Adrien | Chapitre 40
Il faut que je me marie avec Marinette.
Alors que j'empoigne ses mains dans les miennes sous le coup de l'émotion, ma partenaire semble moins emballée. Ses yeux s'écarquillent, légèrement tournés vers la droite, fixant une foule de passants. En scrutant un peu celle-ci, je repère une jeune femme, cheveux bruns, lèvres remarquables de par leur couleur rouge vif.
- C'est elle, grogne Marinette en bondissant du banc.
- Attends! On fait quoi maintenant? On ne va pas l'agresser en plein milieu de la foule!
Trop tard, la jeune fille s'enfuit sans moi. Je me lève à mon tour et emprunte un autre chemin, celui d'une ruelle déserte.
- C'est notre chance, je dis en soulevant un pan de ma veste d'où jaillit mon kwami. Plagg, transforme-moi!
Ce dernier s'engouffre dans ma bague et me change en Chat Noir. Griffes aiguisées et oreilles tendues, je ressors de ma cachette et cherche Marinette du regard. Quand soudain, un cri s'élève deux rues plus loin. C'est elle. Mon sang se glace, mes oreilles pointent vers le ciel. Il est hors de question de laisser ma princesse . Bâton en mains, je me hisse sur un toit et m'élance en direction du cri. J'atterris dans une rue isolée, Marinette est dos à moi, en pleine discussion avec la jeune femme.
- Alors, c'est elle? Je demande en m'approchant.
Pas de réponse, je suis soudainement envahi d'une frayeur et l'empoigne. Elle sursaute et se tourne son visage vers le mien, me toisant de ses grands yeux bleus lagon.
- Chat Noir? M'appelle Marinette avant de reprendre ses esprits. Oui, c'est elle!
L'accusée ouvre sa bouche avant de la refermer, elle ne ressemble pas à une akumatisée. Cette fois, on peut dire que le Papillon a mis le paquet. Je m'empare de mon bâton et le brandit devant la brune.
- Tu ne vas pas t'en sortir comme ça, cette fois.
- Oh mais on s'est déjà rencontré avant, n'est-ce pas? S'écrie l'inconnue un peu trop confiante.
Je resserre mon emprise sur mon arme.
- Oh oui et cette rencontre n'a pas été agréable. Ah, attends, qu'est-ce que je raconte? Je ne m'en souviens pas!
Alors qu'elle paraissait paisible et sage, la jeune fille recule d'un pas sans nous quitter des yeux. Ses traits se froncent et un rire strident s'échappe de sa bouche. Bingo.
- Qui es-tu? Je grogne en écartant Marinette dans un geste protecteur.
- Je suis Amnésia mais ne t'attache pas trop vite à mon nom, mon minou, tu risques de vite l'oublier!
Les traits tirés par la colère, Amnésia porte une main à ses lèvres et y dépose un baiser bruyant. Soudain, un orbe de lumière en jaillit et fuse dans notre direction. Je m'élance sur Marinette afin d'esquiver l'attaque.
- Vous êtes rapides mais pas assez suffisamment pour sauver tous les petits couples de Paris!
Clamant ses mots, elle se précipite en dehors de la rue pour rejoindre une avenue bondée. Cette fois-ci, je ne la laisserai pas s'échapper!
- Vas y Chat Noir! M'ordonne Marinette. Tikki, transforme-moi!
Un halo rose scintillant s'empare de ma belle, je me force à ne pas attendre comme un imbécile qu'elle se change sous mes yeux et me lance à la poursuite de l'akumatisée. Il est très aisé de détecter sa position grâce à mes merveilleuses oreilles de chat. Je fends l'air à l'aide de mon bâton et parviens facilement à une dizaine de mètre d'elle. Ma priorité est de trouver où peut se cacher son akuma. Etrangement, elle n'a pas le physique d'un super vilain, d'habitude très colorés à frôler l'épilepsie. Dans ce cas-ci, elle n'est vêtue que d'une robe noire et de talons de même couleur.
- Qu'est-ce qu'il y a mon minet? Tu attends ta maîtresse pour te donner des ordres?
Suite à ses provocations, Amnésia réplique avec une série de baiser lumineux, s'écrasant sur chacun des immeubles sur lesquels je cherche un appui.
- Désolé pour toi mais je ne suis pas un chat domestique! Je rétorque en passant à l'offensive.
Manque de chance, au moment où j'allais la frapper avec mon bâton, elle parvient à m'éviter et m'envoyer valser à l'autre bout de l'avenue. Avant même que je n'aie le temps de me rendre compte de ce qu'il le passait, une force herculéenne tire mon pied droit jusqu'au point de départ. Pour peu j'en aurai mal à la tête...Assis sur la terre ferme, je suis du regard ma cheville enroulée par un fil et d'une boule rouge aux pois noirs.
- Rien de cassé Chaton? S'inquiète ma Lady en me proposant sa main pour me relever.
J'accepte volontiers sa main et me redresse sur mes pattes. J'en profite pour me rapprocher d'elle plus que nécessaire, je penche mon visage près du sien.
- J'ai la tête qui tourne un peu mais tu dois y être pour quelque chose.
Je constate avec bonheur qu'elle ne me repousse pas comme à son habitude mais tapote doucement mon torse pour m'intimer de reculer, les joues en feu.
- Il faut que nous l'arrêtions au plus vite.
- Mais comment? J'ajoute, perdu. Amnésia ne porte rien sur elle, ni collier, ni bracelet, pas le moindre accessoire en vue!
Ladybug soulève un sourcil et croise les bras.
- Tu es sûr que tu n'as rien vu?
- Bah...A moins de la déshabiller, j'en suis sûr. Et non, je ne m'en chargerai pas!
Un large sourire étire ses lèvres qu'elle dissimule derrière ses mains gantées. Je suis pourtant très sérieux et intransigeant sur la question.
- Très bien, ne perdons pas plus de temps. Lucky Charm!
Ladybug projette son yo-yo dans les airs, une ribambelle de coccinelles suive le mouvement. Une paire de menottes rouges tombe dans les mains de ma Lady.
- Des menottes?
Une idée des plus étranges me traverse l'esprit mais je ne ferai définitivement pas cette blague.
Non.
Non, je ne la ferai pas.
Pourquoi vous insistez?
- Chat pourquoi tu grimaces? S'interroge-t-elle les yeux fixés sur moi.
Bon d'accord, vous l'aurez cherché.
- Rien, je me disais juste qu'il n'y a que moi que tu peux attacher de la sorte.
Contents? Ladybug pousse un long soupire désabusé mais au fond d'elle, je suis certain qu'elle rigole. Tout à coup, nous entendons un nouveau cri. D'un commun accord, nous nous élançons en direction de la scène de bataille. Amnésia s'est dirigée vers un grand parc et au vu de la dispute éclatant entre deux tourteaux, elle ne doit pas être bien loin.
- Près du banc! S'écrie Ladybug en l'indiquant de l'index.
- Cataclysme!
Bon, c'est maintenant qu'il me faut redoubler de vigilance et ne pas gâcher mon pouvoir. Amnésia nous a remarqués et prends une nouvelle fois la fuite. Je ne la perds pas de vue et la pourchasse, sous les regards médusés des simples passants. Alors qu'elle tente vainement de m'échapper, Amnésia se hisse en haut d'un lampadaire pour servir d'appui. Je ne lui laisse pas le temps de s'enfuir et dépose ma main du chaos sur le poteau. Il se désintègre brusquement, faisant choir l'akumatisée quelques mètres plus loin sur une grille de ventilation au sol. Ladybug saute sur l'occasion et menotte ses mains à la grille en un rien de temps.
- Bon maintenant reste à voir où se trouve son akuma, je constate en m'approchant d'elle.
Evidemment, Amnésia hurle qu'on la libère, attirant encore plus l'attention sur nous.
- Ce type m'a touchée! Quel pervers!
Je me recule de trois pas, mains levées.
- Wow, on se calme, je n'ai touché qu'une fille dans ma vie et ce n'est pas toi.
Ma justification me vaut d'être foudroyé du regard par Ladybug.
- Je m'en occupe, grogne-t-elle en baladant ses mains le long de la robe noire avant de revenir vers moi. Chat Noir, ferme les yeux, l'akuma est en dessous de sa robe.
...Je n'avais donc pas totalement tord en m'interdisant de toucher cette fille. Je m'exécute et patiente, écoutant le bruit d'un bijou qui se brise.
- Tu as fait assez de mal comme ça petit akuma. Je te libère du mal!
Oh que oui. J'ouvre les yeux, constatant avec plaisir que Ladybug a rabaissé la robe noire d'Aménsia.
- Je t'ai eu! Bye bye petit papillon.
Ma coccinelle récupère les menottes accrochées au sol, elle s'apprête à réparer les méfaits du Papillon quand je suis envahi d'un doute.
- Attends ma Lady! Je l'interromps brusquement.
Celle-ci se fige et me dévisage.
- Qu'est-ce qui va se passer maintenant? Je veux dire, si je retrouve mes souvenirs, est-ce que ça signifie qu'ils vont remplacer ceux de ces derniers jours?
Ses yeux d'un bleu parfait s'écarquillent, son bras redescend instantanément le long de son corps. Ma lady semble désemparée, tout autant que moi.
- Ad...Chat Noir, il n'y a pas d'autres choix.
Je baisse la tête, elle a raison. Nino, Alya, ses parents, Mylène et Ivan, je n'ai pas le droit d'être aussi égoïste pour une vulgaire appréhension.
- Ma Lady, si j'oublie à nouveau. Je compte sur toi pour tout me remémorer.
Elle dévie le regard pour fixer ses pieds, une expression triste sur son visage. Ses petits doigts serrent les menottes, elle peine à accomplir son devoir, par ma faute. Amnésia est toujours couchée contre la grille comme si de rien était. Je m'approche de ma belle et l'entoure de mes griffes. Je devine non loin les nombreux appareils, immortalisant ce moment que je voudrai intime. La main libre de Ladybug agrippe mon bras, je la serre davantage contre moi et penche mes lèvres vers son oreille.
- Vas y ma Lady, tout le monde n'attend que ça, nos amis, nos familles...
Elle acquiesce difficilement, se voulant ferme et assurée. Pourtant, je perçois de légers tremblements perturber son corps. Sa respiration me bercerait presque. Nous restons ainsi, immobiles, encrés dans cet instant que je ne briserai pour rien au monde. Ma princesse se trouve là, dans mes bras et nulle par ailleurs. Mes griffes jouent avec ses mèches d'un bleu sombre me rappelant celui des nuits où je visite son balcon, puis sa chambre et enfin ses bras où j'élis domicile. A mon tour je me sens parcouru d'une vive émotion, ressemblant à celle qui m'a secoué la première fois que j'ai vu Ladybug se battre contre Coeur de Pierre. Ce moment dans ma vie où je me suis dit "C'est elle".
- Mari...Je souffle si bas que j'entends à peine ma propre voix.
- Adrien? Répond-t-elle au même volume.
- C'est toi.
Peut-être n'ai-je pas prononcé les mots que tout le monde attend mais je suis certain qu'elle - et elle seule, saura jauger la porté de mes paroles. Son emprise sur mon bras se renforce. Le plus lentement du monde, Ladybug glisse sa main jusqu'à la mienne et l'attire à ses lèvres avant de les baiser - geste que j'ai tenté un nombre incalculable de fois sans succès. Mon coeur bondit, je colle ma tête à la sienne, mêlant mes cheveux blonds aux siens. Mais je sais pertinemment que je fais durer les choses.
- Paris n'attend pas, je conclus en me détachant progressivement du dos de ma Lady.
Si au début elle accepte que je m'écarte, elle finit par récupérer mon poignet de sa main libre. Je me sens défaillir devant tant de détermination de sa part. Ladybug pivote vers moi, encrant ses perles bleus dans les miennes.
- Chat Noir, Adrien Agreste, je t'aime.
Ses membres tremblent, les cliquetis des menottes s'élèvent. Soudain naît en moi la furieuse envie de l'embrasser là, devant tous les témoins. Malheureusement, Ladybug ne m'en laisse pas l'occasion. Elle recule brusquement et, sans me quitter des yeux, s'écrie:
- Miraculous Ladybug!
Elle jette de toutes ses forces la paire de menotte dans le ciel. Celles-ci se décomposent en une envolée de coccinelles scintillantes, filant aux quatre coins de la ville lumière. Le lampadaire précédemment détruit par mon cataclysme réapparaît, le couple en pleine dispute s'enlace et Amnésia reprend sa forme originelle, celle d'une simple brune à la robe rouge et aux lèvres noires.
Le sourire aux lèvres face à une nouvelle victoire, je lève le visage vers le ciel, apercevant la lignée de coccinelles lumineuses me foncer droit dessus pour me libérer du mal à mon tour. Je ferme les yeux et me laisse emporter par une douce brise.
- Bien joué, je murmure.
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