Marinette | Chapitre 3
Je suis amoureuse d'Adrien Agreste.
C'est ce que je me répète depuis une dizaine de minutes maintenant. Le soleil se lève sur Paris alors que je n'ai accumulé que trois heures de sommeil. Le visage planté devant mon miroir m'affiche la longueur des poches sous mes yeux.
- Marinette, ça va aller? S'inquiète Tikki en me voltigeant autour de moi.
- Oui, oui.
La journée s'annonce plus dure que prévue. Cette soudaine fatigue provient d'une conversation que j'ai eue avec Chat Noir hier soir. Je dois dire que notre dernier affrontement n'a pas été de tout repos pour lui mais il comprendra que je ne veux pas dévoiler ainsi mon identité, règle imposée par nos kwamis.
- Je devrais y aller avant d'être en retard au cours de sciences.
En y réfléchissant, je parie que nous allons devoir nous mettre en binôme pour pratiquer les expérience. L'année passée, c'était Alya ma partenaire. Je devine déjà que Chloé va s'accaparer Adrien et que Nathaniel se retrouvera tout seul. Bah, il est plutôt gentil, ça pourrait être pire. Malgré mes yeux lourds de sommeil, j'aggripe mon sac à dos rose et l'enfile avant de descendre dans la boulangerie. J'attrape une viennoiserie au passage et sors de la boutique en embrassant ma mère à l'entrée.
- Passe une bonne journée ma chérie. Dit-elle avec un grand sourire.
- Merci maman !
Le trajet entre ma maison et l'école, pourtant séparé d'une dizaine de rue, me parait interminable.
A vrai dire, je ne sais pas ce qui me trouble le plus quand je repense à hier soir: la détermination de Chat Noir pour me faire tomber sous son charme - du moins Ladybug - ou bien qu'il vienne m'en parler à moi - Marinette. S'il savait que je suis celle qu'il cible, ma terrasse se transformerait vite en chattière.
Au final, je n'ai qu'à attendre trente jours pour qu'il abandonne complètement Ladybug et qu'il passe à autre chose. C'est la meilleure décision à prendre pour lui, il ne mérite pas une fille comme moi.
- Mais qu'est-ce que je raconte? Je me demande à voix haute.
La seule raison pour laquelle Chat Noir doit cesser de m'aimer - enfin, mon alter ego - c'est parce que j'aime déjà quelqu'un d'autre. Il ne faut pas que je perde ça de vue.
- Aie ! Je m'exclame en cognant durement contre le dos d'un inconnu. Oh désolée ! Je ne regardais pas où j'allais.
Nous traversons les rues de Paris, guidé par Nathaniel. A l'arrière, je marche à distance raisonnable d'Adrien, ne semblant pas remarquer l'effort que je fais pour ne pas l'assener de questions. Cependant, au bout de quelques minutes, il tourne la tête dans ma direction et croise mon regard.
- Marinette?
- Oui?
- Quelque chose ne va pas? Tu es bien silencieuse !
- Oh ça? Ah, je me demandais, qu'est-ce que tu as fait de tes vacances?
Je joins les mains en guise d'excuse, un rire s'élève pour me répondre. En levant la tête, je tombe nez-à-nez avec Nino, visiblement de bonne humeur.
- Toujours aussi maladroite Marinette !
J'affiche un petit sourire, embarrassée. C'est vraiment un mot qui me caractérise. Mon ami m'invite à rejoindre l'école avec lui. Nous parlons de nos classes respectives, Alya et lui se sont naturellement installés l'un à côté de l'autre. Le fait que Chloé soit aussi collante avec Adrien ne le surprend pas, il s'en est un peu plaint par téléphone ce matin.
- Au fait, tu as été placée avec qui pour le groupe de français?
Ah, j'en aurais presque oublié ce détail. Est-ce que j'aurais manqué un épisode? Mon visage surpris répond à Nino.
- Madame Bustier nous a envoyés un e-mail avec la liste des groupes de chaque classe mais apparemment tu vas en avoir la surprise aujourd'hui !
Je gémis de désespoir, tout le monde est au courant sauf moi ! Je vais avoir l'air d'une cruche en posant la question...Arrivés dans la cours, je rejoins Alya tandis que Nino reste à l'entrée pour guetter l'arrivée d'Adrien.
- Eh bien ma fille, j'en connais une qui a passé une nuit agité. Se moque ma meilleure amie en pointant les poches ornant mon visage.
Je passe une main dans mes cheveux en poussant un petit rire.
- Je travaille sur un petit projet personnel, je crois que je me suis un peu emballée sans faire attention à l'heure.
Ce qui n'est pas totalement faux. Je lui avoue ne pas savoir qui compose mon groupe de français. Elle m'annonce avec joie qu'elle se trouve avec Nino, Kim et Rose. Quelle chance !
- Allez, en priant un peu tu vas te retrouver avec Adrien. Quoique, sur le plan scolaire, je ne sais pas si c'est une si bonne chose pour toi !
Elle n'a pas tout à fait tord. Nous plaisantons un moment et partageons les dernières informations sur Ladybug - autant dire que depuis qu'elle pense qu'il s'agit d'une fille de l'école, mes tentatives de brouiller les pistes augmentent de mission en mission.
Je suis légèrement triste quand la cloche sonne, nous obligeant à rejoindre nos salles de classe. Le laboratoire de sciences est déjà rempli, le professeur est sur le point de faire les présences quand je me glisse vers la dernière table libre: celle de Juleka.
- Coucou Marinette.
- Coucou Juleka !
- Mademoiselle Dupaing-Cheng, quand on arrive sur le gong, on évite de se faire remarquer ! S'écrie le professeur.
Argh, sa remarque attire l'attention de tout le monde vers moi. Entre ceux qui m'envoient un regard complice pour me soutenir et ceux - ou celle - qui me toisent d'un air supérieur, j'ai une énorme envie de me liquéfier dans un des becs busen...
Durant toute l'heure, j'évite de me faire davantage remarquer. Au cours d'une expérience sur le sel et l'eau, je profite du bavardage pour demander à ma nouvelle acolyte de science des informations sur le travail de français. Malheureusement, elle ne se trouve ni avec moi, ni avec Chloé Bourgeois.
A la fin de l'heure, je propose à Juleka de nettoyer notre matériel à sa place. Elle me remercie et je m'emploie à récupérer tout ce que nous avons touché pour les mettre dans l'évier près de la fenêtre.
Alors que je me recule afin de récupérer le reste des verres, je me cogne durement contre le torse d'un garçon, faisant tomber par terre une éprouvette que je gardais négligeamment dans la main. Celle-ci se brise sous le choc et disperse des débris à nos pieds.
- Oh non, je suis désolée !
- Non, c'est moi qui m'excuse Marinette ! S'empresse de me rassurer mon vis-à-vis.
Le jeune homme s'accroupit pour ramasser les bouts de verre, je n'avais même pas remarqué qu'il s'agissait de Nathaniel. Je m'abaisse à mon tour pour l'aider à réparer ma bétise. Par chance, le professeur est sorti pendant cet accident, il faut qu'on se dépêche avant de passer un sale quart d'heure !
- Je suis vraiment maladroite, je me plains.
- Ahah, cela fait partie de ton charme.
Etonnée par ce compliment innatendu, je ne fais plus attention à ce que je fais et enfonce un petit débris dans mon index.
- Ouille !
Une petite entaille se forme et de petites gouttes de sang s'écoulent de mon doigt. Ce n'est pas douloureux mais ça reste embêtant. Les yeux de Nathaniel s'écarquillent, il se redresse précipitamment pour jeter les débris dans la poubelle, se confondant en excuses.
- Je vais à l'infirmerie, ne bouge pas ! S'écrie-t-il en sortant brusquement.
Ce n'est vraiment pas ma journée finalement, je ne pensais pas qu'hier pouvait etre pire.
- Marinette? M'appelle une voix familière en passant la porte.
Je suis toujours assise par terre, au milieu des quelques résidus restants. Mon attention se dirige vers celui qui a ainsi prononcé mon prénom, un merveilleux jeune homme aux yeux d'émeraude.
- Adrien?!
Il s'approche de moi et baisse les yeux en direction de mon doigt en sang. J'avais quasiment oublié ce détail.
- Tu es blessée? Dit-il un peu inquiet. Viens, il faut mettre de l'eau pour retirer le sang.
J'aquiesce automatiquement et me relève. Adrien s'avance et ouvre le robinet. J'hésite un moment puis glisse mon blessure sous l'eau, ne quittant pas des yeux mon bel amour.
- Tu te sens mieux?
- Tellement bien quand tu es là...Je veux dire ! Heureusement que tu es là !
Marinette...sois naturelle ! ...je le suis déjà. Cette fois, Adrien esquisse un petit sourire moqueur, ce qui le rend encore plus beau si c'est possible.
- Il ne faudrait pas que je perde ma partenaire ! Enchaine-t-il, enjoué.
Il me coupe le souffle, «partenaire»? Moi? Sa? Non, ce n'est pas possible...je dois être en train de rêver ! Adrien vient de m'appeler «sa partenaire»? C'est le plus beau jour de ma vie!
Alors que mes pensées divaguent vers notre futur proche, Nathaniel franchit la porte et trébuche sur une des chaises. Nous sursautons tous les deux, coupés dans notre petit moment.
- Marinette ! J'ai pris des pansements !
Ah...c'est tellement gentil. Mon ami aux cheveux roux m'apporte un sparadrap que j'applique sur mon index, coupant l'afflux de sang. Pendant ce temps, les deux garçons ramassent les derniers débris de verre et nettoient le sol.
- Tant que nous sommes ça, reprend Adrien, on se retrouve quand pour travailler?
Travailler?
- Si vous voulez un endroit calme pour se répartir le travail, Répond naturellement Nathaniel. Je vous propose de venir chez moi.
- De quoi vous parlez? Je demande, un peu gênée.
Et cette gêne ne fait que s'accentuer lorsqu'ils me jettent un regard surpris, voire intrigués.
- Tu n'es pas au courant? On est dans le même groupe de français.
Je manque de m'évanouir sur place. Je suis avec...ADRIEN, Adrien Agreste, A-D-R-I-E-N Agreste !
- Marinette? M'appelle le roux en secouant sa main devant mes yeux.
Je ne parviens pas à cacher l'énorme sourire gravé sur mon visage. J'ai presque envie de sauter de joie, avant de redescendre sur Terre.
- Attendez, Madame Bustier ne nous avait pas dit que nous étions quatre?
Adrien acquiesce.
- Oui, il y a aussi Chloé.
Mon moral en prend un coup mais ce n'est rien à côté de la bonne nouvelle. Nous convenons de nous attendre à la sortie de l'école avant d'aller cher Nathaniel pour établir un plan de travail. Adrien se chargera de prévenir cette peste du point de rendez-vous. Je sautille presque entre chaque cours, oubliant passablement ma blessure.
J'ai attendu ce moment toute la journée. La cloche sonne, annonçant la fin des cours, je préviens mes parents que je ne rentrerai pas tout de suite. Lorsque je rejoins les escaliers à l'entrée de l'école, je ne vois que les deux garçons. Je prends le temps d'admirer le beau visage de mon amour, plus lumineux que le soleil.
- Chloé n'est pas avec vous? Je demande, interrompant leur conversation.
Adrien secoue la tête en guise de réponse.
- Elle m'a dit qu'elle avait déjà quelque chose de super important à faire, pourtant j'ai insisté.
Je me demande bien de quelle sorte d'urgence il peut bien s'agir. Toujours est-il que ça m'arrange, la fin d'après-midi se profile bien.
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