Kotatsu
-Que dirais-tu de te laver? Demande-t-elle alors. Je vais te faire couler un bain.
-C'est que... je n'ai que ces vêtements, et...
-Eh bien je t'en prêterais! Je suis sûre que tu trouveras ton bonheur dans les affaires de Nami. Elle n'est jamais là, de toute façon.
-M-Merci beaucoup. Une douche suffira.
-Ooh, non, ton corps est tout endolori par les crampes. Il te faut une douche pour te débarbouiller, puis un bon bain pour te détendre. Arrives tu à te lever? Je vais le faire couler pendant que tu mange.
-Oh, je pourrais manger de mon côté ne vous en faites pas...
Elle me regarde droit dans les yeux avec une expression de déception.
-Mrooo, je t'ai dis de ne pas me vouvoyer... et je ne te laisserais pas repartir tant que tu n'auras pas manger quelque chose, sinon tu vas tomber d'inanition avant même de sortir de la rue.
Elle sort de la chambre avec son plateau et ses deux tasses, et je l'entends descendre. Je me lève difficilement. Elle a raison: tout mon corps est endolori par courbatures et crampes. Chaque muscle est douloureux, et je mets pas moins de 30 secondes à réussir à me lever. Immédiatement, je me rends compte de l'urgence de la situation. J'ai vomi et sué pendant presque deux jours en portant ce vieux t-shirt, et l'odeur s'en fait... quelque peu sentir. Je me demande si le bain ne devrait pas venir avant le repas, mais le gargouillement de mon ventre me dissuade de considérer cette option. Je pose un pied sur le sol, et pour la première fois, son contact me fait réaliser qu'il ne s'agit ni de parquet ni de carrelage, mais d'une sorte de tressage de plantes ou de tiges. Ce n'est pas inconfortable, et plutôt chaleureux, mais c'est la première fois que je vois quelque chose comme ça. Je marche jusqu'à la porte coulissante que j'ai entendu s'ouvrir tellement de fois. Elle est constituée de cadres en bois sur lesquels sont tendues des feuilles translucides, et coulisse le long du mur pour s'ouvrir ou se fermer. Hors de la chambre, je me retrouve dans un minuscule couloir sombre décoré de nombreux bibelots malgré le peu d'espace disponible, qui donne sur trois petites pièces en dehors de celle où je me trouvais. Malgré la petite taille de ma chambre, il semblerait en jetant un coup d'oeil dans deux des autres, que j'ai la plus grande. La maison semble très petite, et le petit escalier biscornu et grinçant me permettant de descendre me conforte dans cette idée. J'ai la sensation de me trouver dans une maison japonaise, mais de faible facture; je regarde des anime, et j'en ai déjà vu un grand nombre, mais les maisons traditionnelles ont des grandes pièces, ne portent que sur un étage, et son blanche et froides. Ici, au contraire, malgré l'influence manifeste de la culture nippone, tout est petit, serré, et coloré.
Chaleureux.
C'est le mot.
Chaleureux.
-Tu dois bien manger pour être en forme! M'interpelle la petite voix de Moe quand j'arrive en bas de l'escalier, sur la même sorte de sol que dans la chambre à l'étage.
Elle m'observe, assise sur un coussin posé au sol devant une étrange table basse dont les côtés sont recouverts par une couverture.
-Qu'est ce que c'est que cette table? Dis-je.
Le visage de Moe s'illumine.
-Toi aussi t'as pas de kotatsu chez toi? Mes copines non plus! Alors je les ai invitées pour qu'elles l'essaient avec moi, et elles ont adoré. Mais leur parents veulent pas en acheter parce qu'ils sont méchants.
-Mais à quoi ça sert, surtout?
-Viens, viens, tu vas voir.
Je viens à côté d'elle, et suis ses instructions.
-Tu t'assois et tu mes tes jambes sous le kotatsu.
-Sous la couverture?
-Oui. Attention avec les pieds, il y a déjà les miens et deux chats en dessous.
Je m'assois sur un coussin et glisse mes jambes sous la couverture bordant la table basse, et sens soudain un forte chaleur me réchauffer les pieds.
-C'est... une table chauffante. Dis-je. J'en veux une pour cette hiver.
-Il faut demander à ta maman, alors. Se contente de dire Moe en glissant sous la table, avant d'en ressortir avec un gros chat dans les bras.
Le chat, d'ailleurs, ne semble pas vraiment d'accord avec le fait d'être éjecté du kotatsu et le fait comprendre avec un faible miaulement. C'est un bon gros chat gris à longs poils, qui ronronne comme un moteur d'avion dès que Moe la repose sur ses genoux et se met à la caresser.
-Il y a un autre chat en dessous? Dis-je.
-Oui, mais elle a mauvais caractère, si tu la touche elle va te mordre les doigts de pieds.
-Ah...
Je rétracte un peu mes jambes sous la table, assez peu motivée à l'idée de faire la rencontre de cette bestiole cachée sous le kotatsu.
-Je vois que tu découvres les plaisirs du Kotatsu même à 10h du matin. S'exclame la voix amusée d'Aki dans mon dos. Ton bain est en train de couler, que désire tu manger?
-Euh... ce que vous avez.
-Je vais te donner des céréales et du pain comme Moe, alors.
-Oh! Très bien.
J'ai failli dire à voix haute que je m'attendais à quelque chose de plus typique, mais c'est le meilleur moyen de paraitre absolument raciste et déplacée. Tu as évité de faire encore une connerie, Jade, bien joué!
-Tu ne mange pas, Aki? Dis-je.
-J'ai déjà mangé quand je me suis levée ce matin. Répond-elle simplement en m'apportant un bon de céréale accompagné d'un verre de jus d'orange, qu'elle sert également à la petite fille.
-Il est 10h, du coup? Tu ne vas pas à l'école, Moe?
-Mais on est mercredi. Répond la petite comme si c'était la chose la plus évidente du monde.
Bien évidemment, j'ai complètement zappé que j'ai passé une journée entière dans le collimateur, hier. On est déjà Mercredi... j'engouffre mes céréales à toute vitesse, sous le regard admiratif de Moe qui essaie de suivre mon rythme, mais faillit s'étouffer à plusieurs reprise. Finalement, elle reprend un rythme normal en laissant échapper:
-Je te laisse être la première cette fois seulement.
-Trop aimable.
Je me lève, et un frisson parcourt mes jambes quand je les retire de la douce enceinte du kotatsu. Arg. J'aimerais bien rester dessous, au final...
-Ton bain est prêt, Jade! M'interpelle Aki.
Je suis sa voix, et fait coulisser une nouvelle porte, mais je me retrouve alors dans la cuisine. Je fais demi tour en pensant m'être trompée, quand la voix de la serveuse me rappelle.
-Non, c'est bien par ici!
Je vois sa tête dépasser d'un panneau coulissant au bout de la cuisine, dans une salle de bain qui semble bien plus moderne que le reste de la maison. Le sol est plus bas et en carrelage, une petite douche italienne trône sur le bord de la pièce ainsi qu'une imposante baignoire remplie d'eau fumante. Elle veut me faire bouillir, ou quoi?
-Douches toi d'abord, ça laissera le temps à l'eau de refroidir un peu. Je t'amène une serviette et des vêtements de rechange.
-C'est... neuf, ici.
-Mmm? Oh, oui, mes grands parents ont fait construire cette extension il y a... 10 ans, je pense? Avant, ils allaient aux bains publics, au bout de la rue, mais ça s'est révélé plus pratique pour quand tout le monde venait dormir d'avoir une salle de bain.
-Oh... je vois...
Je n'ose pas poser la fameuse question: où sont les grands parents maintenant. J'y pense tout en me déshabillant et en me glissant sous l'eau chaude de la douche. Je suis dans cette maison depuis deux jours, et en deux jours, je n'ai vu que Aki s'occuper de moi. Ses parents sont peut être venus lorsque je ne me rendais pas bien compte de ce sui se trouvait autour de moi? Ou alors m'a-t-elle cachée, sachant les histoires de drogue que je porte?
J'ai le sentiment que rien de tout ça n'est correct. Quatre soeurs vivent dans une maison, qui a visiblement appartenu à leurs grand-parents. Les parents ne semblent nulle part. Tout cela présage d'une situation familiale plutôt bordélique...
Mais tous ces questionnements me quittent lorsque j'entre dans l'eau chaude du bain.
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