demandé comment je me sentais. Alors que les réponses suivantes étaient identiques, la première fut, avec un grand sourire aux lèvres, que j'avais fait « comme dans les films ou la série qu'on regarde dans l'hôpital ». Ma mère avait rigolé, en fronçant les sourcils, sa joue douloureuse, et m'avait embrassé le front, après m'avoir dit que j'étais une enfant particulière mais que je restais quand même la meilleure et la plus forte petite fille que ce monde pouvait contenir. Les larmes montent encore au souvenir de ces mots...

Quelques jours plus tard, on avait reçu un appel d'une assistante sociale demandant à me voir le plus rapidement possible, seule à seule, dans son bureau. Mon père s'était énervé mais pour la première fois, dès qu'il avait raccroché jusqu'au rendez-vous, s'était défoulé contre le mur. Ma mère devait être assez en forme pour continuer à être son chauffeur et je ne devais pas avoir une marque récente sur le corps pour le rendez-vous.

Un sourire encourageant mais les mains se rongeant les ongles, ma mère m'y avait déposée. Sur le pas de la porte, le regard froid m'avait rappelé ses doigts pivotant sur ma peau. J'avais un souvenir assez flou de l'assistante sociale m'ayant reçue mais l'ambiance de la pièce était inoubliable. Je m'y étais sentie bien, à l'aise. Moins bien que quand je me trouvais dans les bras de ma mère lors des absences de mon père. Mais l'ambiance était agréable. Saine. Elle m'avait alors posé une petite trentaine de questions, sur mes conditions de vie. Je m'étais plongée dans la peau d'une enfant normale de mon âge, dans la vie que je rêverais avoir, un sourire cousu à mes lèvres, les réponses parfaites en sortant.

Elle m'avait ensuite demandée de me déshabiller et avait examiné mon corps et notamment mes bleus, s'effaçant de par leur vieillesse. J'avais ressorti les mêmes excuses que mon père chez le médecin. Poussant un soupir – non d'exaspération mais de contrariété je pense –, elle avait ensuite passé une dizaine de minutes à taper sur son ordinateur. Elle s'était ensuite levée et m'avait raccompagnée dans la salle d'attente, avant de me serrer la main et prendre son prochain rendez-vous. Je ne l'avais plus jamais vue.

Ce jour-là, j'avais compris que se taire n'était pas forcément la meilleure des options...

J'aurais pu sauver ma mère de ses griffes. 

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