Coup de téléphone
Une sonnerie me tire lentement des affres du sommeil. J'entrouvre lentement les yeux, pour trouver le visage endormi d'Aki à quelques centimètres seulement du mien. Mon cœur bondit dans ma poitrine, alors que je sens le contact de sa peau nue contre ma cuisse, sous les draps. Lentement, je m'étire pour toucher de la main l'origine de la sonnerie qui m'a réveillée, avant que celle ci ne réveille aussi Aki. Il semble que ce soit le téléphone d'Aki, qui retentit d'une douce musique depuis la table de chevet où il a été posé. Je le saisis avec pour but de l'éteindre. Sérieusement, qui appelle à cette heure là... il est 6h, et on est dimanche. Je saisis le petit boîtier et blanchit aussitôt en lisant le nom de l'appel entrant.
Nami.
Je suis pourtant sûre de me souvenir avoir entendu Aki avoir précisé que Nami l'avait bloquée. Ma gorge s'assèche. Voir Nami appeler ainsi directement le portable d'Aki juste après ma visite ne peut pas être juste une coïncidence. Mais... pourquoi? Pour demander des explications à Aki? Je ne pense pas que Nami soit du genre à appeler pour demander... elle serait plutôt du genre à ne plus jamais adresser la parole à Aki - ce qu'elle fait plutôt bien jusqu'ici, d'ailleurs. Merde... merde, merde, merde...
Aki remue légèrement derrière moi. Plus le choix! Je peux pas le laisser sonner comme ça! Je raccroche, et jette un regard discret derrière moi afin de vérifier que ma petite amie n'a pas ouvert les yeux. Mais elle dort comme un bébé... elle se réveillera cependant probablement bientôt, comme à son habitude, pour préparer le petit déjeuner. Que faire? Nami sait parfaitement qu'Aki n'aurait jamais raccroché de cette manière, et...
Je sursaute alors que le téléphone recommence à sonner entre mes doigts. Bordel de merde! Toujours le même appel entrant... cette fois ci, je décroche en sortant du lit, et sort de la chambre sur la pointe des pieds. Une fois sur le palier de la chambre, j'amène enfin le téléphone à mon oreille.
-Allo?
-Allo... Jade? Ça faisait longtemps...
Un sentiment terrible s'empare de tout mon être au simple son de cette voix... enrouée par la fumée de cigarette, rauque, profonde et chaude, et me transperce jusqu'au plus profond de mon être, secouant la moindre de mes cellules de tremblements incontrôlés. Ma gorge devient plus sèche que le plus sec des désert, et mes yeux s'écarquillent malgré moi... je suis figée, comme un animal attendant en retenant sa respiration que le prédateur qui le chasse disparaisse.
Face à mon silence, la voix honnie de Robin continue de parler avec une intonation cruelle.
-Comment tu te portes, depuis le temps? Tu m'as beaucoup manqué, tu sais... ton départ à laissé un grand vide dans ma vie. Et mon porte monnaie, haha! Je déconne juste...
Mes dents claquent à cause de mes tremblements, que j'essaie de contrôler du mieux possible. Je ne réussis à chuchoter qu'un seul mot.
-Robin...
-Ravi que tu te souvienne de moi! Répond-il gaiement à l'autre bout du combiné. Il me semblait bien que ça ne pouvait pas être le frère de Nami, il n'aurait jamais raccroché... c'est fâcheux, c'est avec lui que je voulais parler, mais...
-Elle.
-Pardon?
-Nami n'a pas de frère. C'est donc elle et non "il".
Ma voix est aussi froide et coupante qu'un sabre. Ma décontenance n'est pas totalement dissipée, mais la colère a réussi à me permettre de reprendre au moins une partie du contrôle de moi même. Et je ne compte pas continuer à laisser cet homme - non, ce monstre - insulter Aki.
-Ce n'est pas ce que me dit Nami... ricane Robin. Mais peu importe que ce soit un homme, une femme ou un hélicoptère de combat! Je suis venu la prévenir, mais je vais te prévenir toi puisque c'est de ta faute si je dois en venir là.
-Qu...
-Pitié, Jade, ne me prend pas pour un idiot. Je sais parfaitement que c'est toi qui est venue parler à Nami hier soir. Un de mes amis m'a prévenu qu'il t'avait vue dans le coin, et le fait que tu décroche à la place de... cette personne, ne fait que confirmer mes doutes.
Je me fige. J'ai donc bien été reconnue hier... le simple fait de réaliser que j'aurais réellement pu tomber sur Robin suffit à ramener la terreur à la charge.
-Mais je n'ai qu'une chose à vous dire... ne vous approchez plus de Nami. Elle ne veut plus rien avoir à faire avec vous. Ni toi, ni sa famille, ni qui que ce soit de son ancienne vie.
-Tu...
Je reprends lentement ma respiration, afin de regagner contrôle sur mon corps et mes émotions.
-Tu compte l'éloigner de tout ceux qu'elle aime? L'isoler pour mieux la contrôler? Mieux la soumettre? Mieux abuser d'elle? Tout comme tu l'as fait avec moi?
-Mais voyons, Jade... c'est TOI qui me l'a demandé... je n'ai fait qu'exécuter tes directives, avant de prendre un... payement.
-TU... UN PAYEMENT? Tu as... joué avec mes émotions! Avec mon corps! Avec ma VIE!
-Toujours en train de te plaindre, Jade... peu importe, à vrai dire. Tu es partie, après tout, c'est bien que tu ne me méritais pas. Mais Nami, elle, sait que je suis tout ce dont elle a besoin. Pas vrai, mon amour?
J'entends une voix en arrière plan glousser.
-NAMI! Tu m'entends? Ne l'écoute pas!
-Arrête un peu, Jade. Tu es ridicule. Bien, sur ce... c'est un adieu, cette fois. À plus, Jade... j'ai beaucoup aimé jouer avec toi.
-Qu'est ce que tu vas lui faire, fils de pute... répond! Allo? ALLO!
Ma main se serre si fort que le bord du vieux téléphone se fissure un peu.Il faut dire que ces nouveaux modèles presque aussi fins qu'une feuille de papier ne sont pas des plus solides.
-PUTAIN!
Tout en parlant avec Robin, je suis descendue au rez de chaussé puis sortie dans le jardin, où je laisse éclater ma frustration... ce connard... je sais où il habite, et il le sait. Qu'est ce qu'il espère en me disant ça? Que je vais le laisser faire? Nami est mineure, et c'est un fait... il est coincé, il ne peut pas faire ce qu'il veut... et pourtant, son air narquois, et sa phrase finale... j'ai toujours été persuadée qu'il chercherait à se venger pour mon départ. Et si c'était son but? Et si...
Oh merde... Nami... j'ai juste le temps de me jeter sur mes chaussures, d'enfiler mon jean laissé en bas avant de partir en courant. Il est hors de question que je laisse ça arriver.
Jamais.
Plus jamais.
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