Marinette | Chapitre 29
Je suis née pour aimer Adrien Agreste.
Assise derrière le plan de travail, je ne parviens pas à suivre le cours de science - du moins pas plus que d'habitude. Toute mon attention est retenue par un ange blond situé à moins d'un mètre de moi. Nous avons finalement changé nos places, Juleka s'est gentiment éclipsée à côté de Nathaniel en me faisant un clin d'œil. Je vais finir par croire que la terre entière était au courant de mes sentiments pour Adrien. Tout le monde sauf lui.
Adrien s'est chargé de rendre notre copie. Je l'ai fusillé du regard à l'instant même où il a sorti la feuille de son classeur. Quelle idée de me faire une blague pareille aujourd'hui! Je me sens déjà assez gênée qu'il ait dû tout refaire par lui-même parce que je ne suis pas capable de ranger une simple feuille! Quel idiot, c'est bien Chat Noir, il n'y a pas de doute.
D'ailleurs, durant presque tout le cours, je songe à ce qu'il veut me dire. Il semblait sacrément déterminé à me parler par message. J'ai d'abord cru qu'il regrettait notre nouvelle relation et qu'il préférait y mettre un terme avant que ça ne dégénère - ça m'a valu une sérieuse discussion avec Tikki. Mais au vu de ses doigts qui ne cessent de frôler les mains à chacune de nos manipulations, ce n'est définitivement pas au goût du jour. Alors quoi?
A pause de midi, je ne suis pas plus avancée, il ne laisse rien filtrer, sûrement par peur qu'on nous entende. Par ailleurs, je ne sais pas ce qu'a dit Adrien mais Chloé arbore un air encore plus condescendant que d'habitude. Il m'a conseillé de ne pas l'écouter mais c'est assez compliqué quand la fameuse fille du maire ne cesse de clamer haut et fort que "Il ne faudrait pas que la boulangère se fasse trop d'illusions!" Et malgré mes nombreuses tentatives pour en savoir plus, Adrien garde le silence.
- Ce n'est pas juste, je râle alors que nous entamons le dernier cours de la journée.
Finalement, Adrien a repris sa place à côté de Chloé et moi celle près de Nathaniel. Celui-ci affiche une mine contrite. C'est vrai que je n'ai pas pris de le temps de le saluer ce matin, ni même de lui demander avec qui il avait finalement travaillé. J'étais beaucoup trop absorbée par mon amour pour Adrien pour prendre de ses nouvelles. Après tout, c'est indirectement grâce à lui que je suis dans les bras de mon bien aimé. Sans oublier qu'il a collaboré avec Ladybug contre le Papillon. Fort heureusement, il a tout oublié une fois l'akumé purifié.
Dans l'espoir de me faire pardonner, je me glisse le long du banc pour me rapprocher. Mon mouvement ne lui échappe pas.
- Bonjour Nath', tu vas bien? Je chuchote, les yeux toujours rivés sur ma tablette.
Lui n'arrive pas à me quitter des yeux. Je crains que madame Bustier ne nous remarque.
- Ça peut aller.
Un coup d'œil vers mon ami m'indique qu'il est passablement triste. Je dépose une main sur son épaule.
- Qu'est-ce qui ne va pas?
Mes chuchotements alertent les deux élèves du rang devant, Chloé ne s'attarde pas en nous voyant, préférant en rire. Adrien, lui, peine plus à nous ignorer. Son regard étonné et anxieux ne m'a pas échappé. Le chaton serait-il jaloux? Pour l'heure, il vaut mieux pour moi de me concentrer sur mon ami aux cheveux roux.
- Je m'en veux de vous avoir fait subir mes desseins de Dessinateur, une fois de plus...
- Marinette et Nathaniel, si le cours ne vous intéresse pas, vous pouvez sortir. Nous interpelle Madame Bustier.
Elle fronce les sourcils. Sa voix m'effraie un petit peu. Je m'écarte de mon ami tout en lui adressant un clin d'œil, détail tout de suite repéré par Adrien, décidément focalisé sur nous.
- On en parle après, je murmure assez fort pour qu'il entende.
Le professeur se racle la gorge, ses yeux perçants dans ma direction.
- Désolée, je bredouille à son attention avant de me remettre au travail.
Je sens brûlante de honte, je déteste me faire remarquer de la sorte. Adrien a tiqué à ma proposition, nous avons nous aussi rendez-vous après ce cours-ci. Mais je ne pense pas que mon entrevue avec Nathaniel durera plus de cinq minutes. Qu'il n'ait crainte mon minou, je ne risque pas de le laisser filer.
Le son de la délivrance s'accompagne avec la fin des cours. A peine ai-je enfoui ma tablette dans mon sac que je me glisse brusquement à côté de mon ami, alors que la cloche sonne toujours.
- Hé Nath', tu n'as pas à te sentir coupable pour ça. C'est le Papillon qui provoque tout ça, tu le sais très bien. Personne ici ne t'en veut.
Il esquisse un faible sourire mais n'est pas convaincu pour autant. Je le connais timide et réservé, tout le contraire de lorsqu'il devient le Dessinateur. Je pourrais presque dire que nous sommes similaires.
- J'ai vu que tu as retiré ta bande dessinée de ton blog.
Nathaniel hoche vivement la tête.
- Je ne voulais pas te déranger.
- Ecoute, maintenant que les choses sont claires entre nous, pourquoi tu ne la remettrais pas? Tu as un talent fou et je comprends que tu aies envie de le partager. Je te donne mon autorisation de la publier!
Ses yeux s'éclairent d'une nouvelle lueur. Soudain, il attrape mes mains et me fixe.
- Merci Marinette! Tu es extra!
La manière dont il me tient les mains me gène un peu mais après ce que je viens de dire, impossible de le rejeter. Tiens, Adrien a déjà quitté la classe. Est-il fâché? Je dois rapidement le rejoindre pour qu'on parle. Je retire mes mains de l'emprise de Nathaniel, agrippe mon sac à dos et souhaite à mon ami une bonne fin de journée avant de filer à mon tour.
- Adrien? J'appelle en passant la porte.
Pas le moindre blondinet en vue. Je dévale les escaliers et atteins la cour. Il ne m'a pas attendue? Mes doigts se referment sur les sangles de mon sac. Je soupire. Je ne pensais pas le mettre en colère simplement en discutant avec Nathaniel. Qu'est-ce que je vais faire maintenant? Soudain, une vibration au niveau de ma cuisse répond à ma question, c'est mon téléphone.
Adrien Agreste: "Le laboratoire de sciences est vide. Rejoins-moi, princesse."
Son message s'accompagne d'un petit cœur. Parallèlement, le mien bondit dans ma poitrine. Je me hâte vers le local en question, rassurée de m'être trompée. Une fois devant la porte, je patiente un moment, vérifiant que personne ne m'épie. La main tremblante sur la poignée, je finis par craquer et m'engouffre dans la classe puis referme la porte dans la précipitation. Adossée à celle-ci, je tente de calmer ma respiration, le regard irrémédiablement attiré vers le bureau du professeur sur lequel est assis un jeune homme au masque noir.
- Chat Noir?
Adrien s'est transformé? Mais pourquoi? Il affiche un sourire satisfait, apparemment content d'avoir piqué ma curiosité. Il ne prend pas la peine de me répondre et s'amuse à agiter sa queue du bout de ses doigts.
- Quelqu'un aurait pu te voir te transformer!
Il hausse les épaules, toujours pas décidé à parler. Je m'éloigne de la porte et m'approche de lui. Ses grands yeux verts suivent mes pas puis, à deux mètres de moi, il me tend ses griffes. Je renonce à le réprimander et réduit la distance qui nous sépare, trouvant naturellement ma place entre ses jambes, les miennes collées au bureau sur lequel est toujours assis. Son visage se penche vers le mien pour quémander un baiser. J'accède à sa requête et glisse mes bras dans son cou tandis que les siennes voyagent jusqu'à mes omoplates. Nous restons ainsi un moment, dans le silence entrecoupé par nos respirations. Fort heureusement, personne n'a constaté que le laboratoire était ouvert. Enfin, je recule mes lèvres des siennes, sans briser notre contact visuel.
- Tu as dit que tu voulais me voir aujourd'hui.
Chat Noir reprend un air sérieux que je ne lui connais pas. Il se racle la gorge à plusieurs reprises puis repose ses mains sur mes épaules.
- Je voulais qu'on parle de quelque chose d'important.
Je hoche la tête sans savoir pourquoi. Mes pensées sont confuses tant son regard sur moi est intense.
- Tu sais depuis peu que je suis à la fois Chat Noir et Adrien Agreste, enchaîne-t-il, prononçant ses deux identités à voix basse.
J'acquiesce.
- Tu ne nieras pas que ces dernières semaines nous nous sommes beaucoup rapprochés sous mes deux identités.
Il attend une nouvelle approbation de ma part avant de poursuivre:
- Marinette, je sais que c'est dangereux pour nous deux et qu'on s'expose à beaucoup de problèmes si ça vient à se savoir mais...
Il peine à finir sa phrase, je suis pendue à ses lèvres.
- ...Mais?
- Tu es ma princesse et ma Lady...
Sa phrase est interrompue par un cri strident provenant de l'extérieur. Nous nous fixons dans le blanc des yeux quelques secondes puis d'autres hurlements se joignent au premier.
- Un akuma! Je m'exclame.
Chat Noir saute du bureau et s'élance jusqu'à la porte. En tirant la poignée, il m'adresse un dernier regard.
- Rejoins-moi vite, je vais voir d'où ça vient!
Puis disparaît. Tikki sort précipitamment de ma bourse, prête à en découdre.
- On va montrer à Paris que Chat Noir et Ladybug forment toujours une équipe de choc. Tikki, transforme-moi!
Marinette laisse place à Ladybug, pour vous servir! Je quitte le laboratoire en courant et dégaine mon yo-yo accroché à la taille pour m'envoler vers le champ de bataille. Par chance, l'akuma s'est déclaré à quelques rues de l'école, je ne galère donc pas à retrouver Chat Noir, appuyé sur le rebord d'un immeuble. J'atterris près de lui.
- Ca faisait un bail. Je lance ironiquement.
- C'est ça...Notre cible c'est cette femme!
Il pointe du doigt une dame en bas de la rue. Un détail me frappe: elle n'a pas l'air taillée comme les autres super vilains. Elle est brune, rouge à lèvres rouges, vêtue d'une robe noire moulante et elle paraît normale si on omet le sourire trop prononcé, déformant son visage.
- Tu es sûr que c'est elle?
- Tu as entendu les cris comme moi, non?
- Oui mais...Regarde, elle circule comme si de rien était et les passants ne s'enfuient pas non plus.
Tout cela me rend perplexe. Je fais néanmoins confiance en Chat Noir. S'il m'assure que cette femme est akumatisée alors je le crois. Lui-même n'a pas l'air de comprendre à quel genre d'ennemi nous avons affaire.
- Allons l'interpeller avant de la perdre de vue, je déclare en accrochant mon yo-yo à un lampadaire sur la chaussée.
Je m'élance dans le vide, Chat Noir m'imite. Les piétons nous reconnaissent et commencent à prendre des clichés de nous deux.
- Au moins, la rumeur sur la dissolution de notre équipe va s'arrêter. Je soupire.
Chat Noir sourit et, fier comme à son habitude, n'hésite pas à prendre la pose sur certains clichés. Je le dévisage, ce n'est pas le moment de fanfaronner devant les objectifs! Il s'en aperçoit et cesse directement.
- Désolé, réflexe?
Je pousse un soupir qui en dit long. Le prétendu akuma a changé de rue, nous décampons pour le rattraper. Heureusement, les talons de la dame ne lui permettent pas de marcher aussi vite que nous.
- Madame! Je m'écrie une fois dans son dos.
Celle-ci se fige puis se tourne vers nous, l'air surprise. J'ai de plus en plus le sentiment que nous nous sommes trompés de cible.
- Ladybug et Chat Noir?
- V-Vous...euh...Je pense que vous êtes...Roh...Ecoutez! Est-ce que vous avez été déçue ou énervée à propos de quelque chose aujourd'hui?
La grande brune me toise comme si j'étais devenue complètement folle et ce n'est pas mon partenaire qui va m'aider.
- Pas vraiment...
- Pas d'événement triste ou qui aurait pu vous mettre dans une colère monstre? J'insiste.
Je me donne l'impression de souhaiter qu'elle ait été akumatisée. Pourtant, dans la même ligne de conduite, la jeune femme hausse les épaules.
- Rien du tout mais, vous êtes sûrs que vous allez bien?
On doit avoir l'air de deux idiots comme ça. Je baisse les bras, nous nous sommes simplement trompés. Si ça se trouve, il n'y a même pas eu d'attaque du Papillon. Chat Noir vient finalement à ma rescousse.
- Nous sommes désolés de vous avoir dérangés, nous avons cru que vous aviez été victimes d'un accident. Je vous prie de nous pardonner.
Fidèle à lui-même, Chat s'avance et tire sa révérence, ce qui semble l'amuser. Sans que j'y attende, elle s'avance vers mon partenaire et dépose un bisou sur sa joue.
- Merci de t'être inquiété, petit chat.
Chat Noir rougit puis me lance un regard, paniqué. Je détourne la tête de la scène, vexée. Il ne m'en faut pas plus pour agripper nerveusement mon yo-yo et partie, sans un mot pour la fausse victime.
- Attends Ladybug! S'écrie-t-il.
Il n'aura pas le temps de me courser car j'emprunte des rues qui ne mènent ni à chez moi, ni à l'école. J'ai juste envie de m'éloigner un petit peu, rongée par la jalousie.
- Quel idiot de chat, je marmonne en sillonnant les airs.
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