Marinette | Chapitre 16
Je suis amoureuse d'Adrien Agreste.
Pourtant, je trouve naturellement ma place sur le toit du Louvre, les jambes dans le vide. A côté de moi, Chat Noir écoute passablement les histoires que je lui raconte. Sa tête oscille de haut en bas dans un mouvement presque mécanique à la fin de chacune de mes phrases. Il croit peut-être que je ne l'ai pas remarqué.
- C'est donc comme ça que je suis devenue strip teaseuse. Je termine avec un grand sourire.
- Ah oui.
C'est bien ce que je pensais, il ne m'écoute absolument plus. Reportant mon attention vers les lumières de la capitale, je me rends compte qu'il va falloir penser à retourner. Notre exposé est peut-être demain, alors ce serait bête d'arriver en retard.
- Chat? Je vais devoir y aller. Il se fait tard.
Cette fois-ci, on dirait bien que j'ai capté son attention. Ses oreilles noires pointent vers le ciel puis s'abaissent légèrement, lui donnant une mine de pauvre petite créature.
- Déjà? Dit-il en faisant la moue.
J'acquiesce et plie mes jambes pour me redresser. Il me suit dans mon mouvement et s'avance un peu plus de moi.
- Merci, ma Lady, pour cette soirée.
Chat Noir lève ses bras dans l'optique de m'enlacer. Par réflexe, je recule légèrement et lui donne une petite frappe sur l'épaule.
- On se voit plus tard ! Je m'exclame en attrapant mon yo-yo.
- Ladybug!
- Oui?
A peine ai-je le temps de lui répondre qu'il m'attrape le poignet et me tire contre lui, m'emprisonnant dans ses griffes dans un geste qui se voulait peut-être romantique. La tête contre son torse, j'entends son cœur s'emballer. Le mien fait de même mais pour une raison toute autre. J'appréhende la suite.
- Chat, il est vraiment tard...
Ses mains remontent vers mes épaules, il s'écarte légèrement tout en restant assez proche pour que je puisse sentir son souffle sur mon visage. Ses yeux verts sont hypnotisant et intenses, comme cette après-midi là...Au bout de quelques secondes, Chat Noir se décide à rapprocher davantage ses lèvres des miennes. Il a embrassé Marinette et il veut Ladybug. Je ne peux pas laisser passer ça.
- Non.
Ma main droite se plaque sur ses lèvres pour l'arrêter. Ses yeux s'écarquillent sous la surprise mais il ne dit rien. Le malaise est palpable. Je dois partir, maintenant. Je dévie les yeux de Chat Noir et lance mon yo-yo rouge en direction d'un lampadaire.
Je n'ai jamais été aussi rapide pour retourner chez moi. A peine me suis-je détransformée dans ma chambre que Tikki s'empresse de prendre la température.
- Tu te sens bien, Marinette?
- Mais oui, ne t'en fais pas...C'est mieux pour garder nos identités secrètes que nous n'entamions pas ce genre de relation, j'imagine?
Le kwami ne répond pas mais sa tête en dit long. Je m'affale sur mon lit en poussant un énorme soupir. Vingt-trois heures et quart, je dois dormir mais je ne me fais pas d'illusions. Dans un dernier espoir, j'éteins la lumière de ma lampe de chevet et ferme les yeux. Me vient alors le visage de Chat Noir lorsque j'ai repoussé son baiser.
Je devrais me sentir comblée: Chat Noir a été attiré par les deux facettes de ma personne, Marinette la maladroite et Ladybug, la super-héroïne de Paris. Pourtant, il ne sait pas que nous sommes la seule et même personne. Est-ce que je peux considérer ça comme de la tromperie? Après tout, Chat a confié à Marinette qu'il comptait séduire Ladybug plus que tout alors son geste n'a rien de surprenant.
Une de mes pensées se dirige vers Adrien. Il semble aimer Ladybug lui aussi. Du moins, c'est ce que je retire de notre câlin de la dernière fois. Je ne pouvais décemment pas embrasser Chat Noir une nouvelle fois de par mes sentiments.
Soudain, des bruits s'élèvent au niveau de ma trappe. On dirait que quelqu'un est en train de gratter le bois depuis l'extérieur. Mes entrailles se nouent. Cela doit être Chat en quête de réconfort.
Je ne peux pas le voir, pas maintenant.
Les bruits persistent une dizaine de minutes puis s'arrêtent brusquement.
Le lendemain, je peine à sortir de mon lit, autant par la fatigue que le manque total d'envie. Un léger coup d'œil à mon téléphone m'indique que je ferai mieux de me dépêcher si je veux arriver un peu plus tôt en classe.
Aujourd'hui, nous allons présenter notre projet de français devant la classe. J'espère que Chloé a bien appris son texte. Je ne me fais pas de soucis concernant Nathaniel et Adrien. De mon côté, ma tête est sur le point d'exploser, je ne parviens pas à me concentrer sur une chose à la fois.
- Marinette, tu es levée?
- Oui maman!
Bon, cela ne sert à rien de me torturer davantage l'esprit. J'enfile rapidement mes vêtements, noue mes cheveux en couettes et attrape mes affaires avant de quitter ma chambre - Tikki est toujours cachée dans mon petit sac.
- Tu ne déjeunes pas? S'étonne ma mère en me voyant la main sur la poignée.
- Je n'ai pas le temps, je prendrai quelque chose dans la boulangerie. Au revoir !
Tête en l'air comme je suis, je n'ai même pas pris le temps de choisir une viennoiserie dans la boutique. Je ne m'en rends compte qu'à la vue de l'école à l'autre bout de la rue. Alya me remarque et me fait de grands signes. Je la rejoins en haut des marches de l'entrée.
- Eh bien, ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de te voir à cette heure ! S'exclame-t-elle avec un grand sourire.
Elle n'a pas tout à fait tord, je me contente de lui sourire en retour.
- C'est aujourd'hui votre présentation?
- Oui, pas vous?
Alya secoue la tête.
- Nous c'est demain. Vous êtes prêts?
- A vrai dire, on ne s'est jamais vu tous les quatre pour travailler donc on verra ça tout à l'heure...
C'est bien le point négatif d'être une super héroïne à l'école. Alya m'adresse un regard compatissant. Nous rentrons dans la cours. Je m'absente rapidement pour rejoindre la classe pour relire mes notes une dernière fois. Au bas de la porte, je constate que je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée.
- Oh, Nathaniel?
Le jeune homme aux cheveux de feu lève les yeux de ses feuilles pour me saluer. Je suis rassurée: il ne semble pas m'en vouloir pour ce que je lui ai dit la dernière fois. Je dépose mes affaires à côté de lui et me munis à mon tour de mon texte.
- Tu es prête Marinette? On dirait que tu n'as pas beaucoup dormi.
...Comment le sait-il?
- Ne me regarde pas comme ça, poursuit-il, gêné. C'est juste que tu as des cernes sous les yeux.
Oh...mince, j'ai fait une bourde. Lui qui voulait simplement être gentil, je viens de le mettre mal à l'aise.
- Tu as raison, je n'ai pas eu une bonne fin de soirée mais ça va aller. On va s'en sortir avec ce projet!
Nathaniel échappe un petit rire moqueur.
- Tu veux dire qu'on en sera enfin débarrassé.
C'est un peu l'idée, en effet. Un petit silence s'installe entre nous, j'en profite pour répéter des bouts de phrase dans ma tête. Entre temps, d'autres élèves arrivent, dont Chloé qui ne semble pas stressée ni même tracassée. Cette impression se confirme quand la fi-fille du maire de Paris se pose derrière nous et nous balance:
- Pourquoi vous êtes aussi concentré sur vos feuilles? C'est aujourd'hui l'exposé?
Ni Nathaniel, ni moi ne nous résolvons à lui répondre. J'hésite à lui laisser la surprise mais ça me portrait préjudice.
- Oui, on passe aujourd'hui.
- Et personne n'a pensé à me prévenir? Surenchérit-elle en fronçant les sourcils.
- Tu n'avais qu'à écouter, ce n'est pas comme si tu avais été d'une grande aide pendant ce travail de toute façon.
Ces reproches ne viennent pas de moi mais de Nathaniel, ayant délaissé ses feuilles pour notre petite altercation. Chloé est bouche-bée, sûrement ne s'attendait-elle pas à ce qu'il lui tienne tête de cette façon. Je l'en remercie d'un petit clin d'oeil.
- Très bien. Reprend Chloé en levant les yeux au ciel, on verra bien ce que va dire Adrien.
D'ailleurs, celui-ci manque toujours à l'appel. Étrange, ce n'est pas son genre d'arriver en retard, surtout quand nous avons un test important. J'espère que cela n'a pas un rapport avec l'interdiction de venir à l'école. Le stresse augmente brusquement lorsque Madame Bustier entre en classe, toujours aucun signe de vie d'Adrien. J'attrape rapidement mon téléphone et lui envoie un message pour savoir où il se trouve.
- Bonjour. Aujourd'hui, plusieurs groupes doivent passer alors ne perdons pas de temps. Nathaniel, Marinette et Chloé, où est Adrien?
Nathaniel hausse les épaules.
- Il devrait bientôt arriver ! Je réponds dans la précipitation.
Enfin, je l'espère...Notre professeur décide alors de faire passer d'autres groupes avant le nôtre. Je ne les écoute presque pas, voire pas du tout. Mon regard est fixé sur la porte d'entrée, je prie chaque seconde pour que le beau blond l'ouvre et s'excuse pour son retard.
L'heure s'écoule rapidement. Je jette un bref coup d'oeil à mon téléphone: pas de message. Bon sang, Adrien, où es-tu?
- Le chat s'est sauvé. Murmure Nathaniel.
Je le fixe, il n'a pas dit ça pour moi, son attention est concentrée sur le groupe qui présente. Pourtant, ces mots ont un certain sens. C'est lui qui a posté cette théorie sur le forum du Ladyblog.
Et si Chat Noir était Adrien?
Et si Adrien était si triste de la veille qu'il venait à se faire akumatiser?
Non, cela n'a aucun sens, ce sont deux personnes diamétralement opposées. C'est impossible qu'il s'agisse de la seule et même personne, je l'aurai remarqué. Même si...je ne les ai jamais vus au même endroit, au même moment.
Non, c'est très certainement une coïncidence.
A moins que...
- Marinette, Adrien vous a-t-il répondu?
Adrien Agreste...Adrien a frappé Nathaniel.
- Mademoiselle Dupain-Cheng?
Nathaniel déteste Chat Noir.
- Madame? Est-ce que je peux sortir ?
Ma demande étonne la maîtresse, je la fixe avec instance. Elle me dévisage un moment puis secoue la tête en refus.
- Si votre camarade n'est pas là, alors vous présenterez sans lui.
Je ne peux pas rester ici alors qu'Adrien est peut-être en danger. S'il est Chat Noir et que le Papillon profite de son état de faiblesse pour se servir de lui, je ne me le pardonnerai jamais. Nathaniel et Chloé se lèvent à leur tour pour rejoindre l'estrade, cette dernière peste sur notre groupe de bras-cassés. Mes mains tremblent devant ce dilemme. Je ne peux pas désobéir à mon professeur mais je ne peux pas faire comme si de rien était.
Adrien compte bien plus que tout ça.
Sur cette pensée, je dépose mes affaires sur mon banc et m'élance en direction de la sortie.
- Marinette Dupain-Cheng ! S'écrie Madame Bustier, énervée.
Je reste sourde à ses appels et ouvre la porte à la hâte pour me précipiter dehors. Celle-ci claque au moment où je descends les escaliers menant à la cour. Tout à coup, je me heurte à quelque chose de dur et tombe en avant.
- Aie...râle la dite chose.
J'ai bousculé quelqu'un, on dirait. Ouvrant les yeux après le choc, je remarque que je suis allongée sur quelqu'un, un jeune homme au T-shirt noir surmonté d'une blouse blanche. Il ne m'en faut pas davantage pour le reconnaître.
- Adrien?!
Celui-ci ouvre les yeux à son tour et me regarde. Il redresse son torse sur lequel je suis toujours affalée.
- Marinette? Tu vas bien?
- Mademoiselle Dupain-Cheng ! Crie une voix stridente dans mon dos. Je vous ai dit de rester en classe. Oh, monsieur Agreste, vous êtes en retard. Alors vous deux, vous allez me faire le plaisir de revenir en classe et de faire votre présentation. Vous irez chez le proviseur après. Nous avons perdu assez de temps comme ça par votre faute !
Quelle idiote je fais.
Comment ai-je pu croire un moment qu'Adrien était Chat Noir?
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