Histoire de famille
Et Chantal tient sa promesse. Aussitôt que nous avons fini de remettre un peu d'ordre dans la salle à manger, elle nous entraîne dehors où les voisins ont déjà installé des tables sur la place du konbini, et discutent joyeusement tout en mangeant les plats chauds proposés en libre service et en buvant des boisson visiblement brûlantes proposées par un homme en tenue de prêtre malgré la fraîcheur de la soirée.
-Aki... ne va pas venir? Dis-je d'un air incertain.
-Elle dort. Commente Satsuki.
-Elle a encore trop travaillé tout ce mois ci! Éructe Chantal, tout en saluant certains des voisins. Jvous jure, je me demande si je vais pas rester un mois de plus, et...
-Non, tu devrais rentrer chez toi. La coupe Satsuki. C'est plus calme quand tu es pas là.
Puis, la petite s'éloigne vers les tables et se sert à manger.
-Rha jvous jure cette petite, elle a mon franc parler! S'exclame Chantal. Quand elle parle, en tout cas. Deux amazake, s'il vous plaît, Yato-san.
Le prêtre lui sourit et nous sert deux verres de son liquide chaud dans des gobelets.
-Qu'est ce que c'est?
-De l'amazake, il fait écouter petite! Une sorte de vin chaud franchement pas mauvais. Ça a des bons points, le japon.
-Vous... tu sembles connaître beaucoup de monde, ici. Tu viens depuis la naissance d'Aki?
-Pas du tout! Déjà, c'est la maison de leurs grands parents dans laquelle elles vivent, leur parents vivaient dans un appartement pas très loin, dans le 8e, mais rien a voir avec l'ambiance de ce quartier. Et puis je ne connaissais pas encore cette famille quand Aki ou Nami sont nées.
Face à mon regard intrigué, elle se frappe la tête.
-Ne mdis pas que tu ne sais pas que ces deux là n'ont pas le même père que les deux ptiotes...
-Qu--Quoi? Euh... eh bien, je me suis posée la question à un moment, mais...
-C'est un sujet plutôt tabou à la maison, c'est sûr. Commente la vieille femme. Non, moi, je suis la grand mère de Satsuki et Hataru, mais pas celle de Nami et Aki. En tout cas, pas par le sang. Mais ça fait bien longtemps qu'on a décidé de mettre ça de côté. Toutes les petites portent le nom de famille de leur mère, mais n'ont pas le même père.
-Vous pouvez me parler un peu de... la famille Tsukino avant le drame? Aki en parle peu, Satsuki ne parle pas, et Moe était... un peu jeune.
-Bien sûr... déjà, il y avait mon fils. Marc-Olivier. C'est pas un nom très courant, mais au moins, il était le seul à le porter! On le surnommait Marco... aaah, mon Marco. Je me suis jamais bien entendue avec mon mari, et j'ai été une mère un peu sévère pour lui, mais c'était... un vrai petit ange. Gentil, attentionné, il avait toutes les qualités. Je sais que toutes les mères disent ça de leur enfant, mais moi, c'est vrai!
Je ris en l'entendant dire cela, alors que nous commençons à nous diriger vers le parc où les gens font déjà la queue devant le temple pour faire leur offrande du nouvel an.
-Puis il y avait Emi, sa femme... la mère des quatre petites. Un vrai petit bout de femme. Elle avait le caractère de Moe et Nami, toujours énergique et prenant les choses trop à cœur. C'était assez différent de mon calme Marco, qui a plus donné son caractère introverti à Satsuki. Emi était toujours très agréable, même si on ne s'entendait pas sur tout. Elle adorait ses filles, et ses filles l'adoraient toutes. Quant aux deux vieux, Takumi le grand père et Chiyo la grand mère... nous étions très bons amis. Takumi était un peu rude, c'était un artisan, mais il avait un franc parler qui me plaisait bien et nous discutions beaucoup. Chiyo était plus posée mais aussi plus sage. Elle était furieusement intelligente, et c'est Aki qui en a le plus hérité - quoique Satsuki aussi. Tu savais que, sans toute cette histoire, Aki serait probablement rentrée dans les plus grandes écoles d'Ilica? Elle était brillante! Mais... elle a tout lâché pour s'occuper de ses sœurs quand cet accident a eu lieu. Elle venait d'avoir son examen de fin de lycée... c'est triste.
Un silence tombe. Nous continuons de faire la queue devant le temple, et mille questions traversent mon esprit, mais une seule en particulier vient à mes lèvres.
-Et... le père de Nami et Aki?
-Aaah... grand mystère. C'était tabou à la maison, et je n'ai jamais su beaucoup de choses à son sujet, mais... j'ai ma petite idée à son sujet, et Marco n'était pas très bon à garder des secrets. Il s'appelait... Nikolai, je crois. Un Norvégien pour lequel Emi est tombée en amour assez jeune, alors qu'il était plus vieux. Mais il est "parti" à peine quelques mois après la naissance de sa deuxième fille, Nami. La vérité, c'est qu'il aurait été un mari très violent, et que Emi se serait enfuie avec ses filles pour les protéger. Mais en tout cas, leur filiation se voit bien à leur apparence. Elles sont bien moins typées asiatique que leur mère ou leurs sœurs, et ont les cheveux blond platine que leur père avait probablement.
Je me souviens de la photo dans laquelle on voit Nami et ses longs cheveux aussi blonds que ceux d'Aki. Je sais en effet peu de choses sur cette petite famille, finalement... et elle cache peut être encore d'autres choses, tout comme je cache tant de choses inavouables et trop douloureuses. Mais nous arrivons au niveau de l'autel.
-Tu fais comme ceci: tu jettes une pièce, puis tu claques deux fois des mains avant de te prosterner légèrement et de formuler ton vœu. M'explique Chantal. Quand tu as fini, tu claques deux fois des mains à nouveau, et tu fais sonner la cloche avec la grosse corde.
Je m'exécute, mais au moment de faire un vœu, je ne sais lequel faire. Il y en a tant! Que Diana réussisse à porter plainte... qu'Elodie réussisse enfin à se débarrasser du souvenir de ma sœur... que mes souvenirs cessent de me hanter... qu'Aki aille mieux...
C'est cette dernière possibilité qui retient mon attention. Je concentre toute mon attention sur mes souvenirs du sourire d'Aki, de sa chaleur lorsque nous avons partagé son futon, du bonheur que j'ai eu à chaque fois que je me retrouvais dans sa petite maison. Je prie de toutes mes forces pour qu'elle se porte mieux. Car tant qu'elle va bien, je sais que je pourrais me relever de n'importe quoi rien qu'en me retrouvant avec elle, sous son toit... et tant que je suis debout, je sais que je pourrais faire en sorte de régler les autres problèmes qui se lèvent devant moi.
Je claque deux fois des mains et secoue les grelots. Je ne suis pas vraiment croyante... mais je crois que mon vœu va marcher. J'y crois dur comme fer.
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