Adrien | Chapitre 32
Je suis tombé am...amnésique?
Moi, Adrien Agreste, grand mannequin de Paris, fils de Gabriel Agreste, suis complètement perdu au point de me pincer régulièrement. Mais non, il semblerait que je sois bien éveillé.
Ce mardi m'a paru autant interminable que lunaire. Le matin, mon amie Marinette m'a embrassé au beau milieu de la cour, sans raison. Elle n'arrêtait pas de répéter "tu as oublié", "tu ne te souviens pas" puis m'a balancé qu'elle était Ladybug. Impossible: Ladybug me rabâche à longueur de journée que nous ne devons en aucun cas révéler nos véritables identités, elle ne viendrait pas me l'avouer de but en blanc.
Mais ça ne s'arrête pas là. Alors que je voulais calmer Marinette - elle m'a fait un peu de peine avec son visage triste tout à l'heure -, elle est partie s'enfermer dans les toilettes. Je l'aurai bien suivie pour la consoler mais bon...Enfin, les toilettes pour dame, ce n'est pas vraiment mon truc. Je voulais éviter de me construire une réputation de voyeur. A contrecœur, je suis donc remonté en cours, attendant le retour de Marinette. En vain. Elle n'a même pas pris la peine de récupérer ses affaires. Elle est probablement rentrée chez elle.
Après les cours, je me suis discrètement transformé en Chat Noir avant d'inspecter la capitale. Ça m'arrive parfois, la menace d'un akuma pèse toujours. A vrai dire, j'ai craint que Marinette ait été akumatisée, ce qui expliquerait son absence. Pourtant, pas d'alerte, ni de cri, mes doutes se sont rapidement envolés. Entre temps, un utilisateur du forum du Ladyblog a posté un message, ma coccinelle aurait été aperçue aux alentours de la Tour Eiffel. Je m'y suis donc rendu dans l'espoir de discuter avec ma belle. Bingo, elle était bien là-haut, assise sur un rebord en fer, les cheveux balayés par le vent. Magnifique, prestigieuse, dommage que son visage était fermé, presque triste. Contre toute attente, elle a refusé de se confier à moi, me reprochant d'avoir commis le pire, d'avoir oublié une partie importante de ma vie.
Elle ne veut plus de moi.
Mardi soir, je me balade sur les forums du Ladyblog. Les Parisiens affirment haut et fort que Ladybug et Chat Noir se sont enfin rabibochés, une photo des deux super héros au milieu de la foule circule de post en post. Je me sens mal, triste et incompris.
- Plagg, est-il possible que j'oublie d'avoir connu la véritable identité de Ladybug?
Mon combat intérieur n'intéresse pas mon kwami, trop occupé à séduire son bout de fromage. Heureux les simples d'esprits comme on dit. Je devrais peut-être opter pour me marier avec un morceau de camembert moi aussi...Mais qu'est-ce que je raconte? Je débloque complètement!
- Plagg!
- Oh, ça va. Pas besoin de crier de la sorte, gamin. Curieusement, je ne me rappelle pas non plus d'avoir su que Marinette est Ladybug mais ça ne fait pas de doute qu'elle l'est.
Je me redresse brusquement sur ma chaise. Elle m'aurait réellement tout avoué tout à l'heure?
- Comment peux-tu le savoir si toi aussi tu as tout oublié?!
Malheureusement, ma patience est mise à rude épreuve. Plagg sait pertinemment qu'il a des informations qui m'intéressent, alors c'est avec le plus grand aplomb du monde qu'il réclame une nouvelle boite de fromage. Un long soupire s'échappe de mes lèvres, la réserve se situe dans le troisième tiroir de ma commode, dans une boite fermée à clé.
- Tu ne me fais vraiment pas assez confiance. Pleurniche le kwami quand je referme brutalement la boite.
- Je suis amnésique et tu arrives encore à me faire chanter pour de la nourriture donc non, Plagg, je n'ai pas totalement confiance en toi et ton estomac.
Après ma petite leçon de morale, je présente son mets au kwami. Il se jette littéralement sur les bouts de camembert, oubliant passablement qu'il venait déjà d'en manger.
- Bon, raconte-moi maintenant. De quoi te souviens-tu?
- Hier, tu as rendu un travail de sciences pour lequel tu es allé chez cette Marinette.
Mh...Oui, je me revois tendre la feuille à madame Mendeleiv. Ce qui signifie bien ma venue chez elle.
- C'est très flou dans ma tête...Il se serait passé quelque chose entre elle et moi le week-end?
Ma question est suspendue par la sonnerie de mon portable. J'ai reçu un message. Je soupire, croyant dans un premier temps qu'il s'agit de Marinette. C'est finalement le nom de Chloé qui s'affiche sur mon écran.
Chloé Bourgeois: "Coucou Adrichou, tu vas bien?"
Amnésique ou pas, je n'ai pas oublié le malaise qui m'envahit à chaque fois qu'elle utilise ce surnom.
Adrien Agreste: "Salut Chloé, oui et toi?"
Chloé Bourgeois: "Parfaitement! Au fait, Jagged Stone séjourne ce week-end à Paris. Evidemment, il a longuement insisté pour donner un concert privé à la mairie. Ca te dirait de venir?"
Jagged Stone? Je ne vois pas comment je pourrai refuser.
Adrien Agreste: "Il faut que je vérifie mon agenda mais oui, ça m'intéresse!"
Chloé Bourgeois: "Alors c'est bon!"
Adrien Agreste: "Chloé, je peux te demander quelque chose?"
Chloé Bourgeois: "Tout ce que tu veux Adrichou."
Arrête de m'appeler Adrichou. Au moment où j'écris ma question, mon téléphone vibre une nouvelle fois, le nom de Marinette s'affiche sur l'écran.
Mari Dupain-Cheng: "Coucou Adrien, est-ce que je te dérange? Je voulais m'excuser."
Une impression étrange m'empoigne les entrailles. Du coin de l'œil, j'aperçois Plagg entamer son deuxième morceau de camembert.
- J'en ai pas fini avec toi, Plagg.
- J'ai les infos et toi, la nourriture. Nous sommes destinés à nous entendre.
Il peut être drôle, quand il y met du sien. D'abord hésitant, je finis par répondre à Chloé en premier.
Adrien Agreste: "Est-ce que Marinette et moi sommes proches?"
Puis j'enchaîne avec mon autre amie.
Adrien Agreste: "Coucou Marinette, je suis libre là."
Par curiosité, je remonte notre conversation. Il semblerait que nous ayons énormément dialogué par écrit ces derniers jours. En revanche, ces conversations n'ont ni queue ni tête, comme s'il manquait plusieurs messages. D'un coup Marinette m'avoue avoir perdu notre devoir, je lui écris que je veux qu'on se voit le lendemain - soit hier. Pourtant, ce message m'est complètement inconnu.
Chloé Bourgeois: "Bien sûr que non, je pense que tu l'as juste prise pour amie parce que tu es un garçon bien mais tu n'as pas l'air plus intéressé que ça par elle. Ca peut se comprendre!"
Simultanément, Marinette m'envoie un autre message.
Mari Dupain-Cheng: "Je pense que tu as été victime de l'attaque d'un akuma."
Akuma? Un détail de plus qui tend à penser que Marinette est bien Ladybug. Je songe au baiser qu'elle m'a donné aujourd'hui. Aurais-je donc réellement repoussé la fille que j'aime depuis tout ce temps? C'est de la pure folie. Et les réponses de Chloé vont dans mon sens.
Chloé Bourgeois: "Tu mérites bien mieux Adrien, crois-moi."
Au moins, elle ne m'a pas appelé Adrichou cette fois. Je lui remercie de sa sincérité et lui souhaite une bonne nuit avant de reprendre avec Marinette.
Adrien Agreste: "Je ne me rappelle de rien, je m'en serai aperçu si c'était le cas, non?"
Mari Dupain-Cheng: "Cette femme qui t'a embrassé, tu t'en souviens?"
Une femme?
Adrien Agreste: "Quelle femme?"
Mari Dupain-Cheng: "Celle qui t'a embrassé la joue hier après les cours. Tu l'avais identifiée comme étant akumatisée mais elle paraissait tout à fait normale. Je pense qu'elle t'a attaquée sans qu'on s'en rende compte."
Encore un détail qui m'a échappé. Hier, je me revois ranger mes affaires dans mon sac puis partir. Le Gorille m'attendait probablement à l'entrée du collège et je suis retourné chez moi. Du moins, c'est ce que la logique voudrait.
Adrien Agreste: "Drôle d'attaque, un simple baiser? Pourtant les miens soignent les moindres maux."
Je me surprends à sourire comme un idiot, fier de ma réplique.
Mari Dupain-Cheng: "Je ne me sens pas très bien, est-ce que j'aurais droit à un de ses fameux bisous?"
Fixé sur mon écran, une infime excitation s'infiltre dans mon corps, me poussant à alimenter ce petit jeu. Mais ce n'est pas le seul détail que je note. C'est une situation...familière, je l'ai déjà taquinée comme ça.
Adrien Agreste: "Il faut le mériter."
Sans attendre sa réponse, je reprends mon sérieux.
Adrien Agreste: "Marinette, je ne suis pas convaincu de ce que tu m'as raconté mais il est certain que quelque chose se trame dans Paris. Quel est ton plan?"
Mari Dupain-Cheng: "C'est compliqué à dire. Je suis collée demain après-midi. Je ne vais pas pouvoir mener mon enquête mais toi, tu peux chercher de ton côté."
Adrien Agreste: "Chercher quelque chose dont je ne me souviens pas?"
Sur le coup, je n'ai aucune idée, j'espérais que Marinette s'en occuperait.
Mari Dupain-Cheng: "Ça te laissera le temps de réfléchir à ces derniers jours. A priori, c'est une brune qui porte du rouge à lèvres."
Adrien Agreste: "Tu n'aurais pas une description encore plus vague?"
Mari Dupain-Cheng: "D'accord, dans ce cas tu dois juste te pavaner en Chat Noir dans la rue et tu attends qu'une inconnue vienne t'embrasser! Bonne nuit Adrien."
Elle est...fâchée, jalouse ou juste fatiguée? La première option est fort probable, la seconde me plait et la troisième m'ennuie. En dépit des événements, m'imaginer avec Marinette n'est pas si désagréable que j'aurai pu le penser.
Adrien Agreste: "Bonne nuit Mari."
J'espère que mon dernier message lui fera plaisir et qu'elle sera moins agressive demain.
- Plagg?
- Je suis fatigué.
- Tu le seras encore plus après notre conversation.
Malheureusement, le kwami n'est pas motivé à accéder à ma requête. J'en connais un qui va être privé de fromage jusqu'à nouvel ordre.
Le lendemain, j'émerge de mon sommeil sous les coups frappés à la porte de ma chambre. Nathalie persiste jusqu'à ce que je lui réponde. Loin d'être parfaitement réveillé, je me redresse difficilement et m'étire. Cette nuit a été pour le moins perturbée par des bribes de souvenirs. A chaque fois que j'avais l'impression de revivre des moments manqués, une force étrange me tirait de mon sommeil. Cela s'est produit une dizaine de fois. Ne reste dans ma tête que des lieux, des odeurs mais aucune parole.
- Recouchons-nous...gémit Plagg avachi sur un oreiller.
Cette idée m'apparaît plus attrayante que de me lever pour partir en cours. Il faut dire que je l'ai réveillé à chaque fois que cette force m'empêchait d'atteindre mon but. C'est donc avec le plus grand mal que je quitte mon nid de chaleur, déambulant jusqu'à ma salle de bain privée. Ma coupe de cheveux ne ressemble à rien, on dirait que je me suis battu toute la nuit. Je file rapidement sous la douche et m'apprête pour une nouvelle journée de cours.
Une demi-heure plus tard, je m'installe dans la limousine, avec à son bord le Gorille et Nathalie. Celle a insisté pour nous accompagner, peut-être a-t-elle eu vent de mon absence le jour où Ladybug et moi avons combattu le Dessinateur. Si j'étais méfiant, je me demanderais bien si mes vêtements ne sont pas équipés de caméras ou de micro. Les yeux tournés vers la fenêtre, je scrute les rues dans lesquelles circule la limousine, dans l'espoir de croiser cette fameuse brune. Je soupire, comment pourrai-je trouver une akumatisée qui n'en a pas l'air?
Le véhicule s'arrête devant l'entrée du collège, mettant fin à ma petite inspection. Je souhaite une bonne journée au personnel de mon père et rejoins l'entrée où m'attend Nino. Pourtant, la limousine ne s'engage pas sur la route.
- Hey Adrien, ça va?
Je jette des coups d'œil en arrière, méfiant.
- Allons dans la cour, je crois que Nathalie m'observe.
Mon meilleur ami ne pose pas de question et nous nous éloignons de l'entrée. Quelques mètres plus loin, j'aperçois Marinette en pleine discussion avec Alya. Je ne parviens pas à cacher ma surprise.
- Marinette est à l'heure aujourd'hui, tout peut arriver! S'exclame-t-il moqueur. Alya m'a dit que l'école a contacté ses parents. La pauvre, c'est nul pour elle.
J'acquiesce. Au fond, j'arrive parfaitement à lier ma vie de super héros et ma réelle identité. Ça m'a l'air plus compliqué pour ma prétendue partenaire. Ah...J'ai du mal à croire que Marinette est Ladybug, je l'aurai vu tout de même! Pourtant Plagg en est persuadé. Il faudrait que je rencontre son kwami pour en avoir le cœur net.
- Ca va mec? Tu as l'air crevé.
Je hausse les épaules.
- Photoshoot, escrime, chinois, tout ça...J'ai juste hâte d'être le week-end pour me reposer.
Je baisse la tête, évitant le regard de Nino. Mentir est devenu un moyen indispensable pour garder mon secret. Je n'oserai pas non plus lui avouer que Chloé m'a invité à un concert privé de Jagged Stone. Mon ami dépose une main sur mon épaule, je relève le visage.
- Tu sais de quoi tu as besoin? De décompresser, pourquoi tu ne viendrais pas vendredi chez Alya? On pensait se faire une petite soirée avec elle et Marinette.
Marinette? Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée mais je ne veux pas m'attirer les soupçons de Nino. J'accepte avec un sourire un peu forcé.
- Génial, ça va nous faire du bien à nous quatre. Après tout vous êtes en couple maintenant, non?
Hein? Mes yeux s'agrandissent devant l'évidence qui teint sa voix. Ma réaction l'étonne tout autant.
- Mec, ne me regarde pas comme ça. Tu m'as dit y a même pas deux jours que tu préférais être tranquille avec elle.
Ma discussion de la veille avec Chloé insinuait tout le contraire. Je suis un peu perdu là. Qui croire? Mon meilleur ami me dévisage, sa bonne humeur se change rapidement en colère.
- Attends, tu plaisantes mec? Tu ne peux pas dire blanc un jour et noir le lendemain! Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi en ce moment?
La sonnerie retentit, interrompant ce qui ressemblait à une brève altercation.
- J'aimerais aussi le savoir Nino, je chuchote, trop bas pour qu'il puisse m'entendre.
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