Adrien | Chapitre 28
Je suis amoureux de Marinette.
Samedi soir est bien terne à côté du début de journée. La présence de ma princesse me manque déjà. Je réprime l'envie de débarquer chez Alya avec mon costume super moulant pour l'enlever et la ramener chez moi.
- Tu es pire qu'un animal, se plaint Plagg en plein câlin avec un morceau de camembert.
- Venant d'une créature qui aime se frotter à des morceaux de fromage, je ne prends pas vraiment ça comme une insulte.
Le kwami noir de rétorque rien, préférant son mets. Ce soir et dimanche risquent d'être bien long, à moins que je ne me décide à rendre une petite visite nocturne à ma chère Marinette.
- Est-ce que j'ai bien fait de ne pas lui dire que je sais pour son identité? Je demande, dans le vide.
- Vous vous êtes engagés dans un jeu bien dangereux. Ce n'est pas pour rien qu'on vous interdit de connaître vos identités.
Cela ne répond pas à ma question. Le plafond me sert de vue pendant une bonne partie de la nuit. Je pèse le pour et le contre de chacune des parties. Marinette et Ladybug sont la seule et unique personne et, même si Ladybug m'a déçue par son comportement individualiste, il suffit que je demande à Marinette des explications. Je ne devrais pas me prendre la tête à ce sujet mais une petite voix me hurle de ne rien précipiter. Tikki lui a-t-elle avoué que je suis au courant? Si c'est le cas, ma bien aimée a bien omis de m'en faire part.
Le lendemain, je me lève difficilement de mon lit. Dimanche...Jour sans intérêt, j'aurais dû prévoir une sortie ou quelque chose dans le genre. Mais à la vue de la pluie qui s'abat sur la capitale, cette idée me paraît déjà moins exploitable.
Toute la journée, je songe à envoyer des messages à Marinette mais me ravise au dernier moment. Soit elle doit encore être chez Alya, soit elle doit travailler sur notre devoir et dans ce cas je ferais mieux de ne pas la déranger. Le temps est long, beaucoup trop long à mon goût.
- Sors, dégourdis-toi les jambes mais arrête de marcher comme ça tu me donnes le tournis! Se plaint Plagg.
- Je vais devenir fou à rester enfermé ici, je n'ai même pas de shooting photo avant mardi! Je grogne avant de m'affaler sur ma chaise de bureau.
Frustré, j'allume mes écrans et navigue sur le Ladybug, lisant les théories du forum - certaines pour la deuxième fois. Personne ne soupçonne Marinette, ils sont à des années lumières de la vérité. Je ne devrais pas me moquer, moi-même je ne suis pas parvenu à faire le rapprochement entre les deux filles. Marinette est très forte, ses deux personnalités sont parfaitement distinctes en présentant d'énormes qualités pour chacune d'entre elles. L'une incarne la douceur, la timidité, le sens de l'amitié et de la créativité. L'autre représente plus la justice, le sens de la répartie et un courage sans pareil. Penser à elle m'emplit d'une sensation de bien être, ressemblant à celle que je ressens en sa présence.
Je ne veux plus jouer. Demain, après les cours, je lui parlerai. Plus aucun secret ne doit subsister entre nous. Si elle sait que je suis Chat Noir et que ça ne pose pas de problème alors l'inverse en sera de même.
Ce triste dimanche après-midi me sert à fouiller les moindres recoins du forum du Ladyblog. D'ailleurs, la mise à jour effectuée vers dix-neuf heures m'indique qu'Alya est seule. J'en profite pour ouvrir une page Facebook et envoyer un message privé à Marinette.
Adrien Agreste: "Bonsoir, Princesse."
Une écriture en dessous de mon message m'informe que la principale intéressée a capté mon message. Pourtant, elle ne répond que dix minutes plus tard, attisant ma curiosité.
Mari Dupain-Cheng: "Bonsoir Chaton!"
Adrien Agreste: "Tu es occupée?"
Une fois encore, elle prend son temps. Que se passe-t-il? Ce n'est pas son genre.
Mari Dupain-Cheng: "Non, non! Tu vas bien?"
Intrigué, je cherche les raisons de cette latence qui ne lui ressemble pas.
Adrien Agreste: "Très bien et toi? Tu fais quoi?"
Je perds patience quand, au bout d'un quart d'heure, je suis toujours collé à l'écran sans aucune réponse.
Adrien Agreste: "Si tu es fatiguée, je peux te laisser, on se voit demain!"
Evidemment, je ne compte pas me coucher si tôt, ce n'est qu'une manière comme une autre de la faire réagir. Mon petit stratagème a l'effet escompté.
Mari Dupain-Cheng: "Je vais bien! En vérité...Tu ne vas pas être content."
Adrien Agreste: "Qu'est-ce qui se passe?"
Mari Dupain-Cheng: "J'ai oublié de faire le devoir et...J'ai perdu la feuille avec nos exercices d'hier..."
Je fixe l'écran un moment, perdu. C'est pour ça qu'elle m'évitait? Bon, je dois reconnaître sur le coup qu'elle abuse un peu mais à l'imaginer paniquée en train de retourner toute sa chambre pour retrouver une simple feuille m'apparaît plus drôle qu'énervant.
Adrien Agreste: "C'est tout?"
Mari Dupain-Cheng: "C'est déjà beaucoup...J'étais pourtant sûre de l'avoir glissée dans un tiroir de mon bureau mais elle n'y est plus! Tu crois qu'un akuma a pu s'en emparer?"
Son innocence m'arrache un sourire.
Adrien Agreste: "Je ne pense pas que le Papillon s'intéresse à la chimie, princesse."
Mari Dupain-Cheng: "Qu'est-ce que je vais faire..."
Adrien Agreste: "Plutôt "qu'est-ce qu'on va faire?", je te rappelle qu'on est en groupe."
Mari Dupain-Cheng: "Tu as raison. Désolée d'être un fardeau..."
Quelle étourdie...C'en est presque adorable tant elle est perdue. Il va de soi que je ne vais pas la laisser dans le pétrin.
Adrien Agreste: "Je vais m'en occuper ce soir. Il n'est pas encore trop tard, je devrais avoir fini dans une heure au plus tard."
Mari Dupain-Cheng: "Je suis tellement désolée."
Adrien Agreste: "Considère ça comme mon attention d'aujourd'hui. On sera quitte."
A la base, je voulais lui faire une petite surprise en déposant un bouquet de fleurs sur sa terrasse ou sur son lit mais ça m'évitera un aller-retour.
Mari Dupain-Cheng: "Je te revaudrai ça demain, c'est promis!"
Adrien Agreste: "D'ailleurs, je voudrais discuter avec toi après les cours donc, ne te sauve pas trop vite!"
J'attends un moment avant de recevoir sa réponse. Elle a peut-être compris l'importance de ce que je lui demande.
Mari Dupain-Cheng: "Ca marche."
C'est déjà un aveu en soi.
Si je me suis plaint de cette journée vide, j'aurais préféré ne pas avoir à travailler ma chimie à vingt heures. Certes, les exercices sont simples mais ma concentration m'abandonne peu à peu pour dévier sur mon écran où sont affichées plusieurs photos de Ladybug. Ses cheveux de jais, ses magnifiques yeux bleus. Elle est parfaite.
C'est sur cette pensée que je me remets au travail dans un ultime effort.
Lundi, jour tant attendu. Je me lève avec la ferme intention de réunir Chat Noir et Ladybug aujourd'hui. Cela implique une chevelure parfaitement peignée, des vêtements repassés avec soin et un parfum qui ne laissera pas de marbre ma chère princesse. Plagg ne manque pas l'occasion de ronchonner dans son coin.
- Pourquoi tu mets autant de produits de beauté? Apres j'empeste l'alcool!
- Je te rappelle que c'est à cause de toi et de ton fromage puant si je dois prendre quatre douches par jour et me parfumer autant de fois que tu manges! Je suis le plus à plaindre entre nous deux.
- Quel insensé celui-là...
Le pire, c'est sûrement qu'il pense ce qu'il dit. Je me demande si Tikki est aussi agaçante que Plagg. Au moins, vu l'odeur sucrée de Marinette, elle ne l'oblige pas à trimbaler des boîtes de fromage partout où elle va. Nathalie en est même venue à informer mon père de mon soudain attrait pour le camembert...Il faut dire qu'en apporter à mes shootings photos professionnels ne doit pas arranger mon image.
Comme à son habitude, le Gorille me conduit à l'école. Je profite du trajet pour vérifier une dernière fois le devoir de chimie. Je mérite vraiment une médaille pour ma bonté. Quoique, j'hésite à piéger Marinette pour la faire stresser. Ça peut être drôle de la voir paniquée. Alors que je ris d'avance, des éclats de voix au détour d'une rue capte mon attention. De loin, je remarque une jeune femme, brune au rouge à lèvres noirs agripper le poignet d'un homme, visiblement sur le point de partir. Elle l'interpelle à plusieurs reprises sans succès. Malheureusement, le Gorille tourne au carrefour suivant, les sortants de ma vue.
Peu de temps après, la limousine s'arrête. Je descends devant l'entrée et aperçois Chloé et Nino en pleine conversation en haut des marches. Elle n'a pas l'air de bonne humeur, lui non plus mais je ne doute pas qu'elle en soit la raison. Je les rejoins rapidement, curieux de connaître la raison de leur état.
- Bonjour! Il y a un problème?
- Adrichou, heureusement que tu es là! Il y a un problème de taille! Tu dois absolument éclaircir le doute qui a envahi l'école!
Oh non, encore cette rumeur de Chat Noir? Ça commence à être dur de nier à tout bout de champ sans oublier...
- Tu ne sors pas avec la Dupain-Cheng, n'est-ce pas?
Ah...Ce genre de "problème de taille"? Je la dévisage, les yeux ronds. Elle me prend un peu au dépourvu.
- Plusieurs personnes le pensent sous prétexte que tu lui as proposé par pure charité de faire équipe pour le travail de chimie. Et Nino ose me dire que ce n'est pas que pour le devoir!
Mon ami hausse les épaules, il s'en fiche, c'est évident. Par contre, je ne me vois pas répondre que je suis le petit copain de Marinette. Tout simplement parce que je préfère lui en toucher deux mots avant de rendre notre relation publique. Enfin...Non. Je ne veux pas que tout le monde le sache, je veux qu'on nous laisse tranquille et profiter à l'abri des regards des lèvres de ma bien aimée.
- Non, je ne sors pas avec Marinette. je réponds simplement.
Un mensonge, deux réactions: Nino me lance un regard surpris et perplexe, limite désapprobateur. Il sait pertinemment ce qu'il se trame entre Mari et moi mais ne connaît pas les détails. De l'autre, Chloé est enjouée de la nouvelle, comme si je venais de lui demander de sortir avec moi - ce qui, entre nous, n'arrivera que le jour où je deviendrai aveugle et sourd.
- Ou mort...
- Tu as dit quelque chose Adrichou?
- Non, non.
- Bien! Je savais que tu ne ferais pas un tel mauvais choix! On se voit en cours!
Sur ce, elle s'éclipse, probablement pour rejoindre Sabrina.
- Mec, ce n'est pas cool ce que tu fais.
Je culpabilise légèrement devant son air sérieux. Une main dans mes cheveux, je ne tarde pas à balayer ses doutes.
- Ne te tracasse pas, je n'ai pas l'intention de jouer avec le coeur de Marinette. Au contraire, je n'ai pas envie que Chloé la prenne en grippe pour rien. Je veux qu'on soit tranquille de notre côté.
Il comprend finalement mon choix et nous devions sur un autre sujet tout en nous dirigeant vers la cour. Alors que la cloche sonne, je remarque au loin la silhouette familière de Marinette filer à toute allure à travers l'enceinte de l'école. Encore en retard, hein? Dans sa course, elle finit par me repérer et s'arrête à ma hauteur. Nino est déjà parti. Quand? Je ne sais pas.
- Bonjour Marinette.
- Bonjour Adrien. Répond-t-elle en baissant les yeux vers ses chaussures.
Ce jour est à marquer d'une pierre blanche: Marinette n'a pas bégaya dès le premier mot! Je ne peux pas m'empêcher de porter une main à son menton pour relever son visage.
- O-On y va?
Elle est troublée par mon geste. J'ai terriblement envie de l'embrasser mais c'est une très mauvaise idée. Pas au beau milieu de la cour. Mes doigts dévient de leur trajectoire pour replacer une de ses mèches bleutés derrière son oreille.
- Quoi que dise Chloé aujourd'hui, ne l'écoute pas.
Marinette se contente d'acquiescer. Nous prenons la direction du local de science. Sur la faible distance qui nous sépare de la classe, je ne résiste pas à l'envie de lui faire une petite blague. Pour paraître crédible, je plonge bruyamment ma main dans mon sac de cours.
- Attends deux secondes.
- Quelque chose ne va pas?
Je m'arrête et fourre ma deuxième main pour aider la première, remuant mes feuilles sous l'oeil inquiet de ma partenaire.
- J'aurais pourtant juré qu'il était là!
Je feins d'être énervé mais ça sonne terriblement faux à mes oreilles. Pourtant, la réaction de Marinette ne se fait pas attendre.
- Tu parles du devoir? Oh non! Tu l'as peut-être mis dans un autre classeur!
Une main de part et d'autre de ses tempes, sa voix tire vers les aigus, ses doigts deviennent blancs à force de les appuyer sur son crâne. Ma petite mascarade ne dure pas très longtemps car je ne peux retenir un rire devant son affolement.
- Tu devrais voir ta tête! J'explose en me tenant les côtes.
Marinette croise les bras en dessous de sa poitrine, moins enclin à rire. Sa moue n'est pas moins adorable. Je tâche de reprendre mon calme tandis que les derniers élèves entrant dans le laboratoire.
- Comment aurais-je pu oublier?
Elle refuse de m'adresser la parole et marche, m'ignorant totalement. Sur ses talons, je m'avance suffisamment pour me tenir derrière elle et dépose mes mains sur ses épaules. Profitant une dernière fois de la tranquillité de la cour désormais vide, je me penche jusqu'à son oreille pour murmurer:
- Impossible d'oublier tout ce qui touche à toi, ma Lady.
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Fin du chapitre!
Voilà, chose promise, chose due! On se retrouve demain matin pour la suite!
Bonne soirée.
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