Encore
-Haha... hahahaha!
Le rire fou de Robin parvient à peine à me faire oublier la sensation de dégout et de répulsion qui m'emplit. Il est rentré. Il... me viole. Comme il l'a déjà tant fait. Et quand il en aura fini, il en fera autant avec Nami. Et puis il reviendra à moi. Encore. Et encore. Et encore. La spirale n'a pas disparu. Je me suis simplement jetée dedans. Je suis retournée m'enfermer en enfer...
"Encore..."
Une petite voix chuchote au fin fond de mon esprit embué, alors que Robin continue de s'affaire à grands coups de rein sur mon corps inerte. Quelle... quelle est cette douce voix? Je ne saurais le dire... mais j'aimerais l'entendre une nouvelle fois.
"Encore."
Un doux parfum l'accompagne, ainsi qu'une sensation de chaleur qui me prend au cœur. Un toucher de soie, et un goût sucré... toute une palettes de sensations qui me ramènent toutes en un seul point. À cette voix. Cette voix qui continue inlassablement de me susurrer...
"Encore. Encore."
Cette voix... c'est celle d'Aki. Oui... ces mots qu'elle a prononcé pas plus tard qu'hier, alors que nos corps se mélangeant, que nos lèvres dansaient, que nos langues s'emmêlaient... dès que j'avais un doute, elle me disait:
"Encore"
Quand je n'étais plus sûre de rien, elle me poussait à aller de l'avant.
"Encore"
A-t-elle une seule fois abandonné depuis que je l'ai rencontré? Non. Fidèle à son credo, Aki me dit d'aller de l'avant. De ne pas m'arrêter. De ne pas m'abandonner. De me battre.
Aujourd'hui, je ne suis plus désarmée. Je ne suis plus perdue, je ne suis plus aussi fragile. Aujourd'hui, je ne suis plus une enfant. Je suis une femme. Je ne peux pas simplement me dire que j'ai échoué, et rester là à rien faire. Non... j'ai décidé que je voulais, rien qu'une fois, entendre à nouveaux sa voix me chuchoter d'aller de l'avant à l'oreille. Et puis, au diable: pourquoi une seule fois? Je veux entendre Aki me le chuchoter tous les soirs de ma vie, jusqu'à ce que les vents dispersent mes restes dans les cieux.
Je ne retournerais pas en enfer. J'y suis déjà tombée. Et je sais que la chance que j'ai eue de m'en relever, je ne l'aurais pas deux fois. Un sourire se dessine sur mon visage...
-Pourquoi tu souris, hein? Ça t'amuse, peut être? Crie Robin à qui veut l'entendre. Je n'y vais pas assez fort, peut être. Oui, c'est probablement ça... ooh, que tu m'as manquée, petite chatte, hahaha...
Mon étrange sentiment a disparu. Je me sens parfaitement lucide, mais mon corps, lui, est toujours comme engourdi... je ne sens plus autant la douleur qui me ravage le dos, et le ravagement tapageur de mes intérieurs par Robin me semble si lointain. Une poussée d'adrénaline, peut être... mes mains sont toujours prises, mes jambes sont tenues par ses mains grasses et honnies. Que me reste-t-il pour vendre chèrement ma peau? Probablement rien d'autre que mes dents.
Je saisis a pleine bouche le goulot d'une des bouteilles que j'ai brisées en chutant. La douleur est si insignifiante que je peux me mouvoir à nouveau. Alors, d'un violent coup de rein circulaire, je libère une jambe de son emprise, en l'envoie virevolter vers son visage.
Cette fois ci, c'est touché. Le choc de mon pied contre sa mâchoire se répercute dans ma jambe, mais la douleur reste toujours absente. Le choc l'envoie en arrière, me libérant de sa possession charnelle. Sans en attendre plus, je me retourne et me jette en avant vers lui. Plus rien ne le sépare des bouts tranchants de verre que je destine à lui planter là où je peux, avec le plus de force possible. Qu'un tel monstre puisse seulement rester en vie me révulse. Le remettre à la justice? Belle blague!
Un être aussi abject ne mérite même pas de procès, simplement une corde au bout de laquelle pendre, ou, le cas échéant, quelques tessons de bouteille dans le...
-POLICE PERSONNE NE BOUGE.
Un grondement soudain vient m'interrompre à mi course. Déséquilibrée, incapable de me rattraper, je vais m'écraser dans un tas de vieux vêtements puants, ayant raté ma cible de loin.
Pendant quelques instants, tout m'est invisibles, et je ne peux que me fier au bruit étouffé qui parvient à mes oreilles alors que je tente vainement de m'extraire des linges puants - ce qui se révèle très difficile sans l'aide de mes mains. Finalement, des mains secourables viennent m'extirper de ma prison olfactive. Je me retrouve face à face avec un homme intégralement cagoulé, vêtu d'un gilet pare balle, et d'un casque plus qu'impressionnant, qui me jauge avant de me demander:
-Comment vous sentez vous?
-Eh bien... j'ai été mieux, disons.
-Pouvez vous nous dire ce qu'il s'est passé ici?
Je ne sais pas vraiment si ce qui se passe est réel ou pas. Mais mon instinct me dit de ne pas me poser de question... si tout ça n'est qu'un rêve, s'en est un à la fin plutôt agréable.
-Ces hommes ont enlevé une jeune fille mineure, et je suis venue la sortir de là, mais ils l'ont droguée et s'apprêtaient à la violer... on peut dire que vous arrivez juste à temps.
-Et vous?
-Moi? Oh vous êtes arrivés un peu tard pour moi, mais vous savez.. j'ai l'habitude, haha. Et puis j'étais en train de reprendre le contrôle de la situation.
Je ne sais pas pourquoi je me sens obligée de faire de l'humour. Un rire nerveux s'échappe de mes lèvre, en même temps que la pression s'échappe de moi, laissant couler les larmes qui s'étaient faites discrètes jusque là. Tout... tout est fini. Je ne sais pas comment, ni pourquoi... mais il semble que le karma ait enfin décidé de se montrer. Et il a du boulot à rattraper.
-Madame? Que faites vous? Me demande le policier.
-Ben je me lève, pourquoi? Je ne compte pas rester indéfiniment dans ce tas de...
Les mots me manquent soudain, et mes jambes se dérobent alors que je n'étais même pas à moitié debout. J'ai... froid, soudain. Très froid. Mon corps s'agite de spasmes dans l'espoir de le réchauffer, mais rien n'y fait.
-Hémorragie! Hurle le policier qui m'a rattrapée au vol. Plusieurs blessures sévères le long de la colonne vertébrale et des côtes! Amenez moi le brancard. VITE!
Le torpeur prend possession de moi, bien que je sente mon corps ballotté de part et d'autre, transporté, touché... tour semble lointain et diffus, comme caché derrière un voile translucide.
Une seule chose me parvient distinctement. Une voix. La sienne.
Une voix emplie d'inquiétude, de peur, d'impuissance, mais aussi d'un amour impossible à quantifier. En entendant cette voix au milieu de ma torpeur glacée, je ne peux m'empêcher de sourire. Peu importe les épreuves, tant qu'à la fin de celles ci, cette voix est là pour m'attendre, pour s'inquiéter de mon sort, pour me dire ce mot que j'adule.
Ma voix rauque le murmure pour elle, et dans le tumulte qui sait si elle l'a perçu. Mais peu importe, il est lancé...
-Encore...
J'aimerais t'aimer encore, et encore, et toujours.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro