Marinette | Chapitre 31
Je suis éperdument amoureuse d'Adrien Agreste.
Enfermée dans une cabine des toilettes, pour filles, je me laisse aller contre le mur, sanglotant sans retenue.
- Marinette, doucement, je t'en supplie.
Tikki essaie par tous les moyens de me calmer, en vain. Les cours ont repris depuis un quart d'heure. Je n'ai aucune envie de remonter là haut pour affronter le regard de pitié d'Adrien. Tout ce qu'on a bâti en trois semaines s'est effondré en moins de vingt-quatre heures, sans raison...Je me sens secouée par un nouveau flot de larmes. Assise sur la lunette, les bras sur mes cuisses, je me penche, la tête entre les mains. Tikki virevolte autour de moi.
- Marinette...Tu risques de te faire akumatiser. Calme-toi...
Me calmer est la dernière de mes priorités, mais elle a raison. Je ne dois pas me laisser abattre. La gorge serrée et les yeux embrumés, je me force à essuyer mes larmes, frottant ma peau rougie. Je me redresse et lève le visage vers le plafond, paupières closes.
- C'est bien Marinette. Tu es courageuse.
J'étire mes lèvres, abîmées par mes dents.
- Je ne me sens pas capable de retourner en cours Tikki.
Le petit kwami rouge m'embrasse la joue et se colle à ma peau, humide.
- Ce n'est pas grave. Les super héros ont parfois aussi besoin de répit.
Récupérer mes affaires devient le cadet de mes soucis. Mes jambes ont besoin d'être dégourdies, cet endroit est trop étroit pour respirer librement. Je me lève de la cuvette, effaçant d'un revers les dernières larmes, tenace.
- Tikki, transforme-moi!
Elle ne réplique rien et s'engouffre dans ma boucle d'oreille. Je revêtis le costume de Ladybug. La rougeur de mes yeux disparaît derrière mon masque rouge à pois.
- Paris a peut-être besoin de Ladybug...
Apres une bonne inspiration, je pousse la porte des toilettes. Personne en vue, bonne nouvelle. Je quitte l'endroit, la cour est également vide. Je dégaine le yo-yo à ma taille et le lance sur le toit de l'école. Je me hisse jusqu'à ma cible et admire la ville de là-haut. Mais pas encore assez haut.
Volant de maisons en maisons, d'immeubles en immeubles, je me surprends à ignorer l'appel des fans sur les avenues piétonnières, des médias armés de leur caméra croisant mon chemin, de ceux qui ont l'espoir de prendre une photo de Ladybug en pleine action. Certains redoutent l'apparition d'un super vilain et prennent naturellement la fuite. Car c'est aussi ce que représente mon identité: un danger pour Paris.
Sous le ciel bleu de la capitale, je parviens à la Tour Eiffel en un temps record. Je grimpe vite jusqu'à son sommet où des touristes admirent eux aussi la vue panoramique du monument. Je m'installe en dessous, sur la structure au métal froid, subissant l'humeur du vent dû à l'altitude. Je frissonne, le tissu élastique de mon costume ne me protège pas du froid. Pourtant, je persiste à vouloir attendre de me calmer. Ici, il y a peu de chance de me faire repérer, à presque trois-cent mètres du sol, malgré les couleurs criardes de mon accoutrement.
Bon, reprenons.
Hier, à la fin des cours, Chat Noir m'invite dans le laboratoire de sciences pour m'embrasser. Il est clair qu'il s'agissait encore de mon amour à ce moment-là. Ensuite, il y a eu ces cris. Nous nous sommes transformés et là, rien. Nous n'avons pas retrouvé l'akuma. En revanche, Tikki m'a affirmé que Chat Noir a une ouïe assez développée pour repérer l'origine d'un cri. Pourquoi s'est-il dirigé vers cette femme, d'allure tout à fait normale? Ensuite, elle l'a embrassé sur la joue pour le remercier de s'inquiéter.
- Moi aussi je m'inquiète pour les gens, ce n'est pas pour autant qu'on me fait la bise! J'enrage.
Ma voix se perd dans le vide, personne ne m'entend. Entre ce moment là, celui du baiser et le soir où je suis rentrée chez moi, il s'est passé quelque chose. Mais quoi? Chat Noir n'aurait jamais fait machine arrière, sentimentalement parlant, surtout après avoir obtenu ce qu'il attendait depuis tout ce temps. Surtout après m'être rendue compte que c'est ce que je désirais moi aussi...
- Il s'est peut-être fait attaqué par un akuma en mon absence...
Cette théorie présente une zone d'ombre étendue: aucune trace sur Internet d'une quelconque apparition d'un akuma. Je le sais, j'ai vérifié les journaux en ligne la nuit passée. Se pourrait-il qu'un akuma agisse dans l'ombre? Mh...C'est à des années lumières de la ligne de conduite du Papillon mais pourtant pas inconcevable.
Cette histoire est vraiment louche mais il faut que je me reprenne. Pour Adrien.
- On dirait qu'une coccinelle a décidé de voler de ses propres ailes.
Cette voix moqueuse, presque provocatrice. Je réprime un violent frisson et retiens une vive émotion surgissant de nulle part. Du coin de l'œil, je croise Chat Noir, arborant un énorme sourire, visiblement heureux de me voir. Mais moi, je préférerais qu'il s'en aille. Je ne réplique rien, lèvres closes, appuyée sur le métal dur et glacé de la structure, le regard évasif.
- Tu m'as manquée Ladybug, murmure-t-il avant de s'installer à côté de moi.
Va t'en. Tu n'es pas mon Chat Noir. Il semble s'apercevoir assez vite de la tension pesante.
- Ma Lady? Si quelque chose ne va pas, tu peux me le dire. Je suis là.
Il essaie d'être doux mais ça me donne envie de vomir. Sa main amorce de se poser sur mon épaule mais je me recule brusquement, plaquant tout mon haut sur la structure. Tant pis si j'ai froid.
- J'ai...fait quelque chose de mal? Reprend-t-il.
Son timbre tremble, dénudé de toute assurance. Au fond, je n'ai pas envie de le faire souffrir car il agit sincèrement mais hors de question que je subisse seule les conséquences de sa soudaine amnésie.
- Parle-moi...Supplie-t-il. Si je peux faire quoi que ce soit pour me rattraper, je le ferai, je te le promets.
- Retrouve la mémoire.
- Hein?
Je ne saurai dire s'il ne m'a pas bien entendu ou s'il est simplement surpris de ma requête. Toujours est-il qu'il se lève, contourne agilement le colosse de fer et s'accroche comme il peut. Dans cette position, il se penche pour entrevoir mon visage. Je m'évertuais à le dissimuler derrière une poignée de mèches d'ébène Chat Noir affiche une moue désolée.
- Hé...Rafraîchis-moi la mémoire.
Il est prêt à m'écouter, à me croire moi, Ladybug, mais pas Marinette. Malgré tout demeure l'espoir que ses sentiments pour moi n'ont pas totalement disparu.
- Je suis Marinette. J'avoue enfin.
Je guette sa réaction, il manque de tomber, surpris. Ses yeux me fixent, fouillant dans les miens la trace d'une plaisanterie douteuse. Il n'en est rien. Chat Noir sombre dans son mutisme.
- Tu ne me crois pas, c'est ça? Je poursuis, un peu plus sèchement.
Son mutisme se transforme en gène, sa main libre gratte l'arrière de sa tête puis se glisse dans son cou. Il évite de me regarder.
- Je...Je ne sais pas.
Je serre les poings, l'adrénaline parcourt mon corps, je me sens prise d'une intense colère qui me hurle de le frapper de toutes mes forces. Ce que je me refuse de faire. Rien que sa vue m'enrage. Avant de regretter un geste de violence, je choisis de me redresser, une main appuyée sur le métal pour maintenir mon équilibre. Aujourd'hui, c'est à lui de me témoigner de son affection mais la seule chose que je désire de lui c'est l'explication de ce soudain changement. Tant que ce ne sera pas le cas, je refuse de m'approcher de lui. Ni une, ni deux, j'attrape mon yo-yo et me prépare à partir. Chat Noir se hisse sur notre barre précipitamment.
- Non, attends!
- Ne m'appelle pas tant que tu n'auras pas retrouvé la mémoire.
Je brandis mon gadget, prête à le projeter en direction d'un des lampadaires éteints, tout en bas du monument. Tout à coup, Chat Noir s'empare de mon yo-yo et recule, m'interdisant de partir. Je vois rouge.
- Rends-le-moi!
- Non! Ma Lady, je ne comprends pas ce qui se passe, je ne comprends rien. Explique-moi, tu es Marinette? Pourquoi m'as-tu embrassé tout à l'heure? Je n'ai aucun souvenir de ce que tu avances!
Il panique, son débit est impressionnant. Ses griffes se resserrent sur mon lucky charm et le dissimulent dans son dos, craignant que je ne tente de le récupérer par la force. Et il a raison.
- Je ne veux plus te voir. Je lâche, furieuse.
Je tends ma main vers lui, attendant qu'il me restitue le yo-yo. Ses oreilles noires s'abaissent, son visage s'assombrit. Je crois que je viens de le blesser mais sur le coup, je n'en ai cure. Je découvrirai qui lui a subtilisé ses précieux souvenirs mais sans l'aide de mon partenaire.
- Buguinette...
Je l'ignore, statique. J'oublie temporairement que sous ce masque se cache Adrien. Il est désemparé et finit par me remettre le lucky charm, non sans une mine abattue. J'ai de la peine pour lui mais cette scène n'aurait pas été nécessaire s'il avait lui-même été plus coopératif.
- A plus tard Chaton. Je marmonne entre les dents avant de me projeter en bas de la Tour Eiffel.
Je ne sais pas ce qu'il a fait après. Mon retour se rallonge, je décide de me promener un peu sur les toits, les cheveux au vent, histoire de me changer les idées. Le temps se refroidit progressivement, tout comme l'atmosphère de la ville lumière. Au détour d'une rue, je capte des conversations. Mon nom y est prononcé à plusieurs reprises. Il paraît que Chat Noir et Ladybug se seraient rabibochés. La bonne affaire. Ils auraient été aperçus hier, à deux rues du collège Françoise Dupont.
- L'akuma...
C'est ma seule et unique piste: la jeune femme qui a embrassé Chat Noir. Dans mes souvenirs, elle est brune et porte un rouge à lèvres particulier. Comment savoir où elle se trouve alors que je ne connais même pas son nom? Mh...Et puis il faut encore que je repasse à l'école, mon sac et mon téléphone sont toujours en classe. Je croise les doigts pour que Madame Bustier soit déjà partie.
L'horloge à l'entrée indique dix sept heures. Normalement, les cours sont finis depuis un petit moment. Sous l'identité de Ladybug, je ne crains rien en me baladant le long des classes. L'endroit est désert, si ce n'est l'homme de ménage qui balaie la cour et qui, visiblement, ne m'a pas encore remarqué. La porte de ma classe est fermée. Étrangement, mes affaires se trouvent sur mon banc. Personne n'a donc pensé à les reprendre pour moi.
- C'est vexant.
Mais pas plus que tout ce qui me tombe sur la tête depuis hier. Dommage que je ne puisse utiliser mon lucky charm qu'en cas d'akuma, je m'en serais bien servie pour entrer dans la classe. Au lieu de ça, me voilà obligée de m'infiltrer dans la salle des professeurs afin de récupérer les clés. Dans mon élan de banditisme, j'oublie intentionnellement les clés sur le banc de Chloé Bourgeois. Si elle pouvait recevoir un blâme pour ça, ça m'arrangerait. Je ne m'attarde pas plus à l'école et m'envole pour la boulangerie.
Ce soir là, mes parents me sermonnent à propos de mon manque de sérieux en cours. Ils ont apparemment reçu un appel du proviseur en début d'après-midi sur mes retards et mes absences. On dirait que madame Bustier n'a pas chômé. Je suis également conviée à présenter une heure de retenue demain après-midi, ce qui ne résout rien. Je promets mes parents d'être plus attentive et que ce n'est juste qu'une passade. Mon père est trop gentil pour continuer à me faire des reproches. J'ai conscience qu'ils le font uniquement pour remplir leur devoir de parents. Une fois le repas terminé, je suis de corvée de vaisselle avant de pouvoir regagner ma chambre. Je m'allonge sur le lit, les yeux plissés vers la fenêtre.
- Qu'est-ce que je vais faire Tikki...Adrien et Chat Noir me détestent sûrement à l'heure qu'il est.
Le kwami s'assit devant ma lampe de chevet.
- Commence déjà par t'excuser de ton comportement de tout à l'heure.
Son sérieux me pique au vif. Je ne me sens pas particulièrement désolée.
- Marinette, Chat Noir ne sait pas de quoi tu parles quand tu lui reproches d'avoir oublié votre relation. Tu l'as envoyé se faire voir méchamment alors qu'il voulait juste t'aider!
- Tu ne vas pas commencer, toi aussi! Est-ce que quelqu'un ici en a quelque chose à faire de ce que moi, je peux ressentir?
Je croise les bras au niveau de ma poitrine, les sourcils froncés.
- Bien sûr que je suis inquiète pour toi Marinette mais tu ne trouveras pas la question à tes réponses toute seule. Tu te souviens de l'incident du Dislocœur?
Je me redresse en tailleur, un coussin entre les bras.
- Comment l'oublier...
Et pour cause, Chat Noir a passé des jours à me harceler pour savoir si, oui ou non, je l'avais embrassé.
- Ce n'est pas la première fois que Chat Noir oublie des événements importants. Lui est sûrement aussi voire plus frustré que toi!
Tikki insiste encore pendant de longues minutes et n'arrête que lorsque je sors mon téléphone pour envoyer un message à Adrien. Petit hic: il nie à nouveau être Chat Noir.
- Il est obligé de te croire, tu es la seule à savoir qui il est.
Faux: Nathaniel aussi. Peu importe, je déverrouille mon écran et ouvre l'application de messagerie de Facebook. Mon cœur bat de plus en plus fort alors que j'appuie sur la discussion d'hier soir. Bon, par où commencer?
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Fin du chapitre.
Au moment où j'écris la fiction a dépassé les 9.000 vues et va bientôt dépasser les 10.000, c'est juste énorme. Vous êtes de plus en plus à suivre la fiction, c'est juste incroyable.
Comme je l'ai fait hier pour la couverture de bwakement, je vous partage la couverture actuelle de la fiction dessinée par JazzyEyes que je trouve superbe. Vraiment, merci ♥.
A demain pour la suite!
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